Tombe, laideur, tombe, raideur !
Je fais partie de ceux qui ont raté une étape dans l'emballement populaire : celui de Tomb Raider. L'original celui de CORE Design en 1996 et ses suites de 1997 et 1998 (et après ça se plaint des COD et des AC annuels... Ingrats.).
Faut dire que j'ai eu une entrée en matière plutôt traumatisante, j'avais pas encore une dizaine d'année que j'avais été jouer chez un pré-pubère de 12 ans bientôt 13, qui adorait Tomb Raider II. Enfin, ce qu'il adorait, c'était la mettre dans un coin pour que la caméra se rapproche le plus près possible de ses seins, et la faire ramper dans des espaces étroits pour que la caméra zoome son cul. Et après il aimait bien ouvrir l'encyclopédie à la page "reproduction" pour voir la coupe scientifique d'un pénis dans un vagin. Génial. Je m'estime extrêmement chanceux de ne pas avoir totalement grandis avec le net, j'imagine même pas les délires qu'on ce genre de résidus d'énergumènes aujourd'hui.
Bref, toujours est-il que pour suivre la tendance, j'ai acheté Tomb Raider II et Tomb Raider III un peu plus tard sur PC. (Je n'ai joué à Tomb Raider I que brièvement en 2005). Tristes moments d'extrême solitude devant mon Jeu Vidéo qui n'est pas "Jeu" du tout. Rigide, pénible, vide, aseptisé, morne. J'ai jamais compris Tomb Raider, et pourtant le jeu d'aventure, c'est plutôt mon truc. En plus l'héroïne était peut être une égérie pour beaucoup mais pour moi ça a toujours été l'anti-femme par excellence.
C'est pour toutes ces raisons que j'ai attendu ce reboot. Pour que tombe la laideur de Lara Croft pour dévoiler une femme, vraie, naturelle, belle, et avec des proportions normales. Parait qu'elle est pénible mais je n'ai vraiment pas du tout trouvé, sans doute que la VF est plus sobre que la VO, et pour cela je remercie la brune pénible de Bref qui a fait quelque chose de bien pour une fois. A des lieues de la Lara Croft sous testostérone qu'on nous vends depuis 15 ans. Cet opus sortant en 2013, c'est bien sûr en toute logique qu'on dit adieu à la rigidité 90's pour une fluidité moderne.
Il faut aussi savoir que cette fluidité a un prix, celui de l'uniformisation aux codes modernes. Scripts, QTE, dirigisme, facilité et autoregen sont au programme, il faudra s'en accommoder. Il n'y a ni exploration (ou si peu) ni survie. Désolé pour ceux qui avaient cru au pipot des premières démos mais ça n'est pas le cas.
Fort heureusement, il y a bien d'autres choses dans ce Tomb Raider 2013, que n'avait pas l'original, que n'a pas même Uncharted auquel il est souvent comparé (à grand tort si vous voulez mon avis)
Outre la fluidité de la progression, aidé par un dirigisme évident et une facilité auxquels on est malheureusement habitué depuis 2005, il y a cette ambiance. L’île sur laquelle s'échoue Lara dégage quelque chose, comme une âme que peu de JV peuvent se targuer de proposer. Exactement ce qu'il manquait aux niveaux des anciens TR et aux Uncharted. Un travail impressionnant a été fait sur l'ambiance, c'est pas juste beau, c'est surtout inspiré. On aime à suivre l'histoire, à chercher à compenser les trous dans le scénario en recherchant les documents cachés ici et là à travers les niveaux. La dimension d'exploration est simulée par la recherche d’artéfacts perdus (qui ont droit à une petite description, le petit détail qui fait la différence), des caisses de matériaux qui serviront pour l'amélioration des armes, et puis des trucs cachés un peu plus relous à chopper. Y'a aussi des tombeaux secrets à trouver qui sont assez visibles mais pas tant que ça car j'ai fini le jeu à 84% et il m'en manque 2 à trouver. L'exploration n'est donc pas le centre du jeu mais est bienvenue pour les gens comme moi qui aime bien flâner dans les niveaux.
Les autres n'y verront qu'un TPS déguisé, ce qu'il n'est absolument pas, mais parlons en un peu de ces phases de shoot : elles offrent un meilleur feeling d'arme que Gears of War et Uncharted réunis, elle sont vite expédiés mais en difficile il faudra quand même faire attention, Lara meurt aussi vite que ses ennemis. Mais surtout, elles ne sont pas imposées (à part au Bidonville et au Palais où les devs ont clairement sombré dans la folie) dans le sens où si on est suffisamment discret on peut tuer tout le monde avec l'arc sans se faire repérer. Bien sûr cela demandera une étude un peu plus approfondie de l'ingénieux level design qui s'il donne l'impression d'être un couloir en premier lieu est plus subtil que ce qu'il n'y parait.
L'unité de lieu est parfaitement intégrée au jeu, les niveaux s'enchaîne avec logique, ce qui renforce le sentiment d'aventure, d'exploration (à son échelle donc), le rythme est dense et les environnements variés. Les niveaux sont interconnectés, un peu à la manière d'un Metroid vertical ou d'un Dark Souls (en moins poussé), on pourra revenir (et il faudra) dans les anciens niveaux, pour ouvrir de nouveaux passages avec des nouvelles capacités, pour accéder à des lieux optionnels ou simplement pour continuer l'aventure. L'unité de temps est également bienvenue, l'aventure se déroulant sur 3 jours, Crystal Dynamics a construit son jeu de telle sorte que lorsque l'on doit repasser par une niveau visité, on ne le fasse pas à la même heure de la journée. Ainsi on visitera le village de la montagne pour la première fois de nuit, avant d'y revenir de jour le lendemain.
En fait, moi, ce Tomb Raider, il me fait penser à un seul jeu : Prince of Persia, les sables du temps. Pas le 2, pas le 3, pas le reboot de 2008, non, à PoP 2003, ce jeu qui se déroule également sur une unité de temps et de lieu et qui est une merveille de level design, exactement comme ce Tom Raider. PoP, c'était un jeu d'aventure/plate forme, assez dirigiste, plutôt simple, mais Ô combien plaisant à parcourir, parce que la construction du palais, le variété des environnements, la progression en elle même était un régal.
Tomb Raider, c'est pareil, mais sans la nana-boulet, sans les pièges, sans les retours dans le temps, avec une Lara Croft au sommet de son charisme, une île fascinante, une histoire qu'on a envie de suivre, avec une légère dimension d'exploration, avec un système d'évolution bien intégré, une amélioration de l'arsenal pas indispensable mais appréciable.
Tomb Raider, c'est bien, ça aurait pu être mieux, ça aurait surtout pu être bien pire, mais en l'état c'est bien, et c'est déjà pas mal.