Un Tomb Raider qui n'a de Tomb Raider que le nom.

Le changement, c'est maintenant.

Soyons clair, si ce jeux ne s’appelait pas comme tel, et que son héroïne était une autre, je n'aurai pas pensé une seule seconde à Tomb Raider. Exit les tombes et sanctuaires aux architectures alambiquées, adieu les leviers actionnant d'obscurs mécanisme millénaires, et surtout au revoir l'ambiance mystique et dépaysante propre à la vie trépidante d'une archéologue globe-trotter milliardaire athlétique.

Lara n'est plus le pendant vidéo-ludique d'Indiana Jones, mais plutôt de John Rambo. Ça défouraille et c'est sanglant. Lara est devenue une teen couverte de sang et de boue hurlant de douleur et contrainte à tuer pour survivre. Au long du jeu elle subira touts les calvaires possibles, manquera de se faire empaler à plusieurs reprise, et frôlera presque la tentative de viol. Je ne parlerai pas des bains de sang, des charniers atroce, ou de cette scène où des hommes enfermés, affamés, devenus fous, se jettent sur un prisonnier pour le manger encore vivant.
Bref ce que Lara a perdu en poitrine, elle l'a pris en coucougnettes.

Comment décrire rapidement le nouvel esprit Tomb Raider?
Le jeu à deux visages qui s'alternent:

Le premier, c'est des phases d'actions trépidantes, souvent sous formes de cinématiques truffées de QTE, de courses effrénées contre l'effondrement de souterrains, de structures, l'embrasement où l'explosion de bâtiments, de chutes vertigineuses dans le vide, de l’évitement d'obstacles lors de descentes de rapides ou de saut en parachute, etc, le tout sanctionné de morts violentes en cas d'échecs.
Ces événements donnent un rythme haletant à l'aventure, et sont brillamment réalisés. Je dirai même que c'est palpitant.

Le deuxième, c'est des phases d’explorations dans des niveaux ouverts, ponctuées de nombreuses et massives attaques ennemis, de nombreux objets à rechercher et collectionner, de défis à relever, et de tombeaux facultatifs à piller. Les environnements ne sont pas immenses mais tous différents et superbes, et la capacité "instinct de survie" de Lara permet de visualiser l'objectif et de détecter les objets cachés et les animaux à chasser.
La chasse, la cueillette, la collection de reliques, défis, "géo-caches", et le pillage des tombeaux sont totalement facultatifs, mais permettent d'accumuler des points d’expérience (nécessaire pour l'acquisition des points de compétences) des matériaux (nécessaires pour améliorer l'équipement) et des pièces d'armes (nécessaires pour passer à la catégorie d'armes supérieure)

Le gameplay? A poil! Pardon... Au poil!

Lara est docile, elle se manie au doigt et à l’œil, la justesse de la réponse des commandes permet un enchaînement très rapides des actions, permettant des fusillades nerveuses et violentes. Les points de compétences permettent de débloquer de nouvelles capacités, comme contrer les attaques au corps à corps, aveugler l'adversaire en projetant de la terre au visage, attaquer au piolet d'escalade, achever un ennemi étourdi, etc.

Lara aime bricoler, et va pouvoir faire évoluer son équipement et son arsenal. Tiens, un briquet! Rien de tel pour enflammer ses flèches! Oh, des pièces d'armes! Elle va pouvoir transformer sa pétoire en magnum silencieux, et sa carabine en fusil d'assaut lanceur de grenades... C'est pas vraiment réaliste mais c'est cool.

Toutes les évolutions se font seulement dans des feux de camps trouvés en chemin. Certains de ces camps permettent aussi de voyager rapidement à un autre camp déjà découvert précédemment, plutôt pratique pour retourner récupérer une relique qui nécessitait un outil encore inconnu.

Et les yeux, les oreilles?

Visuellement, ce jeux est superbe, rien à redire, à part les mouvements de camera trop accentués au pas de course, dans le style caméra à l'épaule qui tangue.
Les paysages sont superbes, les éclairages dynamiques saisissants (à noter un réglage de la luminosité très bas, personnellement je l'ai monté à 70) et les personnages bougent de façon très naturelle. Les vidéos bonus montrent que d'authentiques comédiens ont donnés leurs gestes et entièrement tournés les cinématiques du jeu en motion-capture. Un travail d'orfèvre. Le même souci du détail se retrouve dans la bande son et les bruitages (J'adore le son du lance-grenade!), avec un très bon doublage français. Mais j'ai le regret de vous annoncer la perte du thème musical propre à Tomb Raider!

Durée de vie et scénario.

Le jeu aurai pu être plus long, surtout les tombeaux facultatifs trop courts et trop rares à mon gout, se résumant à une énigme à résoudre, mais l'ensemble reste d'une longévité acceptable.
L'histoire n'est pas vraiment le point fort du jeu, on se laisse plus porter par l'action que par les rebondissements assez prévisibles, les quelques pages de journaux intimes disséminés dans les niveaux aident à construire le mythe de l'île et des Solariis. Les personnages secondaires ont de bonnes bouilles et sont attachants, mais le "grand méchants loup" est très caricatural. Le rythme général de l'aventure est très bon, on ne s’ennuie jamais et le temps passe vite.

Alors docteur?

Ultra-violent et assez linéaire, Tomb Raider 2013 respecte les codes et les modes du jeux-vidéo moderne, avec des QTE, une progression RPG, une santé auto-régénératrice, des sauvegardes automatiques, des fusillades à couvert derrière des éléments du décors, une certaine facilité et un déluge d'hémoglobine.

On peux lui reprocher la trahison du concept et de l'état d'esprit cérébral du jeu original, comme si le titre et le personnage servent juste d'outils promotionnels et de garantie pour un jeu à succès, ainsi que la trop rare et courte présences de tombeaux "à la Tomb Raider" (un comble pour un Tomb Raider!), qui sont pourtant très réussis. On n'a pas vraiment l'impression de jouer à un Tomb Raider.

Pourtant avec sa réalisation excellente, son action omniprésente, son gameplay très réussi, et son ambiance sombre et violente, la mayonnaise prend. J’espère que la suite sera plus "à la Tomb Raider", avec plus de trucs archéologiques et des tombeaux tortueux et retors.