2021, pirouettes, scratchs et refrains

Annotation :

Grandeur d'interprétation, et flots des paroles : Monique Morelli offre à ces matelots un grand récital à coup d'un duo notable piano / accordéon (puis des chœurs, des violons, des manières que j'aime beaucoup, qui me replongent chez de grands Ferré parfois - ou chez le québécois Richard Desjardins). De la grandiloquence en forces superbes, en silences et assombris, en une voix qui tremble dans ses crescendos soutenus.

Point n'ai fait un tas d'océans : https://www.youtube.com/watch?v=jwqTaXRwfLg
La Fin : https://www.youtube.com/watch?v=sQQStmda5Jk
Le Pardon de Sainte Anne : https://www.youtube.com/watch?v=B3VFBHzdC48

Annotation :

Des traces de la voie krautrock qu'il prendra plus ostensiblement sur Persona plus tard - voir "Au jour le jour" pour la forme la plus évidente, la batterie motorik. Reste que rien ne me marque profondément ici, il n'y a pas de chanson aussi évidente que "Choses nouvelles", tout au plus ce qui se passe là me gratte, mais ne m'affecte pas trop, le Belin qui m'aura le moins convaincu jusque-là.

Altesse : https://www.youtube.com/watch?v=RcY9rRLRfmM
Au jour le jour : https://www.youtube.com/watch?v=oyAXuKCV9ko

Annotation :

Oui, c'est un peu surprenant d'entendre William Basinski sur des formats de morceaux plus courts que ce qu'on a l'habitude d'entendre de lui. Toujours est il, là les nappes m'échappent, j'en oublie la plupart juste après les avoir écouté, tout est trop délavé pour m'agripper cette fois - et on attendra un déclic peut-être dans un an, avec de la chance.

O, My Daughter, O, My Sorrow : https://www.youtube.com/watch?v=oOYYmgXWUkw

Annotation :

De vieilles chansons d'amour et refrains dans de nombreuses langues différentes, traduites ou décrites partiellement en anglais par les narrateurs de chaque morceau (où on entend quelqu'un décrire le "Cher" de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem avec le morceau en fond), entrecoupé par des éraflements, des petites bricoles électroacoustiques, parfois certains narrateurs qui jouent pour accompagner les chansons.

Joli mais assez anecdotique.

Anne Laplantine Loves the Sea but Loves Her Computer Most : https://www.youtube.com/watch?v=ScWjzpuoqDI
Maryam Plays Her Tar and Sings an Iranian Love Song, also a Religious Song : https://www.youtube.com/watch?v=fv688tnexdo

Annotation :

Hé bah, scotché par la créativité, derrière un vernis un peu fainéant, cool, branché, il y a finalement quelque chose de plus martelé, raffiné et impeccablement pop par sursauts - dans l'apaisement d'un Castelmaure ou la frénésie d'un 999999999.
Puis l'interlude le plus mignon qui soit, avec le "mimimi" de Medieval Wormhole. Sans doute encore plus chouette en concert, hocher la tête sur ces synthés et percussions plus que les paroles.

Brutalisme : https://www.youtube.com/watch?v=E11DAkrjlP8
Castelmaure : https://www.youtube.com/watch?v=9kzaqcHDcLc
Medieval Wormhole : https://www.youtube.com/watch?v=OjhIufFFrgE

Annotation :

Le côté minimaliste / bande-son / travail instrumental plutôt que folk de Peter Broderick, encore une fois, le coton, les rengaines, le piano, les reflets comme pour Float - moins glacé, plus "aqueux", même parfois colérique (The person of interest), avec toujours donc le risque à chaque instant d'être plus mou qu'entêtant, plus inaperçu qu'envoûtant.

We Didn't Find Anything : https://www.youtube.com/watch?v=GIgkTb3UUlc
He was inside that building : https://www.youtube.com/watch?v=6ALMO5tWxjQ
The Person of Interest : https://www.youtube.com/watch?v=-F1pr11cSCQ

Annotation :

Après Bashung dont on ressortait la voix, quelques prises, pour quelques chansons "En Amont", de plutôt belle façon, c'est le tour de Cohen et de la rocaille de ses vieilles années. Pareil que l'autre album, bien beau mais un peu poli, attendu. Ce qui ne retire rien à leur beauté, à des chansons comme "Happens to the Heart" ou "The Hills". Je reste à préférer "You Want it Darker" et ses traces qui s'égaraient.

Happens to the Heart : https://www.youtube.com/watch?v=2AMMb9CiScI
The Hills : https://www.youtube.com/watch?v=FesS3D-7o1g

Annotation :

Pas certain de savoir écrire sur ce genre de torrents - plein d'épis, de crachins, de morceaux mal digérés, de renflements un peu grotesques partout, baroque, très sombre et effrayant, en messe noire de bruissements. Les trois derniers albums de Scott Walker me font un peu tous cet effet - chacun à leur façon - de me laisser désemparé, sans voix, attentif, presque prudent à l'approche des notes qui suivent devant la rudesse, les mots que Scott scande inlassablement, "Hail the rain", "Pain is not alone", "Here's to a lousy life" dans des peuplades de derviches, vieilles légendes, et sous le couvert permanent d'un ciel de bruits (éraflures, gratouillages électroniques, gouaches séchées et miettes de pain dur, tout ce qui a l'épaisseur rocaille).
Voilà tout - ne s'attendre à rien donc, c'est à part, et très bien ainsi.

Corps De Blah : https://www.youtube.com/watch?v=pasFgQjKMww
Epizootics! : https://www.youtube.com/watch?v=2Ih7KzKLLWA
Dimple : https://www.youtube.com/watch?v=pDmUESc30Ys

Annotation :

(Quel premier morceau, surtout !)

Higelin en rigolades franches tout du long, en entrains et guitares, expérimentations rock et je-m'en-foutisme, et Jacques qui joue donc tout ça, théâtral et impérieux, tour à tour s'exclamant, s'affaiblissant, tremblant de joie et doublé par le démon. Un beau disque rock, quoi.

Champagne : https://www.youtube.com/watch?v=MzOTJ4KJ1Rs
Dans mon aéroplane blindé : https://www.youtube.com/watch?v=yBNTkEj7ZXI
L'attentat à la pudeur : https://www.youtube.com/watch?v=64k2Jrjm5kA

Annotation :

"Shadows of Tomorrow", et MF DOOM convoque Sun Ra, l'ombre et la lumière, tout est dit.
Un album impeccable, au travail sur les samples incroyables, triturés, déchirés, pour une ambiance poisseuse, crasse, soutenu impeccablement par la monotonie harassante, butée, de MF DOOM, ses imageries pop de super villain, ses doubles (Quasimoto, Vaughn) et ses propres hypnoses.

"The light of the past is the light which was
The wisdom of the past is the light of the past
The light of the future is the light which is to be
The wisdom of the future is the light of the future see"

Accordion : https://www.youtube.com/watch?v=rpaonSDPw7Y
Figaro : https://www.youtube.com/watch?v=lOMEA7lXkvY
Shadows of Tomorrow, l'incroyable : https://www.youtube.com/watch?v=PuaVf4f6lBM
All Caps : https://www.youtube.com/watch?v=ewc1hixzYPY

Annotation :

Celui-là est plus sourd, pas aussi immédiatement immense que Madvillainy, mais pas moins bon. Un travail du son encore, entre crépuscules et choses urbaines, plein d'interludes et de voix, de semblants d'open-mic, de beaucoup d'humour aussi. Des choses qui me refont penser à l'OST d'Off (G.M.C. notamment) dans la manière d'intégrer les instruments distants, surgissants et disparaissant sans introduction, pour jouer leur patte, leur petit thème en pluie ou en grêle.

Vaudeville Villain : https://www.youtube.com/watch?v=pCRjJxYSPRc
A Dead Mouse : https://www.youtube.com/watch?v=leVETb-XagQ
Never Dead : https://www.youtube.com/watch?v=KfUAo2KYdY0
G.M.C. : https://www.youtube.com/watch?v=eYedoVKFInY

Annotation :

"Le bourreau met son réveil
Pour trois heures du matin
Y en a un qu'a pas sommeil
Fallait pas jouer au malin"

C'est un bel équilibre, Higelin et Fontaine, tous deux tous jeunes encore. Fontaine, du côté de ses chansons rigolardes ("C'est pas d'ma faute" !), Higelin, choses plus entraînantes, un peu rockabilly à grand renfort de petit orgue (Priez pour Saint Germain des Prés), ou l'inspiration Jazz Manouche sur le titre pour Django. Puis viennent les duos, surtout "La Grippe" charmante, tout ça en un rien, sur des chansonnettes très courtes, directes et réjouissantes.

Maman J'ai Peur : https://www.youtube.com/watch?v=qKj0q6688e4
C'est pas d'ma faute : https://www.youtube.com/watch?v=rhodydm7Xw0
A Django : https://www.youtube.com/watch?v=E3r-oBPqE8c
La Grippe : https://www.youtube.com/watch?v=4C1jqfL8FsM

Annotation :

Toujours pas de déclic Murat - et pour avoir réessayé Mustango, là-bas non plus. Pourtant ça commence bien, "L'amour qui passe" en intro qui sait raconter des choses, et surtout surtout, un peu plus loin, "Foule romaine" qui reste sûrement ma chanson favorite de Murat : quelque chose se passe dans ses ritournelles, d'un peu resserré, de moins brut peut-être aussi que le reste de l'album (je n'aime pas la façon de Murat d'éclater, de "renforcer" ses morceaux - et là, sur "Foule romaine", il y a quelque chose qui se passe, je ne sais pas, mais ça marche, plus lumineux, aéré). Tant pis donc, peut-être à une autre fois.

L'amour qui passe : https://www.youtube.com/watch?v=QDm-NFm5bJs
Foule romaine : https://www.youtube.com/watch?v=HTW20JNZMKM

Annotation :

Ichiko Aoba devient plus expansive ici, pour le meilleur et le pire - au point de faire tout sangloter parfois, d'appuyer trop sur un accord, de les surligner par violons, vents, percussions clairées, loin du simple de la guitare du "0" rose que j'aime beaucoup. Tout s'enrobe, se drape, presque un côté grandiose de palais de marbre (et je lis qu'elle aurait chanté sur un morceau promotionnel pour le remake de Link's Awakening, et ça ne me surprend pas tant avec cet album - il y a un côté très Bande Son). Pour le meilleur : on a quelque chose d'assez varié, qui puise aussi du côté Debussy (Parfum d'étoiles), proche de la nature (enregistrements d'oiseaux, micros comme de quelqu'un qui marcherait), tout comme de ce que je connaissais mieux d'Ichiko (la guitare sèche seule, s'égrainant, accompagné par le souffle d'Ichiko, voir "Sagu Palm's Song"). Des chemins qui se brouillent et s'éclairent.

Porcelain : https://www.youtube.com/watch?v=4JprPTHR808
Sagu Palmʼs Song : https://www.youtube.com/watch?v=hN6IXqVdxf8
Ohayashi : https://www.youtube.com/watch?v=AeroCBcztSI

Annotation :

L'immense majorité de l'album sonne kitch comme jamais, daté (cette batterie, beurk beurk), et peu de mélodies suffisent à soutenir ces chansons-là, les choses Rock'n Roll ne me touchent pas du tout.
Puis là, en plein milieu de l'album, la voix de Christophe retrouve les cieux, l'éclat, à peine un piano et pas grand chose de plus pour le soutenir, dans ce morceau "beau bizarre", Bevilacqua portant le noir, un espèce de cuivre mourant qui rejoint le morceau au milieu, et encore une fin bizarroïde ; je ne reviens que sur un morceau, mais quel morceau !

Le Beau Bizarre : https://www.youtube.com/watch?v=FDH-b3X_oJQ

Annotation :

On préfigure déjà ici l'Autobahn qui suivra - mais reste une approche différente, moins machinesque - les instruments à vent ! Toujours, la répétitivité motorik, et déjà des illuminations, des scintillements de quelques synthétiseurs, nappes, ça sera plus aérien que ce qui suivra, moins décisif peut-être mais pas moins beau. Ce que font Grand Veymont maintenant, ce n'est pas si loin de ça.

Elektrisches Roulette : https://www.youtube.com/watch?v=MiSm7jZ0Ovg
Tanzmusik : https://www.youtube.com/watch?v=uPWoHRXrAJM

Annotation :

Flavien Berger s'amuse le temps d'un album-concept-plaisanterie, rempli d'interludes, de petites choses courtes, comme un petit laboratoire d'idées (B-sides de Contre-Temps ? Traces de morceaux qui auraient pu être ?), et donc inachevé, brouillon, sans grande direction. De quoi s'amuser, dodeliner et pas bien plus.

microsono : https://www.youtube.com/watch?v=XZoQiJN-koM

Annotation :

Surtout pour "In a Sentimental Mood" et "My Little Brown Book", j'avoue être bien plus insensible au reste. Ces deux-là, quelque chose scintille, ralentit et apaise, adoucit - le goût du miel de sapin. Du reste, je ne distingue rien qui me frappe, qui sorte d'un ordinaire jazz (donc : c'est beau, je n'en retiens rien).

In a Sentimental Mood : https://www.youtube.com/watch?v=sCQfTNOC5aE
My Little Brown Book : https://www.youtube.com/watch?v=_J0ZpJMQjDo

Annotation :

Même dans ce qui est sûrement le Gravenhurst le moins inspiré de ceux que j'ai écouté (quoique, peut-être plus que The Western Lands ? - la partie que j'aime un peu moins, que j'aime tout de même, de la discographie), restent par-ci et là des morceaux vibrants, sincèrement magnifiques dans leur errements en landes désertiques, qui commencent tristement et finissent spectraux (Fitzrovia, The Foundry notamment, qui nous font regretter un peu plus le départ de Nick Talbot). Toujours donc la folk qui s'étend plus ou moins, en accords cristallins et en irruptions momentanées de gouaille, de quelques choses un peu plus énervées (mais ce n'est pas pour autant la colère, la fureur du Fire in Distant Buildings), et qui s'éteint pour quelques silences (et bizarreries : le Carousel au milieu de tout ça).

Fitzrovia : https://www.youtube.com/watch?v=0t3GCmmXyEQ
les spectres de Carousel, au milieu de tout ça : https://www.youtube.com/watch?v=X_hVrvOz4UM
The Foundry : https://www.youtube.com/watch?v=Rp7GRlyLzAk

Annotation :

Grande folk ensoleillée et contestataire cubaine (ou nueva trova, comme j'ai appris en y regardant un peu de plus près), sans encombrement, juste au clair de la guitare, de l'espagnol et ses voyages, ses cœurs, des choses où je ne distingue que des mots sans comprendre les phrases (à moins de prendre le temps, et je ne le fais pas). Sans surprise, avec quelques mélodies qu'on retient vite, qu'on chantonne - et pour ça, je lui préfère ses morceaux plus entraînants, d'apparences joyeuses (si je me penchais sur le sens des textes, ça ne serait peut-être pas le cas) que les ballades un peu plus transparentes, inaperçues.

La Familia, la Propiedad Privada y el Amor : https://www.youtube.com/watch?v=2JVKCIP-huI
Debo Partirme en Dos : https://www.youtube.com/watch?v=UIgmE_ok4Nk

Annotation :

Drones suspendus sur deux notes, d'inspiration La Monte Young, sur quelques instruments (violoncelle, guitare), qui grandit et grandit plein de beauté. Un disque très apaisant, dont on pourrait apparemment s'amuser à superposer les pistes. Surtout touché par la deuxième piste, avec un spoken word qui m'évoque Slint, en plus ambiant donc.

Ultra White Violet Light - SideB : https://www.youtube.com/watch?v=yfwmsgXA5Bg

Annotation :

A force d'ajouter de la ouate et de la ouate, on n'a plus que du molasse. Pas grand chose qui se passe tout du long, des morceaux figés, sans surprise, sans sursaut, et sans grande inspiration. On en oublie tout : on ne retrouvera jamais l'équilibre du Star is the Sun.

Lamentation : https://www.youtube.com/watch?v=2F2ykAyhLIU

Annotation :

Quand "All Hands Around the Moment" venait faire vibrer les jours de pluie, de brouillard, "Sapphie" écarte plutôt les nuages par grandes éclaircies de voix (dans les deux cas, des disques de lendemain de cuite). Le chant de baleine, la guitare qui n'en a jamais assez de se répéter, les éclats dans ces miroirs, l'étendue de collines, la consolation. Préférence tout de même pour "All Hands" (les pistes qui pourraient ne jamais s'arrêter, les trombes de notes troubles), mais encore une grande admiration ici.

Soon It Will Be Fire : https://www.youtube.com/watch?v=QDR4-VJxMx4
The Graze of Days : https://www.youtube.com/watch?v=WIqM54X4TqQ

Annotation :

Inspirations de musique traditionnelle anglaise, renforcées par l'électrique, l'expérimentation, et même (!) l'autotune ; ça peut marcher bigrement bien parfois (mon cœur fond toujours pour ces folks d'un autre temps, ces ambiances mystico-bucoliques à renforts de drones, de battements et autres à-coups animaux, qui encombrent les cordes de flutiaux, et autres oripeaux ; je préfère Lankum dans un genre assez similaire. Curieux, à voir les chemins que ça prendra.

Follow Them True : https://www.youtube.com/watch?v=tY-UfxIfvJ4
Roving Blade : https://www.youtube.com/watch?v=0vg7n6f4Pbw

Annotation :

Très distant de cet album du Cave - les rages sont là, les violons et la batterie incessante, l'énergie - mais c'est propre, non ? Quelque chose de la production me gène. Il y a un côté western de carnaval (pas sans me rappeler 16 Horsepower), des grenouilles qui croassent, et aucun déclic franc sur aucune chanson : une grande unité tout du long, mais surtout du limon, quelque chose qui s'englue et ne me déchire pas, ne me satisfait pas.
Bref, passé à côté de celui-ci, une fois n'est pas coutume : l'impression d'impasse, de quelque chose qui n'aboutit pas ; heureusement reste la diction, l'inénarrable de Nick Cave qui captive parfois, entre deux bâillements.

Ce que je préfère du Cave : https://www.senscritique.com/top/Les_meilleurs_albums_de_Nick_Cave/2221973

Papa Won't Leave You, Henry : https://www.youtube.com/watch?v=AoFxUJtSp4g
Brother, My Cup Is Empty : https://www.youtube.com/watch?v=hN6gp0Gaw38

Annotation :

Beaucoup de choses un peu tièdes dernièrement - et pas beaucoup de mots intéressants à mettre dessus, je perds la main. Pourtant, rien de trop nul écouté dernièrement - encore que le White Birch soit particulièrement ennuyeux - mais ça n'explose pas comme je voudrais, tout ça, ça n'agrippe pas suffisamment (ou je n'y mets pas assez d'effort, je n'écoute que distraitement, ça pourrait bien venir de là aussi).

Purr donc, ou un beau groupe tout de même de cette scène indé' française des fins 90s, côté label Prohibited Records, avec les autres Berg Sans Nipple, Bästard ou NLF3. J'y suis surtout allé pour écouter un peu ce que faisait Thomas Méry avant ses aventures en solo, pour en sortir un peu déçu (puisque je préfère de loin ses enregistrements solo donc). On devine déjà des choses qu'il fournira d'ailleurs, dans la guitare et le chant anglais, mais ça n'est que passager ici : l'essentiel est ce noise rock très Fugazien / Unwound, voire un peu Slint, assez libre dans ses formes, mais court, à pas raccourci, abrégés, à déflagrations précipitées.

Bref, allez écouter plutôt Thomas Méry en solo (Les fenêtres immenses, et son "De là à là à là à là", ou Le Sirop, De l'amour de la colère), et si curieux (ou d'humeur post-hardcorienne) celui-là reste dispo.

Imp : https://www.youtube.com/watch?v=MDoUozV8bzY
Better : https://www.youtube.com/watch?v=_UZDDtXTY2s

Annotation :

Expérimentations autour de la batterie, Eli Keszler explore les scintillements, les ambiances, les textures en multipliant les errances : impressions d'enregistrements électroacoustiques improvisés, ou d'albums d'ambiant étrange (il a tourné avec Oneohtrix Point Never, et participé au "Raw Silk Uncut Wood" de Laurel Halo, aucune surprise dans les deux cas). La bande-son d'architectures brutalistes, ou d'installations situationnistes. Ça erre trop pour moi, sans socle, sans stabilité, mouvement perpétuel qui se cherche donc en continu.

Flying Floor For U.S. Airways : https://www.youtube.com/watch?v=0QBuyu6dKsk
Fashion of Echo : https://www.youtube.com/watch?v=ahRi0oMqeT4

Annotation :

C'est le bordel et c'est génial.
Album plein de cris, d'instruments qui renaissent, rebondissent à chaque instant et qui bout à bout forment une grande voute cosmique, qu'est-ce qui est improvisé, qu'est-ce qui est écrit, tout ça pour aboutir au silence et au bruit, dans un amalgame de pianos, flûtes, et un chant incarné, immense, qui fait mine d'errer avant de se reposer, solide, le temps de rappeler que "The creator has a master plan". Hors-temps, insensé, et autres adjectifs approchant tout cet ensemble qui paraît surnaturel, spirituel, sorti de nulle part, tandis que quelques musiciens allument une à une quelques étoiles dans la grande voûte, et apaisent le monde.

The creator has a master plan : https://www.youtube.com/watch?v=QZ6lB7FKxi8
Colors : https://www.youtube.com/watch?v=et5LOTWpxwY

Annotation :

Un peu comme les autres albums que j'ai écouté du Matthieu - il a beaucoup tourné à la suite de la première écoute. Malheureusement, cette fois c'était plutôt par déception, et tenter d'y creuser quelque chose pour m'y attacher un peu plus, mais non.
C'est en même temps le risque de sa musique tournée vers le silence, le peu plutôt que le tout plein : il faut ciseler ça impeccablement pour donner une forme qui tienne un peu, là je vois trop de trous d'air, de ramassements sur des ritournelles oubliées sitôt passées.
Finalement, l'entendre chanter anglais n'a pas fait tant de vague - il sait d'où il vient, alors ne se force pas à "mentir" une voix anglaise, on entend le français dans chaque mot mal prononcé - et il en profite pour simplifier les textes, des images vite trouvées qui se suffisent sous peu (des choses légères de sourire, d'amour, du slow insolent ou de l'indolence. Mais même les mélodies un peu biscornues de You Like Me ont peu d'effet sur moi - me reste deux, trois titres du tout, l'ouverture Annie pour ses petits synthés sur presque pas de batterie, et surtout Guy of Steel dans sa belle tristesse discrètement passée. Non pas les belles promenades des autres albums qui sont passés par là, pourtant.

Annie : https://www.youtube.com/watch?v=vw9sCD_a-Co
Guy of Steel : https://www.youtube.com/watch?v=rofE370wYpc

Annotation :

Et comme ça, Piazzolla a cent ans !
Je n'ai pas la culture nécessaire pour comprendre la révolution apparente que je lis ça et là qu'aurait apporté Piazzolla au tango argentin - apparemment intouchable, régulé, et dans lequel il aurait donné un coup comme dans une fourmilière. Même sans ça, j'y retourne régulièrement - je me rappelle toujours de mon premier émoi en découvrant l'histoire du tango, et notamment le Nightclub 1960. Sans ça, chaque enregistrement a son lot de choses à dire : romantisme exacerbé, piano qui se fait torrent, vague, sombre, violons qui viennent pincer, en remettre une couche, même si on le sait : le roi, c'est le bandonéon.

J'aime beaucoup quand sur quelques instants, tout s'emporte, pulsion agressive du quintet de l'heure zéro (sur le premier morceau ça s'entend très bien), que tout s'écoute pour souligner comme il faut l'ensemble. Puis parfois, au contraire, c'est plus souple, presque éteint, allant, presque inquiétant - le dernier morceau qui se tend avant des larmiches, quelques plaintes encore.

Tanguedia III : https://www.youtube.com/watch?v=Tmc_UaXuzOo
Milonga del Angel : https://www.youtube.com/watch?v=V1HAoS4QnaM
Mumuki : https://www.youtube.com/watch?v=3PR1Jg6mu_g