Rétrospecfrite : 7/12

Il n'y a pas que la France et la Belgique qui fassent des BD sur le continent européen. Prenez la Suisse par exemple, le pays du fromage, du chocolat et de l'évasion fiscale a également apporté sa contribution à notre patrimoine. Si la réponse vous échappe, suivez la mèche (je jure que j'ai écrit ce gag avant de découvrir qu'il s'agissait du titre du dernier album !).

Phénomène de littérature dans les cours de récré des années 2000, Titeuf est arrivé pile au bon moment pour bénéficier d'adaptations vidéoludiques et en a cumulé près d'une dizaine en à peine 10 ans, presque toutes éditées par Infogrames/Atari. Mais comment traduire en jeu vidéo des gags d'une planche ?

C'est sur Game Boy Color que le blondinet a démarré sa carrière, dans un party-game sûrement inspiré par le succès d'un certain jeu de plombier. Et c'est pas con, le format des mini-jeux colle très bien au rythme court et concis des histoires de Zep.

Je crois que tous mes potes l'avaient, mais bizarrement je ne les ai jamais vus y jouer. 20 ans après, je comprends tout à fait qu'ils n'y touchaient pas souvent.

Je pense honnêtement qu'il s'agit d'un des jeux les plus médiocres et avec le moins de replay-value que j'ai vu sur la console. Comme tous les party-games, le jeu est composé de deux modes : le jeu de plateau et le jeu libre, où on peut tester librement les mini-jeux.

Commençons donc par ceux-ci : ils s'élèvent au nombre de 21, ce qui est tout de même peu pour un jeu du genre, vu que tous se bouclent en une trentaine de secondes. Je peux comprendre les contraintes engendrées par le manque de mémoire sur une cartouche GBC, mais du coup peut-être qu'un party-game n'était pas une très bonne idée pour ce support ?

Les mini-jeux se répètent aussi beaucoup. Un nombre assez élevé demande simplement de spammer A, ce qui fait que même si la présentation est différente (bataille de pipi, tourniquet avec Vomito…), le gameplay ne varie pas.

En plus, les mini-jeux sont parfois super durs. Dans le tourniquet de Vomito donc, il faut spammer A pendant 30 secondes et faire plus de 200 points pour valider la victoire. Croyez-le ou non, mais en bourrant comme jamais à 28 ans, je n'ai réussi qu'à atteindre les 202 points au mieux, comment un gosse de 8 ans peut réussir ?

Rendons toutefois hommage aux équipes de Planet Interactive (à qui on doit aussi Spirou La Panique Mécanique), ils ont fait du bon boulot niveau graphismes. Dans les mini-jeux, les sprites sont souvent détaillés et très fidèles au trait de Zep. Les différents personnages de la série sont reconnaissables, même s'ils n'apparaissent que dans un mini-jeu avec un sprite de quelques pixels de haut.

De mémoire (ça fait bien longtemps que je n'ai pas relu les premiers albums), beaucoup de jeux sont également basés sur un gag de la série, comme Titeuf qui arrache des slips à la piscine ou les bombes à eau qu'il faut éviter de faire percer par des guêpes. Le côté impertinent du personnage est bien conservé.

La musique est moins réussie par contre, un ou deux morceaux sont un peu catchy mais la plupart agressent les oreilles, c'est dommage, la puce sonore de la Game Boy est capable de bien mieux.

Jusque-là, le tableau n'est pas très glorieux mais c'est globalement honnête. Le problème se situe dans le mode principal, le jeu de plateau.

Tout d'abord, parlons des personnages jouables. Titeuf, Manu et Hugo sont évidemment jouables, mais les développeurs ont voulu inclure un personnage féminin (sûrement pour les 0,0001% de lectorat féminin de la BD, ce qui est tout à leur honneur), leur choix s'est donc naturellement porté vers… Nathalie ?

Ne pas mettre Nadia c'est assez stupide, mais bon, elle a un gros rôle dans certains mini-jeux donc pourquoi pas. Mais Nathalie ? Je ne sais même plus qui c'est, la meilleure pote de Nadia c'est pas Dumbo ? Elle était trop moche c'est ça ?

Bref, passons sur ce choix de casting discutable (et rachitique) et lançons une partie. Vous avez le choix entre, tenez-vous bien, trois plateaux de jeu différents, wouah ! Et dire que je me plaignais des quatre plateaux de Super Mario Party.

Chaque plateau a quatre types de cases : les blanches qui déclenchent un mini-jeu (qui vous permet de gagner une feuille si vous dépassez le score requis), les bleues qui vous font gagner une feuille dès que vous passez dessus, les jaunes qui vous permettent de relancer le dé et les vertes qui correspondent à un jeu de hasard qui peut vous faire gagner ou perdre des feuilles (voire en voler à vos rivaux), celui qui a le plus de feuilles à la fin de la partie gagne. Dis comme ça, ça a l'air honnête, mais en fait 99% des cases sont blanches, donc la variété de situation n'est pas franchement présente.

Il n'y a pas non plus d'événements aléatoires liés au terrain, comme dans un Mario Party, donc les plateaux disponibles n'ont strictement aucune différence entre eux, outre l'esthétique (il y a l'école, le parc et l'appartement de Titeuf) et les mini-jeux disponibles. Parce que oui, idée de génie, chaque plateau n'a accès qu'à 7 mini-jeux, donc vous allez immanquablement répéter les mêmes tout au long de la partie !

Et nom de Dieu, que le rythme est mou ! A chaque fois qu'un personnage lance le dé, il met trois plombes à marcher d'une case à l'autre, c'est l'ennui absolu. Je finissais par oublier le personnage que je jouais et j'étais surpris quand c'était mon tour de lancer le dé.

Le pire, c'est qu'on est censé gagner trois parties sur chaque plateau, soit neuf parties au total (le but du jeu est visiblement de reconstituer neuf posters déchirés). Mais j'avais déjà envie de crever au bout de la première, vous voulez m'achever ?

Etrangement, le jeu n'a pas de pile de sauvegarde et on ne peut donc pas sauvegarder sa progression normalement, il faut recourir à un système de mot de passe, ce qui me paraît archaïque pour un jeu de 2001. Si vous ne voulez pas vous casser le cul et admirer directement les neuf magnifiques posters à débloquer, le mot de passe final est "-CRS". Détresse…

Franchement, le seul avantage que je trouve au mode jeu de plateau, c'est que contrairement à un Mario Party Advance par exemple, on peut jouer jusqu'à 4 joueurs en se passant la GBC à tour de rôle. Pas très Covid-friendly vous me direz, et il faut espérer qu'il n'y ait pas un mauvais joueur dans le lot qui monopolise la console, mais au moins c'est économique et je trouve que c'est bien que cette possibilité ait été implantée. Dommage que mes potes à l'époque étaient probablement trop lassés du jeu pour penser à me faire partager cette expérience.

28ème meilleur jeu de la Game Boy Color ? Vous êtes sérieux les Senscritiqueurs ?

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