Portal 3
The Swapper est un sacré mignon petit jeu indépendant (tout ça), c'est un peu l'enfant de Portal qui copule avec Waking Mars ou celui de Braid avec Bioshock, et y'a des gros cailloux qui pensent à la...
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le 28 févr. 2014
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C'est en pleine semaine de Summer Game Fest 2022, réceptacle numérique de l'actualité proche comme future du jeu vidéo, où bon nombre de promesses lointaines semblent toutes vouloir s'orienter vers la science-fiction obscure/psychologique, et en pleine semaine de vacances d'été, fortement consacrée aux puzzle-games/jeux d'énigmes, afin de faire taffer mes méninges...que je me suis intéressé à "The Swapper", sortie en 2013, développé par des Indé méconnu, pas très mise en avant, piffé sur le catalogue de GOG, mais encensé par la critique, conseillé par nombre de joueurs, autant apprécié par sa direction artistique, son gameplay, sa narration, alimentant ma curiosité, titillant mon petit cœur tant il semblait me promettre une union de ces deux aspects, pour lesquels je voue un culte, à travers une traversée dans une station spatiale abandonné, seul mais armé de ce fameux "Swapp gun", permettant une capacité de se dédoubler, exigeant de collaborer avec moi même, me demandant une introspection pour au final réunir mes différentes personnalités...
Un dédoublement émotionnel tout d'abord, qui après une invitation à inscrire mon nom, un menu titre étrange au paysage volontairement flouté, à la musicalité stellaire enivrante, me plongeant immédiatement dans une atmosphère typique de ces œuvres de Science-fiction qui me sont chères, autant cinématographiques, télévisuelles que ludiques, à la fois anxiogène, mystique et énigmatique et crépusculaire, me balançant sans une once d'explication dans une station spatiale désertique, labyrinthique, désœuvrée, un peu austère et lugubre comme si le temps s'était arrêté à la suite d'une énorme avarie, théâtre de manipulation scientifique, abritant les vestiges d'une ancienne civilisation extra-terrestre, dépeuplé de ces habitants un peu fou, où seul quelques outils technologiques sont encore utilisable, où la peur est permanente, le stress est une routine, la surprise bien cachée derrière une porte, me rappelant par sa diversité, son ambiance, ses sons, ses biomes, son aspect, certaines aventures récentes au sein de station spatiale, des amours et passions d'adulte mais qui par sa patte graphique, son visuel en carton, ses textures en patte à modèler, ses grands masques d'argiles, ses lumières artificielles à la lampe, son grain très sablonneux, ses fils d'étain suspendu, son crépitement permanent, son personnage désarticulé, ses rochers plus vrai que nature, ses sonorités naturelles, ses mélodies mélancoliques, sa colorimétrie variée, m'évocant autant le sublime travail d'animation en stop-motion ayant nourri mon imaginaire d'adulte, que mon plaisir étant enfant où à partir de trois bricoles, un ou deux vieux playmobile, une lampe de torche, quelques bruits de bouche, un vieux chiffon un peu dégeu et un peu d'imagination, je me créais mes flottes interstellaires, mes vaisseaux spatiaux, mes aventures dans les étoiles....un dédoublement identitaire par l'art, à travers la vue et l'ouïe me rappelant les émotions de mon passé et de mon présent, qui a force de se juxtaposer au fil de mes heures d'errance ne finiront par ne faire qu'un, me plongeant dans une introspection personnelle...
Un dédoublement sensoriel, qui a peine un léger chargement, me plonge dans le rôle d'un illustre inconnu, un cosmonaute un peu bizarre, dénué de parole, à l'aspect rudimentaire, à la physique douteuse, aux possibilités limités, m'évocant directement ces sensations, étant enfant, que me provoquait l'utilisation de personnage typique des figurines de plastique, des poupées de cire voire de mes marionnettes de bois avec lesquels je prenait plaisir pendant de longues heures à manipuler, un étrange protagoniste principal donc, qui au bout de quelques secondes sans grandes explications se voit titulaire d'un Swapp Gun, lui permettant de se cloner, de multiplier par 4 le nombre de personnages, non jouable directement, avec lesquels l'on peut se switcher et donc permettant moulte combinaisons, possibilité asymétrique car constamment lié à nous, ainsi que des déplacements misant sur nôtre créativité, m'évocant là aussi mon enfance avec ces jouets électroniques, d'extérieur, de dextérité, éducatif, demandant plusieurs joueurs mais avec lesquels enfant, un peu obligé, je jouais souvent seul, me demandant de coopérer avec moi-même, de m'auto-défier, de me scinder, tout comme certains puzzle-game/plate-forme basé sur la physique, là pour le coup des plaisirs de daron, le tout excellemment mise en scène dans cette station de bric et de brocs, labyrinthe explorable à l'envie, de manière non-linéaire, permettant à chacun d'y dénicher ce qui lui semble bon, offrant de multiples interactions, puzzles, énigmes, récits, informations, un pur Metroidvania,où l'exploration est source de plaisir et de gratification a force d'aller-retour, de debloquage de sas, d'activation de portail, de découverte de zones cachées on finit par s'approprier notre lieu de jeu et un peu ses extérieurs, malgré son inhospitalité dans une 2D traditionnelle et inhérente au genre, en défilement horizontal et vertical, à la caméra libre, jouant par moment avec notre capacité à nous situer, le tout sans affrontements, sans notion de vie, sans pression misant davantage sur la lecture de l'environnement, la compréhension des problématiques, les combinaisons à effectuer, extrêmement malléable et libertaire pour ne pas frustrer, varié et diversifié pour nous surprendre, toujours clair et limpide pour nous guider, ouvert dans son approche pour ne pas nous décourager, utilisant parfaitement son level-design cohérent, sa maniabilité accessible, son gameplay permissif, sa pédagogie progressive et sa direction artistique affordante, évitant toute notion de mode de difficulté m'évocant pour certaines propositions faites récemment, donc des passions, des plaisirs bien plus actuels....un doublement idenditaire par le ludisme, jouant constamment avec ma dextérité et mon intelligence, me rappelant les sensations laissés un peu par mon passé et un peu par mon présent qui au fur et à mesure de coexister, au fil de mes heures d'essais finiront par ne faire qu'un, me plongeant dans une introspection personnelle...
Et pour terminer, un dédoublement intellectuel, qui dès nos premières minutes, nôtre principale capacité entre les mains, nos premiers puzzles à résoudre, nous demandant d'utiliser ce fameux gun et la possibilité de se multiplier, de changer, de manipuler nôtre et nos différents incarnants, créant chez nous une étrange empathie envers eux, notamment à travers les différentes morts dues à nos essais consécutifs, attachement envers eux lors de nos réussites et un déchirement à chacune de leurs funestes disparitions tant ils nous ont été utiles, tant ils semblent nous refléter, tant ils semblent emprisonnés à notre bon vouloir, tant ils semblent êtres vivants et humains mais malheureusement réduits à n'être que de simples clones, de simples outils, de simples consommables, offrant là une première lecture terrible, contemporaine et adulte sur l'homme, l'humanité et une seconde sur le passé, l'histoire de nos civilisations, notamment la traite négriere et l'esclavagisme, à la fois troublant et malaisant...qui dès nos premières perenigrations, nos premières découvertes, nos premiers parcours au sein de cette station spatiale, utopie scientifique et technophile, où l'humain s'est gavé de recherches douteuses, d'exploitation malsaine de ressources, de spoliation d'une culture ancienne à des fins économiques, individualistes, auto-centrés au dépend d'une autre race, offrant ici une relecture du passé colonialisme de certaines nations mais aussi une lecture sur nôtre actualités vis-à-vis des questions écologiques, voire de notre futur vis-à-vis ces souhaits dangereux de certains milliardaires à vouloir trop se pencher sur l'espace...qui dès nos premières rencontres, aliens comme humaines, nos premiers échanges avec eux, nos premières informations récupérées...qui par un jeu d'opposition, de contradiction, nous piége, jouant avec nôtre intelligence et nôtre compréhension, nôtre besoin de se rattacher à un autre au vue de notre solitude, nous questionnant constamment par cette pédagogie labyrinthique, mettant en doute notre perception des faits, nous demandant de transcender le paraître, offrant ici une allégorie du racisme, de la parole, de l'échange bref de nos rapports à l'autre et à l'inconnu, que se soit avec l'ancien comme l'actuel...m'évocant les réflexions apportées par l'intelligence de ces grandes œuvres de la littérature d'anticipation, de science-fiction capable de raconter à travers une histoire fantastique, notre passé, notre présent et bien entendu notre futur...un dédoublement identitaire par la narration, entre fantasmé et réalité qui au fur et à mesure de se confronter, au fil de mes lectures finiront par ne faire qu'un, me plongeant dans une introspection personnelle...
C'est donc après deux sessions, deux jours, une errance volontaire au sein de Theseus en patte a modèler, devenue mienne, incarnant un pauvre cosmonaute tour moche, devenu conscient, débutant anonyme, muet et pas très humain, devenu Marcus, rencontrant moulte monolithe un peu étrange, devenus comparses, écoutant différentes paroles obscures, devenue ma lecture des événements, un choix final laissant une porte ouverte, devenu mon espoir...que je quitte un univers artistique, un genre ludique, une vision narrative, qui me sont chers et représentant mes différentes personnalités...triste, touché, interloqué, amusé, fatigué et repu par ce jeu ayant réussi à réunir les trois, ayant dépassé mes attentes...une véritable œuvre intemporelle, intelligente, honnête et maîtrisée...une nouvelle claque vidéo-ludique personnelle...une remise en question de mon approche au média...un nouveau studio de développement que je vais suivre de près...un nouveau must-have pour tout passionné, un peu curieux...un petit truc de 700 mega-octets qui mérite d'être acheté, préservé et connu...une production qui a dû inspirer certains et qui doit inspirer à d'autres...bref je me suis fait Swapper dans une introspection personnelle...et merde au triple AAA de 2023..........
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Créée
le 14 juin 2022
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