Opération mille mirages, la fin d'une grande saga ? (spoilers)

Préambule

Avant de commencer cette critique, je fais un petit point sur la localisation de Trails of Cold Steel 4. Comme vous le savez, après un troisième opus miraculeusement traduit en français, NIS AMERICA n'a pas traduit «The end of saga». Personnellement, même si j'en suis profondément navré, cela ne m'a pas posé de soucis puisque je maîtrise et comprend la langue shakespearienne, les deux premiers opus de cette tétralogie n'ont jamais été traduit chez nous, version «Kai» sur PS4 comprise. Mais je peux comprendre le désarroi des personnes qui ne comprennent pas l'anglais, qui ont eu le plaisir de faire l'opus précédent en français approximatif et qui ne pourront pas faire celui-ci.

Une pétition est en ligne pour essayer de demander une traduction française sous forme de Patch d'ici Mars 2021. Elle est en lien de la vidéo de la chaine youtube de Ryu Gaming, dans son test consacré à Cold Steel 4. Vous pouvez également regarder les Let's play du Youtubeur Yvannel, probablement le seul youtubeur francophone a avoir consacré un walkthrough à l'entièreté de cette tétralogie.

Soyons réalistes, à terme je pense que ça va être très compliqué d'avoir une localisation française pour un futur jeu Kiseki. Avec un peu de chance, peut-être que Hajimari no kiseki, le dixième jeu de la saga, maxi best-of de la série avant un démarrage de l'arc Calvard, sera traduit mais cela va dépendre de la mobilisation des gens qui aiment la saga. Parlez de cette licence autour de vous, faites la connaître, et rien de plus simple que de recommander au minimum Trails of Cold Steel 3, sur switch ou PS4. La quantité des ventes françaises je pense sera déterminante sur l'avenir de la localisation en français éventuelle d'un prochain épisode.

Cela dit maintenant, nous allons attaquer la potentielle dernière grande critique de cet espace sens critique, le dernier opus de la saga The Legend of Heroes- Trails of Cold Steel ( sous-titré « the end of saga » au Japon, mais chez nous le sous-titre est passé à la trappe, et c'est bien dommage!).

Un épisode un peu mal-aimé, un peu controversé d'après les dires que j'ai pu voir sur divers forums. C'est simple, soit on l'adore, soit on le déteste. Récemment RPGsite lui a attribué la note de 5/10 alors qu'il avait adoré l'opus précédent. J'ai pu lire aussi un témoignage d'une personne ayant tellement détesté le jeu, qu'il souhaitait que jamais il ne traverse les océans pour venir jusqu'à chez nous.

J'ai découvert la série il y a maintenant trois ans, avec l'arc Cold Steel. Les deux premiers sur PS Vita, le 3 et le 4 sur PS4. J'ai également pu essayer un peu le début de Trails in the sky FC. Je pense avoir la légitimité d'au moins dire que je m'y connais assez bien sur l'arc d'érébonie, je parlerai évidemement pas des jeux avec Estelle ou des jeux avec Lloyd.

Je serai évidemment intransigeant avec le jeu. Je n'ai pas caché mon enthousiasme sur le troisième opus, vrai coup de cœur de cette année 2020 ( il est sorti à cheval entre 2019 et 2020 sur PS4 et switch), j'y ai consacré une critique facilement trouvable. J'avais dit tout le bien que je pensais du jeu.

Le plan de cette critique sera le suivant :

Synopsis
Gameplay
Histoire ( narration et écriture)
Direction artistique et OST
Rétrospective Tétralogie Cold Steel (Classement)
Conclusion

Bien évidemment de GROS RISQUES DE SPOILERS, vous êtes avertis et j'avertirai sur les spoils éventuels de l'opus IV. Commençons !

1) Synopsis: l'éclipse maléfique

Cold Steel 3 se terminait... Mal. Rean Schwarzer, le chevalier cendré, n'est plus lui-même. Enchainé au fin fond de l'atelier noir, son côté démoniaque a pris le dessus sur lui. Il est désormais perpétuellement sous l'emprise de son statut de sacrifice, les cheveux blancs et les yeux rouges, la fameuse symbiose spirituelle qu'il pouvait tenir dans une durée limité lors des précédents opus. Il peut désormais passer dans cet opus en forme ultime, avec une aura plus prononcée et des yeux reptiliens.

Les élèves de la Classe 7, ancienne et nouvelle, se sont dispersés, et le prince Olivert est présumé mort. Le Chancelier Giliath Osborne a réussi a mener son plan de déstabilisation politique de l'empire, pour démarrer la grande éclipse, une malédiction qui va permettre d’exacerber la haine dans les cœurs des ereboniens envers leurs ennemis de toujours, la république de Calvard.

La guerre n'a jamais été proche, et l'espoir repose désormais sur les épaules de Kurt, Juna et Altina qui se réveillent dans un étrange village onirique... Leur mission ? Trouver leur instructeur, le délivrer et sauver le monde ! Ils seront aidés dans leur tâche par les anciens héros de la série, Estelle Bright et Lloyd Bannings, la mercenaire au grand cœur du royaume de Liberil et le flic de Crossbell.

2) Gameplay : Quelques ajustements bienvenus

A la manière de Cold Steel 2, Cold Steel 4 va rajouter des petites features supplémentaires qui vont ajouter au confort de jeu. Je vais pas revenir sur le système de jeu du 3, je l'ai déjà fait dans la critique précédente, je vais juste énumérer les quelques ajouts de cette version.

Les Brave orders ont été diminués. A la manière de Cold Steel 2, il faudra ouvrir des coffres qui contiennent des challenges avec un duo ou un quatuor de personnages, pour augmenter la puissance des ordres. Vous pouvez vous téléporter directement devant un coffre, dommage par contre que l'on doit à chaque fois revenir dans le hub central pour sélectionner les personnages dont on a besoin.

Les Paladins Divins ou les méchas sont invocables en combat, à la manière des anciens Final Fantasy. Certains personnages peuvent invoquer également des exosquelettes de combat.

On retrouve le système des lost arts. 5 quartz magiques à débloquer via un combat de boss intense et qui vous donneront accès à un sort utilisable une seule fois par combat.

La jauge de Battle Points ( BP) passe de 5 à 7 barres dans cet opus.

Les Master Quartz ont été améliorés. Leur niveau maximum passe de 7 à 10, cela rend le système de progression plus appréciable. On peut faire de nombreuses combinaisons, à noter que l'on peut attribuer plusieurs fois le même Quartz secondaire contrairement au 3. Ce qui a selon moi un peu tendance à potentiellement faciliter le jeu. Mais on va pas se mentir, le jeu en Hard, au bout de 70 heures de jeu, le challenge est quasiment plus là, tellement les personnages sont puissants ( Rean est monstrueux dans cet opus) et tellement on a des équipements et des quartz puissants.

La grosse nouveauté de cet opus, c'est évidemment son roster de personnages : plus de 39 personnages à incarner, et notamment ceux des anciens opus. Cependant, l'enthousiasme est à relativiser. On retrouve majoritairement les personnages de l'arc érébonie, la Classe 7, la plupart des personnages invités des opus précédents comme Angelica, mais également des petits nouveaux, comme Crow ( enfin jouable totalement) ou Duvalie, ou encore Randy. Et enfin on a les specials guest qui sont malheureusement contrôlables de manière scriptée, je pense à Estelle ou Lloyd.

Globalement, le jeu offre beaucoup plus de libertés que l'opus 3 dans la customization du personnage et ça c'est cool.

Le jeu est aussi légèrement ajusté dans sa difficulté... Mais juste légèrement. Au bout de 70h de jeu, en Hard, je roulais littéralement sur le jeu avec parfois, une petite défaite de temps en temps.

Sachez enfin que certains personnages comme Alfin ou Elise ne sont plus jouables dans cet opus. Elles sont présentes via les Brave Orders mais c'est tout.

Le jeu est moins scripté que le 3, il reprend la structure de l'opus 2, avec un vaisseau qui nous permet de nous téléporter sur n'importe quel coin de l'empire.

Malheureusement pareil que dans le 2, y a pas masse de nouveaux décors dans cet opus. On va découvrir 3 villages supplémentaires, quelques environs inédits autour de Crossbel, Ordis ou Saint-Ark mais rien de transcendant. On voit pourtant parfois Roer, Ymir ou Bareheard via des bonding events, et je ne comprend pas pourquoi on a pas au moins intégré une des anciennes villes dans cet opus. Devoir attendre Hajimari no kiseki pour retourner dans ces lieux... J'avais l'espoir, à la fin de Cold Steel 2, de pouvoir dans le dernier opus, parcourir l'ensemble de la Map. C'est pas le cas.

Je comprend pas pourquoi on nous montre pas la province du Jurai, pourquoi on nous montre pas l'ambria du nord, pourquoi pas une incursion dans le royaume de Liberil ? Cold Steel 4 se contente d'un minimum légérement plus soutenu que le deuxième opus, et c'est tellement dommage. A l'avenir je souhaite que cette série sorte de ce carcan de « revisiter » les lieux. En revoir certains ? Je suis pas contre. Mais revoir exactement la quasi-totalité des lieux vus dans le 3, c'est redondant.

Voilà, j'ai rien à dire de plus sur le gameplay. Toujours aussi bon, encore plus riche, on est quasiment sur de la perfection du tour par tour dynamique. Dynamique parce que même quand tu ne joues pas, tu peux esquiver les attaques, faire un contre, gagner des CP qui vont te permettre de lancer un S-Craft.

Cette série a su redonner un second souffle au tour par tour, malheureusement cette ère touche à sa fin avec Hajimari no Kiseki, qui sera le dernier jeu en tour par tour, Falcom va introduire un nouveau gameplay basé action via l'arc Calvard. En tout cas, Cold Steel a su prendre le flambeau spirtuel post Final Fantasy X, et l'améliorer, en piochant quelques idées par-ci par là.

Le challenge est mois présent que dans les premiers opus, mais il est toujours là. Le tour par tour dynamique permet de réduire la durée de vie des combats, qui sont sans aucun chargement. Bref que du bon, un vrai plaisir de jeu, certes la magie est moins utilisée que les Craft, mais franchement c'est un détail.

Cold Steel 4 est ce qui se fait de mieux dans le tour par tour, ni plus ni moins. C'est le meilleur gameplay jamais proposé dans un JRPG . Et ils ont rajouté des mini-jeux. Le pom-party, une sorte de Tetris Puyo-Puyo et le vantage masters a été amélioré. Vous pouvez également jouer au poker et au blackjack dans les casinos.

Les PNJ sont toujours aussi nombreux, et en évolution constante, ils peuvent se déplacer au fur et à mesure des événements. Parfois, on tease même certaines quêtes à venir par leur dialogue. C'est fort. C'est ce que la saga fait de mieux, avec son gameplay.

3) Histoire ( narration et écriture) : Un moonwalk par rapport au 3 ? ( SPOILERS )

Trails of Cold Steel 3 est un vrai petit bijou d'écriture en terme de JRPG. Sans mentir, le jeu sonnait juste pour moi à presque chaque moment. Le prologue m'a mis dedans immédiatement. Ensuite on enchaînait une vraie montée en puissance qui culminait jusqu'au chapitre 3, dont la première moitié est l'un des moments les plus solides que j'ai pu voir ces dernières années. Raquel la nuit, la révélation de la backstory des personnags de Claire et de Sara, et la conversation nocturne entre Ash, Musse et Rean. Le jeu baissait un peu en qualité sur la seconde partie du chapitre 3, et le début du chapitre 4, mais après ça repartait à une vitesse pour finir sur un cliffhanger.

Cold Steel 4 a probablement l'un des moins bons prologues de la tétralogie. Il est beaucoup trop long, mal rythmé et trop chorale. On passe du point des vues des habitants d'érébonie au point de vue de personnages des anciens opus, pour passer sur une phase jouable avec les anciens héros de la saga, pour repasser sur une phase de « cauchemar » de Juna. On enchaîne beaucoup de conversations, on se retape des tutoriels de combat pour finir le prologue sur une scène, la pire de la série. Si vous pensiez que la scène Shirley/Duvalie du 3 était pas terrible niveau message véhiculé, le quatre enfonce définitivement le clou. Mettre en scène des agressions sexuelles de femmes sur d'autres femmes pour amuser la galerie de jeunes otakus japonais, c'est franchement limite.

L'acte 1 est intéressant dans le sens où l'on incarne pas Rean. En effet, c'est la nouvelle Classe 7 composée de Juna, Kurt et Altina, et Randy en support qui va partir à la recherche de leur instructeur et de leurs camarades. Malheureusement les deux premières parties, et surtout la première, je me suis un peu ennuyé. C'est simple. On revisite quasiment les mêmes lieux que dans le 3. La manière dont Ash revient dans l'équipe me paraissait trop cliché, l'introduction de Gilbert en « nouvel antagoniste » m'a un peu surpris, on est sur un cliché du méchant débile et ridicule à souhait. Pareil pour Musse, en un peu moins pire, car déjà on sentait des pointes de choses intéressantes, et des nouveaux lieux, ENFIN !

La troisième partie de l'acte 1, à Crossbell, j'ai senti que le jeu décollait. Malgré un rythme lent, j'ai pu apprécier un certain retour du niveau d'écriture du troisième opus. Le moment à l’hôpital, j'ai adoré. La découverte du parc Mishy Wonderland, très cool aussi. La bagarre de fin, vraiment pas mal aussi, avec pour une fois une certaine remise en question des antagonistes et de leurs motivations, touchant même Campanella. Rufus Albarea qui est probablement un des seuls méchants vraiment assumé de toute la tétralogie, mais j'ai trouvé son doublage anglais un poil moins prenant que le 3.

On repasse sur un interlude où Rean va se libérer, et la Classe 7 vient également le libérer. C'est un moment bien sympathique, malgré des deus ex machina toujours trop omniprésents dans cette série, et une partition des personnages assez bizarre, les garçons d'un coté, les filles de l'autre, on peut pas mixer les parties ?

L'acte 2 est considéré à priori par beaucoup de joueurs comme un des pires du jeu. Je ne le pense pas et je vais m'expliquer pourquoi. C'est un acte où l'on reprend le contrôle de Rean, désormais affublé d'une nouvelle tenue plus « dark » et d'un look permanent cheveux blancs et yeux rouges. Cette acte se concentre sur le sauvetage et le rapatriement d'alliés et camarades, et plus particulièrement, des filles. Le fameux sauvetage du « harem » de femmes qui gravitent autour de notre protagoniste. C'est pas exactement vrai.

Le début du jeu, avec le recrutement de Crow et Duvalie, et le début des « rivalités » ( j'en dis pas plus, mais c'est vraiment cool ), j'ai adoré. Les sauvetages suivants effectivement, c'est pas terrible sans être mauvais. On fait des clins d'oeils au premier opus ( la fameuse waterway d'Ordis), il y a quelques petits moments touchants ( Claire Rieveldt, un des meilleurs personnages secondaires de cette saga), quelques petites révélations qui font mouche. Mais malheureusement on y croit pas en terme d'antagonistes. Jamais je n'ai senti les personnages que je devais sauver en danger véritable, mention spéciale au sauvetage de Tio et Élise, quelle blague ! Pourquoi à chaque fois, on me laisse partir ? Pourquoi les personnages doivent prouver leur force encore et toujours ? TROIS JEUX qu'on passe notre temps à le faire !!!

Et puis vient la fin de l'acte 2, l'avengers assemblee sur le pantagruel. Beaucoup de fan service, beaucoup de clins d'oeils que j'ai compris, d'autres un peu moins car comme vous le savez, je n'ai pas fait les précédents opus Sky/Crossbell. Et puis ça décolle. Du gameplay, une vraie mise en tension, les méchants qui viennent pour en découdre. Et... Tout se casse la figure. Deus ex machina encore une fois, qui vient annuler complètement la fin du 3 et la tentation du sacrifice de certains personnages pour sauver les autres, ça n'a pas été assumé, et c'est bien dommage. Une énorme scène de dialogue avec des méchants pas crédibles, qui nous laissent repartir alors qu'ils ont la possibilité de nous achever sur place. Bien décevante cette fin d'acte 2. Et surtout mal rythmée en terme d'équilibre dialogue/gameplay.

L'acte 3 est un acte somme toute assez moyen, avec néanmoins quelques belles scènes et des grosses révélations notamment je pense à la dernière scène de l'acte 3, vraiment très émouvante et qui sauve cette acte pour moi. Beaucoup de tournage de veste, de méchants finalement pas vraiment «méchants » et le pire dans tout ça c'est les histoires de famille « Reinford » avec Sharon. Je n'ai jamais cru une seule seconde son passage envers le coté obscur. A quoi ça a servi ? Sérieusement ? A rien. Et même le cas George, franchement.

L'interlude est un acte posé, un peu difficile à croire que des héros vont passer une nuit dans un parc d'attraction avant de « sauver le monde » mais ça permet de régler les relations amicales et amoureuses des personnages. Le fameux harem de Rean. La plupart des « bonds » tournent autour de cela. Pas moins de 11 filles qui vont nous déclarer leur flamme, dont la propre sœur adoptive du héros ! ( C'était annoncé dès le premier opus, preuve de l'incroyable foreshadowing de cette série!). C'est pas mal, mais pour moi c'est clairement un aveu d'échec. C'était bien mieux avant dans les deux premiers opus. Certaines déclarations sont pas mal, je pense à celle de Laura ( que j'ai choisie depuis le 1), je pense à celle de Emma ou de Towa. D'autres sont plus... Banales. Ou incongrues.

Je pense que Elise, Juna et Altina auraient du être écartées de la possibilité des relations amoureuses. La première étant la sœur adoptive du héros, à priori chez Falcom les relations entre frère et sœurs adoptifs les dérangent pas ( Coucou Estelle et Joshua) mais moi si. Juna aurait du être en couple, possiblement avec Kurt, l'alchimie entre les deux du début de l'opus 3 a été abandonné. Et Altina, c'est clair que c'est glauque. Fort heureusement, chaque relation Rean avec ses élèves ou sa sœur adoptive ( et Alfin) est esquivée, et c'est tant mieux. Les vraies relations « canons » dans cet opus c'est avec Alisa, Emma, Laura, Fie, Towa et Sara. Je pense que on aurait du s’arrêter là.

Néanmoins cet opus m'a surpris a tisser des liens amicaux ou amoureux entre personnages secondaires. Vous verrez un rapprochement Ash/Tatiana, Gaius/Linde, Sharon/Anton dans des dialogues toujours succulents, cette série est vraiment forte dans sa capacité à batir un univers dans lesquels une multitude de personnages interagissent entre eux !

L'acte 4 est probalement... Le meilleur acte de l'ensemble du jeu. Le meilleur pour la fin.

En résumé mon avis sur le scénario ( ZONE SPOILERS)

Si Cold Steel 3 est le feu, Cold Steel 4 c'est les braises. On reste dans une certaine qualité du scénario mais trop de deus ex machina, trop de moments inutiles, trop de moments où on a envie que ça décolle, quitte a sacrifier ou tuer des personnages, mais les scénaristes en semblent incapables.
Reste que de temps en temps, il y a un éclat de grandeur dans une scène qui réussit à capter à nouveau mon attention. Faut savoir que j'ai été un peu spoilé sur cet opus, donc sur certaines révélations j'ai eu moins de surprise que sur le 3. Les scènes que je retiens sur cet opus, c'est la fin de l'acte 1, l'interlude, le début de l'acte 2 ( et un peu la fin), une partie de l'acte 3, l'interlude wonderland et l'acte 4 dans sa quasi-totalité.

Le jeu réussit très bien à donner un moment de grâce à chacun de ses personnages. Emma est vraiment devenue classe dans cet opus. Une sorcière qui s'assume complètement, qui ne cache plus sa féminité ni ses pouvoirs. Laura est enfin devenue la guerrière qu'elle voulait être, et à porter fièrement le nom Arseid. Juna a un grand moment pendant l'acte 1, Altina est enfin devenue sociable et capable d'exprimer des sentiments. Côté des personnages masculins, j'ai malheureusement trouvé qu'ils étaient un poil en retrait, malgré par exemple Gaius qui devient vraiment un pilier central dans la force de frappe, et Crow qui fait sa rédemption. Mais si vous faites les événements annexes, alors vous verrez que eux aussi arrivent à une conclusion satisfaisante. Jusis Albarea se positionne comme l'héritier de son nom, et « assume » plus ou moins sa relation amoureuse/fraternelle avec Millium. Machias réussit à passer outre sa haine des nobles.

Contrairement à ce que j'ai pu lire, certains personnages, bien que non jouables alors qu'ils l'étaient avant, sont bien développés, mais c'est à vous joueur d'aller chercher l'information. J'ai déjà mentionné Claire, il y a également Alfin, Elise, quelques personnages « invités » comme Elie ou Joshua.

Mais mon gros coup de cœur de cet opus, c'est Duvalie. Après un second opus où on l'a maltraité, un troisième où on ne la respectait quasiment plus, enfin, elle devient à part entière un membre du groupe. Elle s'ouvre aux autres, elle grandit, elle garde son caractère de cochon mais franchement super bon personnage, avec un doublage parfait ! Musse et Ash, toujours au top, et Rean ça passe bien, mais ça reste un personnage beaucoup trop niais et positif pour moi. A noter que Céline va avoir son heure de gloire ( et une apparence humaine) dans cet opus ! Personnages de Vita Clothilde et Roselia, excellents, si on oublie le fameux moment de la fin du prologue.

Pour parler des méchants rapidement, beaucoup trop de cafouillages et de tournage de vestes pour que je m'attarde trop dessus, notamment quand on apprend l'identité du vrai antagoniste de la série, Ishmelga, qui manipule tout le monde autour de lui. Mariabell Crois est une nouvelle méchante assez réussie, qui à priori est aussi un des rares personnages LGBT que j'ai pu croiser dans une série de JRPG, avec Angelica et Shirley. Le prince Cédric est le personnage qui a subit la plus grande évolution de la série, passant de mec gentil à victime à méchant en puissance à … Kylo Ren. En effet dans cet opus, il est tantôt méchant, plus méchant que les autres, y a des fois très clairement il se comportait comme un vrai antagoniste crédible et j'ai aimé ça. Et puis des fois, les scénaristes essaient de radoucir le personnage. J'ai aimé le fait que Shirley, la psychopathe rousse, devienne sa garde du corps. Une sorte de relation malsaine, teintée de séduction ( bien que shirley soit ouvertement lesbienne) et de moquerie, où elle essaie tant bien que mal d'apprendre à un enfant gâté à devenir un vrai méchant. Et j'ai aimé les moments « kylo ren » du prince qui se sent humilié, qui veut prendre les rênes de l'opération contre les héros, mais on l'en empêche, car il n'est définitivement qu'un pion sur l’échiquier de Giliath Osborne.

En tout cas, sans trop spoiler davantage, une histoire satisfaisante, on le sent que tout était pensé dès le premier opus, preuve d'une écriture qualitative. Les personnages ont évolué, malgré une récurrence de certains gimmicks. C'est pas une fin parfaite, mais une parfaite conclusion pour cette saga. Je regrette que ça mette du temps à décoller, je regrette que les grands moments côtoient des moments dispensables ou futiles, qui servent à rien, parfois incohérents ou difficiles à croire ( le moment du sauvetage Tio et Élise, sérieusement ? ).

Cold Steel 4 est un jeu selon moi plus solide que le deuxième opus en terme de scénario. Mais pas constant dans son écriture. Trop de marche à reculons sur certains points, des moments pas intéressants, des légères incohérences ou répétitions de trucs qu'on a déjà vus, qu'on connaît déjà. Fort heureusement par moment, les braises se rallument et ça décolle le temps d'un moment ou réellement à la fin, et on en a pour notre argent ! En conclusion, pas le meilleur opus en terme de scénario, mais pour moi, c'est pas le plus mauvais, loin de là !

4) Direction artistique et OST

Probablement le jeu qui tente le plus de choses en terme de direction artistique. Jaquette du jeu magnifique, les tenues civiles des personnages qui leur donnent bien plus de personnalité que les tenues de thors. Des environnements plus aptes à nous montrer la magie, la féerie, les petits coins de paradis reculés de l'empire. Je pense au village d'Eryn, je pense à Millsante. Je pense au Donjon du Graal, qui esthétiquement tente des choses. Je pense à l'acte 4 où enfin, l'aspect fin du monde apparaît visuellement dans le jeu.

Il y a un effort dans l'architecture des donjons. C'est sommaire mais y a des efforts ! Pareil pour les ennemis, plus variés dans le design. D'une manière générale, cette série a une direction artistique incroyable, et le quatre fait honneur à cela.

On passe sur l'OST, que dire ? Ils ont repris les meilleurs morceaux du troisième opus ( le fameux « Behind the lore ») et les nouvelles musiques, c'est simple, c'est exceptionnel. Exceptionnel. Clairement la deuxième meilleure bande son de cette tétralogie. Ils se sont lâchés, moins de violons, plus de percussions et de guitare électrique et franchement on arrive à un résultat excellent. Ils se sont même permis de revisiter certaines grandes musiques des précédents opus version orchestrale, ou de reprendre des thèmes les modifier un peu et c'est cool.

Aller un petit aperçu de mes morceaux préférés.

Ashita e no kiseki : Le meilleur opening de la série. Ni plus ni moins.
Seductive Shudder : La puissance du clan Hexen.
Twilight Green Passage : Un des thèmes les plus doux d'exploration.
Burning Throb : Le meilleur thème de combat de la tétralogie. Ni plus ni moins.
Wind Across the Water : Un thème pour un village qui m'a rappelé les sensations de jeu Final Fantasy de l'époque PS one.
Lyrical Amber : Nostalgie tout simplement.
Bonds-Relations : Le meilleur thème de menu principal.
Rivalry of the Seven- Excellion Krieg : Plus épique et grandiose que cela, j'ai pas trouvé.
Ancient Oath : Un peu le nouveau Behind the lore de cet opus.
Deep Carnival : Le thème le plus rock de cet saga.

Je vous laisse découvrir le reste de l'OST, mais concrètement elle est géniale.

5) Rétrospective Tétralogie

Voici mon classement définitif sur cette tétralogie. Il ne correspond absolument pas aux notes que j'ai pu attribuer.

Médaille d'or : Cold Steel I

Aussi fou que cela puisse paraître, le premier opus sur PS Vita est mon préféré. C'est la découverte pour moi de la série des Kiseki, c'est une histoire qui pose les bases, quitte a sacrifier son gameplay par moments, mais c'est une expérience inoubliable. Sans ce jeu, il n'y a pas les trois autres. Un jeu qui réussit aussi a exister sans la présence d'Ouroboros ou des paladins divins (que l'on débloque à la toute fin). Bref j'adore ce jeu. J'adore la façon dont les personnages tissent des liens entre eux dans cet opus, c'est un jeu mémorable, c'est un chef d’œuvre pour moi.

Médaille d'argent : Cold Steel 3

Là aussi, un épisode d'exposition. Une transition PS Vita sur Ps4 et Switch mais peu importe. Probablement l'opus le mieux écrit de la saga, celui qui accroche le plus vite. C'est une réinterprétation intelligente de la formule du premier volet, nouveaux personnages, nouveaux enjeux, nouveaux lieux, système de combat amélioré et surtout une histoire très solide, très dark, c'est l'empire contre-attaque de la saga. Quelques frustrations par-ci par là font que il n'est pas premier, mais c'est un chef d’œuvre, et traduit en français en plus, boudez pas votre plaisir !

Médaille de Bronze : Cold Steel 4

Un opus qui fait mieux sur la forme, mais beaucoup moins bien sur le fond que l'opus 3. Un jeu qui est moins friendly avec les gens qui connaissent pas au minimum la tétralogie Cold Steel. Un jeu qui se laisse aborder plus difficilement, un jeu qui réutilise encore trop les décors du 3, avec un scénario plaisant mais qui cafouille et n'assume pas sa dramaturgie à certains moments. Un jeu ultra généreux, durée de vie phénoménale, Gameplay aux petits oignons, quelques grand moments, un jeu qui arrive à donner à presque l'ensemble du casting son heure de gloire. Une OST exceptionnelle, une direction artistique au top, ils tentent des choses, ça marche parfois, ça échoue parfois, mais une chose est certaine : à défaut d’être un chef d’œuvre, c'est un aboutissement. Un très bon jeu et qui pour moi, très clairement, fait bien mieux que le jeu en dernière position.

Médaille en chocolat : Cold Steel 2

Et oui. C'est le moins bon opus pour moi de la saga. L'arc guerre civile n'a pas été vraiment bien exploité. On réutilise beaucoup de lieux du premier opus. Le rythme est mal maîtrisée. Niveau du scénario j'ai été un peu déçu. Et pourtant, ce jeu c'est le seul de la saga que j'ai fait deux fois. Car une liberté de mouvement plus grande. Le système d'overdrive ( RIP), les lost arts, la découverte d'Ymir, un début in media res. Quelques grands passages, notamment le pantagruel, la fin avec la révélation de dingue. C'est probablement à mon sens le plus rejouable des quatre opus. Un épisode qui a introduit plein de personnages que j'adore, Duvalie, Mcburn, la première apparition d'Altina également bref, un opus de temporisation pour moi, coincé entre deux chefs d'oeuvres, mais c'est un très bon jeu, avec l'OST Holy Saint qui m'avait mis une claque à l'époque. Le dernier grand jeu de la PS Vita.

5) Conclusion du test

Faisons bien, faisons court. J'ai plus de 90 heures de jeu au compteur, je suis à l'acte final. Il me reste encore une bonne vingtaine d'heures avant de voir le grand dénouement. Est-ce que j'ai besoin réellement de terminer complètement le jeu pour vous dire qu'il est excellent ? Je ne pense pas. Mon avis ne changera pas. J'ai commencé le jeu avec dans l'idée de lui mettre un 7/10, je termine ma partie en me disant que mon avis a évolué favorablement, et que je souhaite récompenser cette série en accordant la plus haute note à cet opus. Que l'on soit bien clair, je le dis, ce n'est pas le meilleur opus selon moi. Le 1 reste mon eldorado, et le 3 je pense fait bien mieux. Il est mieux écrit, plus court, plus efficace et surtout plus sombre.

Le quatrième opus c'est par contre l'aboutissement d'une saga, en terme de gameplay, game design, et de narration. Il y a beaucoup de contenu, c'est généreux, c'est du JRPG old school comme j'aime mais avec une patte moderne efficace, c'est excellent. Ce n'est pas le meilleur jeu de cette tétralogie, mais c'est peut-être celui qui fait le mieux la synthèse des trois opus précédents, la synthèse des bonnes choses comme des mauvaises.

Cold Steel est définitivement entré dans mon top personnel des meilleurs expériences vidéoludiques de ma vie. Pas avec cet opus, qui n'est pas le meilleur, certes, mais ce serait franchement dégueulasse de dire que c'est le plus mauvais. Il est sur le podium. Il a la médaille de bronze de cette tétralogie, il mérite cette médaille. Maintenant c'est clair, je souhaite que la saga évolue, que ça devienne plus sombre, plus adulte, avec moins de clichés et un nouveau gameplay/moteur physique.
Hajimari no kiseki, je pense que je le ferais, et ça sera peut-être le dernier, mais je pense que je le ferais mais pas tout de suite car je vais faire une pause avec cette série très dense, et notamment avec ce dernier opus, un dessert ultra-copieux que je recommande évidemment si vous avez fait les trois autres.

Merci Falcom, tout n'est pas parfait dans ce jeu mais c'est satisfaisant. Merci NIS America pour avoir apporter cette pépite chez nous, malgré une localisation non française et quelques bugs de traduction/d'affichage. Merci aux comédiens de doublage anglophones qui font un boulot de dingue depuis des années, la voix de Juna, la voix de Duvalie, la voix de Roselia, la voix de Ash, la voix de Rean, et j'en oublie plein d'autres, sans cette qualité de doublage, la série n'aurait pas été la même. Une grande saga du jeu vidéo se termine avec cet opus.

On se revoit une dernière fois en empire d'érébonie pour Hajimari no kiseki, dans probablement deux ans. Et ce sera avec plaisir d'en faire à nouveau une review.