Après le succès phénoménal de Yoshi's Island (accessoirement bien meilleur que n'importe quel Mario 2D, fight me), autant d'un point de vue critique que commercial, il était naturel que Nintendo lance une suite à l'aventure du petit dinosaure. Et afin d'offrir une aventure encore plus belle que l'originale, les portables 8-bits du constructeur seront snobées en faveur de la N64.
Yoshi's Story sort donc 18 mois après le lancement de la machine, et a l'originalité d'être un plateformer 2D à une époque où l'industrie ne jure que par la troisième dimension. Ce choix a-t-il été fait par réelle envie artistique ou bien simplement parce que les programmeurs étaient des incompétents notoires bénéficiant d'un budget de roumain, c'est ce qu'on va regarder ensemble.
(pom podobom podopodopodom) "Yoshi !"
Alerte chez les Yoshis ! Après qu'ils soient parvenus à enrayer les plans de Kamek et Bowser Jr dans le jeu précédent (et ses 2 suites), celui-ci décide pour les punir de voler l'Arbre Magique du Bonheur, source de la joie et de la prospérité de l'île. Sans son influence, les Yoshis adultes sont aussi enjoués que votre pote émo du lycée et seuls de très jeunes Yoshis tout juste sortis de l'oeuf sont capables de se lancer à la poursuite du malandrin (précoces les gamins).
On va commencer par parler DU point positif du jeu : la musique d'intro qui est très amusante.
Maintenant que c'est fait, parlons DES points négatifs.
Alors déjà, je trouve que les graphismes ont salement vieilli. Là où Yoshi's Island premier du nom parvient à rester très beau encore aujourd'hui grâce à son aspect "cahier de coloriage", Yoshi's Story a une esthétique 2.5D, où des sprites 2D évoluent dans un monde en 3D. Et si les décors sont encore d'une qualité correcte, c'est nettement moins le cas quand on parle des personnages ou des objets interactifs. Je ne sais pas si c'est la qualité du portage sur Wii U qui fait ça, mais les sprites sont pas mal aliasés et jurent une fois implantés au milieu du décor (qui sur cette image n'est pas très beau, mais je vous promets qu'en vrai c'est pas mal). Sans doute que ça rendait mieux sur TV cathodique, en tout cas ça fait de ce jeu un des plus moches de la série Yoshi à mon goût, avec New Island.
C'est pas non plus aidé par la direction artistique extrêmement laide, on dirait que certains modèles 3D ont été faits à la va-vite sur Blender et sont mal texturés (appréciez la texture des bras qui n'a même pas la même teinte que le corps). Même les quelques éléments en 2D reprenant une esthétique proche de Yoshi's Island sont laids, ça valait bien le coup de passer de 16 à 64-bits...
Les niveaux de Yoshi's Story n'ont pas vraiment de fin. Votre but une fois largué dedans, c'est de manger 30 fruits, sachant qu'un niveau en contient bien plus. Il est donc assez facile de gagner, d'autant que les gouffres sont rares.
Si vous voulez corser la difficulté, vous pouvez essayer de ne ramasser que les pastèques, qui sont au nombre très précis de 30 par niveau. Là par contre vous allez galérer, celles-ci sont souvent bien cachées et vous forcent à utiliser la fonction "chien guide" de Yoshi, où celui-ci va se mettre à humer l'air et vous prévient s'il sent une pastèque cachée à proximité. Mais vu que c'est juste pour augmenter le score et qu'on s'en branle, allez au plus simple. C'est encore la meilleure façon d'abréger vos souffrances...
Yoshi's Frauding
Parce que ce jeu a un des gameplays les plus sensibles que j'ai pu voir dans un plateformer 2D. Vu que c'est quelque chose que je n'ai jamais vu mentionné dans différents tests, je soupçonne l'émulation Wii U d'être fautive, n'empêche qu'il faut bien que j'en parle.
Ainsi, Yoshi est extrêmement rapide dans ce jeu. Beaucoup trop en fait, il démarre au quart de tour dés qu'on touche au stick directionnel (la croix n'est hélas pas utilisée) et son saut flottant est très dur à contrôler, ce qui rend anormalement difficiles certaines phases de plate-formes à priori sans intérêt.
Ah, et les oeufs de Yoshi ne rebondissent plus contre les murs, on ne peut donc plus faire de ricochets stylés pour atteindre un ennemi ou un élément du décor. Les niveaux sont donc fatalement simplistes, et donc un peu chiants à parcourir malgré quelques gimmicks intéressants ici et là (des dragons qui changent de direction à chaque fois qu'on saute, Pach.I.Derm qui vous empêche de sauter...).
Autre chose "amusante" offerte par la Wii U, les vibrations. Le jeu était à l'époque compatible avec le Rumble Pack de la N64, et c'est tout naturellement que cette fonction a été portée sur la version Wii U. Problème, les vibrations sont super mal gérées : la manette vibre à chaque fois que Yoshi faut un saut flottant, ce qui est extrêmement agaçant à la longue (la preuve : c'est la première fois de ma vie que cette option me dérange). Autre problème : impossible de désactiver cette feature, que ce soit dans les options du jeu ou dans celles de l'émulateur Wii U. On a donc l'impression de parcourir les niveaux avec un vibromasseur entre les mains, ce qui est sans doute très amusant lors des soirées libertines à la Fistinière, mais moins quand on veut juste finir un jeu déjà pas très fun à la base.
Le jeu contient en tout et pour tout 24 niveaux, 4 pour 6 mondes. C'est beaucoup moins que les 54 niveaux de Yoshi's Island, surtout que comme je l'ai dit plus haut, on y passe généralement moins de temps. Mais surtout, l'originalité du jeu, c'est qu'on ne peut jouer qu'à un niveau dans chaque monde. Une fois celui-ci fini, la page du livre se tourne et on se retrouve sur une nouvelle page/monde sans aucun moyen de revenir en arrière. Vous avez bien compris : pour atteindre les crédits du jeu, il vous suffit de parcourir seulement 6 niveaux !
Alors bien sûr, c'est uniquement valable dans le mode scénario. Une fois celui-ci fini, vous pouvez aller dans le mode jeu libre et refaire n'importe quel niveau déjà bouclé afin de faire péter le high-score.
Reste que quand on n'a pas aimé le jeu, qu'on trouve que les contrôles répondent mal et que les 6 niveaux traversés sont génériques au possible, à quel moment j'aurais envie de parcourir 18 niveaux de plus ?
Epilogue
Yoshi's Story a toujours divisé la communauté des joueurs Nintendo. Bijou incompris pour certains, énorme faux pas artistique pour d'autres, il va sans dire que je fais partie de la deuxième catégorie.
Ce jeu n'arrive à aucun moment à la cheville de son prédécesseur ni même de ses successeurs, n'a pour lui que son esthétique et certaines musiques, peut se boucler en une heure et ne donne pas envie de s'investir dedans. Même en mettant de côté les problèmes de contrôles ou de graphismes qui semblent venir de l'émulation, l'expérience n'est pas plaisante, et avec lesdits problèmes elle devient carrément frustrante.
Donc ouais, ça me fait chier de donner une sale note à ce jeu, je ne pensais pas que la série pouvait tomber plus bas que le minable New Island, mais Nintendo m'a magnifiquement prouvé que j'avais tort. Incroyable de penser que ce jeu a droit à 2 terrains dans les Smash Bros, là où Island n'en a qu'un seul.
Bref, 3/10, et je retire 1 point pour la version Wii U. C'est peut-être sévère, mais c'est à la hauteur de ma déception envers ce jeu issu d'une série quasi-parfaite en-dehors de ça.