Elégie aux disparus
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Un jeu contemplatif en pointer-et-cliquer, qui parle d'art et cite Jung ? Très bien, je suis le public-cible. Et du genre plutôt bon public, m'voyez ?, à toujours vouloir chercher le positif même devant la médiocrité. Cela ne m'empêche pas de garder ma lucidité et de vous enjoindre à vous détourner de ce titre, sauf si, comme moi, vous l'avez reçu gratuitement.
Certes, il s'agit du premier jeu de son auteur, au budget sans doute ridicule. Certes, il y a de l'ambition, celle de proposer une balade méditative dans la veine de Myst, dans de jolis décors bercés par une douce musique et la voix suave de l'héroïne. Il y a également la volonté de diffuser un message philosophique, d'élever le joueur à quelque chose de plus grand que lui-même. Je salue tout cela, et j'imagine la somme de boulot de ce mec tout seul face à sa création. Mais l'ambition ne fait pas tout, malheureusement.
L'un des messages principaux du jeu est de se détacher de toute influence pour trouver sa voix intérieure et ainsi s'accomplir, en tant qu'artiste, mais aussi en tant qu'Homme. Et pour y parvenir, le jeu empile les citations comme un bouquiniste des romans de gare: "J'ai lu une fois..", "Je me souviens d'une phrase...", "J'ai vu une conférence..."Mon boucher pense que..."... L'auteur semble à un moment conscient de cette contradiction, et parle finalement de bonnes et mauvaises influences. La télévision est d'ailleurs pointée du doigt comme étant une très vilaine influence. En gros, on vous dit que l'eau, ça mouille, et que le savon, ça lave. Et c'est bien là tout le problème du jeu: lorsque l'auteur analyse les citations et propose enfin une réflexion personnelle, on ne sort que rarement des poncifs et autres banalités, quand on ne plonge pas tout bonnement dans le ridicule.
Quitte à citer Jung à tout va, il eût été plus finaud de proposer une adaptation de son Livre Rouge, par exemple. Voilà une œuvre qui s’adapterait parfaitement à un pointer-et-cliquer à l'ambiance hallucinée ! Ou si l'on veut absolument proposer un travail "personnel", on peut très bien illustrer les concepts de Jung sans avoir à les exposer de manière aussi appuyée.
Malheureusement, il ne reste même pas assez de matière ludique, dans ce "jeu", pour sauver les meubles. Les énigmes sont pratiquement inexistantes. Il s'agit juste de faire plusieurs fois la même combinaison d'objets et d'actions simplistes et c'est bon, le générique arrive en une heure ou deux. Amateurs de gymnastique mentale, passez aussi votre chemin.
L'expérience est pourtant loin d'être affreuse. C'est reposant, ça distrait facilement une soirée. Et ça peut donner envie de relire Jung, c'est déjà ça. Sinon, vous pouvez aussi allumer la télé: c'est pas si mal, après tout...
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Créée
le 12 nov. 2021
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