Cette aventurière encaisse 8 bits d'un coup : découvrez son secret !

Marathomb Raider : 9/16

On l'a déjà dit, Tomb Raider est une série habituée des plateformes portables, même si elle brille plus souvent sur grand écran. Cette tendance remonte à la Game Boy Color qui a accueilli pas moins de deux jeux de Lara Croft, un peu tombés dans l'oubli aujourd'hui mais plutôt appréciés des fans si j'en crois certains retours lus à droite et à gauche.
En tout cas, ce premier Tomb Raider portable (appelons-le TR2000, pour abréger) moi j'en avais entendu parler dans un Journal de Mickey de l'époque, et ça m'intriguait beaucoup. J'aimais déjà beaucoup l'aventurière, donc forcément j'avais très envie de voir à quoi pouvait ressembler une de ses expéditions sur ma console préférée (bon, j'avais du mal à faire la distinction GB/GBC à l'époque, mais disons que la GBC n'est jamais qu'une GB un peu boostée).

Il aura donc fallu 22 ans pour que je puisse enfin livrer mon verdict.
Dans TR2000, on suit Lara Croft dans une mission en Amérique du Sud, où elle doit retrouver l'artefact maléfique du jour avant le vilain du jour. Rien de très excitant donc, mais j'aime bien le fait que le jeu se déroule dans une unité de temps et de lieu : toute l'aventure se passe dans un seul temple, que l'aventurière devra fouiller de fond en comble, et la fin de chaque niveau entraîne une transition fluide vers la portion du temple suivante. Le délire est encore plus poussé que dans TR4, qui se passait déjà intégralement en Egypte. Je préfère la Lara globe-trotteuse, mais quitte à adopter cette formule de lieu unique, autant le faire jusqu'au bout.
C'est aussi la première aventure de Lara en Amérique du Sud depuis le premier épisode. C'est un coin du monde chargé en légendes qui aura été sommes toutes peu exploité dans la série, donc c'est agréable de le revoir, même si c'est au format 8-bits.

A ce propos, le jeu est sûrement un des plus beaux que l'on puisse trouver sur la console. Mettons de côté les cinématiques fixes ultra-compressées et profitons plutôt de la pléthore d'animations pour Lara, des décors ultra-détaillés (sans doute trop, il arrive qu'on ne voie pas certains objets au sol ou des fléchettes), de la variété d'ennemis plus que respectable, de la grandeur des lieux visités…
C'est d'ailleurs un autre point qui m'a surpris. Bien que le jeu n'ait qu'une quinzaine de niveaux, ceux-ci prennent plusieurs dizaines de minutes à être bouclés, parfois plus d'une heure ! J'avais déjà été surpris par la taille des environnements dans les TR PS1, mais je pensais naïvement qu'un simple plateformer GBC n'aurait jamais les couilles (ou juste la capacité) d'avoir des niveaux aussi vastes, surtout sans carte du monde. Eh bien que nenni, on tourne souvent dans les niveaux aussi longtemps qu'on le fait sur consoles de salon.
A noter tout de même que le level-design est en général plus linéaire, ce qui permet de mieux s'orienter dans les niveaux et, lors des moments où il faut revenir en arrière, on retrouve assez facilement le lieu où on avait vu une serrure ou une porte bloquée un peu plus tôt. Mine de rien, ça évite de se perdre dans ces dédales et c'est plutôt bien. Si on compare avec Metroid 2 sur la même console et qui a un concept similaire, on se perdait beaucoup plus souvent dans ce jeu car on était trop livré à nous-même et que le manque d'une carte se faisait cruellement ressentir.

Mais la taille d'un environnement n'est rien sans un personnage qui ne peut rien y faire. Bonne nouvelle, Lara est presque aussi agile que dans les épisodes PS1 : elle peut sauter, prendre de l'élan, s'agripper, rouler, nager, escalader… Tous les boutons de la console sont mis à profit, ce qui s'avère assez perturbant au début (on ne saute pas avec A mais avec Haut) et ça manque d'un niveau tutoriel pour bien maîtriser notre personnage. Si vous n'avez pas le manuel du jeu, il est impératif de consulter un guide des commandes si vous voulez passer le premier mur du jeu. Une fois ces bases acquises, on s'éclate à jouer sur cette petite cartouche, dans une aventure qui n'est ni trop courte ni trop difficile (on meurt souvent, mais à cause des pics et de la lave, les blessures infligées par les ennemis se soignent très bien grâce à la pléthore de médikits qu'on trouve sur la route).
Mon principal reproche concerne le système de sauvegarde qui se fait sur des points précis de la map et qui peut donc vous faire perdre beaucoup de progression si jamais vous mourez ou que vous êtes amené à interrompre la partie (piles mortes, fin du trajet en métro…), ce qui est toujours très chiant dans un jeu portable.

Enfin non, il y a un autre reproche et non des moindres : l'absence d'OST.
Je vais me répéter, mais les musiques de Tomb Raider sont légendaires, et même dans les épisodes où celle-ci est plus en retrait (TR3 à 5) elle participe grandement à l'ambiance des lieux. Ici, on n'a qu'une musique pour l'écran-titre (un remix atroce du main theme de la licence), une musique pour les cinématiques et un petit jingle qui se joue à la fin de chaque niveau. Le reste des sons seront des "bruitages", avec toutes les pincettes que ce terme implique quand on parle d'une Game Boy (m'enfin, si vous aimez les chauve-souris qui font "pouët pouët", ce jeu est fait pour vous).
Dommage, j'aurais vendu mon père, ma mère, mes frères, mes soeurs et mon cul pour entendre une réorchestration 8-bits de qualité de la bande-son de TR1. J'imagine qu'il fallait faire de la place dans la cartouche pour les sprites de Lara. Ah, et si vous vous posiez la question : oui, ses seins ont des jiggle physics, ce qui en fait le tout premier jeu de la série avec cette caractéristique.

Ce point noir mis à part (les sauvegardes hein, pas les boobs), TR2000 est une très bonne surprise qui conserve parfaitement l'esprit de la série en proposant l'exploration d'un vieux temple qui vous occupera bien une demi-douzaine d'heures. Mon biais pour les jeux 8-bits est sûrement en action, mais j'irais jusqu'à dire que je le préfère aux épisodes PS1 pour la "pureté" de son gameplay. Il n'y a pas de gimmick mal implémentée (les niveaux en véhicules), pas d'énigme qui soit mal expliquée et qui nécessite un guide pour être comprise, quasiment pas de détail dans les décors qui s'avère indispensable pour progresser… Bref, c'est Lara comme on l'aime, sans fioritures.
A voir si la suite lui fait honneur !