2022

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14/01
C'était finalement mieux que ce à quoi je m'attendais. Tout d'abord la forme est très étonnante, dès la première partie le discours se transforme en fable, et Descartes au lieu de faire un exposé de sa méthode, que je redoutais un peu, se lance dans un écheveau de démonstrations métaphysiques et d'expériences scientifiques, de réflexions morales et d'esquives politiques, et l'on s'amuse beaucoup à essayer de recoller les bouts pour en tirer une méthode aussi claire que celle qu'il prétend présenter au début de l'ouvrage.
Il énerve cependant parfois avec sa fausse modestie et son ignorance feinte, sa manière de prétendre faire le livre qui amènera la lumière dans les académies et d'en même temps faire semblant qu'il n'a qu'un esprit médiocre.

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19/01
Romain Bertrand s'occupe de restaurer la vérité sur Magellan, enfin plutôt de restaurer l'ignorance vu le peu que l'on connaît sur lui. On ne sait rien de sa naissance, de son adolescence, on le découvre cependant un peu revanchard, colérique, cruel même. C'est également la confrontation de l'occident à l'histoire, sur des terres qu'ils pensaient vierges. On voit que Bertrand cherche à donner une plus grande ampleur à son projet, à faire une critique du mythe colonial occidental au travers du personnage de Magellan. C'est superficiel.
Le style peut s'avérer un peu lourd. il essaie de s'approcher du lecteur par un ton léger, il lui prend la main prend et lui montre ce qui se cache dans les textes,

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23/01
Texte très court et de peu d'intérêt. Rousseau jette ici les bases de ce qui seront ses futures recherches; il s'en prend aux nobles, aux philosophes, à la civilisation en générale. On a plus l'impression de lire un réquisitoire qu'un discours. Le ton est polémique et les arguments sont lapidaires; c'est un livre dont on pourra se passer.

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31/01
Les Regrets ne laissent pas vraiment un bon arrière-goût; loin de là, on referme le livre très heureux que ce soit fini. Pourtant tout n'est pas à jeter dans le recueil, mais le meilleur est au début. Une fois lue avec grande émotion la première partie où il se lamente, on passe à la satire, intéressante et drôle à certains égards, mais une fois celle-ci finie, il ne reste plus que la louange qui n'a sincèrement aucun intérêt pour un lecteur moderne comme moi.

"Que feray-je, Morel ? dy moy, si tu l’entens,
Feray-je encore ici plus longue demeurance,
Ou si j’iray revoir les campaignes de France,
Quand les neiges fondront au soleil du printemps ?
Si je demeure ici, helas, je perds mon temps
À me repaistre en vain d’une longue esperance,
Et si je veux ailleurs fonder mon asseurance,
Je fraude mon labeur du loyer que j’attens.
Mais faut-il vivre ainsi d’une esperance vaine ?
Mais faut-il perdre ainsi bien trois ans de ma peine ?
Je ne bougeray donc. Non, non, je m’en iray.
Je demourray pourtant, si tu me le conseilles.
Helas (mon cher Morel) dy moy que je feray,
Car je tiens, comme on dit, le loup par les oreilles."

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06/02
Bien plus que par Les caves du Vatican, j'aurais dû commencer par là! C'est finalement assez semblable dans la forme; Gide commence par tisser une toile de narration entre une demi-douzaine d'intrigues, puis resserre les liens, les unes se mélangent aux autres, et malgré l'éclatement apparent, le livre explique le pourquoi du désordre. Car au centre de livre, Gide se place lui-même, qui écrit le roman en même temps qu'il se déroule, et commente son propre rôle face aux évènements. Mais on est loin de cette littérature contemporaine qui mâche le travail du lecteur; ici au contraire, l'auteur discute son propre livre, l'explique ou le contredit même, déboussole le lecteur en lui montrant des piste. C'est aussi cet auteur qui rend les personnage délicieux, qui les découvre en même temps que nous au fil des dialogues et s'étonne. Ce livre s'ouvre et se disperse au fil des pages, nous montre un éventail de destins sans vraies destinations.

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28/02
Le roman s'ouvre sur une amourette provençale très mignonne au milieu d'une révolution. Zola lâche ensuite cette première intrigue pour faire l'exposé un peu rasoir des origines de la grande famille. Puis lorsqu'on retrouve nos deux amoureux quelques chapitres plus loin, on comprend que deux caractères innocents comme ceux-ci ne pourront pas tenir dans un environnement aussi hideux, car le roman ne contient que deux types de personnages: des bêtes prêtes à toutes les horreurs pour l'argent et le pouvoir et des martyrs (certes quelques personnages sortent de ces deux catégories, comme Pascal, mais ce sont souvent des personnages mineurs, en tous cas dans ce tome là). Les premiers sont antipathiques, les seconds niais.

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18/03
Le deuxième volet de la série des Rougon Macquart se distingue largement du premier. Situé uniquement dans la branche Rougon, Zola fait preuve d'un style beaucoup plus audacieux; il décrit le faste du Second Empire en puisant dans la fantasme oriental des Mille et Une Nuits, ou prend un ton épique en relatant les projets d'Aristide. Et c'est au milieu de toute cette opulence que va s'insérer l'ennui, incarné dans le personnage de Renée, qui va la mener vers des souillures toujours plus grandes. Cependant, comme je le redoutais, les personnages de Zola sont parfaitement antipathiques une nouvelle fois.

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25/03
Ces Antiquités de Rome sont un vrai régal. On se délecte de la langue de Du Bellay, de son jeu sur les sonorités, les signifiants, les signifiés.

Nouveau venu qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n’apperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
Et ces vieux murs, c’est ce que Rome on nomme.
Voy quel orgueil, quelle ruine, et comme
Celle qui mist le monde sous ses lois
Pour donter tout, se donta quelquefois,
Et devint proye au temps qui tout consomme.
Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tybre seul, qui vers la mer s’enfuit,
Reste de Rome, ô mondaine inconstance !
Ce qui est ferme est par le temps destruit,
Et ce qui fuit, au temps fait resistance.

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21/04
J'ai été d'abord assez émerveillé par l'écriture d'Aurevilly. Le livre dégage une ambiance impressionnante, une poésie émane de chaque phrase, le lecteur se sent petit à petit plongé dans cet univers grandiose aux décors flamboyant et aux personnages mystiques. Le scénario aussi commence très bien, un homme tiraillé par ses passions entre deux femmes, puis, page après page, d'Aurevilly continue ses envolées lyriques, ses descriptions magnifiques en laissant son scénario de côté, et nous raconte jusqu'à 3 fois la même histoire sous des angles différents (dans la narration, dans une lettre et dans la bouche d'un marin), toujours dans son style qui étend chaque émotion, chaque détail, et qui fait durer le livre sans doute une centaine de pages de plus qu'il n'aurait dû en durer.

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30/06
En plus d'écrire médiocrement, Barjavel n'utilise la science fiction que pour faire passer ses fantasmes dépravés pour une utopie. Entre autres sujets il montre une vision nuancée du monde divisé en deux camps, utopique et dystopique, et des représentations grotesques de l'amour pas crédibles pour un sou. Arriver au bout m'aura au moins confirmé que je ne retoucherai jamais à un de ses bouquins.

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17/09
Vincent Citot semble si peu croire en la philosophie qu'on peut se demander pourquoi il en a fait son domaine d'étude. Les "résumés" des philosophes sont si brefs, si superficiels, que quelqu'un qui n'est pas versé dans le sujet abordé a du mal à voir plus qu'un inventaire des philosophes d'une culture et d'une époque, que l'auteur utilisera ensuite pour appuyer sa théorie des "cycles de la vie intellectuelle", pré-classique, classique et post-classique. On finit donc chaque chapitre civilisation à avoir rencontré plus d'une cinquantaine de noms sans rien avoir appris sur aucun, mis à part des mouvements globaux qu'il appuie sans cesse et qui paraissent douteux si l'on regarde ce qu'il dit sur la période moderne. Ce chapitre est probablement le plus mauvais du livre, et c'est ici que l'on voit la pauvreté des analyses qu'il propose sur certains philosophes. Citot réalise l'exploit de disqualifier la philosophie de Kant puis de Hegel (Hegel considère que tout est en mouvement selon la dialectique sauf la dialectique elle-même! Il devrait aller sur des plateaux télé au lieu de d'écrire des bouquins avec des arguments pareils) en quelques pages à peine et de développer une théorie de la para-science ou autre pour désigner tout ce qui se prétend philosophie mais est en réalité un savoir vide de réalité. Il va enfin se lancer dans les polémiques qui encombrent nos médias et porter un jugement peu honorable sur ce qui se fait en philosophie aujourd'hui, et cela fait bien de lui, malgré ce qu'il peut en dire dans la préface, un philosophe de son temps.

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15/10
Kafka fait une peinture sublime de l'enlisement dans ces bâtiments labyrinthique, de l'asphyxie sous le poids de ces institutions, de l'abrutissement devant les fonctionnaires, de l'effritement de la volonté devant la société.

"Mais à cette interpellation imprévue, l'homme se troubla, et c'était d'autant plus gênant à voir que manifestement c'était un homme qui avait l'expérience du monde et qui en d'autres lieux savait sûrement se dominer et ne renonçait pas aisément à la supériorité qu'il s'était acquise sur bien des gens. Mais là, il ne savait que répondre à une question aussi simple et se tournait vers les autres comme s'ils avaient eu le devoir de l'aider et comme si personne ne pouvait exiger de lui une réponse en l'absence d'une telle aide."

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31/10
Musil peint l'ineffable étrangeté d'un esprit fort en plein développement avec une acuité remarquable. L'incompréhension des autres, du monde et de soi-même que Törless connaît est lentement décrite et font apparaître les rouages qui lentement se mettent en marche dans sa tête; son portrait intellectuel lentement s'esquisse, non pas comme personnalité figée, mais comme critique des autres et de soi-même, comme construction progressive, comme réalisation que celle-ci n'est que l'oeuvre de son travail sur sa propre intériorité. C'est une lecture qui pourra se révéler salvatrice pour quiconque est impuissant face à son sentiment aliénation.

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01/01

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02/01

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05/01
(anglais)

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26/01
(anglais)

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28/01

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04/03
(anglais)

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09/03

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23/03

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29/03

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02/04

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09/04

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12/04

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23/04

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06/05

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10/05
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22/05

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05/06
(anglais)