Dans cette critique, je vais parler à la fois parler de Mask of Deception et de Mask of Truth vu qu'il me semble difficile de parler des deux séparément vu qu'ils s'enchaînent, et je ferais quelques références au premier vu son importance dans la trilogie.

La première partie de la critique est garantie sans spoiler tandis que la seconde partie traitera de mon interprétation personnelle de certaines thématiques du VN pour tenter d'aborder leur richesse et la beauté qu'elles peuvent revêtir, vu qu'elles constituent selon moi le principal point fort du visual novel, notamment parce qu'elles découlent naturellement du récit et des personnages. Je vous invite donc naturellement à ne pas lire la seconde partie si vous n'avez pas lu entièrement la trilogie Utawarerumono.


Je vais commencer par dire à tous ceux qui sont potentiellement intéressés par la trilogie d'Utawarerumono qu'il faut à tout prix avoir fait le premier jeu pour la pleine compréhension et appréciation de Mask of Truth (et même de Mask of Deception, certains moments perdent en intérêt sans avoir fait le premier) ou au moins avoir vu le premier anime (que je n'ai pas vu mais qui est apparemment très fidèle au visual novel d'origine de ce que j'ai pu lire un peu partout).

Concernant la durée de vie, il faut environ miser sur 20h pour le premier, environ 30h pour le second (Mask of Deception), et environ 60h pour le troisième (Mask of Truth).


Autre chose à préciser, une des « particularités » de la trilogie Utawarerumono est que ce sont avant tout des visual novel (globalement on lit plus qu'on ne joue) avec leur partie TRPG (même si assez simplifiée par rapport à beaucoup de TRPG).


Mask of Deception se déroule environ 20 ans après les événements du premier volet et commence tout doucement, avec une première partie qui contient presque exclusivement du slice of life tout en développant petit à petit l'univers du VN ainsi que sa culture, on découvre Yamato en même temps qu'Haku qui est victime d'amnésie et se retrouve sous l'aile d'une voyageuse s'appelant Kuon.

La partie slice of life peut se révéler par moments redondante selon la sensibilité du joueur/lecteur vu que c'est du slice of life au sens propre du terme, avec des scènes de vie qui s'enchaînent sans réel fil conducteur si apparent que cela (il est présent mais reste assez en retrait).


Néanmoins, pour peu que l'on adhère à l'ambiance assez douce et chaleureuse du VN et aux personnages, la partie slice of life se révèle être plaisante à lire (même si on attends la mise en place de réels enjeux). Le visuel de qualité aidant, les couleurs dans le VN sont très agréables et il y a beaucoup de très belles CG. Les sprites sont également très expressifs, ce qui parvient à donner de la vie à ces scènes.


Si tous les personnages ne vous paraîtront pas forcément des plus intéressants au début (même si Kuon, Oshtor et Haku se détachent assez vite du casting), ils ont des interactions qui rendent la lecture de la partie slice of life agréable, et on lit la partie slice of life sans se forcer tout en profitant de la légèreté de la première partie du visual novel.


Puis peu avant la fin de la première partie du VN, le fil conducteur auparavant discret se dévoile et plus en plus pour s'épaissir, les enjeux politiques autour de Yamato et de la réelle identité du personnage principal se dessinent plus concrètement, et le VN devient de plus en plus rythmé pour ne pas retomber jusqu'à la fin où un événement clé se produira et aura des répercussions sur le personnage principal, mais aussi sur le reste du casting.


Mask Of Truth quant à lui reprend directement là où Mask Of Deception s'était arrêté. Les enjeux dans la continuité de Mask of Deception se font de plus en plus sérieux, l'ambiance est bien plus triste, le protagoniste du visual novel ainsi que ses compagnons sont forcés d'évoluer en raison des événements qu'ils ont vécu, et c'est là où Utawarerumono commence réellement à briller (même si la seconde partie de Mask of Deception était assez excellente selon moi).


Une certaine intensité finit par se dégager du récit, c'est une aventure avec énormément d'émotions et un scénario très riche en rebondissements (jamais une œuvre ne m'aura autant touché émotionnellement alors que je ne pense pas être la personne la plus sensible qui soit).


Le visual novel possède son lot de thématiques qui ne sautent pas forcément aux yeux au premier coup d'oeil vu qu'elles ne sont pas décrites par la narration de long en large mais plus par les situations et événements du visual novel prennent vraiment forme (quand Mask of Deception et le premier Utawarerumono les introduisait).


Ces thématiques sont très profondes et certaines sont mêmes très originales dans la façon dont elles sont traitées tout au long de l'aventure, avec une symbolique très poétique tout en faisant un tout sublime de beauté et cohérent.

L'univers des deux VN est très riche, avec un worldbuilding très bien construit et progressif (il ne s'avère jamais lourd, et c'est une performance quand on voit à quel point beaucoup de VN ont une tendance à malheureusement verser dans l'infodump).

C'est également une histoire très riche avec des rapports de pouvoir, ses batailles militaires, des complots politiques, ses différents enjeux, ses drames, avec également sa part de mystère, je n'en dis pas plus.


Un des plus grands intérêts d'Utawarerumono Mask of Deception + Mask of Truth (voire le plus grand) réside selon moi dans son personnage principal qui s'appelle Haku. Je ne vais pas tourner autour du pot, c'est de loin mon personnage de VN préféré, et même mon personnage préféré toutes œuvres confondues pour le moment.


Pourtant, cela ne commençait pas forcément sous les meilleurs auspices, dans le sens où j'avais du mal à vraiment voir à quel point il pouvait devenir exceptionnel malgré le fait qu'il était assez drôle en raison de sa paresse naturelle et de sa volonté d'esquiver toute tâche à effectuer . On peut même le dire franchement, il est au tout début de Mask of Deception typiquement un looser quasiment bon à rien mais attachant.


Néanmoins, assez vite, on peut voir de façon assez discrète mais belle et bien présente qu'il possède des qualités qui rassurent pour la suite de l'aventure vu qu'il a un certain côté pragmatique et un leadership assez naturel tout en étant très amical et drôle.


J'étais cependant loin d'imaginer qu'il grandirait autant dans Mask of Truth, où il devient réellement un HOMME avec un grand H, encore plus pragmatique et stratège, en réussissant à être très touchant en raison des dures épreuves qu'il vit tout en restant le plus positif, en gardant la face et en portant le reste du casting quasiment à lui tout seul sur son dos.


Rarement l'évolution d'un personnage principal ne m'aura autant impressionné et touché, d'autant plus qu'elle est assez naturelle et se fait au fil des événements du VN. Son évolution peut être comparée à celle de Takeru de la trilogie Muv-Luv pour ceux qui l'ont lu dans le sens où elle est assez progressive, et les deux évoluent à un point où ils finissent par n'avoir plus grand-chose à voir avec la personne qu'ils étaient par le passé.


J'ai beaucoup parlé du personnage principal, mais le casting plus globalement est très bon (même si certains personnages peuvent être assez irritants lorsqu'on commence à les voir, mais ils finissent par évoluer comme je l'ai déjà dit). Néanmoins, quelques personnages sont moins intéressants et développés, mais cela reste assez anecdotique.


Concernant les antagonistes principaux, ils sont pour moi de très bonne facture, avec des motivations cohérentes et bien développées, Mask of Deception et Mask of Truth prennent soin d'éviter tout manichéisme, et ça fait plaisir à voir, c'est autre chose que les antagonistes du premier volet qui sont globalement très mauvais et trop caricaturaux.

On peut néanmoins regretter le traitement de certains antagonistes subalternes qui est plus moyen, mais ils prennent peu de place dans l'intrigue générale, donc cela n'est pas tant dérangeant que cela.


Un des autres grands points forts d'Utawarerumono, c'est qu'il parvient pour peu qu'on s'attache un minimum aux personnages à créer un sentiment de nostalgie dans le sens où on en vient presque à regretter parfois l’insouciance de la partie slice of life de Mask of Deception, où tout allait bien et ou les enjeux n'étaient pas encore dessinés.


Certains événements se déroulant après la première partie de Mask of Deception se révèlent être assez tragiques, et la narration est intelligente vu qu'elle parvient à créer ce sentiment de nostalgie à partir de flashbacks, ou encore par certains dialogues entre les personnages évoquant le passé.

J'ai personnellement trouvé que c'était quelque chose d'assez fort dans le sens où bien que j'ai aimé la partie slice of life de Mask of Deception, je ne l'ai pas non plus adoré et elle m'a lassé à de rares moments (n'étant pas la personne la plus friande de slice of life, c'est le moins que l'on puisse dire). Réussir autant à me procurer un certain sentiment de nostalgie pour quelque chose que je n'adorais pas est une assez belle performance.


Une autre réussite d'Utawarerumono Mask of Deception + Mask of Truth consiste dans le fait qu'ils réutilise intelligemment ce qui avait été introduit au premier volet (tout en ayant leur propre intrigue et en parvenant à se détacher du premier volet).

Cela passe des éléments ayant trait aux mythes de l'univers d'Utawarerumono, ainsi qu'aux personnages du 1 qui refont leur apparition dans le 2 et le 3. D'autant plus que les personnages du 1 apparaissant dans les deux suites sont bien mieux caractérisés et plus charismatiques que dans le 1 (où l'écriture assez primaire faisait parfois du mal à leur caractérisation qui était un peu trop primaire).


En plus de créer une continuité, cela a contribué encore une fois à créer une nostalgie chez le joueur pour peu qu'il ait un minimum apprécié le casting du premier volet. D'autant plus que ce ne sont pas des personnages qui sont là pour faire de la figuration, ils auront leur réelle importance dans l'intrigue du 2 et du 3.


Ces éléments que j'ai évoqué font que la trilogie Utawarerumono (même si le premier est un peu bancal) forme dans son ensemble un tout très cohérent et logique, d'autant plus que le 3 offre une conclusion très satisfaisante dans le sens où elle répond à tout ce qui avait été introduit dans le 1 et le 2, dans un final des plus touchants et beaux dans sa symbolique qui fait la liaison entre les 3 volets de la trilogie, tout en offrant un parallélisme avec le premier volet très touchant et fort en signification.


C'est d'ailleurs pour cette raison que le premier volet est selon moi indispensable, vu qu'il est possible de passer à côté de la beauté des derniers instants de Mask of Truth sans avoir le contexte du 1.


Concernant leur aspect visuel, Mask of Deception et Mask of Truth peuvent se targuer d'avoir une partie VN très soignée visuellement, avec son lot de CG magnifiquement colorisés, un vrai travail sur les effets visuels et la coloration, sur l’expressivité des personnages, ce qui contribue à donner de l'épique et des émotions aux passages les plus forts.


Le chara design est globalement très bon (même si je n'ai pas apprécié le design de certains personnages), avec une originalité dans les tenues vestimentaires d'une bonne partie des personnages féminins (des vêtements traditionnels inspirés de la culture Ainu).


Je range à titre personnel Mask of Deception + Truth dans les plus beaux visual novel que j'ai pu faire, avec notamment des titres comme Akaya Akashiya Ayakashino, Hashihime of the Old Book Town, ou encore Mahou Tsukai no Yoru.

Les backgrounds du VN sont également parmi les plus beaux que j'ai vu parmi les visual novel, avec un vrai travail sur les détails des différents paysages que l'on peut voir dans le jeu, certains backgrounds (notamment dans la dernière partie de Mask of Truth) participent d'ailleurs à rendre certains moments aussi forts.


On a vraiment l'impression de vivre une aventure où l'on voyage, la qualité des backgrounds participant à l'immersion au sein du visual novel, vu que chaque pays a ses particularités visuelles.

Quant à la partie jeu, elle est assez modeste visuellement et dans sa technique graphique (tout en ayant son charme et de belles couleurs), il ne faut néanmoins pas s'attendre à ce qu'elle ait un niveau égal aux jeux de cette génération.

Néanmoins, on pardonne assez facilement vu la beauté de la partie visual novel, d'autant plus que la partie jeu ne pique jamais les yeux à part si vous ne jurez que par les plus gros AAA.


J'ai parlé de l'aspect visuel, mais l'aspect musical d'Utawarerumono Mask of Deception + Truth est également une grande réussite, il y a une bonne dizaine d'inserts songs sur les deux jeux réunis qui subliment les moments les plus émouvants du VN.


On peut en effet compter vers les 100 musiques tout le long de l'aventure, ce qui est très conséquent pour un visual novel. Cela fait particulièrement du bien quand on voit le nombre de VN (pourtant excellents) qui ont assez peu de musiques, il est difficile de reprocher à Utawarerumono un manque de musiques.

Cela ne vaut certes pas Umineko ou Fata Morgana dans le ratio musique par heures de jeu, mais c'est vraiment beaucoup par rapport à ce qui se fait dans les visual novel en général. Il faut également que tous les personnages sont doublés, et le doublage est de grande qualité et contribue à donner encore plus de force à beaucoup de passages.


D'autant plus qu'il y a des musiques venant du 1 mais remixées, avec une bien meilleure qualité et netteté musicale. Bref, que ce soit les musiques slice of life (qui sont bien sympathiques globalement), les musiques plus « martiales » (beaucoup de musiques ont des instruments de guerre dans leur composition), les musiques plus « mystiques », les insert songs épiques ou émouvantes, ou encore des musiques à feels pour rendre certains moments encore plus poigrants, la musique est pour moi une autre très grande qualité du VN.


Je le considère sans hésiter comme mon second visual novel avec la meilleure musique (derrière Umineko), d'autant plus que c'est une OST assez unique en son genre et très mélodieuse, tout en utilisant des sonorités d'instruments traditionnels et de guerre japonais. Tout cela contribue donc à donner à Mask of Deception/Mask of Truth une identité visuelle et sonore qui se distingue en bonne partie des canons habituels des visual novel.


J'ai dit au début de ma critique que bien que les Utawarerumono constituent avant tout des visual novel tout en ayant leur partie de TRPG, il me paraît donc important de l'évoquer vu que cela constitue une part non négligeable du jeu. Je préciserais d'abord que les seules phases du gameplay de la trilogie Utawarerumono sont des combats, il n'y a pas d'exploration ou de quêtes à effectuer.


Je ne peux pas faire de comparaison avec d'autres TRPG (n'en ayant jamais fait), j'ai néanmoins trouvé le gameplay à base de d'unités placés sur des cases sur lesquelles elles se déplacent très accessible, avec différentes options comme utiliser des buffs sur nos personnages, les soigner, infliger aux ennemis différents états, les attaquer à distance avec de la magie et des flèches, à semi-distance avec une longue arme, ou encore au corps-à corps avec une arme à courte portée selon les personnages.


Les combats sont néanmoins assez peu fréquents dans Mask of Deception, il faut attendre environ le dernier tiers pour avoir plus de combats. Ils se font bien plus présents dans Mask of Truth (vu qu'il y a bien plus d'enjeux), et la difficulté est revue à la hausse par rapport à Mask of Deception (qui est très facile en mode normal) sans être vraiment difficiles tant qu'on réfléchit un minimum. D'autant plus que certaines nouveautés de gameplay l'enrichissent dans le 3 et lui donnent un aspect plus stratégique et jouissif.


Que les potentiels réfractaires au gameplay d'Utawarerumono ou au fait de devoir jouer dans un visual novel soient donc rassurés, ce sont avant tout des visual novel, d'autant plus qu'on lit plus qu'on ne joue, et la difficulté n'a absolument rien d'insurmontable si vous jouez en mode normal.

D'autant plus qu'il est possible de farmer dans le mode Free Battle dans le 3 en faisant s'affronter les personnages de l'aventure que nous dirigeons, pour ainsi monter de niveaux si vous avez peur d'avoir du mal.

Cela n'est néanmoins pas nécessaire sauf si vous le souhaitez réellement. Il est également possible en plein combat de « rewind « pour revenir sur une mauvaise décision que vous avez pris ou si un de vos personnages se fait tuer, ce qui rend la partie ludique encore plus accessible.


Concernant les attaques, le jeu a un système proche des QTE, où un cercle apparaît et il faut appuyer au bon moment où maintenir le bouton pour ensuite le lâcher, on peut dire que c'est simple tout en étant efficace, d'autant plus que ça ajoute du dynamisme vu que les timing des attaques peuvent être assez variés. Il est également possible de se défendre des attaques des ennemis en appuyant au bon moment, pour réduire les dégâts des ennemis.


Et finalement, ce que j'ai le plus aimé avec la partie gameplay, c'est qu'elle donne réellement l'impression de vivre les aventures des différents personnages vu qu'elle est très engageante, il crée une certaine implication du joueur/lecteur, ce qui a rendu certaines scènes encore plus fortes pour moi.


D'autant plus que Mask Of Truth aurait été moins efficace s'il s'était contenté d'être un visual novel (je pense notamment au boss final du jeu). C'est quelque chose que j'ai trouvé vraiment rafraîchissant pour moi qui n'avait fait que des visual novel purement « textuels ».


S'il fallait citer quelques défauts d'Utawarerumono Mask of Deception et Mask of Truth, je dirais (pour le premier cité) que le rythme général de Mask of Deception aurait pu mieux être géré dans le sens où la transition entre la partie slice of life et la partie plus « sérieuse » se fait de façon un peu trop brusque. Néanmoins, le rythme est bien mieux géré dans Mask of Truth vu qu'il est plus progressif, il y a une montée en puissance qui se fait tout le long, et au bout d'un moment, le rythme ne redescend que très rarement.


Je pourrais également citer comme autre défaut le fan-service assez lourd durant certaines scènes. Il reste néanmoins relativement peu présent tout au long de l'aventure.

Certains personnages auraient également pu être mieux exploités vu qu'ils paraissent assez en retrait par rapport aux autres personnages (je pense notamment à Munechika et Ougi), leur personnalité paraît donc moins creusée par rapport aux autres personnages du casting.

Certains pourront reprocher éventuellement l'aspect assez « shonen » de certains passages, mais je les trouve personnellement vraiment réussis, et j'ai absolument rien contre le « shonen » tant qu'il y a un réel sens derrière et qu'il parvient à créer de l'épique.


On peut également reprocher l'absence d'une vraie chronologie ainsi que la notion d'âge visiblement absente dans l'univers d'Utawa, ce n'est pas un réel défaut mais ça aurait pu apporter une clarté plus immédiate à certains liens faits entre le premier volet de la trilogie et les deux suivants.


Pour résumer la partie non spoilante de la critique, Utawarerumono Mask Of Deception/Truth mérite vraiment le coup d'oeil pour moi, grâce à son scénario très bien construit le long de deux volets, ses personnages forts, ses grands moments d'émotions, et ses thématiques assez riches et traitées de façon très originale dans le cadre du média du visual novel.

Ils méritent clairement d'être bien plus connus en Occident vu qu'ils forment un ensemble vraiment complet et qui ne frustre en rien, et la fin de Mask of Truth est une des plus belles que j'ai vu en visual novel.

Merci à Utawarerumono Mask of Truth pour ta générosité scénaristique, des thématiques très profondes et originales, tes personnages très humains et touchant dans leurs failles et qualités, et merci à toi d'avoir été la première œuvre tous médias confondus à m'avoir fait chialer comme un fragile et de rendre mes yeux humides lorsque je repense de temps en temps à ce que le VN m'a procuré.


Je vais maintenant clôturer la première partie de la critique qui était sans spoil, pour commencer celle où je vais traiter des différentes thématiques d'Utawarerumono pour tenter d'expliquer leur richesse. Ainsi, j'invite tous ceux n'ayant pas lu entièrement la trilogie à quitter cette critique, vu que je serais obligé d'évoquer certains éléments de l'intrigue du VN pour illustrer ce que je souhaite écrire.


PARTIE SPOILANTE


Le Fardeau et la culpabilité

Le fardeau et la culpabilité me paraissent être deux des thématiques (interconnectées qui plus est) les plus importantes de Mask of Truth. En effet, comme vous le savez, Haku se retrouve à devoir endosser la responsabilité de l'identité d'Oshtor qui lui a donné son Akuraruka avant de mourir suite à son combat contre Vurai. Haku accepte cela par volonté de respecter le dernier souhait de son meilleur ami, mais également afin de protéger du mieux qu'il peut tous ses amis. Or, cela ne sera pas facile pour Haku « devenu » Oshtor.

En effet, celui-ci culpabilise, se considère même comme une fraude vu qu'il n'a pas confiance en ses capacités, et qu'il considère n'être rien par rapport à Oshtor. Pire encore, il a peur de salir le nom de son défunt ami de par ses méthodes et sa façon d'être plus globalement.

Il se doit également de mentir à tous ses amis en leur faisant croire que « Haku » est mort tout en étant face à eux, et en devant endosser la tristesse qu'il cause à ses amis. Il doit également de mentir à la mère d'Oshtor en lui faisant croire qu'il est réellement Oshtor, alors que son propre fils est finalement décédé.

A plus grande échelle, il est même obligé d'endosser le nom d'Oshtor et de profiter de sa réputation afin de permettre la reconquête de Yamato. Haku n'était en effet « personne », et cela n'aurait pas été par sa propre voix qu'il serait parvenu à unifier les différentes contrées environnantes pour reconquérir Yamato.

Le fardeau qu'Haku désormais Oshtor porte est donc extrêmement lourd, et a des conséquences sur l'évolution de sa personnalité.

Il ne faut pas oublier également Nekone, qui culpabilise par rapport à la mort de son grand frère vu qu'elle a cherché à s'interposer durant le combat entre Vurai et Oshtor, et ce dernier s'est sacrifié pour la protéger. Elle se sent donc directement responsable de la mort de son grand-frère, d'autant plus qu'elle se doit elle-aussi de mentir à tout le monde autour d'elle en faisant croire à la mort d'Haku, tout en ne pouvant se confier à personne vu qu'Haku se doit d'être le plus possible dans la peau d'Oshtor, et qu'elle doit aussi mentir à sa propre mère.

Les deux personnages sont donc rongés par la culpabilité et appesantis par le lourd fardeau qu'ils portent, puis survient une scène phare et extrêmement émouvante pour les deux personnages (et pour nous lecteurs) : la dernière conversation entre Haku et la mère d'Oshtor.

Celle-ci constitue un point important dans le développement d'Haku vu que dans une scène extrêmement émouvante où elle lui dit qu'il n'a plus besoin de lui faire croire qu'il est Oshtor (celle-ci sachant dès le début que la personne devant elle n'était pas réellement son fils biologique), elle donne l'occasion pour la première fois à Haku de se détacher du lourd fardeau qu'il porte.

Elle le reconnaît également comme son second fils avec Oshtor, tout en lui disant qu'il peut être fier de lui et de porter si vaillamment le nom d'Oshtor, tout en étant prêt à confronter toute personne pouvant lui dire qu'il n'a aucune légitimité. Haku se sent donc reconnu et légitime pour la première fois, et ce qu'il craignait qu'il se produise (qu'il soit considéré comme une fraude) n'est pas le cas.

La frontière entre mensonge et vérité

Dans le prolongement de la thématique du fardeau s'ajoute la thématique de la frontière entre le mensonge et la réalité.

En effet, un mensonge ne sera pas considéré par autrui s'il n'est pas reconnu comme étant un mensonge, il sera une vérité si c'est une vérité pour eux. Or, la « vérité » est un enjeu crucial dans Mask of Truth pour les 3 camps principaux du visual novel.

Nous avons d'un côté bien évidemment Haku qui se fait passer pour Oshtor, et qui donc ment à tout le monde sauf Nekone (qui elle-aussi ment à tout le monde finalement). Nous avons également Raiko qui ment au peuple de Yamato en utilisant un de ses « servants » pour qu'il se fasse passer pour Anju princesse de Yamato, pour ensuite tenter de faire passer Haku sous l'identité d'Oshtor pour un boucher sans aucune forme de compassion.

Il y a aussi Kuon qui utilise son identité de princesse de Tuskur afin de se faire passer auprès d'Anju et ses compagnons pour une antagoniste et raviver leur détermination afin de les aider à survivre (sans leur avouer sa réelle identité).

Woshis et ses servants également ont piégé Oshtor afin de faire croire qu'il était coupable d'une tentative de meurtre à l'encontre de la princesse de Yamato, cela pour tenter de l’exécuter et se débarasser d'un des porteurs de l'Akuruka.

On peut donc dire finalement que Mask of Deception et surtout Mask of Truth forment un jeu de dupes entre divers camps, la vérité était « maniée » afin de servir ses intérêts, et des mensonges vont se retrouvés être « véridiques » vu qu'on leur accorde une reconnaissance et qu'ils sont reconnus comme étant la vérité.

L'intérêt d'Haku à mentir est de permettre sous le nom d'Oshtor à reconquérir Yamato et d'unifier les pays voisins sous la bannière d'Ennakamuy. Celui de Raiko a pour but de calmer la population de Yamato effrayée par les atteintes faits à leurs idoles (successivement le Mikado et sa fille).

La qualité de ce clash d'objectifs liés au maniement de la vérité, c'est l'absence de manichéisme malgré tous ces antagonismes. En effet, malgré les moyens utilisés, les différents personnages ont des objectifs que l'on peut considérer louables, ou du moins justifiables.

Raiko par exemple n'hésite pas à « laver le cerveau » de Maroro en lui faisant croire qu'Haku a été tué par Oshtor pour accomplir ses fins mais a pour but de libérer le peuple de Yamato de l'emprise divine du Mikado supposément décédé, celle-ci empêchant Yamato d'avancer et pourrait entrer son déclin, tout en bridant leur « humanité » (malgré leurs statuts de proxys).

Woshis quant à lui n'hésite pas à manipuler Raiko et à saboter la bataille militaire qu'il mène, tout en ayant pour ultime plan de faire renaître l'humanité afin de faire ressurgir ce qui a fait le génie de cette dernière, c'est-à-dire sa capacité d'innovation et de création, même si celle-ci aura finalement causée sa perte à long terme.

On peut même parler de Haku, qui a beau être le protagoniste, ce dernier n'est pas blanc de tout reproche, vu qu'il utilise l'identité d'Oshtor afin de permettre la reconquête de Yamato, et ainsi causer une guerre entraînant des morts de son côté et du côté adverse, et perturbant la tranquillité de Yamato ayant été pacifiée par les efforts fournis par Raiko en utilisant un de ses « servants » pour qu'il se fasse passer pour la princesse de Yamato.

Ainsi, cette absence de manichéisme rend les différents antagonismes entre les personnages vraiment plaisants à suivre, on sent la volonté de raconter une histoire assez nuancée, tout en ayant sa profondeur thématique justement par ces différents motivations.

L'identité

Mais ce dont je n'ai pas encore parlé, et qui constitue ce qu'il y a de plus intéressant et beau dans le traitement de la frontière et du mensonge, c'est ce qui concerne le personnage d'Haku lui-même et son évolution dans sa double identité d'Oshtor (nouvelle acquise) et son identité d'Haku (« ancienne identité » à laquelle il se doit de renoncer pour tenter d'incarner le plus possible le « rôle » d'Oshtor. Cela concerne également le développement de Nekone et le lien fraternel qui se crée entre elle et Haku qui prend la place de son frère que je vais évoquer en premier.

La relation entre Haku « devenu » Oshtor et Nekone dans Mask of Truth ne commence pas sous les meilleurs hospices.

En effet, comme je l'ai évoqué, Nekone culpabilise par rapport à la mort de son frère car elle considère qu'elle en est la fautive, d'autant plus qu'elle doit supporter la vue d'Haku se faisant passer pour Oshtor, ce qui lui rappelle constamment que son vrai frère est mort. Elle peine donc à accepter mentalement qu'Haku se fasse passer pour Oshtor même si c'était la volonté de son frère défunt et le choix le plus rationnel à faire.

Néanmoins, et c'est là que le thème de l'identité prend tout son intérêt, c'est qu'à force de voir Haku incarner le rôle d'Oshtor, elle finit par le confondre avec son propre frère défunt, pour finir par l'accepter comme étant son réel frère. Celle-ci s'aperçoit qu'elle tient réellement à lui, d'autant plus qu'elle voit à quel point Haku met un point d'honneur à respecter les dernières volontés de son grand frère.

On peut même potentiellement dire (de mon point de vue) que la nouvelle identité d'Haku qu'est Oshtor permet en quelque sorte à Nekone de faire le deuil de la mort de son grand-frère vu qu'elle a maintenant un « nouveau » frère qu'elle aime, sur lequel elle peut se reposer tout en contribuant le plus possible au succès de ses entreprises. Haku est donc pour elle réellement devenu Oshtor.

Il faut également la dualité qui se forme entre Haku devenu Oshtor et Mikazuchi. Lorsqu'Oshtor était en vie, celui-ci avait des liens d'amitié avec Mikazuchi même si une rivalité se dégageait également. La relation entre Haku devenu Oshtor et Mikazuchi évolue au fil de l'évolution d'Haku dans son rôle d'Oshtor, où il commence à prendre confiance en lui, devient fort et digne de porter l'identité d'Oshtor.

C'est ainsi que Mikazuchi initialement énervé par le fait qu'Haku revête son identité (tout en ayant pas encore fait le deuil de son ami et rival défunt) finit par accepter qu'Haku revête l'identité d'Oshtor, et le voit comme un adversaire digne d'être respecté et d'être combattu.

Finalement, la grande beauté par rapport à l'identité d'Haku est que cela n'a pas une grande importance pour ses amis, qu'il soit Oshtor ou Haku pour eux.

En effet, dans la scène très poignante où Haku s'apprête à partir avant de mourir, Haku parvient grâce à ses amis à être en paix avec ses deux identités, de ne plus être en conflit avec celle-ci. En effet, Anju le considère comme « son Oshtor » vu les liens qu'ils ont créé tout le long du jeu, et la loyauté débordante qu'ils ont l'un et l'autre.

Nekone lui affirme également qu'elle le considère définitivement comme son frère quand Haku lui dit d'arrêter de jouer la comédie en l'appelant comme s'il était son frère. Pour Kuon, peu importe l'identité sous laquelle il se présente, il restera toujours Haku, l'homme qu'elle aimait du plus profond de son âme.

Ainsi, malgré la culpabilité que ressentait Haku par rapport aux deux identités qu'il revêtit, celui-ci est donc amené grâce à ses amis à accepter qui il est et qui il est devenu, et à être définitivement en paix avec lui-même, lui qui était tiraillé durant une bonne partie de l'intrigue de Mask of Truth.

Gloire et renouveau de l'humanité

La trilogie Utawarerumono traite également de ce qui entoure à la fois la grandeur et les pires tares que l'humanité peut avoir, les deux ayant une existence commune et sont alimentés mutuellement.

Il faut d'abord évoquer la grandeur de l'humanité qui est dépeinte dans la trilogie. Celle-ci se manifeste notamment par les progrès technologiques que les humains sont parvenus à accomplir. Mais ce progrès technologique a eu des conséquences extrêmement néfastes pour les êtres humains qui se sont retrouvés à devoir vivre sous terre vu la pollution qu'a provoqué tout ce progrès technologique inarrêtable.

Les humains, par peur de voir son déclin se finaliser, ont demandé à Witsuarunemitea de leur accorder l'immortalité. Celle-ci leur a été accordée par un contrat passé avec lui en échange d'être transformés en corps difformes ne pouvant plus rien accomplir.

Le Mikado, qui se révèle être le frère de Haku et ayant échappé à cette transformation en Tataris, va donc chercher le moyen de sauver l'humanité (lui étant le dernier être humain en vie avec son frère Haku) et utiliser les avancées de la technologie pour créer des « proxys » remplaçant l'humanité, des nouveaux « humains » moins évolués que leurs créateurs et programmés pour obéir aux ordres des êtres humains.

Et c'est là où se situe en partie selon moi la beauté de Mask of Deception et de Mask of Truth, dans le fait qu'ils racontent finalement de long en large une histoire d'émancipation de ses nouveaux humains par rapport à leur créateur.

En effet, il faut préciser que le peuple de Yamato idolâtre le Mikado comme étant un Dieu pour sa longévité, mais surtout pour tout le génie humain qu'il a apporté autour de lui. Que ce soit l'architecture de Yamato en elle-même, l'éclat de sa capitale, ou encore le pont d'Inava connectant Nakoku à Yamato qu'il a offert aux ancêtres d'Itak qui témoigne de la puissance du Mikado. Sa gloire est donc resplendissante, et il procure de la joie à son peuple.

Ce lien de dépendance et fascination est bien illustré par le personnage de Vurai qui admirait la puissance « divine » incontestable que le Mikado exerçait sur Yamato, et qui a cherché à assassiner Anju suite à son empoisonnement car celle-ci n'était pas digne de s'asseoir sur le trône de Yamato en raison de sa faiblesse.

Ne voyant personne d'autre d'assez puissant pour diriger Yamato, il cherchera donc à s'emparer du pouvoir pour par la suite utiliser sa puissance venant de l'Akuruka pour continuer à rendre le pays de Yamato dominant. On peut même dire qu'il est obnubilé par cette puissance divine vu qu'il ne parvient pas à voir au-delà de ça.

Néanmoins, la supposée mort du Mikado et la tentative de meurtre à l'encontre de sa fille montre à quel point le peuple de Yamato dépendait de lui, au point où Raiko a utilisé un de ses « servants » pour qu'il se fasse passer pour la princesse de Yamato pour calmer le peuple de Yamato.

Le but de Raiko était donc (malgré des méthodes évidemment contestables humainement comme manipuler l'esprit de Maroro pour qu'il se retourne contre Oshtor/Haku, mais Raiko ayant une philosophie où la fin justifie les moyens) à partir de là de casser ce lien de dépendance qui aurait fait stagner le peuple de Yamato.

Pour dire ça plus simplement, c'était pour faire ressortir leur "humanité" (même si évidemment il ne savait pas lui-même qu'il était un "proxy"). Le fait d'être pleinement humain implique une certaine indépendance d'esprit, une volonté d'avancer dans le sens du progrès, de ne pas rester sur ses acquis, et de finalement faire exprimer son essence.

Ses actions depuis la "supposée" mort du Mikado allaient dans ce sens, d'où le fameux moment où Raiko utilise son Akuturuka pour qu'Haku et ses amis l'affrontent. Son but à ce moment était de juger s'ils sont capable de s'affranchir de l'héritage du Mikado et de le battre sans devoir utiliser l'Akuturuka.

Finalement, son objectif était le même qu'Haku et Anju malgré des méthodes différentes et un antagonisme s'étant formé entre les deux, objectif auquel parviendra Haku en tant que dernier être humain suite au sacrifice fait pour ses amis et le futur de Yamato qu'il leur a légué.

Il faut également évoquer le fait que si la majorité des personnages d'Utawarerumono sont des proxy destinés en premier lieu à obéir aux ordres des êtres humains (et donc sensés être dénués d'individualité et de sentiments propres), les événements qu'ils ont connu ainsi que les liens qu'ils ont créé entre eux ou qu'ils ont eu avant leur existence de proxy (comme c'est le cas pour Anju notamment, celle-ci étant originellement la nièce d'Haku) ont fait d'eux des nouveaux êtres humains à part entière, et les a donc fait se détacher de leur rôle de programmes destinés à obéir aux êtres humains.

Le rapport au divin

Cet affranchissement passe également par un affranchissement d'un certain héritage divin. La trilogie d'Utawarerumono est très intelligente dans l'évolution du traitement du divin entre le 1 et le 3. Dans le premier jeu, Hakuoro se retrouve être scellé avec le dieu qu'il porte en lui.

On voit donc que les personnages restent soumis à la force du divin vu qu'Hakuoro choisit d'être scellé alors qu'il n'est pas directement responsable de ses actes, c'est la part divine qui est en lui qui a apporté guerre et désolation autour de lui. Le poids du divin prime sur les individus pour dire cela de façon plus concise.

Or, en parallèle avec la fin du premier volet, on peut voir un retournement (supporté par le discours d'émancipation qui a été fait durant Mask of Truth), où c'est cette fois-ci l'individu qui fait primer sa volonté sur la figure divine. En effet, les personnages cherchent à délivrer Kuon de l'emprise de Witsuarunemitea suite à sa dépression nerveuse après la mort d'Haku qui suit son combat contre Woshis.

Les personnages cherchent à libérer à tout prix Kuon de l'emprise divine la possédant, quand Hakuoro avec l'accord des autres personnages autour de lui a décidé (par responsabilité) de se sceller lui et Witsuarunemitea. Kuon en tant que fille biologique d'Hakuoro connaît un destin différent, notamment grâce à Haku qui s'est réincarné pour un temps en Hakuoro afin de sauver sa bien-aimée.

On peut donc observer à la fois un renouvellement du mythe d'Hakuoro via Haku, mais aussi à un changement par rapport au côté supposé impitoyable du divin sur la volonté des personnages. Et c'est donc là où réside la beauté de la « fin » du personnage d'Haku, c'est qu'il parvient à réécrire le mythe et à bouleverser en tant que dernier être humain cet aspect contraignant du divin, qui est à la fois porteur de bonheur.

Ainsi, contrairement au premier Utawarerumono où Hakuoro est scellé en même temps que Witsuarunemitea, seul ce dernier se retrouve être scellé pendant que Kuon se retrouve être délivrée de l'emprise divine en raison de son tiers de sang divin hérité d'Hakuoro alors qu'elle considérait ne pas le mériter à cause du sang maudit qu'elle porte et du danger que peut occasionner le dieu qu'elle porte en elle.

Haku sous l'identité d'Hakuoro est donc devenu le sauveur de la nouvelle humanité que sont les proxys, tout en lui permettant de s'affranchir de Witsuarunemitea, quand le « premier » Hakuoro n'a pas pu, tout en faisant son vrai départ en tant qu'Utawarerumono après avoir délivré Kuon (quand Hakuoro l'est devenu en se sacrifiant pour ses amis sans pouvoir vaincre la partie divine en lui).

C'est donc pour cela que la fin de Mask of Truth est la fin la plus complète possible, vu qu'elle conclut le rapport au divin introduit par le premier épisode de la trilogie, en retournant le rapport au divin.

Le rapport aux mythes

Cette émancipation se fait également par la fin d'un lien de dépendance par rapport aux figures mythiques que les proxy vénéraient. On peut considérer qu'une page se tourne par rapport à leurs figures divines lorsqu'Haku est forcé d'anéantir les Tatari en utilisant le satellite Amaterasu, alors que son but premier était de sauver la race humaine. En effet, outre l'anéantissement de la race humaine dans son entièreté, cela marque avant tout l'extermination des idoles vénérées par le peuple de Yamato ainsi que Tuskur.

Par la suite, le sacrifice d'Haku et son dernier retour en tant qu'Hakuuro (d'où le titre japonais « Futari no Hakuoro qui signifie « Les deux Hakuoro ») représente à la fois un renouvellement du mythe concernant Hakuoro (dans la continuité du premier volet) tout en étant dans le prolongement de la thématique de l'affranchissement par rapport aux êtres humains ainsi que son héritage.

Mais là où c'est intéressant, et qu'il y a une nuance à apporter, c'est qu'il y a certes affranchissement, mais cela ne signifie pas tourner le dos à des légendes crées, au contraire.

Comme on peut le voir dans l'épilogue du 3, Kuon et Anju se tiennent côte à côte tout en rendant hommage à Haku en proclamant son nom devant la foule de Yamato et de Tuskur, tout en symbolisant leur union malgré les conflits qu'ils ont pu avoir suite à la tentative d'invasion de Tuskur par le Mikado.

Ce passage est important dans le sens où plus qu'une simple union/alliance entre les deux nations, c'est une union qui se fait sous un mythe partagé qui structurera la vie des individus et leur donnera des valeurs communes (vu que c'est la fonction sociale d'un mythe) tout en créant des héros inspirant les peuples les admirant.

Ainsi pour conclure, selon mon interprétation, la duologie Deception/Truth (avec des éléments du 1 réutilisés) nous parle de savoir avancer malgré des dures épreuves, d'acquisition d'une humanité (ce qui implique une certaine émancipation), ainsi que de savoir tourner la page du passé (en l’occurrence la civilisation des Onvitaikayan qui a causé désastres sur désastres malgré son génie intellectuel et technologique, mais aussi le dieu Witsuarunemitea), tout en n'oubliant pas ce qui peut constituer la force des peuples, c'est-à-dire l'importance du mythe, des légendes, comme socle commun pour unifier les individus.

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le 4 mai 2022

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Hannibalmick

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