The Song of Saya
7.2
The Song of Saya

Jeu de Gen Urobuchi, Nitroplus et Jast USA (2003PC)

Par où commencer ? Peut-être en précisant que, même signalé 18+ pour du contenu sexuellement explicite, c'est un jeu à déconseiller fortement à toute personne sensible qui n'a pas le cœur et l'estomac bien accrochés.
Ce jeu a tellement fait parler de lui qu'il est difficile d'écrire quoi que ce soit à son sujet qui n'ait été déjà dit. L'amorce de scénario, comme le scénario, n'a rien de neuf en elle-même. Un accident, une opération, s'ensuivent des changements. Non, le jeu déroute d'une part par la nature des changements grotesques (au sens littéral), d'autre part par le développement des deux protagonistes au fil de l'histoire. Nous sommes confrontés d'entrée de jeu aux sens atrocement déformés de Fuminori, qui a eu la chance de ne pas avoir succombé à la folie, en partie grâce à Saya, le seul être encore humain à ses yeux dans un monde de chair et de viscères, ce qui soulève évidemment quelques interrogations. Nous, nous n'avons pas cette chance. L'atmosphère oppressante et suffocante nous saute à la gorge sans crier gare et ne nous quitte presque plus.

Le jeu flirte en permanence avec la folie, celles de Fuminori, de Saya, des autres et de l'homme en général, et avec la nôtre, car au final tout cet étalage de chair sanguinolente n'est qu'un outil pour mieux nous travailler en profondeur. On est face à ses propres contradictions, tiraillé, avec d'une part le côté affectif représenté par la relation entre Saya et Fuminori, et d'autre part un côté moral auquel on est lié en tant que part d'une éthique issue de notre culture et de notre éducation, incarné par les autres personnages. C'est ce déchirement, causé par la contradiction de la raison et de l'éthique contre l'instinct et les sentiments, le tout incarné par Fuminori qui abandonne petit à petit son humanité et Saya qui gagne la sienne, qui constitue l'essence de Saya no Uta. C'est par cela que le jeu respire et c'est sur ce point que le scénario présente son meilleur jour : l'exploration de la psyché humaine. Les différentes fins sont elles-mêmes sujettes à interprétation sur leur portée (« bonnes » ou « mauvaises »).

Mais là où Saya no Uta brille le plus, c'est par sa bande-son, qui contribue énormément à l'ambiance. Des pistes comme Schizophrenia, Scream, Shapeshift ou Scare Shadow ajoutent au côté délirant et psychotique, tandis que Sin, Silent Sorrow et Song of Saya (oui, tous les morceaux commencent par un S) possèdent une dynamique plus calme et sereine. La dichotomie est portée jusque dans la musique, exacerbée même, puisque les pistes calmes sont d'une douceur parfois dérangeante et malsaine au vu du contexte.

Ajoutez à tout cela une pincée de Lovecraft et quelques scènes explicites, et vous obtenez quelque chose de savoureux, d'étrange et d'unique, qui laissera de toute manière une impression très tranchée mais qui vaut franchement le détour, sinueux et particulièrement morbide...
muche
9
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le 3 mars 2011

Critique lue 1.8K fois

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muche

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