Lara croche
Il y a des jeux qui nous prennent pour des imbéciles. Vous savez, ce genre de produit qui vous indique quoi faire, où et quand ? Zut, j'ai dis produit au lieu de jeu. Un lapsus volontaire de ma...
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le 8 mars 2013
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À titre préliminaire, je voudrais préciser que je ne suis pas un joueur facile à séduire : devenue un peu trop blasée, j'ai beaucoup perdu de ma capacité à me laisser hameçonner et surprendre par un jeu vidéo. Si tout le monde était comme moi, l'industrie aurait coulé depuis longtemps...
Concernant la saga des Tomb Raider, je n'ai jamais apprécié son héroïne, du moins l'espèce de poupée gonflable vulgaire et sans âme ni charisme qu'Eidos s'amusait à en faire. Puisque le "sexy" ne se suffit plus à lui seul comme argument de vente (du moins en dehors du Japon) et que les joueurs ne sont plus (seulement) des adolescents à lunettes et boutonneux qui pensent avec leur bite (pardon pour ce portrait caricatural, qui pourtant constitue toujours un "coeur de cible" de l'industrie...), l'espèce de pouffe qui brandit des flingues, presque à poil en pleine pampa, avec un regard qui vous propose des cochonneries, les fesses posées sur une grosse cylindrée laisse, de nos jours, quelque peu dubitatif (oui, cette phrase est très longue). C'est un euphémisme.
Le cadre étant posé, j'en viens au sujet.
À rebours d'Eidos, le parti a été pris par Crystal Dynamics d'aborder l'héroïne à ses débuts. Elle est donc jeune et inexpérimentée. Ils nous proposent de lui apprendre son futur hobby : en découdre. Nous avons donc ici une survivante qui a froid, qui a peur et qui panique ; une Lara vulnérable, en somme.
Que dire... Il était temps. Que ne l'ont-ils pas fait plus tôt, ce foutu reboot ?
Je n'en pouvais plus de la sacrosainte Lara Croft, telle que dépeinte plus haut. Nous avons enfin une héroïne crédible dont les prétentions se portent bien au-delà du supposé voyeurisme masculin, ignorant que des femmes (oui, des femmes) voulaient, elles aussi, s'identifier à une héroïne et en étaient clientes (à défaut de trouver d'autres héroïnes un peu badass à l'époque).
Bon, elle défie toujours les lois de la gravité quand elle saute, elle ne se fatigue jamais, n'a jamais faim... Mais soyons honnêtes, pour ceux qui n'ont pas encore compris : l'aspect survie n'est pas le but du jeu, seulement le moyen d'aborder différemment le personnage pour mettre en valeur le parti qui a été pris par les développeurs. Et ça marche, l'efficacité est au rendez-vous. On l'accompagne dans la découverte (malgré elle) de l'univers chaotique qui sera le sien.
Ce Tomb Raider, si l'on devait le résumer, est l'apprentissage de Lara Croft dans sa première confrontation avec l'environnement qu'on lui connait. Elle apprend à se débrouiller, à se soigner, à chasser et, malheureusement ou heureusement pour elle (c'est vous qui voyez), à tuer. Nous dirons que c'est tout l'aspect qu'Eidos n'a jamais su/voulu montrer. La richesse de son personnage phare, pour Eidos ? Nib. Ils s'en foutaient.
Pour le reste : le jeu est immersif et l'ambiance au rendez-vous. Les graphismes sont ceux d'une PS3 en fin de vie, ma foi très acceptables (très beau sur PC, comme toujours). Le gameplay est simple et efficace (c'est tout ce qu'on demande, après tout...). L'environnement est varié et est exploité au maximum par le matériel dont l'héroïne dispose. Les phases de QTE et de plateforme s'alternent très bien, sans que l'une ne soit plus présente que l'autre, ce qui contribue très largement au dynamisme du jeu. Le "didacticiel" de départ est juste parfait, suffisamment explicite pour ne pas s'y perdre, mais suffisamment effacé pour ne pas devenir envahissant et freiner l'élan de départ. La trame de l'histoire est fluide et entrainante. Le doublage français est, je dois le reconnaitre, plutôt réussi. Les phases de combat sont assez nerveuses. Un des gros bémols du gameplay concerne les phases de QTE : difficile de savoir quand appuyer sur le bouton et peu de temps pour le savoir. Résultat, des scènes à recommencer encore et encore, jusqu'à ce qu'enfin le jeu veuille accepter la manip'.
Côté scénario et écriture des personnages, soyons clairs, on est très loin du chef d'oeuvre. Mais le dépoussiérage de cette série, sacrée entreprise à mon sens, appelle à l'indulgence.
Je préfère préciser, pour les plus sensibles d'entre vous, que le PEGI 18 est justifié.
Je le recommande fortement à ceux qui n'appréciaient pas la version d'Eidos. C'est à n'en pas douter un très belle surprise de cette année. La refonte complète de cette licence semble, à mon sens, être sans conteste sur la bonne route. Si le suivant pallie ces petits défauts facilement évitables en faisant un vrai travail sur les finitions (ce que tout bon développeur devrait faire), alors il méritera un 10.
Le même en légèrement plus long, un scénario plus fouillé, un vrai travail sur les personnages secondaires, un QTE moins brouillon, un environnement plus simple d'accès (ou sans, mais pas un environnement "sans retour" comme c'est le cas dans certaines zones), un New game plus et un manoir pour les nostalgiques (oui, il ne servait à rien. Et alors? C'était rigolo).
Allez, Crystal Dynamics. Encore un effort.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes J'ai fini... et Le reboot de la licence Tomb Raider par Square Enix : l'histoire d'un rendez-vous manqué... mais lucratif ?
Créée
le 7 mars 2013
Modifiée
le 20 mars 2013
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