Allez gamin, suis moi, pour devenir un homme et peut-être un vieux sage...pas de mensonges...promis

C'est en ce mois de juin 2022, au climat changeant, entre semaine de canicule et pluie...à l'atmosphère changeante, entre période d'examen et début de vacances scolaires...à l'identité changeante, entre un quotidien usant et de futurs joueurs plus enthousiasmant...au velléité ludique entre rétro et relecture...que je me suis lancé un peu au hasard dans "What Lies in the Multiverse", sortie en mars 2022, développé par Studio Voyager, dont leur travail mettait inconnu mais ayant un sacré nom, édité par Untold Tales, un autre nom evocateur mais je connais bien et qui m'avait offert une troublante aventure avec "Arise A Simple Story" et disponible sur PC via G.O.G...qui après un court teaser, me promettait un voyage au sein d'un Multiverse, propice aux différentes réflexions...un parcours semé de puzzle, genre que j'adore...une plongée interactive dans mes souvenirs d'antan, chose que je raffole...voire plus ?

Une plongée nostalgique, réconfortante et chatoyante tout d'abord, qui après une cinématique verbeuse, rythmée, un peu dingue, où un gamin un peu geek, enfermé dans sa piaule avec son chat, tapotant comme un força sur son ordi, taffant sur la conception une simulation...le propulsant tout comme nous au sein d'un premier biome, au confin de l'himalaya, où vivent sereinement un petit groupe de moines en pleine retraite spirituelle, s'exprimant uniquement a travers des bruitages chiptunes, au chara-design fait uniquement de sprites en bitmap, évoluant au sein d'un décor fixe et légèrement animé, sur un plans de caméra misant sur la 2D et le scrolling horizontal, a la palette colorimétrique flashy et saturée, à la musicalité mixant sonorités environnementales naturelles et musique  traditionnelle, le tout dans un Pixel-Art s'inspirant volontairement des années 90 et l'ère des 16bits, tout en y apportant une modernité et une maîtrise propre au production d'aujourd'hui...un début d'errance enchanteur, léger, oxygénant, zen, limite enfantin mais qui du à une rencontre fortuite, un élément perturbateur, l'acquisition d'un étrange pouvoir bascule dans le désenchantement tout d'un coup, s'amuse à briser son atmosphère, se joue de ces graphismes, repense son decor, le rendant plus mélancolique, crépusculaire, austère, sombre grace a certains jeux de lumières, couleurs et de textures, aux teintes completement opposées, d'effets de caméras suprenants misant sur la verticalité, de boucles musicales brisées voire antinomiques par moment, d'arrière-plans plus détaillés révélant de nouveau éléments, d'interférence visuelle inattendue...une dualité nous laissant bouche bée, subjugué par cette magnifique dichotomie artistique, qui sera renforcé par l'enchaînement de tableaux singuliers, diversifiés, brisant toute monotonie, s'inspirant de l'histoire de notre monde...passant allègrement de l'orient à l'occident, de l'hiver à l'été, du monde sauvage au monde civilisé, des vestiges du passé aux hypothétiques structures du futur, de la vie à la mort, entre road-trip effréné et marche méditative au sein d'une simulation permettant et justifiant tout se qui se passe à l'écran...un changement constant, quasi-permanent, parfaitement mise en scène, se jouant, s'amusant avec l'ouïe, la vue du joueur...avec ses émotions entre l'enfant qu'il fut, l'adulte qu'il est et le sage qu'il sera...

Ensuite, c'est toujours au sein de cet Hymalaya fait de pixels, notre premier tableau, accompagné par nôtre "gamin", perdu dans sa simulation virtuelle, que notre nostalgie ludique apparaît, via se l'on peut considérer comme un tutoriel déguisé, permettant au joueur de se familiariser avec la physique et l'inertie du personnage, la structure et la construction du level-design, les mécanismes et boucles de gameplay, l'ergonomie et la maniabilité visiblement simple et accessible, réduit et limité à l'essentiel...entre plate-former, puzzle game et jeu d'exploration, s'inspirant la aussi des grandes icônes du genre nées durant les années 90, laissant le joueur dans un sentiment de confort, d'assurance, de confiance et limite régressif, comme installé dans un jeu de son enfance mais qui avec l'arrivée de ce fameux élément perturbateur, de cette rencontre fortuite, de ce fameux pouvoir...le fait basculer dans une relecture bien plus troublante, mature, obscure de ces sensations d'antan, brisant ces acquis, questionnant son sens de l'observation, mettant en cause son goût pour l'exploration, defiant sa dextérité, titillant sa détermination, se moquant de lui, jouant avec ces capacités...le laissant bouche bée, subjugué par cette tournure, qui sera renforcé tout au long de son parcours destructuré et loufoque, par cette caméra bridant le champs de vision, ce level-design malicieux et plus ouvert qu'il n'y paraît, ce sound-design etonnant et énigmatique, cet enchaînement de tableaux aux architectures singulières, cette direction artistique s'adaptant à sa mécanique principale et révélant moulte surprise, cette volonté de se moquer et de se jouer en permanence de sa proposition ludique, sa courbe de difficulté non-linéaire, son rythme cassé entre contemplation et course contre le temps, son interface cachant volontairement certains éléments clés, sa réflexion sur les éléments annexes et le parcours au sein d'un même environnement...une dualité, une dichotomie rendu digeste par un game-design sans barre de vie, sans niveau d'expérience, sans affrontements, sans HUD ni HUB central, sans système de quêtes, sans réel pédagogie, sans réel outils...brisant toute usure et misant davantage sur l'instinct, la logique, l'intelligence, les émotions du joueur qu'il a acquis depuis l'enfant qu'il fut, l'adulte qu'il est et le sage qu'il sera...

Une plongée nostalgique qui se termine, à travers cette incarnation, ce fameux "gamin", un peu geek, un peu con, un peu naïf, capable de parler sans fin à  son chaton, programmeur de génie, souhaitant s'évader de la monotonie de son quotidien, arrivant malgré lui à réaliser son vœux à travers sa simulation virtuelle, le plongeant dans un multiverse, théâtre idéalisé pour tout aventurier en herbe, pour tout esprit rêveur, à l'instar d'un enfant voulant découvrir le monde...qui de prime abord paraît enfantin, gentillet, féerique, une petite ballade bucolique, une errance fantastique, appelant moulte rencontres, de léger défi, un récit simple, s'inscrivant parfaitement dans la démarche narrative des grands jeux d'aventure des années 90, drôle et sympathique mais qui suite à cette fameuse rencontre fortuite, ce pouvoir fraîchement acquis, se transforme, se modifie, se change en un récit bien plus obscure, une errance bien plus austère, un défi bien plus profond, permettant différentes lectures, réflexions, questionnements, des satires autour de nôtre société a travers ses crises et ses composants et une critique autour du jeux vidéo et de ses dérives, dont je vous laisse  la découverte mais surtout une allégorie sur nôtre rapport au temps, à l'environnement, aux autres, aux vivants, aux morts, à l'échange,  à la conversation...nôtre définition de l'antagonisme, de l'héroïsme, de la confiance, de la collaboration, du partage, de la transmission, de la famille, de la responsabilité, de la convivialité...nôtre sens de la compréhension, de l'analyse, de la déduction, de l'exploration...nôtre conception de l'amusement, de la recherche, de l'autonomie, de l'autodétermination, de la quête...nôtre proportion à l'attachement, à l'adieu, à l'effort de mémoire, à la nécessité de l'oubli...nôtre capacité à entreprendre, à tenter, à accepter l'échec, à atteindre la réussite, à affronter nos peurs...nôtre faculté à lire entre les lignes, à interprèter l'image, à transcender le son...le tout entre vérité et mensonge, réalité et fiction, non-dit et révélé, humour et drame, sérieux et conneries, easter-egg et hommage...une dualité narrative dans un rythme à la fois lent et effréné, jouant parfaitement avec sa direction artistique, cohérent avec son game-design, brisant toute conclusion hâtive, misant sur la surprise en permanence, nous laissant bouche bée, subjugué et en constante opposition entre nos émotions, celle de l'enfant que l'on fut, l'adulte que l'on est et le sage que l'on sera...

C'est donc après deux jours sublimes, environ 8 heures fantastiques, un ultime chapitre qui vaut à lui tout seul l'achat de ce jeu, un générique de fin continuant le récit, une musique douce et triste, entre nostalgie et mélancolie...que je pose enfin ma manette, que je sèche mes larmes, que je m'allume une bonne clope, que j'écris cette lettre d'amour à ce jeu, cette proposition, cette conception, cette vision de ce média, de cette industrie, de ce loisir...un truc en pixel tout simple, à allure enfantine mais qui de part sa démarche ce révèle bien adulte, mature et entrouvre les portes d'un futur plus sage, intelligent...une œuvre intemporelle, marquante et qui doit faire date...une Master-class cohérente et censée, sur le fond comme sur la forme, brisant ce fameux 4ème mur, misant sur l'extra et l'intra-diegetique, jouant sur le texte et l'image,transcandant son gameplay de base, destructurant sa direction artistique, s'amusant de sa narration et bien au dessus de tout les jeux de 2022, voire d'hier, auquel j'ai pu jouer...une perle rare et fragile, qui sait amuser, toucher et questionner...une marque indélébile, me troublant à jamais et remettant en doute mes prochaines aventures...un conte réconfortant et anxiogène, en 9 chapitres, ayant 9 thèmes, 9 atmosphères, 9 métaphores mais de multiples réflexions...une claque suprenante, un voyage initiatique où on ne va pas qu'à droite, une découverte piffée devenue une vraie trouvaille, ayant titiller l'enfant que j'étais, l'adulte que je suis et le sage que je serai...et ce n'est pas un mensonge....

AlMomoSan87

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