L'Armia Krajowa (AK), qu’on pourrait traduire par « Armée intérieure », était le principal mouvement polonais de résistance armée à l’occupation allemande, mais aussi à l’occupation soviétique à l’est entre 1939 et 1941. Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que ce jeu nous entraîne au cœur de l’AK à l’été 1944, période charnière où le territoire polonais, qui souffre considérablement de l’occupation nazie, commence à être libéré par l’Armée rouge.
War Mongrels est un jeu Commandos-like, du nom de cette franchise mêlant stratégie en temps réel et infiltration, le tout en vue isométrique. Il est surtout le deuxième jeu du genre à sortir en l’espace d’un an après le très bon Partisans 1941… qui se déroulait lui aussi pendant la Seconde Guerre mondiale sur le front de l’est !
Mais là où Partisans 1941 souffrait d’un certains nombres de défauts de finition, War Mongrels se présentait d’entrée comme un jeu graphiquement sublime, renouant avec l’esprit Commandos 2 en introduisant même un mode multijoueur ! Tout cela semblait très prometteur. Le jeu sortit en automne dernier, et au vue des retours des joueurs, ce fut la douche froide : les avis étaient très mitigés.
Finalement, je m’y suis mis. Alors, est-ce que je suis aussi mitigé que les premiers joueurs ? Clairement, non. Ce jeu recèle de qualités mais, une fois n’est pas coutume, je voudrais commencer par ce qui pose problème.
Au niveau visuel, vous avez intérêt à avoir un très bon PC. Parce que si vous ne faites pas tourner les graphismes au maximum, vous risquez d’avoir un résultat décevant. Ce fut mon cas, bien que j’ai assez vite changé les options. C’est assez regrettable, parce que les jeux Mimimi Productions restent très beaux même sans mettre tous les curseurs au maximum. Là, ce n’est pas le cas, mais on s’habitue quand même (le jeu étant assez prenant, cela aide aussi).
Le plus gros point noir ça reste… les bugs. Je pense qu’il y en a pas mal qui ont été corrigés depuis la sortie du jeu, mais il y en a encore un certain nombre. Cela ne rend pas War Mongrels injouable pour autant, mais c’est clair que ça peut agacer et vous avez intérêt à sauvegarder très régulièrement (pour moi, c’est une habitude dans ce genre de jeu). C’est ce qui justifie en bonne partie le fait que je ne puisse pas attribuer un 8/10 pourtant bien mérité.
Car pour le reste, War Mongrels c’est du lourd. Les cartes d’abord sont remarquables, elles peuvent être très grandes et foisonnent d’ennemis à éliminer. Il y a en tout 12 missions pour une très bonne durée de vie (pour ma part, il m’a fallu 34h pour finir le jeu).
L’histoire est vraiment intéressante, on suit un groupe assez hétéroclite (Polonais en exil, Lituanien, déserteurs allemands, …) qui va se battre pour l’AK dans une Pologne en pleine tourmente, ravagée par la guerre. War Mongrels c’est aussi l’Histoire avec un grand H : un véritable contexte, des enjeux réalistes, tout cela appuyé par de nombreux supports (documents authentiques comme des affiches de propagande, des lettres, des articles de presse, etc...).
Tout ceci permet au joueur d’être vraiment investi dans le jeu, on n’est pas là juste pour enchaîner les missions, chose que je reprochais un peu à Partisans 1941, qui avait du mal à donner de l’envergure à ses personnages.
Ici, chaque mission débute par un court-métrage d’animation très créatif, où le narrateur relate les évènements et fait le lien entre la mission et ce qui s’est passé avant. Ces moments sont très bons, sans doute la meilleure chose que j’ai pu voir dans un jeu du genre entre les missions.
L’histoire va donc nous entraîner à travers la Pologne occupée : après avoir établi un lien avec l’AK, nos personnages vont être amenés à se rendre au camp d’extermination de Chelmno, dont ils vont ressortir horrifiés par ce qu’ils y ont vu et vont vouloir fournir les preuves du génocide aux Britanniques. Cela nous conduit à deux missions en France, où trois membres de l’AK vont aider la Résistance française près de Brive-la-Gaillarde afin d’obtenir en échange de l’aide pour rejoindre le Royaume-Uni. Dans le même temps, les choses évoluent en Pologne, avec le soulèvement de Varsovie organisé par l’AK. Il faudra traverser le front pour aller aider les insurgés, malgré le fait que la lutte soit déjà devenue désespérée…
Au contraire d’un Partisans 1941 qui frisait parfois le ridicule avec ses accents de Grande Guerre patriotique, War Mongrels se veut beaucoup plus réaliste, et donc bien plus tragique. Nos personnages se retrouvent littéralement coincés entre les Allemands et les Soviétiques : si la plupart des missions sont effectuées contre les premiers, vous aurez tout de même des moments où il vous faudra aller combattre les soldats de l’Armée rouge (missions 1, 10 et 12). La dernière mission, plutôt décevante, se rattrape par le rebondissement scénaristique et propose même deux fins différentes en fonction du choix du joueur.
Un petit mot sur la bande-son : elle est à l’image de l’histoire, assez triste, lourde. Efficace donc, mais guère mémorable. Au niveau du gameplay, on est dans du très classique : reprise du mode ombre de Shadow Tactics : Blades of the Shogun, bâtiments plus ou moins accessibles à la Desperados III, pas de vue globale comme dans Partisans 1941, et surtout du Commandos 2 avec carrément un copié/collé de l’animation des actions spéciales. La seule véritable innovation est le système de combat dynamique, qui rend le jeu un peu trop facile quand on sait bien gérer les fusillades (et, il faut le dire, l'IA est assez mauvaise).
Je vous recommande vraiment ce jeu si vous aimez le genre. Ne vous arrêtez pas aux bugs, donnez-lui sa chance car il le mérite !