Rétrospecfrite : 3/12
Deux ans après avoir sauvé Tchang, Tintin revient sur consoles pour aller explorer le Pérou et ses civilisations antiques. La sélection de machines est plus ténue cette fois-ci, seules les consoles Nintendo et le PC accueillent cette nouvelle aventure, les machines SEGA feront l'impasse, probablement parce que la Saturn était déjà sortie et que la GameGear n'était plus active à cette époque.
Anecdote : quand j'étais petit, tous mes amis qui avaient une GameBoy possédaient également ce jeu. Bizarrement, Tintin au Tibet était plus rare et je n'ai appris son existence que bien après.
Du coup, je connais très bien le premier niveau du jeu, et je me rappelle surtout que je n'ai jamais réussi à le passer. Je m'y réattaque avec plus de 20 ans d'expériences supplémentaires, et en couleur pour ne rien gâcher !
Première constatation : j'étais débile quand j'étais enfant, je n'avais pas compris qu'on pouvait soulever des caisses pour passer des obstacles. Je ne risquais effectivement pas d'aller très loin dans le musée le moins bien rangé de l'Histoire.
Comme Au Tibet, Le Temple du Soleil (qui adapte les deux albums du diptyque) jouit d'une très jolie réalisation. Avec une meilleure expérience du support, les équipes de Bit Managers ont même pu intégrer des séquences en pseudo-3D.
Globalement, le jeu est aussi plus simple. On ne croise plus beaucoup de sauts de l'ange (d'ailleurs on ne peut plus orienter la caméra vers le bas), les chutes infligent deux dégâts à Tintin au lieu de le tuer, les objectifs de chaque niveau sont plus clairs (en général un PNJ vous informe des choses à chercher)... Si bien que je n'ai eu besoin de relancer ma partie qu'une seule fois pour arriver à bout des 14 niveaux du jeu !
On pourrait croire que simplifier le jeu le rend trop oubliable, mais ce n'est pas le cas. Si on passera moins de temps sur cette cartouche que sur la précédente, on aura tout de même l'occasion de se perdre dans certains niveaux labyrinthiques (les catacombes semblent infinies !) et d'expérimenter un certains nombre de niveaux au gameplay atypique, comme les phases en 3D décrites précédemment (une course de voiture et la fuite d'une avalanche, qui m'aura d'ailleurs valu mon seul Game Over), un voyage en pagaie ou un aigle qui nous descend à flanc de montagne. Des niveaux intéressants donc, et un peu moins nombreux que dans Au Tibet, qui laissent la part belle aux niveaux de plate-formes purs et durs.
Seul point noir, très personnel : l'avant-dernier niveau est un puzzle coulissant, et je déteste ça. Mon cerveau n'arrive jamais à placer les pièces au bon endroit, je me suis résolu à utiliser un guide en ligne pour en voir le bout. En plus, ça n'a strictement aucun sens, c'est la scène où Tintin recolle le journal pour apprendre qu'une éclipse va avoir lieu, pourquoi il ne soulève pas juste les morceaux au lieu de les faire glisser ?
Tiens d'ailleurs, le tout dernier niveau est complètement inventé pour les besoins du jeu. Dans l'album, Tintin et Haddock passent les 15 dernières pages en prison, donc c'est pas très excitant. Du coup, les développeurs ont inventé une tentative de fuite lors de la cérémonie finale qui débouche sur un niveau entier… Bon, c'est le problème du médium vidéoludique pour le coup, difficile de conclure une aventure par une très longue cinématique où on n'a jamais le contrôle de notre personnage, surtout sur 8-bits.
Du coup, on a là un jeu de plate-formes assez compétent, exigeant mais pas trop, très coloré et qui synthétise bien les événements des deux albums qu'il adapte. Sans forcément être un classique de la console, c'est une aventure qui mérite davantage de figurer dans votre collection que son prédécesseur et que je me verrais bien refaire ponctuellement pour m'occuper deux heures. Comme quoi, mes amis d'enfance avaient fait le bon choix !
Quant à savoir s'il s'agit du meilleur jeu Infogrames de la GameBoy, c'est une question à laquelle on ne répondra que dans quelques mois.
Pour l'anecdote, le tout dernier jeu Tintin d'Infogrames sera Objectif Aventure en 2001. Un jeu quasiment oublié par l'Histoire, dont on ne se souvient que parce qu'il a valu le licenciement de Marcus de la chaîne Game One, propriété d'Infogrames, après qu'il eut produit une critique acerbe du titre en direct. Notre brave Bruno Bonnell a visiblement quelques petits soucis avec la notion de "liberté de la presse", espérons qu'il n'aura pas de responsabilités politiques dans les 16 années suivant la sortie du jeu !