Revanche sur mon adolescence !
Quand un ami me passa ce Toonstruck, à l'époque (environ en 1998), j'expérimentai mon tout premier jeu PC. Et donc mon tout premier point and click (genre qui ne pullule guère sur consoles). Coincé au beau milieu du CD1, l'ami en question me demandait d'essayer de trouver la solution au problème du chien bodybuildeur (faut jouer pour comprendre). Une bonne connexion Internet l'aurait aidé bien plus vite... Peu importe, car je vainquis la difficulté après un joli périple ! Ivre de joie et d'orgueil, je continuai l'aventure... jusqu'au changement de CD, totalement impossible à cause d'un souci technique de mon vieux PC. Je dus abandonner. Jusqu'à aujourd'hui, plus de 15 ans après, où j'ai terminé le jeu (presque) comme si de rien n'était !
Apparemment, malgré de bonnes notes dans les magazines de l'époque, "Toonstruck" se vendit plutôt mal. Pourtant, tous ceux qui se sont essayé aux aventures de Marc Blanc, dessinateur qui se retrouve coincé dans le pays des toons, parlent encore aujourd'hui de ce jeu comme d'un classique. Difficile à dire, en ce qui me concerne, vu que je n'ai essayé aucun autre point and click... Je peux toutefois vous dire que jouer Christopher Lloyd joliment digitalisé dans cet univers chatoyant et étonnant est un vrai plaisir. Le monde des toons est divisé en trois royaumes: Mignonia, terre des toons cul-cul la praline dans ce que Walt Disney propose de plus sirupeux; Zannidu, le pays des toons complètement déjantés à la Tex-Avery et enfin Perfidia qui... enfin, vous pouvez deviner avec un nom pareil.
Le jeu tente de capturer les différentes essences du dessin-animé et y parvient assez bien, ce qui nous vaut des passages enfantins, d'autres à l'humour plus subtil et quelques-uns même un peu malsains. Hé oui ! "Toonstruck" n'est pas forcément à mettre dans les mains de jeunes enfants qui ne pourraient comprendre tout le sel de ce très bel hommage au dessin-animé. Et de toute façon, je doute même qu'ils puissent terminer le jeu et résoudre certaines énigmes particulièrement casse-couille. Si la première partie ne pose pas de franche difficulté, je n'ai pas cessé d'être bloqué dans la seconde. Et je commençais même à me faire gentiment chier quand je suis enfin arrivé au bout (à l'aide d'une soluce, je l'avoue). Le grand défaut de ce soft, voyez-vous, c'est qu'on tourne très vite en rond dans des environnements particulièrement réduits. Chaque royaume n'est composé que de quelques écrans entre lesquels on est condamné à d'innombrables allers-retours. Si ça reste sympa dans la première partie, la seconde n'est composée que d'un seul environnement qui finira par lasser la rétine et les neurones des moins patients d'entre nous.
Le jeu est toutefois à faire pour les situations et les dialogues parfois franchement drôles, parfois inattendus, toujours remplis de bons mots. Visuellement encore très beau, le jeu bénéficie en outre de doublages français réussis (quoiqu'un peu lents) et d'une fabuleuse bande-son orchestrale inspirée de la musique classique. J'avais d'ailleurs au début l'impression de me promener dans un parc Disneyland.
Si le jeu avait bénéficié d'une telle inspiration jusqu'au bout, et si le scénario prometteur avait suivi, alors oui, sans doute je parlerais de classique. Dans l'état actuel, c'est tout de même un abandonware qui vaut largement le détour.