Virtua Tennis par Man Jimaru
Le tennis n’est pas représenté en quantité sur les consoles de jeux comparé, par exemple, au football ou encore aux sports US (basket, hockey sur glace, baseball), encore plus rares sont ceux sortis en arcade. En effet, la plupart du temps ce qui frappe surtout c’est l’aspect simulation d’un Fifa Soccer ou d’un NHL 2K (retrouver les sensations d’un vrai match avec des occasions proches de la réalité !), chose qui perd tout son sens sur une borne d’arcade. SNK fut le premier fou à se lancer dans le sport axé arcade (Super Sidekicks, Street Hoop, Baseball Stars 2) durant les annés 90, puis SEGA a emboîté le pas en faisant ses armes sur le système STV avec notamment Decathlete et Winter Heat. C’est avec l’avènement des systèmes arcade plus puissants comme la NAOMI que le réalisme, poussé à son paroxysme en matière graphique, a pu s’allier avec le fait de procurer les sensations de l’arcade, c’est à ce moment là que SEGA a décidé de lancer son propre jeu de tennis arcade : Virtua Tennis, un événement qui marqua à jamais le monde des jeux vidéo ! A l’origine, il y eut Pong ou deux barres verticales de chaque coté de l’écran noir faisait office de joueurs, qui se renvoyaient une sorte de balle carrée.
Puis, sont arrivés chez les amateurs d’ordinateurs (PC, Amiga et Atari) des titres comme 4D Tennis, Great Courts 1 et 2. Ce dernier fit faire un grand pas dans le domaine même si nous étions toujours très loin de la réalité. A l’époque, du fait de la résolution des écrans et des cartes graphiques utilisées, l’apparence graphique était très stylée cartoon. Pour continuer dans l’historique, on peut citer également International Tennis Open sur CDI, bien que le support n’ait pas rencontré le succès escompté, il marqua un grand tournant vu le réalisme de l’action et des mouvements des joueurs. Sur Saturn, on peut rappeler : Virtual Open Tennis, Break Point Tennis et Tennis Arena bien qu’ils soient tous des simulations de tennis (avec une petite pointe d’arcade tout de même pour le dernier des trois, c’est d’ailleurs surtout ce dernier qui reste dans les mémoires et que je me permettrai de qualifier de pré-Virtua Tennis, bien sûr cela n’engage que moi !). Enfin, comment ne pas citer LA référence dans le domaine qui resta jusqu’alors indétrôné, j’ai nommé Final Match Tennis sur PC Engine, véritable monument du genre tournant sur la fameuse 8-bits de NEC. Tous ces titres sont essentiellement des simulations de tennis, absolument rien ne fut adapté sur bornes d’arcade jusqu’au fameux Virtua Tennis (Power Smash chez nos amis nippons) de SEGA.
2000 fut une année exceptionnelle pour la firme au hérisson bleu avec le lancement de Virtua Tennis en arcade et sur la Dreamcast. Jamais le réalisme n’a été poussé aussi loin que ce soit au niveau de la réalisation que du gameplay ou encore de l’ambiance. Tout d’abord, la réalisation, que dire sur ces graphismes, mise à part qu’ils sont tout bonnement exceptionnels, pour la première fois les vrais joueurs sont mis en scène et on peut facilement les reconnaître. Bien que certains me diront que Cédric Pioline ressemble plus à un homme de Cro-Magnon qu’à lui véritablement, il y a eu un effort particulier sur la modélisation des joueurs, leurs expressions du visage, leurs mouvements qui sont tout bonnement la copie conforme de leurs gestes, certainement rendus possible par le procédé de motion capture. Au niveau de la tenue des participants tout est présent que ce soit shorts, t-shirts, casquettes (de Jim Courrier notamment), bandeaux (de Carlos Moya) ou encore les strips permettant au joueur d’éponger son front, les raquettes elles aussi sont sélectionnables en nombre astronomique bien que malheureusement aucune licence n’ait été signée pour afficher les logos des fabricants sur les cordages. Sur le plan de l’animation, un peu plus haut je parlais de motion capture, c’est grâce à ce procédé que Hitmaker (et SEGA Sports) ont réussi à reproduire les mouvements des joueurs, il faut voir comment ils bougent, servent, font des coups droit, revers, volées et smashs, c’est tout bonnement hallucinant tellement l’animation est fluide, on se croirait presque devant France 2 (même plutôt France 4 pour Roland Garros en Haute Définition) ! Afin de renforcer ce côté « télévisuel », un ralenti vous sera proposé dès qu’un coup magistral aura été effectué, de quoi vous régaler ! Le réalisme est poussé à son paroxysme quand on voit l’impact de la force de frappe, en effet, le joueur est déstabilisé lorsqu’il frappe en mouvement une balle qui lui a été envoyée de pleine force par l’adversaire ou alors il titube si par exemple il s’est mal positionné en reculant sur un lob. Il ne restait plus à SEGA qu’à nous sortir une raquette-manette, telle la canne à pêche pour Sea Bass Fishing, pour boucler le tour du réalisme…
Concernant l’ambiance, les enceintes où se jouent les matchs sont facilement reconnaissables et très réalistes, on peut donc facilement reconnaître Roland Garros, Wimbledon, l’US Open ou encore l’Australian Open pour les tournois du grand chelem (en mode arcade notamment). Les autres tournois sont jouables uniquement dans le mode World Tour où vous prenez en main la carrière d’un joueur que vous aurez créé au préalable et qui vous permettra d’enchaîner les entraînements puis les confrontations sur tous les tournois du circuit. Un aspect qui m’a véritablement époustouflé dans Virtua Tennis c’est la prise en charge du temps. Même si je n’ai encore jamais fait de partie de Virtua Tennis sous la pluie (devant la télé hein, pas dehors avec la console !) il faut bien avouer que dès qu’il pleut, l’arbitre arrête le match dans l’ATP ou WTA tour donc pas d’oubli de la part de SEGA là dessus… Sur Virtua Tennis on peut remarquer par moments que le ciel se couvre et la luminosité du terrain est moins importante selon le lieu où l’on joue. En effet, sur l’Australian Open le soleil brille de toute sa force (avec d’ailleurs un jeu d’ombre exceptionnel) alors que bien souvent sur Wimbledon nous avons le droit à des passages nuageux puis des éclaircies typiquement Londoniens, le rendu est vraiment magnifique! On peut également noter l’excellente idée de SEGA (Sports) d’inclure les voix des arbitres dans leur langue maternelle, à Paris l’arbitre vous annoncera un 15-30 français alors qu’à Wimbledon il sera dicté en langue de Shakespeare, je peux vous assurer que c’est un détail mais cela nous montre que tout a été entièrement peaufiné avant d’être commercialisé. Le public, lui aussi, est présent à applaudir et à réagir en fonction du beau jeu même si graphiquement il ne m’a pas emballé plus que ça.
Chose extrêmement importante le gameplay, élément primordial pour un jeu axé arcade comme ce Virtua Tennis. Imaginez sur une borne, il n’y a que le stick et les boutons alors que sur une console on a le droit à un pad qui favorise une bonne prise en main (surtout celui de la Dreamcast accompagné du pack vibreur). Sur Virtua Tennis, on ressent franchement la petite touche arcade nécessaire pour plaire à un large public. Pour servir, pas de manoeuvre complexe à accomplir, une pression du bouton de tir pour lancer la balle, une jauge de puissance apparaît, on appuie de nouveau afin de frapper la balle. Puis les coups s’enchaînent, coup droit ou revers selon la position du joueur par rapport à la balle, montée au filet : volées de coup droit ou revers sont instantanées toujours avec le même bouton, bref, rien de plus simple. Trois boutons sont utilisés pour effectuer une frappe normale liftée, frappe slicée ou un lob, auxquels on peut ajouter une direction (droite ou gauche) ainsi que la profondeur du tir (haut ou bas). Le gameplay changera aussi sensiblement selon le type de surface sur lequel le match se joue : balle lente sur terre battue (clay), très rapide sur herbe (grass) où il vous faudra par conséquent adapter votre style selon le terrain, mais également en fonction du joueur que vous allez sélectionner car chaque joueur a sa propre spécialité (fond de court, volée, service), à vous de choisir celui qui correspond le plus à votre façon de jouer !
Je crois que mon développement a été plutôt clair pour ce formidable jeu de tennis, pas la peine de vous énumérer les qualités de ce jeu… pour faire le rabat-joie, quelques défauts sont quand même décelables : les musiques sont peu présentes, on n’a le droit qu’à quelques « jingles » par ci par là qui sont fort acceptables au niveau de leur qualité mais en ce qui me concerne je suis resté sur ma faim sur ce plan là. Autre petit détail négatif, au sein du World Tour, il y a certains entraînements qui sont trop difficiles (oui je sais je suis peut être mauvais aussi !!!) et à partir d’un moment on a l’impression de tourner en rond à enchaîner les tournois / entraînements sans que le classement n’augmente pour autant… bref, par moments ce mode est quelque peu décourageant ! Pour finir, l’habillage des menus que je trouve un peu en décalage avec la réalisation du jeu, à savoir je les trouve un peu fade, manquant par exemple d’arrière-plan animés ! Malgré ces lacunes Virtua Tennis est, vous l’aurez compris, un excellent titre faisant pour moi partie de la crème sur Dreamcast, à posséder AB-SO-LU-MENT !