Relativement méconnu, "The last express" nous met dans la peau de Robert Cath, monté à bord de l'Orient Express pour y retrouver un ami souhaitant lui montrer une "trouvaille". Sur ce plot somme toute très simple se déroule un véritable roman d'Agatha Christie, où le joueur va devoir parcourir le train, fouiller et découvrir ce qui s'y trame, sur fond de début de première guerre mondiale. Si les graphismes sont assez surprenants, donnant l'impression de se déplacer dans une sorte de bande dessinée qu'aurait crée Toulouse Lautrec ou Mucha, reste que sur le plan gameplay et mécanique de jeu, "The Last Express" est un petit bijou. Il introduit la notion de "temps réel" : chaque personnage a un planning bien à lui et vous devrez en tenir compte pour agir (si vous souhaitez fouiller sa cabine, notamment). Bien que l'histoire soit scriptée et que vous ayez somme toute une palette d'action relativement limitée, il vous faudra savoir QUAND effectuer ces actions pour éviter de mourir. Car s'il existe une seule bonne fin, il y a en revanche une dizaine de game over différents dans le jeu et mener à bien l'enquête de Robert Cath ne sera pas une mince affaire.

Car "the Last express" ne vous tient pas par la main et vous donne assez peu d'indices, votre seule chance est de fouiner partout, de laisser traîner l'oreille aux différents dialogues, de noter les va-et-vient des passagers ainsi que leur rôle dans le train. Un exemple : le train s'arrête dans différentes gares et lorsque cela se produit, le chef contrôleur quitte son bureau, ce qui vous permet d'accéder au wagon à bagages, qui n'est donc accessible que durant de court laps de temps. De la même manière, les scènes avec d'autres personnages ne s'enclencheront pas à une heure précise mais lorsque vous les croiserez dans les wagons. Cela rend le jeu difficile et assez oppressant mais en fait une véritable enquête dans la mesure où vous ne progresserez qu'à petits pas.

Le pendant négatif de ce gameplay c'est que vous vous retrouverez à de multiples reprises à attendre : devant la porte d'une cabine que son locataire en sorte, au wagon restaurant que les événements se précipitent, etc...si le temps s'écoule dix fois plus vite que dans la réalité, reste qu'il m'est arrivé à deux ou trois reprises de rester cinq minutes (IRL) sans rien faire pour pouvoir poursuivre mon enquête. C'est assez frustrant mais en même temps, plutôt réaliste. On alterne les phases de calme aux phases où tout s'accélère et où les voyageurs se dévoilent.

Côté son : peu de musiques mais extrêmement efficaces pour rythmer l'action (on pensera notamment à la scène de concert, un peu trop longue mais magnifique musicalement parlant), rien à redire, le silence rend parfois l'ambiance plus oppressante. L'idée forte de "The Last Express" réside dans son doublage. Déjà, le jeu est intégralement doublé en français (c'est devenu tellement rare que pour moi c'est une qualité majeure) mais pas que : l'orient express est un pont jeté entre l'europe centrale, l'europe de l'est et le moyen-orient, différentes cultures s'y côtoient, on entend donc parler allemand, serbe, arabe, français, russe...Votre personnage comprend certaines langues et lorsque c'est le cas, les dialogues sont sous-titrés en français. Mais lorsqu'il entend une conversation dans un dialecte qu'il ne maîtrise pas (le serbe), aucun sous-titre n'est apparent. Une excellente idée qui permet une immersion totale et encourage à tendre l'oreille, puisque les personnages parlent dans leur langue natale pour éviter d'être écoutés, précisément.

On pourra trouver que l'animation est poussive (on est en 1997 et sur PC, on faisait mieux) mais elle reste harmonieuse avec l'ambiance graphique et musicale du soft, ce serait donc faire un procès injuste à "The Last Express" qui ne repose de toute manière que peu sur l'action. Reste que sa difficulté, son système de temps réel obligeant parfois à l'attentisme et la nécessité d'avoir quelques notions d'histoire pour comprendre les enjeux géopolitiques du scénario (la première guerre mondiale, la lutte des classes, le soulèvement serbe...) expliquent malheureusement que ce jeu ait été un échec commercial, incitant son créateur - le papa de Prince of Persia - à tout laisser tomber. Et vu les moyens utilisés pour "The Last Express" ainsi que le soin apporté à sa réalisation, on peut que comprendre sa déception.

Le jeu est facilement trouvable sur PC et sur tablette/téléphone via steam, doublé en français, pour une somme modique. Il ne tient donc qu'à vous de réparer l'injuste sort que le public lui a infligé à sa sortie.
SubaruKondo
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Créée

le 24 août 2014

Modifiée

le 30 août 2014

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