Quand Crystal Dynamics ridiculise Naughty Dog à son propre jeu.
Avant de commencer cette critique, j'estime qu'il est nécessaire que j'explique mon point de vue rapide sur les Uncharted, série fort bien apprécie et qui est très probablement une des sources d'inspiration de ce reboot de notre Lara préférée.
Pour faire simple, seul le premier opus fut une claque pour moi. D'une technique époustouflante et d'un style original à l'époque, le jeu m'avait surtout plu car il restait cohérent et fidèle à ses idées. Non seulement on se sentait vraiment prisonnier de cette île, il y avait vraiment cette continuité, on se croyait explorateur, mais en plus le jeu restait globalement bien distillé sur toute sa longueur, et les gunfights ne prenaient pas exagérément le pas sur le reste.
Vous l'avez compris, voilà ce que je reproche principalement aux deux opus suivants, au point même que le troisième m'a ennuyé profondément. Malgré une plus grande richesse des panoramas, malgré la sulfureuse Chloé, ils se perdaient trop vite dans un enchaînement de longues gunfights pénibles timidement entrecoupées de plateforme sommaire.
Et justement, j'en viens au pourquoi je parle de tout ceci : parce que ce Tomb Raider en est la synthèse parfaite, c'est un peu le cristal de méthamphétamine pur digne de notre ami Heisenberg. Non seulement on se sent vraiment piégé sur cette île, on a vraiment envie de la découvrir, de l'explorer encore et encore, mais en plus, une pirouette scénaristique permet d'avoir des climats (très) différents qui jalonnent toute l'aventure. Concernant les gunfights, le second reproche que je viens de faire envers la série de Naughty Dog, ils sont parfaitement répartis sur l'ensemble du jeu, et même à la fin vous aurez des vraies phases de plateforme et d'exploration.
L'exploration justement, censée être le centre névralgique du jeu, est bel et bien présente. Certes certaines zones sont linéaires, certes ce n'est pas non plus la map d'un Fuel ou d'un Skyrim, mais étant donné l'aspect très cinématographique du soft, c'était clairement ce qu'il fallait faire. On oscille ainsi entre petites zones pas frustrantes car beaucoup de choses s'y passent, et des grandes zones plus calmes où l'on peut vagabonder à la recherche de journaux façon Bioshock, ou à la recherche des tombeaux secrets qui sont de vraies pépites d'ingéniosité malgré une facilité regrettable. En tout cas, j'espère que ce genre d'énigmes deviendront un des aspects fondamentaux dans les éventuelles suites !
Ce que j'ai adoré également dans ce jeu, c'est qu'ils ont remit au goût du jour un vieux principe limite old-school : on ne passe plus notre temps à ramasser des armes et objets, on a NOTRE inventaire à NOUS, qu'on peut upgrader, qu'on peut chouchouter, et dont l'évolution se ressent vraiment au fil du jeu, ça donne un aspect progressif très bien amené. J'ai également apprécié le fait qu'ils ne nous fassent pas revenir dans les vieilles zones (ce qu'on peut faire !) avec des objets plus avancés pour pouvoir récupérer les objets à collecter (n'est-ce pas Darksiders 2 ?). Ici, vous pouvez tout récupérer dès votre premier passage si le coeur vous en dit, pas de durée de vie artificielle à deux balles !
En plus pour embrayer là-dessus, la durée de vie "normale" est déjà franchement impressionnante. Je ne saurais pas chiffrer mon playthrough, mais très honnêtement je n'ai pas flâné plus que ça, et j'ai bien joué une quinzaine d'heures au bas mot. Et puis, il faut bien l'avouer, chaque panorama est tellement hallucinant de beauté que j'ai probablement perdu pas mal de temps à baver devant mon écran. C'est bien simple, ce jeu mériterait la mention carte postale tant chaque endroit où l'on regarde est un vrai tableau vivant. Et si ça ne suffisait pas, les environnements sont vraiment variés, que ce soit par le climat comme déjà évoqué plus haut, mais aussi grâce à d'autres astuces du scénario que je vous laisse découvrir ! Bref, cette île en a pas mal dans le ventre, et le dépaysement est bien là.
Ca faisait bien longtemps que je ne m'étais plus évadé ainsi dans un jeu vidéo .... bon d'accord je mens un peu, The Walking Dead n'est pas si vieux. Mais franchement, je suis très heureux de pouvoir affirmer aujourd'hui qu'il y a encore une petite place dans mon coeur pour ces jeux typés blockbusters qui envahissent le marché, pourvu qu'ils soient bons. Et ce Tomb Raider, il l'est. Il l'est plus que la moyenne, il assure à tout les niveaux. La technique est là, la bande-son avec ce thème principal et ses trois notes de piano fait mouche, la durée de vie principale comme annexe est conséquente, et le gameplay renoue avec des vieux principes qui permettent au joueur de se sentir progresser tout au long de cette longue quête sur cette île hostile.
Alors oui, on peut peut-être reprocher une version française pas convaincante (je dois avouer que j'ai fait le jeu en anglais, je réessayerais peut-être la VF un jour), on peut éventuellement pester contre un scénario qui n'est pas à la hauteur du reste, avec ses personnages trop marqués (toi tu seras le gentil, toi tu seras la peste ...), ou avec un certain délire qui survient au tier de l'aventure et qui ne m'a pas forcément convaincu, mais au final, ça reste suffisant. On a quand même envie de continuer, de voir la suite, et si ce n'est pas pour l'histoire, ce sera au moins pour atteindre la prochaine claque graphique.
Tout ça pour dire que ce Tomb Raider, c'est le vrai jeu d'aventure que j'attendais depuis que les Uncharted ont tenté ce créneau-là. La finition est exemplaire, l'île est un pur bonheur hostile à explorer, et même si certains points ne sont pas irréprochables, le jeu reste extrêmement prenant, et ce sur toute sa longue durée, ce qui est vraiment honorable. Pas de durée de vie faussement allongée ou autre artifice, mais simplement la génèse d'une aventurière en devenir qui prend aux tripes. Pour les miennes en tout cas, ça aura marché.
PS : il y a un multijoueurs aussi, mais c'est de la merde.