Wiz et Liz sont deux sorciers qui vivent ensemble dans une cabane en bois. Leur point commun : ils sont très laids. Leurs passions : les lapins et les sorts magiques.
Voici planté le tableau pas très glamour de ce jeu sorti en 1993 sur MegaDrive et Amiga.
Vu sous cet angle, on pourrait s'attendre à une simulation de cuniculiculture destinée aux adolescents boutonneux fans de Sabrina la petite sorcière, mais heureusement il n'en est rien.
On choisit pas ses parents, mais pour le coup, Wiz'n'Liz & the frantic Wabbits Rescue est bien né. Son géniteur n'est autre que le célèbre studio anglais Psygnosis. Pour ceux qui auraient découvert les jeux vidéo avec la dernière version d'Alexandra Lederman, déjà je me demande comment vous avez atterri sur cet article, ensuite je vous rappelle que Psygnosis était un éditeur très réputé dans les années 90, et qu'on lui doit des pointures vidéoludiques du calibre de Lemmings, Shadow of the beast ou autres WipeOut. Outre ce glorieux héritage, l'éditeur à tête de chouette nous a également laissé quelques titres moins connus mais tout aussi bons, dont Wiz'n'Liz fait partie.
Donc revenons à nous moutons, ou plutôt à nos lapins. Un jour suite à un accident de chaudron magique, les lapins sont enlevés et disséminés aux quatre coins du monde. Nos deux héros sont désemparés : le frigo vide et les frimas de l'hiver arrivant, il est urgent de retrouver les lapins.
Dans le jeu solo, on peut jouer soit Wiz si on est un garçon, soit Liz si on est une fille, soit... Non, rien d'autre... ! Au début du jeu, un hub nous propose de choisir entre différents niveaux qui reprennent les thématiques classiques des jeux vidéos de l'époque : forêt, montagne, désert, etc. Dans chacun d'eux, le joueur doit se battre contre un compte à rebours pour sauver les lapins. En touchant ces derniers, il libère des lettres qui forment un mot magique ainsi que des étoiles et des fruits. La porte de sortie du niveau n'apparaît que lorsque le mot magique a été reconstitué. A la fin du temps de jeu, si le personnage n'a pas franchi la porte de sortie, c'est la mort...
Mais en cas de succès, le joueur retourne à la cabane et a la possibilité de combiner dans son chaudron magique les fruits récoltés au fil des niveaux. Les résultats sont assez variés : apparition de mini jeux, bonus de temps, étoiles supplémentaires qui permettrons d'acheter des options ou des tips dans une boutique, et parfois des moments de grand n'importe quoi avec des Lemmings qui envahissent les plateformes du jeu, un nuage qui nous suit durant un niveau, les lapins qui changent de couleur, des citations de Confucius ou d'autres délires du même genre.
Au fil du jeu la difficulté augmente : les mots magiques deviennent plus longs, des lapins explosifs et des lettres malus font leur apparition, et le rythme devient de plus en plus speed.
Car c'est là la force du jeu : les personnages sont tellement rapides qu'il feraient passer Sonic le hérisson pour une limace asmathique. Côté sonore, le rythme frénétique est porté par une musique sympa et très pêchue, et pour l'animation, les facéties des nombreux lapins donnent beaucoup de vie aux niveaux. Après tout, c'était bien la patte Psygnosis à l'époque : des jeux qui tiraient partie à 200% de la machine sur lesquelles ils tournaient. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder la taille des boss de fin de niveau, tellement gros qu'ils ne rentrent pas dans l'écran, et tout cela sans un ralentissement !
Le jeu à deux est tout aussi intéressant et nous montre ce qu'aurait pu être la partie multijoueurs ratée de Sonic 2. Pour faire court, chaque joueur doit attraper les lapins de sa couleur et reconstituer le mot magique avant son adversaire. Dans le rayon des vacheries, on peut piquer les lettres de son concurrent, et les lapins explosifs ainsi que les lettres malus sont de la partie. Là encore, ça va très vite.
Donc on résume : une quête solo longue (avec une possibilité de sauvegarde par mot de passe) et trépidante, un mode 2 joueurs hypnotique, une réalisation aux petits oignons et de superbes musiques. Tout ça pour quoi ?
Car oui, malgré toutes ces qualités, Wiz'n'Liz n'a pas rencontré le succès qu'il méritait, et s'est contenté de faire de la figuration dans l'Histoire du jeu vidéo.
Ses développeurs n'en sont heureusement pas resté là et après la fermeture de Psygnosis, ils ont fondé le studio Bizarre Creations à qui on doit Fur Fighters, Project Gotham Racing, Blur et Geometry Wars.
Mais qui sait, peut être que grâce à Internet, les deux sorciers vont faire leur grand retour ? En effet, Bizarre propose de télécharger légalement et gratuitement la ROM de la version MegaDrive du jeu sur leur site (http://www.bizarrecreations.com/games/wiz_n_liz/playthegame.php) ! Et un cadeau ça se refuse pas !
En conclusion, ce jeu est une vraie petite drogue et je dois avouer y avoir passé énormément de temps. Les 2 petits plus que j'apprécie vraiment sont les musiques vraiment sympathiques et l'humour très british disséminé au fil du jeu. Sa simplicité fait qu'il n'a pas vraiment vieilli.