Une des forces de la série Ultima, c’est que Richard Garriott n’hésite pas radicalement repenser les mécaniques de jeu entre deux épisodes. Que ça soit sous l’influence de facteurs extérieurs (la sortie de Wizardry dans le cas présent) ou bien parce qu’il a envie d’essayer de nouvelles choses, il ne livre jamais deux jeux qui se ressembleraient trop. Et tant mieux, puisque cela permet de ressentir à chaque fois le plaisir de la découverte, et ça empêche une routine un peu bêbête de s’installer.
Comme d’habitude, tout commence par le manuel, très agréable à lire et très touffu. Il y a même trois manuels au total, deux de ces ouvrages étant dédiés aux deux écoles de magie accessibles par vos personnages. Et oui, vos personnages, car on voit que Richard Garriott a joué à Wizardry, et il lui fait pas mal d’emprunts : on dirige maintenant une équipe de quatre protagonistes, et chacun d’entre eux est le fruit d’un processus de création en plusieurs étapes. On leur choisi ainsi une race et une classe, qui vont bien entendu influer sur leurs statistiques et les autoriser ou non à lancer des sorts.
(Pour la petite anecdote on peut même importer des personnages de Wizardry, mais pour avoir essayé le résultat est assez bancal. )
Richard Garriott a également piqué le concept de coffres piégés qu’il faut désarmer, mais aussi la possibilité de ressusciter ses personnages contre une somme exorbitante. Et vu que le jeu aime bien sauvegarder régulièrement, la mort d’un personnage peut vite devenir problématique. Le jeu sauvegarde même automatiquement si jamais toute votre équipe meurt, et je peux vous assurer que si ça vous arrive pendant les premières heures de jeu vous vous retrouvez dans une belle impasse (en vrai on est obligé de créer de nouveaux persos niveau 1 et de farmer de l’or pour ressusciter les anciens). Bref on passe pas mal de temps à rebooter le jeu dès que ça paraît mal engagé, parce que l’alternative est juste trop punitive.
Mais il faut reconnaître que les combats ont beaucoup progressé et sont rendus bien plus tactiques et intéressants par le concept d’équipe aux races et aux classes variées. Même si, comme d’habitude, les premières heures de jeu sont hyper difficiles le temps que l’on prenne ses marques. Mais globalement le jeu est bien mieux équilibré que son prédécesseur. Et si la nourriture grève encore pas mal votre budget, la nécessité de manger ne vous empêche pas de jouer normalement comme elle pouvait le faire dans le II. De plus, en avançant dans le jeu on tombe sur des sources d’argent plus importantes et tout va beaucoup mieux.
Côté technique le jeu progresse également, puisque pour la première fois de la série il y a de la musique (de très bonne qualité en plus), et qu’une sorte de brouillard de guerre en temps réel masque à vos yeux ce que votre équipe ne peut pas voir. Le vent fait également son apparition, ralentissant parfois la progression de votre navire.
Malheureusement cet Ultima III reproduit un des pires défauts de son prédecesseur, à savoir qu’il planque la méthode pour améliorer les stats de ses personnages dans un endroit introuvable. Ce qui fait qu’au bout de 28 heures de jeu, lassé d’avoir encore et toujours mes personnages avec leurs caractéristiques de débutant, je suis allé voir une soluce pour enfin avoir accès à ce qui devrait être un truc de base dans tout RPG qui se respecte !
Et c’est dommage parce que la quête principale est super sympa à suivre, et qu’une fois qu’on a de l’argent et de meilleurs stats cet Ultima III devient un vrai plaisir à parcourir. Sous les graphismes préhistoriques se cache un vrai jeu, qui peut devenir addictif et vous occuper de longues heures !
J’ai ainsi pris beaucoup de plaisir à aller de ville en village, en notant tous les indices et en découvrant au fur et à mesure ce qu’il fallait faire pour occire le grand-vilain-méchant-qui-veut-contrôler-le-monde.
Bref malgré ses défauts cet Ultima III tire clairement la série dans la bonne direction, et reste un très bon jeu malgré son âge canonique.
15/20