101 nanars (F. Forestier)

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"Inch Allah" dit Jean-Claude Pascal, ripoliné au brou de noix, coiffé d'une jolie descente de lit, l'oeil cerné de réglisse. "Mektoub", répond Angélique, choucroutée au Magimix, visiblement émue d'avoir à dire une phrase aussi longue d'une seule traite.

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Ah, les seins ! Les seins ! Des obus de bombarde ! Des exocet ! Des roberts de concours ! À faire péter les abcisses, imploser les ordonnées ! Des mitres de Pape ! Des volcans en activité ! Des réacteurs thermonucléaires ! Autour, il y a des costumes, des acteurs, des décors, un scénario, un film même. Dans deux nuits avec Cléopatre, la petite Sophia Loren, 19 ans, fait des ravages. Elle carbonise la pellicule. On ne voit rien pourtant (visa de censure n°17197), mais c'est indécent, ce qu'on ne voit pas.

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Ce qu'il y a de bien, dans "Frou Fou", c'est qu'il n'y a pas de scénario. Louis de Funès, qui ne reculait devant aucun nanar, joue un colonel en retraite qui monte une association commanditant l'éducation de Frou-frou, jeune cigaretière impertinente.

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"Sissi est la reine du strudelfilm, la kaiserin du kitch austro-hongrois. Sourire niais, paysages chromo, images d'une laideur insoutenable, tout y est : c'est du nanar qualité Mercedes-Benz."

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Parfois diffusé sous son titre anglophone : At midnight, I'll take your soul away

" [Mojica] fut le Ed Wood latino, un prince du mauvais goût carioca.
Une tzigane grimaçante regarde la caméra : "Je vous souhaite de passer une bonne soirée", dit-elle aux spectateurs. Mais, pour cela, "il ne faut pas regarder ce film !" Elle attend. Puis éructe : "Trop tard !" car c'est le générique qui commence."

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" Russ Meyer, champion toute catégorie du nanar, a inventé un genre bien particulier : le nanar à gros seins. Que dis-je ? A seins atomiques ! Avant de porter son style à la perfection (Dans Vixens, Ultravixens et Supervixens), il s'essayait, en 1965, à l'existentialisme tendance Antonioni. En mieux meublé. Ici, donc, il lance nos trois héroïnes du mal dans un scénario qui tiendrait sur la tranche d'un ticket de métro. Quels que soient les événements qu'elles traversent, un seul principe est important : plus on s'approche de la fin, plus les décolletés s'agrandissent (ce qui donne à Russ Meyer un net avantage sur Antonioni). "

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Diffusée en France sous le titre "la nuit des revenants"

" C'est le cinq étoiles du nanar, le king size des bas-fonds : on n'a jamais fait mieux dans le genre. Tout va mal : tourné dans deux décors branlants, avec quatre acteurs égarés, un projecteur à mi-temps, quelques vagues meubles et une nappe de brouillard, La nuit des revenants est un film culte, un de ces machins hallucinants qui, en 69 minutes, prouvent l'incompétence supersonique du cinéaste. Ce n'est pas un manque, c'est un trou noir, un abîme. Croyez-moi : du jamais vu. "

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" Tous deux montent dans un avion fabriqué d'allumettes et de sparadrap (c'est une production très fauchée) et survolent le pôle, où ils se font attaquer par un ptérodactyle asthmatique, sans doute imaginé par un scénariste sévèrement handicapé : les effets spéciaux, ici, se résument à un coup de pied dans la caméra et une musique wagnérienne. Le ptéro ressemble à une valise pointue (ou à Barbra Streisand, ça dépend des angles). "

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" Ce qu'il y a de bien ici, c'est que personne ne comprend rien à rien. Les scénaristes (il y en a deux, un Albanais et un Italien) se sont mélangés, les acteurs s'en foutent totalement et le metteur en scène digérait son litron de grappa. Quand deux locomotives se tamponnent, on ne se demande même pas d'où elles viennent. "Il va falloir ouvrir l’œil, Signor" lance un quidam de passage. "

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" Olinka Berova, l'actrice qui joue la déesse, est aussi aguichante qu'une ordonnance du Dr. Petiot, et plonge, en sous-vêtements, dans la méditerranée pour grimper sur un yatch dont le proprio meurt illico de crise cardiaque. "

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"Torturé atrocement (deux baffes et un dialogue terrible), Gérard Landry s'échappe encore (on s'y perd un peu, le réalisateur lui-même semble un tantinet dépassé), et toutes les filles se retrouvent dans un souterrain où la plomberie a sauté, et où elles vont périr dans l'eau même pas chlorée."

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"Le big cheval de bois est sculpté par le fils de Giacometti et de Bernard Buffet. Il ressemble à une cabane maigre. Dans la cabane, il y a un acteur russe, Sinine, dans le rôle du traitre méprisable. Énée revient avec des Phrygiens, des étrusques, des Thaiti-Mori, des Destroy, des gars du Sentier. Ils forment le carré qui intrigue Priam, et celui-ci attaque "entre la plaine et le marais" donc dans la ZUP de Cinecittà."

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"La musique est, pour une fois, hideuse. De "My Desert Serenade" à "Shake your tambourine", les neuf chansons (sur onze. Deux ont été coupées, heureusement) sont atterrantes. Elles vont du slow glaireux au rock fromage fondu en passant par le chaloupé loupé."

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"On reconnaît les Curiaces à leurs mottes de poils sous les aisselles. Les Horaces, eux, sont épilés. Les premiers sont étrusques, les deuxièmes sont romains. Ils ont un point commun : leurs jupes, plissées ou droites selon l'occasion, que les deux réalisateurs filment en contre-plongée, c'est à dire avec la caméra au ras des genoux, pour une meilleure compréhension des sous-entendus. Chacun sait que les Horaces et les Curiaces se livrèrent une bataille sans merci pendant sept ans : ici, ils échangent quelques coups de glaive sans conviction, sur ordre de la nymphe Égérie, une ex-vamp tuberculeuse qui rend la mère Denis désirable."