2022, v'là les flics (films)

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31 décembre

On va pas se mentir, je ne m'attendais pas à recevoir une grosse claque devant un film Netflix "inspiré d'une histoire vraie", mettant en scène deux sœurs fuyant la Syrie en guerre pour pratiquer leur discipline en Allemagne.

Eh ben, accrochez-vous parce que "Les Nageuses" est un film qui va faire pleurer dans les chaumières. Bouleversant, rythmé, bien interprété, le film brille surtout par l'équilibre de son écriture qui, sans masquer les situations de détresse terrible qui attendent les migrants sur leur route n'abuse pas du dispositif. C'est aussi pour ma part le deuxième film à traiter de ce sujet (après "Welcome" de Philippe Lioret en... 2009), malgré son omniprésence dans l'actualité depuis 2011. Le coup est d'autant plus fort qu'il est porté sur une plateforme mainstream et propose deux héroïnes assez remarquable d'humanité.

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31 décembre 2022

La photographie incroyable mettant en scène les ineffables paysages d'Islande, la lenteur assumée d'un récit souhaitant appuyer sur la rigueur du climat et des esprits, la noirceur originale des deux personnages principaux, prêtre en tête, que le dépouillement finit par révéler au grand jour, la critique subtile de la colonisation dannoise, le naturalisme efficace de certaines scènes n'y auront pas fait grand chose : j'ai trouvé ce film long, manquant de rythme, surtout dans sa première partie, et assez peu lisible dans la plongée terrible de son héros.

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29 décembre 2022

La projection de "La voie d'eau" aura été, comme attendu, un véritable émerveillement. Conquis par le premier volet d'Avatar il y a 13 ans, j'ai été soufflé par la virtuosité inégalée de la réalisation et de la qualité des images de synthèses qui animent ce film. Virant parfois au documentaire, ce deuxième opus souligne sans aucun doute la fascination de James Cameron pour son sujet. Fascination qui n'est pas sans ambivalence, la richesse des mondes de Pandora ne le disputant qu'à la complexité, l'énormité et l'ingéniosité des machines de destruction humaines. J'ai régulièrement eu l'impression de regarder un reportage sur des espèces récemment découvertes dans tel ou tel recoin du globe, tant le grain du son et des matières était réaliste. Le travail effectué est époustouflant, qui plus est quand on a en tête les conditions de tournage.

Ce n'est qu'après, lorsqu'on digère un peu et qu'on calme sa migraine ophtalmique, que la rançon un peu amère de cette gloire perfuse. Moi qui défendais bec et ongles le récit du premier opus, riche de son classicisme, qui en permettait une variation nouvelle, je dois reconnaître que le scénario est la dernière roue crevée du carrosse de Cendrillon. La trame scénaristique, contestée dans le volume 1, est ici tout bonnement abandonnée. Il en va presque de même de l’écriture des personnages, oscillant entre le transparent et le convenu, à de rares exceptions près (le personnage de Kiri). J'ai notamment été attristé par le traitement accordé à Neytiri, renvoyée au rôle de mère inquiète et impuissante.

En définitive, la mise en balance de deux aspects fondamentaux d'un film - sa qualité formelle vs sa qualité intrinsèque - me conduit à un habituel paradoxe : privilégier l'émotion en séance aux réflexions postérieures. C'est pas terrible, mais on fera avec pour le moment.

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26 décembre

Je comprends mieux la dent qu'a MC Solaar et son possee ("L'NMIACCd'HTCK72KPDP") contre les films de cape et d'épées à l'américaine.

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13 décembre
Dans le cadre du festival Montagne en scène

Pourquoi ?
Pourquoi des hommes et des femmes risquent-ils leur vie à l'assaut du toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus dur ? Ce n'était sans doute pas la question à laquelle cherchait à répondre Sébastien Montaz-Rosset lorsqu'il s'est engagé à filmer une première de portée mondiale : la face nord des Grandes Jorasses en hivernale et en solitaire par la voie Rolling-Stones. Mais les larmes d'épuisement et de terreur a posteriori de Charles Dubouloz à son arrivée témoignent de la folie qui prend les alpinistes dans la réalisation de leurs rêves.

Beau, rythmé, très bien monté, ce documentaire qui explore aussi des images d'archives et qui resitue la performance dans la biographie de son héros laisse tout de même le goût amer d'un homme qui a placé son égo au-dessus de l'amour qu'il éprouve pour ses proches... et qui le sait.

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13 décembre
Dans le cadre du festival Montagne en scène

Franchement, pour un doc réalisé sur la base de seules images de téléphones portables, "Les Vagabonds du Logan" offre une expérience réussie. Cela tient essentiellement à l'ambiance des aventuriers - quatre copains - partis plusieurs mois en Alaska

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13 décembre
Dans le cadre du festival Montagne en scène

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13 décembre
Dans le cadre du festival Montagne en scène

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23 novembre 2022

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17 novembre
8,5/10

Avec quel amour et quelle admiration Valéria Bruni-Tedeschi ne filme-t-elle pas ses acteurices et personnages ! Et quelle chaleur (la patte de Noémie Lvovsky ?) se dégage de cette liberté ébouriffante et proprement exceptionnelle avec laquelle ces étudiants en théâtre découvrent les joies et les douleurs d'une vie de création et de destruction ! J'ai adoré ce film, bouleversant, d'une tendresse absolue pour son sujet, constamment à la juste distance entre son contexte, sa narration propre et son propos politique. La caméra dévore littéralement des scènes d'une intensité rare. La machinerie créatrice du théâtre à l’œuvre confirme, après "Drive my car", sa passionnante anatomie. Jusqu'aux tripes mêmes de personnages mis à nus dans leurs pitoyables et fécondes faiblesses. Malgré ses quelques longueurs, un personnage un peu chaotique (Etienne) et une reprise de souffle plus laborieuse arrivée à la dernière partie, ce film m'a profondément conquis.

Edit (09/12/2022) : je ne pouvais pas ne pas réagir à la polémique qui frappe le film depuis les révélations concernant les accusations de viol et de violences conjugales rendues publiques à l'encontre de Sofiane Bennacer. Sans revenir sur l'affaire elle-même, qui fait déjà l'objet de nombreux commentaires dans la presse, celle-ci éclaire d'une lumière particulière à la fois l'acting de Bennacer et les choix de réalisation de VBT.

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31 octobre

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23 octobre

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22 octobre

Plutôt très déçu par ce film très démonstratif et si peu subtil qu'il vire au catalogue prévisible des horreurs. C'est dommage parce que Skolimowski partait pourtant d'un matériau très intéressant, son petit âne Eo en héros de son aventure, trouvant une très touchante incarnation dans les équidés du casting. Le propos me touche également puisqu'il met en lumière l'inépuisable ressource de l'homme à broyer le vivant.

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16 octobre

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15 octobre

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14 octobre

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8 octobre

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2 octobre

Darius Marder signe un premier film étonnamment sensible dont la simplicité de la mise en scène sert parfaitement un propos sur l'acceptation du handicap et rattrape un scénario assez convenu. Riz Ahmed, très beau, incarne avec justesse son personnage. Le travail sur le son est réussi.

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1er octobre

Cette Palme d'or ne marque certainement pas le renouveau du style d'Östlund qui livre un nouveau film excessif et sursignifiant. Malgré une tenue générale efficace, des choix de mise en scène réussis et un rythme certains qu'on ne peut lui enlever, j'ai du mal à percevoir le message que veut nous envoyer le réalisateur suédois, subodorant une critique réac ou facile des grosses ficèles qui animent les castes les plus favorisées. En fait ce film ne parle qu'aux rares qui connaissent la jet-set pour y évoluer au quotidien. J'ai d'ailleurs peine à voir ce que Cannes a trouvé à "Triangle of sadness", à part ce délire mi-jubilatoire, mi-culpabilisant de se voir tendre le miroir de ses vicissitudes. A moins qu'il s'agisse pour le monde du cinéma de rire des déboires de ces pseudo-artistes au vent en poupe que sont les "influenceurs" ?

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27 septembre

Pour une comédie sociale française bourrée de bonnes intentions, "Placés" parvient à réussir ce qu'il entreprend, tout en cochant bien les cases attendues. Cette "réussite" tient d'une part à un casting convaincant, livrant un acting sincère et rarement outrancier, et d'autre part à la manière progressive qu'à le film de rentrer dans les strates successives de son sujet, bien aidé par son dispositif narratif axé autour d'un héros complètement novice. Le portrait de l'institution dressé par Nessim Chikhaoui est globalement équilibré, et tempère le misérabilisme qui guette par l'humanité des personnages.

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31 août

Il suffisait de lui donner sa chance. D'abord un peu malaisant, ce spectacle filmé des Franglaises (que je découvre à l'occasion) s'échauffe petit à petit pour atteindre un niveau franchement quali, très drôle et particulièrement entraînant. Le concept facile est exploité à plein par une mise en scène intelligente et des acteurices touchants.

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25 août

Si le film est particulièrement éprouvant, ce n'est pas seulement en raison de son sens consommé du rythme et de la tension permanente mais modulée que Sorogoyen insuffle à son film. C'est aussi parce que derrière d'immenses scènes de confrontation glaciale et glaçante, "As Bestas" pose des questions déterminantes, éminemment politiques, éminemment personnelles, sur notre rapport au monde. A une époque de retour rêvé à la terre pour une frange privilégiée - mais en perte de sens - de la population, la froide réalité de la subsistance des communautés rurales se heurte à l'image enluminée que les citadins s'en font et aux enjeux de préservation qu'ils portent. On ne tire aucune leçon de cette impitoyable thriller, sinon que le monde et l'humain sont deux choses à la complexité insondable.

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20 août 2022

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14 août
5,5/10

"Tempura" est un petit évènement dans ma filmo, puisqu'il y entre comme le premier film japonais réalisé par une femme. Ce détail, qui n'en est pas un dans un pays aux relations femmes-hommes si corsetées et inégalitaires, trouve à s'exprimer à bien des égards dans ce film rafraichissant, volubile et d'une légèreté rare. J'y ai tout particulièrement apprécié le regard enfin porté de manière franche sur les violences "du quotidien" faites aux femmes.

Je suis cependant resté assez dubitatif devant la redondance et la lenteur du procédé narratif, dans un film assez foutraque et long, où les vrais moments de magie sont quelque peu dilués dans la masse enthousiaste et débordante du récit. Chapeau tout de même pour l'interprétation de Rena Nônen, qui fait grand feu du matériau.

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20 juillet
8,5/10

Immédiatement conquis par la maîtrise formelle de Park Chan-Wook et le rythme engagé dans ce thriller romantique, j'ai adhéré en deux minutes à "Decision to leave". Quasiment rien n'est venu trahir cette promesse initiale servie par une bande-son élégante et somptueuse, un acting au cordeau et une intrigue retorse qui rappelle à bien des égards celle de "Mademoiselle".

Park Chan-Wook marque décidément les esprits dans la compétition féroce qui l'oppose dans mon cœur (rappelons que le cinéma reste un art) aux autres réalisateurs coréens. Il n'y a qu'une chose qui m'a gênée, après coup, dans cette romance impossible entre deux personnages très attachants, c'est l'exploitation des violences conjugales dont a été victime l'héroïne Song Seo-Rei (proprement renversante de beauté et de magnétisme), mobile supposé d'un crime jamais vraiment élucidé, qui plus est présentées comme un détail, alors que plane tout au long du film l'incertitude sur l'honnêteté de cette femme... A l'heure où l'engagement contre les violences faites aux femmes permet souvent à mes yeux de trier le bon grain de l'ivraie chez les artistes et personnalités publiques masculines, ce flottement m'a paru dispensable. Je m'en remets tout de même à l'engagement politique affirmé du réalisateur et à son précédent "Mademoiselle" pour apaiser ma conscience.

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24 juin

Pas forcément emballé par la bande-annonce et le pitch de ce film qui annonçaient un pamphlet moralisateur, univoque et caricatural d'un sujet encore rarement abordé dans le cinéma d'auteur, j'avoue avoir été régulièrement et définitivement surpris par les choix narratifs et formels de "Sweat".

Même si je suis finalement resté assez imperméable au sujet, qui ne me passionne guère, j'avoue que Magnus von Horn est parvenu à en tirer le meilleur, en s'appuyant sur une interprétation réussie de son actrice principale. Si ce n'est la réalisation, délibérément explicite mais indigeste (cadrages au plus près, caméra à l'épaule comme pour signifier l'intrusion exagérée dans l'intimité des instagrameuses), chaque scène - globalement attendue - se révèle plus subtile que ce que mes présupposés sur le film me faisaient attendre, jusqu'à un dénouement équivoque et sincère. Autre vertu rare (qui m'a d'ailleurs fait croire qu'une femme était à la caméra), une façon pudique de filmer son actrice, sans faire de son corps - qui est pourtant son outil de travail - un espace de fantasme. Nouvel exemple après Murina que l'habit ne fait pas le moine.

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18 juin

J'ai été assez séduit par ce deuxième film de Léa Mysius, malgré la présence à l'écran a priori rédhibitoire d'Adèle Exarchopoulos, dont je trouvais jusqu'à présent le jeu assez restreint. Elle incarne ici un personnage assez complexe avec beaucoup de réussite.

Au-delà, la difficile alchimie entre drame familial, thriller amoureux, inspirations vaudou et référence à Patrick Suskind m'a séduite, car parvenant à rester de bout en bout sur le chemin étroit de la cohérence et de la vraisemblance. La franche réussite de Mysius est de parvenir à livrer un film formellement marquant, sur un canevas se voulant délibérément spectaculaire, mais infusant une analyse assez poussée d'enjeux plus profonds comme le rapport mère-fille, l'hérédité, le polyamour ou la rancœur. Autant de thèmes qui irriguent sans trop de caricature ce film étrange sur la résilience des cœurs.

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27 mai

Jacques Loeuille livre un beau documentaire, à l'aspect contemplatif assumé, sur les traces du naturaliste et dessinateur Jean-Jacques Audubon, qui parcourut le fleuve Mississippi en long en large et en travers au mitan du XIXe siècle.
Le propos est contextualisé, présenté à l'aune de nos réflexions modernes et judicieusement illustré mais j'ai regretté que l'éminent aspect écologique des travaux d'Audubon soit relégué derrière des questions politiques et patrimoniales. Mais il ne s'agit là que d'une question de goût après tout.