Cover 2023, "brief glimpses of beauty"

2023, "brief glimpses of beauty"

Comme d'hab, suivre la voie ouverte par l'objectif, par la caméra ; ne jamais finir ce qu'on a commencé - voir des films, voir d'autres films.
(en mire : retrouver du Bergman, Minelli, Mekas bien sûr, Kiarostami toujours, puis là où l'on sera mené : le bout des yeux)

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27 films

créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a 11 mois
Close-Up
7.9

Close-Up (1990)

Nema-ye Nazdik

1 h 38 min. Sortie : 30 octobre 1991 (France). Drame

Film de Abbas Kiarostami

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

15 janvier 2023
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Plaisir évident des jeux de double-lecture, l'acteur-faux réalisateur avançant son souhait de création, de participer à ce jeu de créer quelque chose de grand ici-bas, et le vrai réalisateur transformant le faux en vrai et vice-versa, la séquence du vrai jugement en extrait du film, et faisant du faux réalisateur la vraie "star" du film, lui donnant toute latitude d'expliquer ses propos et son idée confuse, offrant un corps, une pellicule où elle prend une forme nouvelle. Bref, Kiarostami brouille les frontières entre le film et le documentaire, réinvente l'arrestation d'Hossein Sabzian, permet le déroulé d'une parole plus vraie que véritable, redonne à écouter ce qui pouvait passer inaperçu. Pouvoir du cinéma donc, par l'invention et la création, de toute pièce, aboutir à façonner le sentiment véritable, l'émotion profonde, parler cette langue nouvelle qui atteint un bout d'inexprimable. Deux séances, forcément toute la "promenade" au scooter et aux fleurs, à la fin, mais aussi Sabzian-réalisateur chez la famille aristocratique, son arrestation déjà vue au début du film redécouverte sous ce nouvel angle intérieur, tout aussi "faussaire" que le premier.

"Quand je suis déprimé et envahi de troubles, je ressens le besoin d'exprimer l'angoisse de mon âme, les tristes expériences de ma vie dont personne ne veut entendre parler. Et puis je rencontre un homme bon qui montre toutes mes souffrances dans ses films et qui me donne envie de les voir et de les revoir toujours. Un homme qui ose montrer les gens qui jouent avec la vie des autres les riches insouciants des simples besoins des pauvres qui sont principalement matériels."

Tirailleurs
5.7

Tirailleurs (2022)

1 h 40 min. Sortie : 4 janvier 2023. Drame, Guerre, Historique

Film de Mathieu Vadepied

Rainure a mis 3/10.

Annotation :

21 janvier 2023
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Omar Sy tient "son" film de guerre (balles qui filent à ras-les-crânes, prises de bunkers, précipitations des corps, bas instincts réveillés, tout le monde il est moche), héroïsé jusque la mort, présence qui ne veut jamais se défaire tout du long - tout autre acteur est relégué, oublié, vide. Film sans autre vertu que servir d'aide-mémoire sur le sordide de l'emploi de ces tirailleurs (la séance d'ouverture, l'enlèvement brutal et à l'aveugle, reste sans doute ce qu'il y a de mieux dans tout le film).

Sonate d'automne
7.9

Sonate d'automne (1978)

Höstsonaten

1 h 37 min. Sortie : 11 octobre 1978 (France). Drame

Film de Ingmar Bergman

Rainure a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

23 janvier 2023 (revu)
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Pas le choc de la première fois vue, malgré évidemment toujours cette crispation qui me vient à force de cris, d'horreurs jetées aux visages, de haine de boyaux qui ne sort qu'avec le retour, l'alcool, la nuit qui n'en finit pas. Presque même un plaisir malsain à voir la mère et la fille crever enfin un abcès qu'on se susurrait que le temps soignerait peut-être, qu'on pardonnerait tout, qu'après tout on serait la fille... la mère... Rien de tout ça, donc : Ingmar Bergman n'a pas de confiance aveugle dans les liens familiaux, ne se fait pas d'illusions quand au repoussoir absolu que peut être le lien de parenté pour cette mère, bien trop préoccupée par ses propres passions, son talent, son art, tout ce vers quoi elle se construit pour même prêter le moindre temps à sa famille ; quand au mal que ça peut faire à une fille, de ne pas savoir ce qu'il faut faire pour satisfaire cette mère qui ne la voulait évidemment pas, s'enfermer dans un carcan de supposée perfection qu'on lui projette, de préjugés et de mal-être, se détester pour tenter d'être aimé rien qu'un peu, qu'un geste d'attention. Bien sûr, non - la parenté ne fait pas se comprendre magiquement deux êtres, rien n'est fait dans ce sens et tout s'effondre (l'affreuse première histoire d'amour de la fille, son enfant qu'on lui fait avorter de force alors que la mère décrète son homme indigne d'amour, toute une obstination doublée du criant manque d'empathie). C'est verbeux au dégoût, violent dans la façon dont ce ressentiment prend corps dans la sœur malade et alitée, rampant et criant sans se faire comprendre, faisant à son tour crier les autres, et d'autant plus violent que tout prend scène dans l'écrin bourgeois lustré, soyeux, boisé (les éclairages blancs, rouges, royaux ; les scènes du passé tirées droit de chez Vermeer).

Scènes de la vie conjugale
7.9

Scènes de la vie conjugale (1974)

Scener ur ett äktenskap

2 h 49 min. Sortie : 22 janvier 1975 (France). Drame

Film de Ingmar Bergman

Rainure a mis 9/10.

Annotation :

28 janvier 2023
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Plus fort encore que Sonate d'Automne dans sa dissection des rôles et attendus des genres, des sentiments d'affections - ou du moins, frappant cette fois la cellule du couple nucléaire et non plus la cellule parentale.
Dans cette observation des diktats, il y a la scène d'ouverture en ce sens qui d'emblée frappe : alors qu'on demande à Johan, puis à Marianne, de parler de leurs qualités ou de leurs défauts, Johan parle longuement, expose ce qu'on lui trouve, émotions, intelligence, créativité, talents, puis quand vient son tour, Marianne hésite, doute, ne trouve sur le coup à dire rien d'autre qu'elle est la femme de son mari, la mère de ses enfants, etc. Dans un cadre encore plus restreint qu'auparavant - deux personnages ou presque, les autres n'apparaissant que rapidement - des huis-clos quasiment tout le temps - il n'y a plus que Johan et Marianne, leurs échanges, larmes et troubles, qui guident au travers des épisodes, avec toujours cette abondance du sentiment, du pointage du doigt dans l'engrenage de tout ce qui fait clocher un mécanisme du couple loin d'être bien rodé - inégal, violent et pervers, inhibiteur de liberté et de plaisir - et qui explose par bien des fois, d'abord dans une première altercation extérieure (le couple ami qui sous les effets de l'alcool, du bon mot qui finit par tourner au pugilat oral, fini par faire tout pour que tout soit fini), puis par à-coups, doutes et envies supérieures, regrets et restes de tendresse - avec une tentative de tendresse et de pardon de Johan et Marianne plus comme vieux amis que comme amoureux, déçus par leur propre nature et le destin, par le peu que ça peut bien être la vie selon comment on l'attaque.

Fanny et Alexandre
8.1

Fanny et Alexandre (1982)

Fanny och Alexander

3 h 08 min. Sortie : 9 mars 1983 (France). Drame

Film de Ingmar Bergman

Rainure a mis 9/10.

Annotation :

05 et 12 février 2023 (version longue, vu en deux fois)
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Le plus grand Bergman ? Ne nous amusons pas à en dégager forcément un seul, mais il faut reconnaître la grandeur sur quasi tous les aspects de Fanny et Alexandre, toute la synthèse élaborée de multiples thèmes déjà explorés par le passé dans d’autres de ses films. Forcément, quand je l’avais vu pour la première fois, c’était mon premier film de Bergman ; sous la loupe d’un bon bout de sa filmographie, et dans sa version complète, le film gagne encore en saveur et en surprises (comment réutiliser quelque chose de déjà fait, mais d’une autre manière ; comment ne pas créer la redite, l’ennui, encore faire vibrer toute cette troupe d’acteurs). Film-somme, donc, avec de grands moments bavards captivants comme Bergman sait faire (l’échange entre les deux oncles et le beau-père, à la limite de l’empoignement après chaque mot, les mots jetés comme des épées aux yeux) ; avec l’étonnement-enfant magnifique, façon Incompris, où le surnaturel (la vision de la Mort, puis des morts, des statues qui se mettent à bouger) se mêle le plus simplement du monde au naturel (de grandes fièvres, pleines de douleurs et de suées). J’aime énormément l’espèce d’angle très physique, corporel, que choisit Bergman dans certaines situations ici : la grande farandole joyeuse de Noël, qui se déforme et se reforme, se rompt pour laisser les personnes les plus âgées, les plus malades, tousser sur le côté, les plus entreprenantes s’emporter à faire l’amour de manière emportée, l’alcool mauvais poussant l’autre oncle à hurler toute sa haine à sa femme. Tant d’autres bouts captivants, nostalgiques aussi – la lanterne magique, le petit théâtre de la tête d’Alexandre (pourquoi d’ailleurs Fanny et Alexandre ? On ne parle presque pas d’elle, au final – bien plus de sa mère), le grand théâtre du père qui perd de prestance, ou encore la fabuleuse « caverne d’Ali Baba » du négociant juif, accumulant bricoles et antiquités, aux milieux desquelles un Dieu-marionnette de pacotille s’emporte et effraie. Film débordant d’intentions et n’en faisant jamais trop, opulent sur tous les plans (les repas immenses servis par une poignée de serviteurs dans une grande maison ultrabourgeoise, la nudité de même immense et effrayante de la demeure rude du pasteur, la grande troupe d’acteurs qui a le temps de prendre parole et force à l’image). Enfin donc, un film toujours aussi fascinant maintenant, voire plus, que la première fois – et vivement une troisième

Persona
8

Persona (1966)

1 h 24 min. Sortie : 21 décembre 1966 (France). Drame

Film de Ingmar Bergman

Rainure a mis 9/10.

Annotation :

19 février 2023 (revu)
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Grands paysages de Faro, sorties, fuites de la maison en longs travellings superbes, et tout autant retenir les close-ups des visages qui viennent se fondre l’un dans l’autre, se confondre et se ressembler, jusqu’à l’imposture tout à fait. Sûrement le film le plus analysé chez Bergman, et de quoi : parmi les plus mémorables dialogues (l’orgie sur la plage, les révoltes, toutes ces confessions qui naissent à petit feu), les petites expérimentations comme redemander ce que fait un cinéaste, ce qu’ouvre une image, une vue, et plus simplement comment ancrer les personnages, les actions, dans le lieu, le faire vivre et nous y faire prendre part tout autant - requestionnement de ce qu'est donc créer et faire, aider à voir et faire voir.

De la vie des marionnettes
7.4

De la vie des marionnettes (1980)

Aus dem Leben der Marionetten

1 h 44 min. Sortie : 13 juillet 1980. Drame

Film de Ingmar Bergman

Rainure a mis 6/10.

Annotation :

26 février 2023
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Trop freudien, trop porté sur la psychanalyse, pour moi (quelques dialogues imbuvables et blablabla l'homosexualité refoulée), mais tout un panel de scènes formellement captivantes (jamais je n'aurai cru voir chez Bergman un corps filmé comme ça, autant chair - les scènes dans le peep show), et parmi tout ça toujours le brio de certains énervements soudains chez les personnages Bergmaniens. Avec ça, l'allemand, les couleurs rouges flash du départ, l'espèce de laideur baroque, on retrouverait peut-être une inspiration Fassbinder tiens ? Mais on est bien chez Bergman, donc ça cause et ça cause.

Woman at War
7.2

Woman at War (2018)

Kona fer í stríð

1 h 40 min. Sortie : 4 juillet 2018. Comédie, Drame, Policier

Film de Benedikt Erlingsson

Rainure a mis 5/10.

Annotation :

05 mars 2023
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Complète inconséquence des films se voulant mi-sérieux mi-drôles, engagés sans être politiques, mélangeant sans ménagement et subtilité le thriller et l’aventure de grands paysages et de courses-poursuites. Jamais de véritable enjeu donc, et le genre de tendresse de façade qui ne me tire qu’une moue snob.

Dalva
7.1

Dalva (2022)

1 h 25 min. Sortie : 22 mars 2023 (France). Drame

Film de Emmanuelle Nicot

Rainure a mis 7/10.

Annotation :

10 avril 2023
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Habileté et à-peu-près finesse à traiter le sujet très périlleux de l’inceste « consenti » qui ne l’est jamais vraiment entre une fille adolescente, qui croit aimer d’amour son père, et ce dernier, en arrière-plan repoussant de toute la première partie du film. Travail autour du trauma et ce qu’il laisse derrière lui, marques physiques, habitudes perverties et longue rééducation à pouvoir s’aimer et évoluer à peu près convenablement, réapprendre les distances, ce qui peut faire du mal, et à n’être plus l’objet, la poupée de quelqu’un (la séance terrifiante où Dalva s’habille comme son père lui a appris, c’est-à-dire comme sa mère quand elle était jeune, tout rouge à lèvre et talons pour être revu comme cet objet de désir que le père a forgé ; la scène-contraire de découpe des cheveux, de choix de vêtements). Surtout pour l’entraide belle des résidents de la maison de… (de quoi, redressement?), moins pour les moments où plutôt que laisser le son de ce qui se passe – l’écoute et le partage de morceaux de musique entre jeunes, silences éventuels – la bande-son se fait très pesante et étouffante, distanciant de toute empathie (en plus dans de gros sabots néoclassiques-chiants).

Allemagne année zéro
7.6

Allemagne année zéro (1948)

Germania anno zero

1 h 18 min. Sortie : 2 février 1949 (France). Drame, Guerre

Film de Roberto Rossellini

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

22 avril 2023
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Avis pour de rire : les Quatre Cents Coups mais version doomer.
Pénible et rigoureux film (volonté documentaire?) faisant découvrir un Berlin ruineux et dangereux, ébranlé, d’après guerre où toute nourriture, tout confort sommaire se monnaie à prix fou tellement c’est la merde ; où tout semble désespéré, et les quelques gestes qui tentent d’apporter un réconfort semblent vides de sens, d’efficacité (même tuer quelqu’un par compassion tombe mal, échoue à parvenir à son but premier). Donc suivre, et suivre, l’innocence perdue d’un enfant qui se fait blackbouler et ne peut que souffrir de la situation affreuse, où plus personne ne sera de confiance, et tout le monde cherche à se servir de tout le monde.

Miss Oyu
7.3

Miss Oyu (1951)

Oyû-sama

1 h 35 min. Sortie : 16 mars 2016 (France). Drame

Film de Kenji Mizoguchi

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

01 juin 2023
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La rigidité des corps écrasés par les conventions sociales-carcans, épuisantes et fragilisantes, doublé de la lâcheté complète de Shinnosuke qui laisse tout aller sur lui sans jamais agir, uniquement se ployer et se taire, errer la tête basse. Malgré toute la tendresse réelle que chacun des trois personnages principaux peut avoir l'un envers l'autre, aucun ne sait franchement saisir un véritable bonheur - Shizu dans un rôle complètement sacrificiel, qui ne se permet même pas jamais de contempler le bonheur (plutôt, perdre son regard dans le lac qui vient accueillir la tristesse), Oyu qui pense parvenir à conserver la gentillesse de "sœur" qu'elle peut avoir avec Shinnosuke sans connaître le pacte de "faux" mariage de Shizu, et multiplie les situations mettant à mal le "faux" couple, et Shinnosuke qui ne sait rien résoudre, n'ose rien faire même quand enfin il pourrait agir, même malgré les prières de Shizu qui devine bien ses sentiments réels et le pousse à les suivre (terriblement triste Shizu), rien, le carcan, les mariages arrangées, persistent et ruinent l'amour éprouvé, ne laissent qu'une maigre et tendre espérance en un dernier enfant.
(des images qui captivent dans tout ça : les différentes convalescences, les prises de dos devant les miroirs d'eau, la disparition dans les joncs)

Rendez-vous
8.2

Rendez-vous (1940)

The Shop Around the Corner

1 h 39 min. Sortie : 12 août 1945 (France). Comédie romantique

Film de Ernst Lubitsch

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

05 juin 2023
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De la même manière que « To be or not to be », Lubitsch tire quasi-toujours juste : rythmique effrénée des dialogues et des situations, complicité du public qui sait toujours de quoi il en retourne quand un personnage se trompe, dialogues fine-mouche qui trouve à rebondir et à faire rire encore plus qu’on aurait cru, excellence du dispositif très simple de la quasi-unité de lieu et des entrées – sorties très théâtrales, actes et scènes, didascalies et caractères présumables et dont on aime se jouer. On simplifie peut-être à outrance quelques situations (le manquement moral absolu du personnage principal qui sait la vérité depuis très longtemps, et plutôt que de l’avouer, préfère en jouer et en manipuler son amoureuse qui en tombera directement dans ses bras), tout est toujours bien qui fini bien (les « profiteurs » sont virés, les personnages honorables récompensés), et pourtant on en redemande tant c’est fait au diapason, nec plus ultra.

La Rue de la honte
7.7

La Rue de la honte (1956)

Akasen Chitai

1 h 27 min. Sortie : 13 mai 2015 (France). Drame

Film de Kenji Mizoguchi

Rainure a mis 7/10.

Annotation :

11 juin 2023
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Modernité de la laideur kitch dès le départ, avec d’abord la stridence de synthétiseurs aigus tristes et effrayants, les néons et les plâtres de bordel qui remplissent l’écran – avant même de rencontrer les divers personnages, et la honte que ces femmes transportent malgré elle, qu’on leur fout à la gueule, et comment l’argent et les dettes fausse toutes les relations humaines, conduit à tout accepter, tout prendre sur soi, promettre dans le vide, se ruiner pour, ou même fuir et revenir. Le motif d’une potentielle interdiction de la prostitution revient alors, à plusieurs reprise, de manière à ce que le patron du bordel rappelle bien que c’est « grâce à lui » (lui, qui domine les prostituées et finalement « possède » leur corps) qu’elles gagnent leur pain – quand l’une répond qu’elle gagnerait quand même sans patron en faisant le trottoir. Toute une fabrique de la beauté également – une compétition sans limite, où il faut ramener la fille la plus jeune possible, sur-maquiller, obéir, apprendre à alpaguer le plus violemment possible, et mettre au rebut celles qui ne ramènent plus rien. Ne reste que pour tout soutien la sororité des prostituées partageant leur travail, leurs discussions et leurs cadeaux entre-elles, leurs avances d’argent, alors que même les relations familiales sont viciées par la honte qu’on a fait peser sur le métier, fils et pères qui ne veulent plus voir leur mère, leur fille.

Asteroid City
6.2

Asteroid City (2023)

1 h 44 min. Sortie : 21 juin 2023 (France). Comédie dramatique, Science-fiction

Film de Wes Anderson

Rainure a mis 6/10.

Annotation :

02 juillet 2023
---
Trop de fascination du modélisme, et plus assez de hors-jeu - des espoirs de trouées, ici ou là, en assumant sa méta, son formatage au poil, au piquet près : inauguration en montrant l'envers du décor, tout ce qui sous-tends ce "théâtre" du film, le choix de décors, d'acteurs, l'histoire chapitrée et déjà toute tracée, rebonds compris.
Restent alors quelques "failles dans le système Anderson" je crois me rappeler avoir lu chez Critikat - la sortie hors-cratère laissant place au bel échange entre deux acteurs/humains hors de leur carcasse déguisée et liée à ses placements, ses didascalies, ses tons à prendre ; la belle scène d'échange entre l'actrice jouant son rôle qui joue à son tour sa mort, et qui reprend voix à travers son texte et le personnage qui intervient, "voix off" interne qui tend un peu la toile, les regards, l'aventure. Le reste est donc rodé, calé au millimètre comme d'hab, pour quelques gags Keatoniens habituels et plus ou moins efficaces, Steve Carrell qui me fait rire malgré lui, et la bulle - l'apparition d'un point vert quand on ne l'attend pas, élément perturbateur qui ne change au final rien. Donc un peu de lassitude.

Désordres
7.4

Désordres (2022)

Unrueh

1 h 34 min. Sortie : 12 avril 2023 (France). Drame

Film de Cyril Schäublin

Rainure a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

19 juillet 2023
---
Forces du décadrage, du flou, de l'arrière-plan - découpler la personne qui va parler et ce sur quoi l'image peut se concentrer, placer le temps écoulé au centre de tout, avec son poids partout (l'écart entre les différentes horloges, la mesure de la rapidité, de la performance, de l'habileté à vite monter un cadran, la triche en ralentissant pour que tous les ouvriers s'y retrouvent). Film d'une grande souplesse, en marches et en petit rythme de vie, de votes et de déséquilibres entre les forces du patronat et celles des ouvriers qui s'assemblent et se syndiquent - le pouvoir policier qui maintient, ou essaie, l'anarchiste hors-cadre, hors photographie officielle, face aux images choisies qui s'échangent, aux portraits que se tirent les ouvriers contre quelques pièces, à la cartographie réappropriée des lieux par Bakounine. Deux, trois moments plus lourds, relativement verbeux ou peu subtil (explications de théories anarchistes, ou l'arrêt un peu forcé du dernier cadran malgré la beauté de la focale qui vient capturer le flou), mais surtout beaucoup de splendeur (les chants de lutte, les différentes langues qui s'interpolent et se répondent, les quelques rires du ridicule des policiers).

Les Algues vertes
6.4

Les Algues vertes (2023)

1 h 50 min. Sortie : 12 juillet 2023. Drame, Thriller

Film de Pierre Jolivet

Rainure a mis 4/10.

Annotation :

22 juillet 2023
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Tout juste bon pour saisir les enjeux du scandale d’État, l'immense Omerta qu'est cette affaire, mais ça ne dépasse jamais l'explication journalistique et romancée de la véritable enquête journalistique - gagnerait à mon sens à être un véritable documentaire, langues toutes déliées, que cette reproduction à coup d'effets thrillers et de révélations tirées du nez, avec la promesse "d'aimer la Bretagne" par ailleurs. Coups de tonnerre, morts rejouées : un peu la flemme, la bande-dessiné semblait déjà faire très bien le travail ré-abattu ici.

Interdit aux chiens et aux Italiens
7

Interdit aux chiens et aux Italiens (2022)

1 h 11 min. Sortie : 25 janvier 2023. Animation, Drame

Long-métrage d'animation de Alain Ughetto

Rainure a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

12 août 2023
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Très touchant (et terrible, petite boule au ventre) témoignage de la condition ouvrière italienne du début du XXème, et plus singulièrement de la vie personnelle intime d'une de ces familles là, couplé au dépoussiérage des archives et à une des plus belles utilisations de l'animation en stop-motion que j'ai pu voir, parvenir à recréer le souvenir, la discussion avec les grands-parents qu'on n'aura jamais connu vivants, avec la fantaisie, le rendre-compte des trucs et astuces utilisables en stop-motion (les brocolis pour arbres, les vaches-jouets, le carton des baraques), et en y rajoutant par instants de rares prises de vue réelles, mains du créateur tentant de recouvrer sa prime enfance et même avant, photos sépias du lot familial italien installé en France.

Barbie
5.9

Barbie (2023)

1 h 54 min. Sortie : 19 juillet 2023 (France). Aventure, Comédie, Fantastique

Film de Greta Gerwig

Rainure a mis 3/10.

Annotation :

18 août 2023
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Bête et laid, n’ose même pas être vraiment féministe, trop inoffensif en tout, même pas misandre juste pour rire un peu, ou très doucement, enrobé dans une grosse opération marketing. Surtout, même pas drôle, très rarement (l’explication cinéphile lourde), gros sabots partout sans jamais renverser d’ordre établi au final.

Moonrise Kingdom
7.6

Moonrise Kingdom (2012)

1 h 34 min. Sortie : 16 mai 2012 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Wes Anderson

Rainure a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

07 octobre 2023 (revu)
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Plaisir de retourner à des Wes Anderson avec un peu plus d’humain dedans après les films récents plus réflexifs, méta. Quelques permissivités d’ailleurs dans ce film-là qui échappent à la perfection mimétique et au cadrage jusqu’au-boutiste du réalisateur, quelques chaleurs qui s’échappent, quelques faux gestes qui font d’autant plus apprécier le chapitrage, la trajectoire filigranée, les palettes irrésistiblement publicitaires, les coups de longue-vue avec les zooms et symétries qui font toujours recette. Parmi mes favoris.

Le Garçon et le Héron
6.9

Le Garçon et le Héron (2023)

Kimitachi wa dô ikiru ka

2 h 04 min. Sortie : 1 novembre 2023 (France). Animation, Aventure, Drame

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki

Rainure a mis 6/10.

Annotation :

29 octobre 2023
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Toute une première partie qui m’obsède – le motif de l’incendie, son animation incroyable, jamais vu quelque chose de comme ça chez Miyazaki, puis plus largement pas mal de petits détails que je n’avais jamais vu chez lui : un personnage principal largement méchant, mal-aimable, le cisaillement du vol du héron (avant qu’il devienne un gimmick), l’attente du fils en haut de l’escalier, quelques domestiques. Puis beaucoup plus de doutes sur la seconde partie, touffue, très très dense en ce qu’elle accumule références aux propres films de Miyazaki, aux mystères et autres films qui l’habitent (Bocklin et son île en amer revenant régulièrement, les vertiges du château du Roi et l’Oiseau), place quelques pistes pour s’en éloigner : le jeu de construction qu’on nous laisse, l’héritage de se servir de ce qui a été bâti avant et en faire son jeu, sous la pierre en 3D curieuse, même monstrueuse dans le monde auquel on est habitué. Généralement plus fan quand il s’éloigne de la citation (des yokai qui font redite sans la force qu’ils auraient pris en infusant davantage le film – ils sont là un instant puis s’éloignent aussitôt), pour quelques scènes encore prenantes (l’accouchement derrière le rideau, quelques flammes qui reviennent, le vieux pélican mourant).

Bad Luck Banging or Loony Porn
6.4

Bad Luck Banging or Loony Porn (2021)

Babardeală cu bucluc sau porno balamuc

1 h 46 min. Sortie : 15 décembre 2021 (France). Comédie dramatique

Film de Radu Jude

Rainure a mis 7/10.

Annotation :

29 octobre 2023
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Assemblage sans hiérarchie d’un tas d’images – entre l’enquête historique et le fait divers moral plein d’hypocrisie contemporain, avec une très « belle » exploration de la ville moche, urbanisme marchand qui n’arrête jamais les travaux et fatigue en permanence, amalgamant les vieux héritages lourdaud et tours modernes sans âme de business, publicités criardes et vieux bâti mal défraîchi. Puis vient la deuxième partie très godardienne, l’enquête à proprement parler, la remise en contexte de la Roumanie historique, politique et sociale à travers statistiques, troubles filmés, sexualité embarrassante, conservatisme bêta. Un peu dommage pour le dernier tiers du film qui se perd en beaucoup plus d’explications, de blabla qui finit par tourner en rond (même si encore de quoi sourire jaune).
N’empêche, je ne m’attendais pas à l’enchaînement scène porno / Bobby Lapointe dès le début d’un film roumain.

Balaclava
6.3

Balaclava (2022)

07 min. Sortie : 21 mai 2022 (France). Animation

Court-métrage d'animation de Youri Orekhoff

Rainure a mis 5/10.

Annotation :

22 novembre 2023
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Entre le clip du remix de Perfume Genius par A.G Cook (banditisme queer) et les courts les plus fruités, acides, de Yuasa. J'aimerai bien un long dans ces couleurs folles, ces membres en ciseaux, mais là comme ça, ça ne me fait pas grand chose au final.

Bonjour
7.8

Bonjour (1959)

Ohayô

1 h 30 min. Sortie : 12 mai 1959 (Japon). Comédie

Film de Yasujirō Ozu

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

24 novembre 2023 (revu)
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Plus je vois Ozu plus j’aime Ozu, pour faire vite. Davantage sensible à l’extrême minutie de ses plans, les cadrages en boîte à chaussure de ses personnages, et la justesse des quelques dialogues, se moquer gentiment des conventions tout en en admettant le besoin (le lubrifiant des sentiments), la bonhommie de l’enfance, l’espèce d’imprudence naïve côtoyant la mesquinerie véritable, la rumeur qui prend vie de rien, les ragots et petites joies qui persistent. Film de pets inoffensifs et de mots qui n’expriment jamais le plus profond qu’ils pourraient.

Le mal n'existe pas
7

Le mal n'existe pas (2023)

Aku wa sonzai shinai

1 h 46 min. Sortie : 10 avril 2024. Drame

Film de Ryusuke Hamaguchi

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

03 décembre 2023
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Film-rhizome et brouillard, multipliant les pistes offertes, l’exploration des paysages et des psychés, immense aire extérieure où les branches se noient dans d’infinis blancs (véritables racines du ciel dans la lente, solennelle introduction du film), ne trouvent ni véritable début ni fin. Tout un bout se passera hors des gens, en pleine nature, écorces et eaux en premiers immenses plans, puis les personnages n’y seront que des invités, présences plus ou moins discrètes qui tant qu’elles respectent la nature peuvent y trouver place, semblent, même si un malaise persiste (les musiques se braquent d’un coup, chuintent ce qui semblait une montée en puissance inarrêtable).
Il y a tout un milieu bien plus corporel et tactile, où l’on retrouve ce qu’on avait vu dans Drive My Car visuellement, avec une scène hilarante de présentation de projet complètement inadapté au village, rêve déplacé d’urbain et d’expert qui souhaite surfer sur un profit palpable pour imposer un changement de paradigme à toute une commune qui ne peut que pointer du doigt l’inanité du lot ; c’est presque dégoûtant qu’on arrive à Tokyo et à se fondre dans le cercle purement capitaliste qui ne cherche qu’une façon de tirer profit de subventions disponibles, d’une potentielle opportunité.
Le retour beaucoup plus lent à la campagne, véritable trajet en voiture, offre un instant la perspective de retourner à la vie plus simple en apparence (le simple effort physique, le repas pour quelques personnes) – mais tout reste vicié, tortueux, les affects restent dans des brumes permanentes, taiseux, sous la neige.

Never Rarely Sometimes Always
6.9

Never Rarely Sometimes Always (2020)

1 h 35 min. Sortie : 19 août 2020 (France). Drame

Film de Eliza Hittman

Rainure a mis 7/10.

Annotation :

10 décembre 2023
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Film de non-mise en scène, matériel, logique (cause-fait-conséquence et ainsi de suite), explicatif sans se répandre en dialogues et en moraline, d’autant plus touchant dans les quelques manques de « logique » froide, quand des questions de peur, de honte, d’honneur même peut-être, d’embarras ressurgissent (belle séquence du « Never Rarely Sometimes Always », refus confus d’accepter de pouvoir dormir en lieu sûr, nécessité de l’extorsion d’argent à un jeune rencontré au hasard auquel on ne fait que mentir presque). Aussi, la belle musique de Julia Holter, Sharon Van Etten qui passe à l’écran et chante à la fin.

Ascenseur pour l'échafaud
7.4

Ascenseur pour l'échafaud (1958)

1 h 31 min. Sortie : 29 janvier 1958. Policier, Drame, Thriller

Film de Louis Malle

Rainure a mis 5/10.

Annotation :

11 décembre 2023
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N’est jamais venue la scène que je croyais voir dans ce film, d’un Miles Davis qui trompetterait dans un clair-obscur dont il se dégagerait largement. Il y avait son très bon accompagnement musical tout de même, pour les scènes tendues dans le-dit ascenseur (de très loin mes préférées du film, avec l’assassinat d’ouverture – le rien-faire, s’impatienter, tirer sur tout et bricoler), et l’errance de Jeanne Moreau entre des bars et des bars dans Paris. Le reste, la résolution, tout s’étale et s’éternise et me perd, les péripéties des voleurs de voiture ne sont jamais passionnantes surtout, la tension de l’ascenseur s’estompe pour l’attente juste que ça se termine, tout ça.

Rebelles
6.1

Rebelles (2019)

1 h 27 min. Sortie : 13 mars 2019. Comédie, Gangster

Film de Allan Mauduit

Rainure a mis 5/10.

Annotation :

27 décembre 2023
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Rainure

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