2023
63 livres
créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a 7 moisLa Conjuration des imbéciles (1964)
Confederacy of Dunces
Sortie : 1981 (France). Roman
livre de John Kennedy Toole
fluens a mis 5/10.
Annotation :
07/01
(anglais, et un anglais un peu fastidieux ici)
Parfois drôle, souvent long. Les personnages ont des caractères si appuyés qu'il suffit de quelque centaines de pages pour les cerner à peu près complètement, et à partir de là le livre n'arrive que très difficilement à arracher un sourire..
Malaise dans la civilisation (1929)
(traduction Aline Oudoul)
Das Unbehagen in der Kultur
Sortie : septembre 2010 (France). Essai, Culture & société
livre de Sigmund Freud
fluens a mis 8/10.
Annotation :
07/01
Court, clair et percutant, Malaise dans la civilisation est bien loin de l'image que l'on peut avoir des ouvrages de Freud. Le livre commence doucement et se corse au fil des chapitres; les notions se mettent en place, on relève des contradictions, des tentatives de résolution. Freud est parfois drôle, souvent critique et toujours pédagogue. Mais le plus passionnant est surtout la pertinence des thèses avancées, que ce soit sur pourquoi la religion est infantilisante, le rôle du surmoi dans la société, l'incapacité de l'homme à accéder au bonheur ou encore la raison d'être de la civilisation, thèses d'autant plus impressionnantes qu'elles traitent d'immenses sujets avec une concision brillante et depuis un angle bien particulier. C'était le premier Freud que je lisais, et un peu à reculons à vrai dire, une agréable surprise.
La Femme gelée (1981)
Sortie : 1981 (France). Récit
livre de Annie Ernaux
fluens a mis 8/10.
Annotation :
09/01
Une véritable découverte. Pas tellement la description du quotidien éreintant des mères, de l'impossibilité de relier les bouts et vivre, de l'absence absolue de reconnaissance en plus de tout cela - j'avais heureusement déjà conscience de ces choses-là; mais la manière dont se créent les rêves, puis s'opère leur abandon avant l'enlisement, l'acceptation inconsciente de l'état nouveau dans lequel on est plongé, et surtout l'absence totale de communication lorsque tout ça se passe. Pourtant tout est bien ressenti, décrit, on se demande pourquoi elle tombe quand même là-dedans, alors qu'elle a lu Le Deuxième Sexe, mais c'est sans doute la lucidité qu'ont amenée les années qui permet de voir si clairement tout l'engrenage. Tout est énuméré d'un ton haletant avec des subordonnées en cascades, des accumulations permanentes, du discours indirecte libre qui rapporte des phrases au premier abord anodines mais qui font ressentir le poid de la condition de la femme; et le tout s'enchaîne si bien qu'on s'essouffle, qu'on étouffe plus on prolonge la lecture, enseveli sous les désillusions. Ernaux cherche à reconstituer tous les détails et on comprend un peu ce que peuvent vivre certaines femmes, on comprend jusqu'aux décisions incompréhensibles du livre, car lorsque la volonté est sapée au plus haut point on offre plus aucune résistance à la moindre injonction.
Cyrano de Bergerac (1897)
Sortie : 1897 (France). Théâtre
livre de Edmond Rostand
fluens a mis 5/10.
Annotation :
11/01
Je me rappelle vaguement l'avoir vu dans ma jeunesse, avoir été un peu ému, mais mes souvenirs sont vraiment trop flous, sans doute une preuve que déjà à l'époque ça ne m'avait pas tant marqué que ça. Si la pièce est dotée de plusieurs scènes brillantes, l'écriture en revanche alourdit tout. Edmond Rostand ne cesse de couper ses personnages au beau milieu de leur phrases, tout au long de la pièce ils peinent à avoir des répliques de plus d'une dizaine vers, et impossible d'apprécier pleinement l'alexandrin; au contraire même, ça semble souvent assez artificiel. L'histoire reste belle malgré l'écriture pénible.
Être sans destin (1975)
Sorstalanság
Sortie : 1997 (France). Roman
livre de Imre Kertész
fluens a mis 7/10.
Annotation :
15/01
Ce n'est pas vraiment une lecture plaisante. Des hommes plongés dans la misère au point que seulement les voir fait perdre l'envie de vivre; la description de la faim, des infections, de la fatigue, des espoirs, de la perte de vie; tout cet imbroglio de souffrances dont ils ne voyaient pas la fin mais dans lequel ils continuaient pourtant à vivre. On voit les camps de concentration et son cortège d'atrocités, mais avec un peu de beauté aussi, qui forme l'originalité du livre, et fait porter un regard nouveau sur ces vies écrasées par les évènements. Ce chapitre final aussi, la clef du livre on pourrait dire, qui permet de comprendre l'ensemble, de l'unifier et de continuer le livre, d'imaginer la vie après.
Propaganda (1928)
Comment manipuler l'opinion en démocratie
Sortie : 11 octobre 2007 (France). Essai, Politique & économie
livre de Edward Bernays
fluens a mis 4/10.
Annotation :
16/01
Un livre assez dispensable pour qui n'est pas un entrepreneur américain du début du XXe siècle. Blague à part, passé le chapitre 4, le livre a réellement perdu presque tout son intérêt aujourd'hui. Pour ce qui est du reste, je savais avant de le commencer que ça n'allait pas beaucoup me plaire, mais l'idée de m'immiscer dans la pensée des "experts en relation publiques" me rendait assez curieux. En fin de compte, et sans surprise d'ailleurs, leurs vraies pensées restent cachées dans leurs livres, enrobées par ce qui semble être de la candeur. On peut seulement l'entrevoir dans quelque phrases.
Un exemple qui laisse à réfléchir: "Entre-temps, on aura convaincu des architectes influents de faire un salon de musique une part entière de leurs plans", et ceci pour que les gens aient spontanément l'envie d'acheter un piano.
Des putains meurtrières
Putas asesinas
Sortie : 2001 (France). Recueil de nouvelles
livre de Roberto Bolaño
fluens a mis 5/10.
Annotation :
22/01
L'enchaînement des nouvelles et les nouvelles elles-même sont au début très déstabilisants; on a peu de repère devant les petites étrangetés du début, ne voyant se répéter que peut-être un malaise persistant à la lecture, puis l'on commence au bout d'un moment à voir les thèmes qui reviennent: la littérature, le Chili, la solitude, l'univers de Bolano d'après ce que j'ai pu lire. La seconde moitié est plus percutante, plus puissante à mon goût; plus autobiographique aussi sans doute.
Le Tartuffe (1669)
Sortie : 1669 (France). Théâtre
livre de Molière
fluens a mis 5/10.
Annotation :
26/01
Je ne pensais pas avoir beaucoup d'affinités avec Molière et cette pièce me l'a confirmé. Molière sait écrire des blagues fines et des satires subtiles, comme il a pu le faire dans le Misanthrope, mais semble malheureusement souvent préférer écrire des farces balourdes. Dans la scène 2 de l'acte II par exemple, l'altercation entre Dorine et Orgon est interminable et n'a aucun intérêt. Je crois que simplement l'idée d'un motif répété x fois de plus que nécessaire au long d'une scène, même pour des raisons rythmique, qui m'ennuie au possible. Plus généralement la bêtise d'Orgon tout au long de la pièce est interminable; après avoir épuisé son potentiel comique au début de la scène 6 de l'acte 3 elle continue à se vouloir le ressort comique de la pièce encore bien trop longtemps. La pièce aurait gagné à être plus courte. Un point positif quand même: l'exposition, qui est brillante.
Ivan Vassilievitch (1935)
Иван Васильевич
Sortie : 1935 (Union Soviétique). Théâtre
livre de Mikhaïl Boulgakov
fluens a mis 4/10.
Annotation :
28/01
Un inventeur construit une machine permettant de faire voyager les personnes dans le temps et ramène en URSS Ivan le Terrible. Ma traduction par Paul Kalinine était abominable, essayant de faire parler Ivan et tous les personnages sortis du Moyen-Âge en moyen français, et échouant bien sûr complètement. Au hasard: "O, las moi, tout me poise. Ore à la parfin, n'es-tu pas démoniacle". Un bon tiers des répliques est écrit dans cette langue affreuse. Bouncha en tsar était amusant mais impossible de vraiment apprécier la pièce quand c'est aussi mal écrit.
Le Chef-d'œuvre inconnu (1831)
Sortie : 1831 (France). Roman
livre de Honoré de Balzac
fluens a mis 8/10.
Annotation :
30/01
Cette nouvelle empreinte d'un certain romantisme décrit bien la passion candide dont sont emprunts tous les jeunes artistes pour l'art; elle montre aussi pourquoi cette ardeur se doit d'être tempérée pour ne pas empiéter sur la folie. Mais c'est sans doute encore bien plus qui est dit là, sur la nature de l'amour pour l'Art, sur le rapport entre la beauté naturelle et la beauté artistique, et que sais-je encore.
Enfer (1303)
(traduction Danièle Robert)
Inferno
Sortie : 2016 (France). Poésie
livre de Dante Alighieri
fluens a mis 5/10.
Annotation :
08/02
Pas tout à fait fini, arrêté au chant XX, traduction pas à mon goût. A reprendre dans une autre édition, car ça m'a quand même l'air intéressant
Taras Boulba (1843)
Тара́с Бу́льба
Sortie : janvier 1845 (France). Roman
livre de Nicolas Gogol
fluens a mis 7/10.
Annotation :
10/02
Certains passages rappellent l'atmosphère d'une Iliade, la description de la guerre notamment, les tempéraments des personnages aussi. L'intrigue est on ne peut plus simple, le roman repose sur des descriptions de paysage plutôt belles et des analyses de tempéraments qui forment je dirais la chair de celui-ci. On retrouve ces personnages hauts en couleurs et aux caractères nobles que j'aime tant dans la littérature russe
Qu'est-ce que la philosophie antique ? (1995)
Sortie : 14 novembre 1995. Essai, Philosophie
livre de Pierre Hadot
fluens a mis 10/10.
Annotation :
14/02
Je crois que j'aurais difficilement pu tomber sur une meilleure introduction à la philosophie. Simple et rigoureux, Hadot transmet sa passion pour la philosophie en nous décrivant ce qu'est la vie philosophique, ce qui la constitue, ce qui la distingue de la vie non-philosophique. Il n'a rien de révolutionnaire sans doute mais fait miroiter, tant par la simplicité de sa forme que celle du fond, une vie heureuse. On se sent d'ailleurs léger et heureux à la lecture.
Fictions (1944)
Ficciones
Sortie : 1944 (France). Recueil de nouvelles
livre de Jorge Luis Borges
fluens a mis 8/10.
Annotation :
15/02
On arrive difficilement à croire qu'un si petit livre contiennent autant de richesses; Le Jardin aux sentiers qui bifurquent possède, dans chacune de ses nouvelle, des possibilités infini, un imaginaire inépuisable, qui, à défaut d'être toujours intéressant, impressionne à chaque fois. La première nouvelle, La Bibliothèque de Babel et La Loterie à Babylone notamment laissent songeur longtemps encore après la lecture; Pierre Ménard auteur du Quichotte nous donne à faire des jeux amusant; d'autres marquent moins, comme Examen de l'œuvre d'Herbert Quain.
Artifices est plus énigmatique. Je ne sais pas si j'ai vraiment réussi à le lire tant certaines des nouvelles m'ont laissé perplexe comme La Secte du Phénix par exemple. On retrouve ceci dit encore nouvelles dont la lecture ne laisse pas indifférent, comme par exemple Trois versions de Judas. Ce sera à relire ultérieurement.
Oncle Vania (1897)
(traduction André Markowicz et Françoise Morvan)
Dyadya Vanya
Sortie : 1994 (France). Théâtre
livre de Anton Tchékhov
fluens a mis 10/10.
Annotation :
25/02
Passe de 8 à 10
Vu à l'Odéon le 12 et relu 2 semaines après environ. Cette pièce a le don de me faire pleurer comme peu d'oeuvres en sont capable. Si la mise en scène de Galin Stoev ne m'a pas vraiment séduit, elle m'a du moins rappelé à quel point cette pièce est exceptionnelle. Les principales erreurs de l'adaptation à mon goût étaient: le changement de ton intempestif (au IIIe acte notamment, mêlant des gags à l'atmostphère dramatique) et le brisage du 4e mur (quand Vania et Astov prennent de l'héroïne notamment... C'est inutile et ça ne nous fait que sortir de la pièce). Il y avait aussi plusieurs points positifs aussi, le jeu de Sonia notamment, qui m'a ému aux larmes.
Pour ce qui est de la relecture, donc de la pièce écrite (traduction Gennia Cannac et Georges Perros) j'ai vraiment été frappé par ce qui manquait à la mise en scène: l'atmosphère. Elle est pesante, tout va au ralenti, on se sent s'enliser, et pourtant la tension ne cesse de monter. On assiste tout au long de la pièce à une lutte intestine entre l'atmosphère présente sur scène et ses personnages qui cherchent à y échapper, à la dissiper. Mais on ne peut pas lutter contre ce que Sonia appelle "la vie réelle".
Anna Karénine (1878)
(Traduction Henri Mongault)
Anna Karenina
Sortie : 1936 (France). Roman
livre de Léon Tolstoï
fluens a mis 9/10.
Annotation :
03/03
C'est tout de même dommage que parfois certains livres soient si illustres que l'on connaisse déjà la destiné du ou de la protagoniste sans même les avoir ouverts. Le point positif en revanche, c'est que ces livres sont généralement d'une telle grandeur que, même connaissant cela, on trouve beaucoup d'autres richesses que l'on ne soupçonnait pas. Et c'est tout à fait le cas ici, car ce n'est pas tant Vronski et Anna qui font la richesse du livre, mais bien plus Levine et Kitty qui lui donnent son infinie profondeur morale. Et ce roman, dont on pensait qu'il traitait d'une destiné devenue culte, dresse en réalité un portrait époustouflant de l'aristocratie russe durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Finalement, on regrette presque que le roman porte tant sur Anna et Vronski qui sont bien éloignés des autres personnages, et contribuent moins à comprendre ce qui tiraillait le pays à cette époque. Enfin, malgré tout, eux aussi révèlent certains tempéraments de l'époque, et font partie du portrait. La dernière partie également est impressionnante.
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755)
Sortie : 1755 (France). Essai, Philosophie
livre de Jean-Jacques Rousseau
fluens a mis 4/10.
Annotation :
04/03
Je ne suis pas sûr de saisir ce qui encore aujourd'hui séduit chez Rousseau, du moins dans cet ouvrage-là. Il prétend que "C'est dans cette lente succession des choses qu'il [le lecteur] verra la solution d'une infinité de porblêmes de morale et de Politique que les Philosophes ne peuvent résoudre", mais ce portrait de l'homme naturel et l'histoire hypothétique de sa corruption semblent finalement assez vains et inconséquents. Les seules choses évoquées qui m'ont semblé vraiment intéressantes, et qui ne sont pas creusées ici, sont la manière dont le Contrat social s'est formé et l'aliénation dont nous sommes victimes aujourd'hui. Pour ce qui traite de la genèse des langues ou de l'apparition du sentiment amoureux (la misogynie de Rousseau est assez exquise, reconnaissons-lui cela), les arguments sont peu convaincants
Le Déserteur (1973)
et autres récits
Sortie : 17 octobre 1973 (France). Recueil de nouvelles
livre de Jean Giono
fluens a mis 7/10.
Annotation :
09/03
J'ai du mal à voir pourquoi ces quatre récits vont ensemble, donc je vais plutôt en parler comme si rien d'autre que les besoins de l'édition ne les reliaient.
Le Déserteur est un très beau récit. On suit le parcours d'un personnage mystérieux qui sort tout éberlué des forêts. Pour s'en rapprocher le plus, Giono va alterner les narrations, se faisant tour à tour enquêteur, biographe, hagiographe, narrateur, villageois du village dans lequel ce déserteur a atterri, mais va toujours garder une certaine distance avec ce personnage, pour laisser au mystère toute son épaisseur. En suivant le chemin de ce déserteur, on parcours des kilomètres au travers des Alpes jusqu'à Nendaz.
Dans la Pierre, Giono nous parle de la pierre comme un être, d'en faire un être dont nous ne pouvons comprendre la vie, enfermés dans nos durées qui ne correspondent pas aux leurs. Ou encore la puissance évocatrice de la Pierre, avec ce lion devant ce temple. L'évocation des instructions nautiques aussi était très intéressante.
On croirait lire un genre de récit bucolique dans Arcadie... Arcadie; d'ailleurs Giono mentionne Virgile au début. C'est émouvant, ces huiles d'olives qui aujourd'hui n'existent plus, avec tout le processus de leur création, enfin leur goût particulier, qu'aujourd'hui on ne soupçonne plus vraiment, car on en vient presque à penser que l'huile d'olive n'a jamais eu qu'un seul goût. Le rythme de vie de ces fainéants aussi fait rêver, un pays qui fait goûter le bonheur.
Enfin Le grand théâtre m'a laissé plus perplexe. Ce récit métaphysique du père de Giono sur l'Apocalypse parsemé de références bibliques, sans-doute ai-je du passer à côté car bien que j'ai trouvé intéressante la vie hypothétique de cet Eugène sourd et muet qui vit enfermé en lui-même, les poncifs sur la lumière des étoiles m'ont un peu ennuyé (enfin, encore une fois, j'ai pu passer à côté); pour ce qui est de la conjugaison des nombres, je ne suis pas sûr d'avoir bien saisi non plus.
Cent ans de solitude (1967)
Cien años de soledad
Sortie : 1968 (France). Roman
livre de Gabriel García Márquez
fluens a mis 6/10.
Annotation :
15/03
La première moitié se lit avec passion et dégorge de passion, fourmille d'idées qui semblent se presser au sein des pages (je suis encore impressionné quand je repense à l'épisode de la peste qui ne dure pas plus de 10 pages). La plupart des personnages devenus vieux cependant, les premières et secondes générations ayant fait leur temps, les décors et les caractères cessent d'être aussi colorés, et ce qui m'avait retenu haletant au début avait disparu, jusqu'aux dernières pages du moins, qui sont absolument magnifiques.
Race et histoire (1952)
Sortie : 1952 (France). Essai, Culture & société
livre de Claude Lévi-Strauss
fluens a mis 5/10.
Annotation :
16/03
Je n'ai pas grand chose à redire au livre en réalité; c'est on ne peut plus clair (excepté peut-être cette histoire de joueur à la fin, enfin, je pense avoir globalement saisi), c'est concis et ça atteint les objectifs que ça s'est donné: réfuter l'évolutionnisme culturel. Mais je crois que c'est précisément ce qui fait que le livre ne m'a pas passionné, car déjà avant de lire le livre je ne croyais pas tant au mythe de l'exception occidentale, qui serait la civilisation constituée d'êtres supérieurs, etc. Ce livre, une brochure faite sous la demande de l'UNESCO, se borne tout de même assez largement à ça, et donc ne va pas plus loin dans la développement de ses théories. Sans doute pour une entrée en matière ce n'est pas trop mal. Enfin, je n'ai pas prévu de lire plus de Lévi-Strauss pour l'instant, je resterai donc sur ma faim un petit moment.
Retour à Reims (2009)
Sortie : septembre 2009. Essai
livre de Didier Eribon
fluens a mis 5/10.
Annotation :
17/03
Je suis assez gêné de mettre une note aussi basse à ce livre; déjà car c'est un livre que je pourrais sans aucun doute recommander, le savoir qui y est contenu est en large partie essentiel, et c'est écrit sans ambage, avec des références aux évènements vécus et à la sociologie qui les analyse. Ce que je regrette cependant, c'est que ce livre n'ait, j'ai trouvé, aucune colonne vertébrale. On a d'un côté l'aspect scientifique du texte, avec les références aux grands auteurs (Bourdieu, Sartre et Foucault principalement), et d'un autre côté l'aspect biographique, où il relate sa vie de jeune homosexuel dans un milieu ouvrier homophobe. Le livre n'est pas un ouvrage scientifique ni n'a pas vocation à l'être, mais ce n'est pas un ouvrage littéraire non plus, et la prose sans relief et sans éclat d'Eribon nous le rappelle à chaque ligne. Tout cela fait qu'on lit un ouvrage sans vrai plaisir, et sans vraiment apprendre, ou alors que des bribes qui mériteraient d'être plus amplement développées. On ressent néanmoins beaucoup de sympathie pour l'auteur à la lecture, et l'on pourrait tout à fait penser que ce livre soit, pour certains, d'une immense utilité. Pas pour moi malheureusement.
Le Voleur (1897)
Sortie : 1897 (France). Roman
livre de Georges Darien
fluens a mis 9/10.
Annotation :
19/03
Quelle fougue! Darien attaque ses contemporains sans trêves, n'épargne personne, pas même lui; il montre la boue dans laquelle tout le monde, de son propre fait, est plongé jusqu'aux épaules, comment chacun se roule dans la fange dont personne n'a pas le courage de sortir. Et pourtant! on sent tout au long du livre des sentiments réellement nobles, d'une noblesse inattaquable au fond de cette pissotière, qu'on retrouve même dans ses personnages les plus abjects; seulement, ils ne restent jamais qu'en suspension... Je vais laisser la parole à Darien directement, car je ne saurais mieux que lui-même donner envie de lire ce livre:
"En attendant, je vais écrire l'histoire d'un homme qui a les doigts crochus et qui ne se lamente pas trop - peut-être parce qu'il n'a pas à se plaindre, après tout. - Cette histoire-là, le lecteur superficiel croira que c'est simplement une autobiographie factice, un passe-temps de littérateur cynique. Mais ceux qui savent voir, qui savent sentir, ne s'y tromperont pas; ils comprendront que c'est vrai, que c'est vécu comme on dit; que la main qui fait crier la plume sur le papier a fait craquer sous une pince le chambranle des portes et les serrures des coffres-forts"
Et cette fin, quel crève-coeur...
L'Homme sans qualités, tome 1 (1930)
Der Mann ohne Eigenschaften
Sortie : 1957 (France). Roman
livre de Robert Musil
fluens a mis 9/10.
Annotation :
22/03
(enfin celui-là plutôt décembre 2022)
C'est un livre énigmatique, avec des fulgurances intellectuelles, comiques (le passage de Stumm dans la bibliothèque doit être un des passage les plus drôle qui m'ait jamais été donné de lire), et poétiques - celles-ci qui semblent, pour quelque raison, souvent être négligées. Ceci dit, le livre est d'une telle densité que l'on sent qu'une première lecture, aussi lente soit-elle, ne pourra pas dévoiler toutes les lumières de l'oeuvre. Certains éléments certainement ont dû m'échapper; l'utilité du rapport de Soliman avec Rachel, qui sert de reflet à celui d'Arnheim avec Diotime me laisse perplexe notamment (on notera que cette indulgence est peut-être due au reste brillant de l'oeuvre, mais peut-être aussi à un peu d'intimidation qui m'empêcherait de dire que l'un des plus grand roman du XXe contiendrait des intrigues dispensables).
Je me rends compte qu'il m'est bien difficile de parler de cette oeuvre. Elle est, au travers de ses personnages, en recherche permanente de vérité, mais ne la trouve jamais que dispersée et contradictoire; elle cherche aussi la justice, mais ne peut se décider entre un "et" ou un "ou" dans un article à insérer dans le code civile; enfin elle cherche aussi comment vivre, semble voir cette question incarnée dans tous les éléments de la vie, mais toujours celle-ci en déborde aussi.
Sur ce qui m'a beaucoup marqué durant cette première lecture aussi, il y a l'idée de la facilité qu'il y a à se procurer une bonne conscience en cette époque industrielle.
Certainement je le relirai un jour, et même pas peut-être dans si longtemps.
L'Homme sans qualités, tome 2 (1932)
Der Mann ohne Eigenschaften
Sortie : 1958 (France). Roman
livre de Robert Musil
fluens a mis 9/10.
Annotation :
22/03
Il me reste encore des ébauches à lire, mais je crois avoir lu le gros, ce qui me reste semble difficilement appréciable d'un point de vue littéraire. Enfin bon peut-être que par dépit j'irai jusqu'à la dernière page. Je crois que j'ai rarement été autant frustré, on sent que tant n'a pas été dit encore...
Surtout que ce second tome est encore meilleur que le premier à mon goût: l'introduction du personnage d'Agathe permet à Ulrich, retrouvant son amour-propre, d'entretenir des conversations sans cette retenue dont il faisait toujours preuve au long de la première partie, faute d'interlocuteurs idoines.
Procès ou Création (1989)
Une introduction à la pensée des lettrés chinois
Sortie : 1 mars 1989. Essai
livre de François Jullien
fluens a mis 5/10.
Annotation :
Avril
Lu jusque environ la moitié
On est un peu perdu quand on aborde l'univers littéraire et philosophique Chinois pour la première fois; j'avais essayé de lire Zhuang Zi directement et ce fût un échec complet, et c'est pour cela que j'ai essayé d'aborder tout cela par des sinologues. Jullien ne m'a pas été d'une grande aide. Je sens que si je retournais à Zhuang Zi je ne comprendrais pas beaucoup plus. Comme introduction c'est un peu un raté, enfin ça a des points positifs mais ça n'a rien d'une introduction.
Contre François Jullien
Sortie : avril 2006 (France). Essai
livre de Jean-François Billeter
fluens a mis 8/10.
Annotation :
Avril
Ca remet bien en perspective après Jullien, et ça éclaire surtout. Sans aucun doute, c'est par là que je préfèrerai aborder la sinologie. Il est sévère, mais ça semble tout à fait mérité. Lecture nécessaire à quiconque aime Jullien je pense, ne serait-ce que pour comprendre ce que celui-ci ne dit pas.
Notes sur Tchouang-Tseu et la philosophie
Sortie : 7 octobre 2010 (France). Essai
livre de Jean-François Billeter
fluens a mis 8/10.
Annotation :
Avril
Bon je pensais lire les leçons mais je me suis gouré à la bibliothèque. Ce fût une heureuse erreur, car c'est tout à fait passionnant, et j'ai même l'impression que ça m'a préparé à la lecture des leçons: Billeter décrit les problèmes de traduction qu'il s'est posé et comment il les a résolus, aussi les différentes lectures que font du même livre l'auditorat chinois et européen. Sans doute j'y reviendrai après les avoir lus.
Mangeclous (1938)
Sortie : 1938 (France). Roman
livre de Albert Cohen
fluens a mis 5/10.
Annotation :
Avril
Arrêté cent pages avant la fin
C'est dommage, j'aime beaucoup Cohen pourtant, ses personnages pittoresques et sa bienveillance à leur égard malgré leurs vices évidents. Mais là tout de même, par moment ça traîne beaucoup trop, le ramassis de mensonges à n'en plus finir du marseillais par exemple. Quelques belles pages mais aussi d'autres qui usent.
Le Musée imaginaire (1947)
Sortie : 1 février 1947 (France). Essai
livre de André Malraux
fluens a mis 3/10.
Annotation :
Mai
J'ai franchement trouvé que l'écriture était d'un maniérisme affreux. Ajoutez à ça tout le name dropping que vous pouvez mettre, une théorie finalement pas très convaincante, et voilà, on
Recherches philosophiques
Philosophische Untersuchungen
Sortie : 1953 (France). Essai, Philosophie
livre de Ludwig Wittgenstein
fluens a mis 9/10.
Annotation :
Mai
C'est dur à digérer, puis il faut sans cesse le reprendre si l'on veut le comprendre. Je ne m'y retrouve pas quand je lis Wittgenstein.
Edit: C'est surtout avec en laissant du temps passer que j'arrive à comprendre Wittgenstein. Les paragraphes qui traitent de comment suivre une règle seront ceux qui m'auront le plus marqué j'ai bien l'impression.