Un jeu qui aurait plus sa place sur iPad mais qui dispose d'un charme indénaible.
Commençons directement par ce qui fâche dans cette critique histoire de vous prévenir que ce jeu n'en est pas vraiment un et qu'il peut se terminer en 15 minutes chrono si vous foncez dans le tas et que vous ne cherchez que les réponses basiques aux différents rêves. Oui oui 15 minutes, ca fait cher l'expérience indie certes trippante mais aussi intéractive que certaines animations Flash et autres powerpoints. Si vous êtes à la recherche d'un Machinarium ou d'un titre à la The Void et autres Amnesia, fuyez pendant qu'il en est encore temps. Vite!!!
Pour ceux qui sont resté, je vous félicite, moyennant quelques euros vous allez découvrir un jeu indie d'aventure minimaliste très spécial mais ô combien intéressant non seulement de part sa forme mais également par son fond. Comme je l'explicitais préalablement, ne vous attendez pas à être trop actif mais plutôt passif et observateur. On est dans un trip ni malsain ni trop philosophique chiant mais avec une âme et de belles émotions pour peu que l'on se laisse aller et que l'on voit ce qu'à voulu faire le jeune artiste avec cette expérience photo-ludique.
First things first, vous allez suivre l'histoire d'une jeune femme qui a survécu à un accident de la route (remarquablement bien mis en scène via l'introduction du jeu) et qui récupère à l'hôpital. Lors de ses rêves, elle découvre des scènes hautement symboliques qui ouvrent une fenêtre sur différents aspects de son identité et sur sa façon de gérer la mort de ses parents. On va donc découvrir le subconscient de cette jeune femme via des ombres, des sphères étranges, ses souvenirs d'enfance et sur certaines bribes de son passé.
On se retrouve sur un menu nous permettant de commencer par n'importe quel rêve et de voir notre avancée sur la dite scène. En plus de découvrir les tenants et aboutissants du rêve via une trame logique, on peut également trouver 3 fins alternatives pour chaque rêve ainsi que 9 photos plus ou moins bien cachées. Comme je vous l'indiquais au préalable, si on rush la trame principale, on peut terminer une scène en 5 minutes mais c'est la découverte de toutes les fins et de toutes les photos qui vous permettra de réellement découvrir le fin mot de l'histoire.
Pour jouer, c'est simple, il vous suffit de déplacer votre souris sur les extrémités de l'écran ou sur des objets divers afin de voir un effet de flou vous indiquant que vous pouvez interagir avec le dit élément. Si c'est un objet, la narratrice vous indiquera de quoi il retourne et les circonstances de son existence dans le rêve. Si il s'agit d'un élément du décor, vous pourrez donc naviguer dans la scène, faire un quart de tour à droite, à gauche ou carrément (soyons fou) demi-tour. Pour effectuer ces manoeuvres, il vous suffira de dessiner des formes spécifiques à la souris.
A notre époque où HP arrête les ordinateurs standards, on être surpris de voir le jeu réalisé en Flash et tournant sur PC, Mac et Linux alors qu'il aurait bien plus sa place sur iPhone, iPad ou Android... Ce sera peut-être pour plus tard mais ce choix reste étrange tant la philosophie du jeu semble dépendante du toucher, des sensations tactiles et autres gestuelles complexes à réaliser.
En évoluant des les scènes et en tâtonnant on trouve de nombreux indices impliquant d'autres scènes et nous permettant de trouver de nouvelles fins et les dernières photos cachées qui manquent après un premier run. On est poussé à refaire le jeu plusieurs fois mais le replay value étant très limité, on fera le tour du jeu en 2 heures bien tassées ce qui est très léger à l'égard du prix demandé. Il faut savoir que ce jeu a été finaliste de différents festivals indie comme IndieCade 2010, EIGA 2010, Seumas McNally Grand Prize 2010, Excellence in Visual Art 2010 et Excellence in Audio 2010 .
Que dire de réellement concert sur cette expérience photo-ludiquo-philosophique? Pour les amoureux de la photo et des expériences un poil singulières c'est une aubaine, le jeu (ou le diaporama intéractif comme le définiront certains) est bien plus intelligent et intimiste qu'il n'y parait. Krystian Majewski, artiste allemand pluridisciplinaire de son état, nous offre là une vision personnelle et difficile de la perte d'êtres proches et sur la reconstruction de soi après un traumatisme physique et psychologique. C'est d'autant plus frappant lorsque l'on se donne la peine de terminer complètement le jeu et de voir toutes les fins possibles. On est tout de même loin des scènes spectaculaires et sexuelles de Crash de Cronenberg mais les ambitions ne sont pas du tout les mêmes tout comme les moyens employés.
Ce jeu apportera donc du grain à moudre aux pro et aux anti jeux indépendants, il est à la fois froid, chiant et aussi interactif que les powerpoint que vous recevez au boulot que poétique, intéressant et apportant matière à réflexion pour peu que vous vous sentiez proche (comme c'est mon cas) du sujet principal du jeu. Voilà donc une expérience qui ne plaira qu'aux plus flâneurs et curieux d'entre vous, vous voilà donc prévenus.