1977
Mises à jour :
- Annie Hall (entrée, le 05/01/2018)
- Le Convoi de la Peur (entrée, le 13/03/2019)
A revoir avant de confirmer leur place et d'en parler ici :
- La Rose et la flèche
5 films
créée il y a environ 7 ans · modifiée il y a plus de 3 ansLa Guerre des étoiles (1977)
Star Wars
2 h 01 min. Sortie : 19 octobre 1977 (France). Aventure, Science-fiction, Action
Film de George Lucas
Omael a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
On dira que Lucas n'a pas inventé la poudre. C'est vrai. Mais c'est que de cette poudre, il en a fait de la poussière d'étoiles, un précipité d'enchantement semblable aux sels des fées qui vous font voler, ici durant deux heures de miraculeuse jubilation. Du triptyque fondateur, c'est celui que j'ai découvert en dernier. Meilleur pour la fin ? Peut-être pas, il n'a pas la densité, la sophistication de l'Empire ou la profusion sereine du Retour, qui de toutes façons n'ont pu atteindre de telles cimes qu'en s'appuyant sur les solides épaules de l'opus inaugural. Ce dernier a pour lui d'avoir atteint par une sorte de condensation magique une forme de pureté cristalline, dans un récit débarrassé de tout gras, filant avec une telle évidence qu'on la remarquera moins que les trames complexes des épisodes qui l'ont suivi, alors que la gageure accomplie est ici au moins aussi grande. A l'avenant : l'irrésistible candeur du ton, la tendresse désarmante des personnages, la floppée d'images élémentaires, qui sont autant d'embarquements de l'imaginaire vers d'infinis possibles. Avec le temps, ce film s'est détourné en une sorte de feel-good movie de grande facture à mes yeux, tant l'euphorie qu'il me procure est aussi forte qu'inaltérable, annihilant d'un grand coup de laser toute morosité ambiante. La belle synergie chahutée qui s'improvise au sein de notre troupe de héros, si dissemblables les un des autres et donc si merveilleux ensemble, alors qu'ils se démènent comme de beaux diables dans cette étoile de métal, est un des plus puissant vecteur d'adhésion à l'écran, un magnétisme devenu étalonnage pour nombre de spectacles sur pellicule qui ont suivi. L'exemple le plus parlant se trouve peut-être dans cette fabuleuse minute où Yan revient en scène de façon inespérée alors que Luke, dans la tranchée, se trouve dans le collimateur de Vador puis finalement porte le coup fatidique à cette base sidérale. Ce montage qui fait se succéder les plans dans un rythme parfait, tous les enjeux (affectifs entre les personnages et dramatiques dans l'histoire) qui se tendent à leur max puis explosent, le tout sur les percussions galvanisantes de John Williams, et je suis au-delà de l'enthousiasme, pris par des sensations presque physiques. Cette folle minute de cinéma, avec sa maitrise de la tension et du relâchement, je ne l'ai retrouvée ailleurs qu'à 2-3 reprises. Quand à la fin les rebelles se lèvent pour applaudir nos héros, je me dis chaque fois que c'est un peu de ma part.
Rencontres du troisième type (1977)
Close Encounters of the Third Kind
2 h 12 min. Sortie : 24 février 1978 (France). Science-fiction, Aventure, Drame
Film de Steven Spielberg
Omael a mis 10/10.
Annotation :
C'est dans la merveille de ballets de nuages luminescents qu'un quidam, et nous à travers lui, accède au réenchantement du monde, et à la messe émouvante d'une rencontre entre deux civilisations. Si Spielberg excelle comme jamais ici à réactiver la magie la plus pure qui accompagne la réappropriation de nos capacités d'émerveillement, il sait aussi en dépeindre le prix amer qui en découle, lorsqu'il montre ce à quoi cet élu des étoiles est contraint malgré lui de se couper pour parachever sa quête. Il n'en oublie pas non plus d'en montrer la subtile ambivalence, quand la féérie apparait d'abord cauchemardesque, presque terrifiante, sous le filtre du mystère et de l'incompréhension. Ainsi, en multipliant les points de vue, il fait couler magistralement son métrage entre deux états, du réalisme digne d'un film dossier jusqu'à l'onirisme qui s'y infiltre progressivement ; d'une forme d'inquiétude aussi palpable et prenante que l'optimisme émerveillé dans lequel il se clôt. Entre les deux, il dessine le jeu des rapprochements (entre deux civilisations donc, mais aussi entre deux hommes poursuivant la même chimère), la matérialisation progressive d'une vision et de son sens, et la belle mise en place d'un langage commun à travers les lumières et les harmonies, comme un écho poétique de ce que le film, et le cinéma en général, sont en train de nouer avec les spectateurs (que Truffaut en soit littéralement le chef d'orchestre n'est sans doute pas un hasard).
Le Convoi de la peur (1977)
Sorcerer
2 h 01 min. Sortie : 15 novembre 1978 (France). Action, Aventure, Drame
Film de William Friedkin
Omael a mis 9/10.
Annotation :
Friedkin orne le parvis de son œuvre démente d'une statue payenne, comme un avertissement aux spectateurs s'apprêtant à s'y aventurer : attention, au-delà de ce point, c'est le pandémonium qui vous attend ! Plus loin dans le métrage, il montrera les ravages d'une avidité creusant si profondément le monde pour en dévorer toutes les richesses qu'elle fait une percée jusqu'aux enfers. Dans des images hallucinées, il imprime le jaillissement d'une langue de feu en pleine forêt vierge, reliant le purgatoire et le ciel par un trait incandescent. Cette mèche apocalyptique est la force centrifuge du récit, un funeste trou noir faisant converger des destinées nées aux quatre coins du monde, telle une bonde démoniaque attirant vers elle tous les damnés. Aux abords, une nature indomptable que Friedkin prend soin de déparer de tout idyllisme, et d'organiser en une topographie incertaine telle qu'il n'en existe que dans nos cauchemars. Encore une fois, le cinéaste n'a pas son pareil pour rendre les matières viciées : nitroglycérine suintante, sueur huileuse perlant à grosses gouttes, chairs calcinées, carrosseries déglinguées et rouillées, boiseries pourries, boues torrentielles forment une fange impie et brumeuse qui drape le récit de ce voile étrange dont seul Friedkin a le secret, et nous embourbe en même temps que nos 4 anti-héros dans des sables mouvants sans aucune échappatoire. De la même manière qu'il évacue toute joliesse du cadre, Friedkin prend le risque d’assécher la matière empathique dans laquelle il taille ses personnages jusqu'à obtenir des blocs opaques dont on ne capte plus que les manifestations hagardes d'usures et de folies. Les mélopées hypnotiques de Tangerine Dream qu'il fait résonner dans ces limbes parachèvent la fantasmagorie d'une balade dont l'envoutement persiste bien après la dernière danse.
New York, New York (1977)
2 h 35 min. Sortie : 26 octobre 1977 (France). Comédie dramatique, Musique
Film de Martin Scorsese
Omael a mis 9/10.
Annotation :
A mes yeux, Martin Scorsese signe peut-être ici son œuvre la plus émouvante et sensible, où la rencontre entre deux êtres est dépeinte comme un choc silencieux, et dont il capte la nonchalante déflagration et l'étiolement d'une union qui ne prend pas. Du cabaret et du Bebop, de la résurrection amoureuse des "musical" à l'ancienne et de la sécheresse vive de son propre style, du New York idéalisé et de sa réalité - plus moderne et intime, de la vie d'artiste et de la vie sentimentale, New York, New York est en lui-même un mariage impossible, fait des tumultes des aspirations contraires, d'une longue accumulation de déchirements d'où saille parfois le mirage d'un équilibre, et d'où l'accomplissement vient finalement de la séparation, ne faisant que mieux souligner la poignante et belle liaison qui demeure malgré tout d'avoir partagé ces moments. Et quand bien même les regrets et les ruines, quelque chose de beau a pu se construire, la vie d'un petit être, la flamboyance d'une chanson. Et New York, New York.
Annie Hall (1977)
1 h 33 min. Sortie : 7 septembre 1977 (France). Romance, Comédie dramatique
Film de Woody Allen
Omael a mis 8/10.
Annotation :
Un capharnaüm de formes inattendues, d'inventions géniales, de verbes foisonnants, de temporalités chamboulées qui pourtant s'élabore avec une miraculeuse fluidité, tout en préservant un délicieux sentiment de surprise à chaque instant. Enrobée par une élégance plastique absolument fabuleuse, le film s'écoule tel un maelström avec une belle tranquillité et une légère nostalgie, suivant le flot de ces logorrhées ininterrompues qui font d'autant mieux émerger ce que les mots n'expriment pas (ou à demi), plutôt que de les noyer. L'évocation de cet amour révolu, re-songé avec la distance mélancolique du temps et l’honnêteté malicieuse de la maturité, fait d'Annie Hall à la fois l'un des plus doux témoignages des difficultés afférentes aux relations humaines et l'une des plus touchantes et désopilantes célébrations de leur précieuse beauté.