The longest journey : c'est resté dans ma tête le jeu vidéo dans lequel je rêverai de me perdre indéfiniment.
Le sens critique me retient de lui mettre "10", ça ne m'empêche pas de le considérer comme l'un de mes jeux préférés. Découvert il y a plus de 10ans, je ne peux m'empêcher de croire qu'un brin de nostalgie positive mon jugement, mais l'émotion est restée intacte quand à l'occasion, je me replonge dedans.
L'histoire et l'univers y sont pour beaucoup : On y incarne une héroïne -April Ryan- étudiante en art, qui aimerait plutôt boire des verres tranquillement avec ses amis, que d'aller récupérer des vieux morceaux de disques légendaires dans des endroits dangereux. Comme beaucoup de héros-malgré-eux, l'enchainement des évènements la conduit dans une spirale entre deux mondes bien distincts : Stark et Arcadia. Stark est le monde dans lequel April a toujours vécu : un monde d'anticipation, dont les progrès technologiques ne remplacent pas du tout une vie quotidienne qui ressemble à la notre : ici pas de totalitarisme arbitraire, d'intelligences artificielles qui feraient peser une menace sur notre humanité... Stark est parfaitement crédible et nous réserve de chouettes explorations, entre les décharges industrielles à l'abandon, les galeries branchées de Newport, les églises un brin New Age et les vieux cinéma de quartier... Arcadia est à l'inverse, un monde inconnu, où comme notre héroïne, on a l'impression d'avoir débarqué dans un roman de fantasy... La science du coin est la magie, et entre ses villes au design moyen-âge et ses îles à la végétation sauvage, le voyage promet des paysages fantastiques et des personnages étranges.
The longest journey ne peut pas plaire à tout le monde : c'est un jeu "point'n click", qui ne demande pas d'enchainer les combinaisons de touches en un temps record, ni de sortir son arme à feux pour tuer les boss. Rien ne peut entrainer la mort du personnage, et on ne peut avancer qu'en explorant un maximum les lieux proposés et en récoltant les objets. Les poches d'April sont étrangement profondes, mais ce qui m'a paru intéressant dans ce jeu, c'est que certains objets sont indispensables sans le paraître, et qu'on peut aussi en récupérer certains qui seront magnifiquement inutiles tout le long... Les combinaisons sont parfois improbables et certaines énigmes un peu casse-tête (les amateurs se souviennent tous de celles des statues de l'île...) mais cela fait de The Longest Journey, un jeu suffisamment complexe et bien amené.
Le principal reproche qui lui est souvent fait, sont ses dialogues immenses. Pour ma part, ça ne m'a jamais paru un défaut : on peut les passer, et comme ils sont tous enregistrés, les relire à notre rythme. Bien des réponses à certaines énigmes se trouve dedans. Et surtout, cela complète l'histoire et l'univers général dans lequel on est plongé.
The longest journey n'est pas un jeu d'action, mais pas pour autant un jeu d'aventure juste contemplatif, même si on a tout le temps désiré pour accomplir une énigme, la tension surgit régulièrement. Si vous aimer explorer des univers imaginaires et complexes, c'est un régal : et les dialogues enrichissent cette exploration.
Je pourrais encore parler des personnages secondaires, dont la plupart sont intéressants et crédibles. De l'humour et de la vision ironique d'April sur ce qui l'entoure. Et que ce jeu est une belle version du classique parcours initiatique du héro.
La fin de l'histoire a perturbée plus d'un joueur. Pour ma part, je trouve que c'est aussi une des choses qui distingue The Longest Journey d'autres jeux. Une singularité que j'apprécie, qui relance les questions, et qui ouvre les portes à l'envie de revenir explorer encore et encore et univers.