2023, collines résonantes

Annotation :

L’écrasant mélange entre brutalité des samples-collages épars qui s’immiscent en un grand patchwork et égotrip cherchant ses propres lumières, ses propres respirations, avec tous les doutes qu’il soutient. Première moitié magistrale notamment – On Sight , I Am a God, New Slaves / Hold my Liquor, s’acharner, hurler, laisser paraître quelques cordes sensibles entre les flows droits et solides. Des basses qui vrombissent et ne font que ça, des paroles qui s’emmêlent et se répètent, répondent aux samples détournés de leurs premiers sens, bâtir toute une légende pour n’être qu’un homme à la recherche d’un amour sûr. Bref, voir ce que Kanye West aurait d’autre à dire maintenant.

I am a God : https://www.youtube.com/watch?v=KuQoQgL63Xo
Hold my Liquor : https://www.youtube.com/watch?v=bvBfiRWLj_0
Blood on the Leaves : https://www.youtube.com/watch?v=KEA0btSNkpw

Annotation :

Toute une mathématique créative qu’on retrouvera chez (en quelque sorte) The Field plus tard – épuisante inventivité House de ce vieil album que je n’aurai jamais cru entendre : rentrer en transe des années avant tout un monde cher de la techno minimale. Après tout, peut-être que toutes les ressources étaient déjà là, dans les musiques psychédéliques et répétitives – épuiser un accord et un rythme, le faire mentir petit à petit, triturer une mélodie jusqu’à ce qu’elle devienne autre chose, approche bergsonienne de la musique (l’instant après l’instant n’est plus le même instant) fascinante, dévoiler encore et encore à creuser dans une même veine (ou : observer encore et encore les facettes d’un diamant parfait, n’en cessant pas d’inventer ses propres couleurs, ses propres formes). L’illustration parfaite, aussi : par la même entame, la plus évidente, la plus habituelle, arriver à une quasi-infinité de situations possibles, dans lesquelles ne reste plus qu’à évoluer vers ce qui nous conviendra alors au mieux.

Album entier : https://www.youtube.com/watch?v=ys0HyevZpQg

Annotation :

Mon Daniel Lopatin favori se trouve sans doute dans les longs arpèges et plans de Good Time, qui viennent perturber leurs transes et nappes réflexives en tranchant par grands à-coups de guitares kitchs, surgissant de vieilles BO de dessins animés des années 80.
Il y a un peu de ça dans Garden of Delete : un jeu de perturbation, de torture du son (Ezra et sa routine simple qui vient s’exciter d’un coup sous un déluge électronique en exemple d’entrée de jeu). Quelques partis pris comme ça : broyer les sons jusqu’au grotesque qui vient exploser sur la base plus carrée, souple ; simuler des hurlements et des dérobades, siffler aux oreilles fort puis plus fort encore : de la craie sur un tableau au noir intense, qui vient griffonner quelque chose qui semble aléatoire, puis prend avec le temps forme, symbolisme, puissance. Glitchs virant au dub par-là (Mutant Standard), tourbillons intenses (telluriques) par-ci, et encore lentes mélopées transpercées par les voix criardes et robotiques qui noient leurs propres paroles (Animals), ébahi partout.

Ezra : https://www.youtube.com/watch?v=U2aCFC_d5-U
Mutant Standard : https://www.youtube.com/watch?v=Be67Sb4S-ec
Animals : https://www.youtube.com/watch?v=1UztCDH2xuQ
Freaky Eyes : https://www.youtube.com/watch?v=h6910QcEFGg

Annotation :

Car avant Motomami, il y avait déjà El Mal Querer. Et à vrai dire, je préfère d’assez loin celui-ci à l’autre au final : sûrement dans l’exploration et la transformation des genres fouillés qui m’entraîne plus, l’espèce de sans-faute de l’album qui vogue avec aisance de ses paris R&B, les tristesses urbaines, à ses influences flamencos récupérées de son premier album et pas encore digérées pour mon grand plaisir (et plein d’autres hybrides, alchimies pleines de voix, d’échos et chœurs, de palpitations : peu de stase, d’attentes, mais l’emportement vaporeux, fluide des eaux et des vents). Poser une énigme donc, y répondre à la volée dans de grandes danses populaires.

QUE NO SALGA LA LUNA : https://www.youtube.com/watch?v=cENIOFk160c
RENIEGO : https://www.youtube.com/watch?v=EEskedtVklw
DI MI NOMBRE : https://www.youtube.com/watch?v=mUBMPaj0L3o
MALDICIÓN : https://www.youtube.com/watch?v=B8kDxi2eeMs

Annotation :

Le même plaisir qu'il y a quelques années déjà, à jamais à portée de main : l'équilibre tout juste entre simplicité de la formation, lenteurs tendues sur un parler entêtant, éclats soudains en quelques partitions de guitares qui s’embrouillent, percussions qui ne savent pas trop où aller mais poursuivent tout de même, toujours ce bouillon d’inventivité d’un riff qui dissonerait un peu plus que ce à quoi on s’attendrait, rythmique qui s’éteint pour mieux se rallumer. Un des plus enflammés du groupe probablement, même s’il manquerait deux trois mélodies qui me scotcheraient absolument pour que je retienne un peu plus qu’une ambiance, qu’un flux pour remuer. Break en entrée classique chez Fugazi, L’intro de Guilford Fall (mais qui ensuite se dissipe pour être plus quelconque), le joli jeu d’Arpegiattor, le côté presque slowcore par instants, cracher un peu là et là son souffle punk qui revient.

Place Position : https://www.youtube.com/watch?v=3li8fui6XcI
Five Corporations : https://www.youtube.com/watch?v=JoAYOBDdJMM
Foreman's Dog : https://www.youtube.com/watch?v=Spmi2cB-gUg

Annotation :

Dans ma tête j'avais fait un rapprochement avec Robert Wyatt - avant de lire que la pochette était dessinée par Alfreda Benge, qui se charge aussi des pochettes de Wyatt donc - à toute chose son écho.
Comme Skyskating, grande émotion tout au long de l'album - même tension vaporeuse qui ne cesse presque pas, dans un registre bien plus sombre, noir et inquiétant que Skyskating qui tendait plutôt vers la nostalgie et la passion, et prenait une approche encore plus minimaliste (un peu plus de batteries et autres percussions sur celui-là, plus de synthés étranges, de décalages étranges). La voix superbe d'Annette Peacock, toujours à ça de se rompre, qui devient presque une trompette dans les moments les plus aigus ; les grandes phrases musicales qui viennent transporter d'émotion (dans des recueils qui m'évoquent Old Roddenhat), improvisations gonflantes et qui se dispersent magnifiquement (pincements, graves arpèges, tremblements de bouts de baguettes, et vents froids qui sortent des synthétiseurs). Du rêve dans la voix, partout jusqu'au ciel.

The Carousel : https://www.youtube.com/watch?v=9QiQJDRKPZ4
This Almost Spring : https://www.youtube.com/watch?v=cUTkSo99hjY
The Feeling's Free : https://www.youtube.com/watch?v=v1XBGzecaB8

Annotation :

Pour les quelques mots qu'on pose bien pour se rappeler d'un disque : tant de romantisme exacerbé et morcelé - la figure de désamour et d'écartement du monstre de Frankenstein forcément ; le tiraillement droite-gauche du cœur, la routine de retomber encore, et encore, en amour, et tout ce que ça induit de passions plus ou moins malignes ou joyeuses.
Parfait équilibre des refrains souls, pops, R'n'B, charme intégral des synthés escaliers, des nappes kitchounes qui se succèdent les unes après les autres, de la brutalité de quelques percussions là et là, de quelques phrases soudaines (Dracula, Dracula). Tout majuscule, s'il vous plait.

EARFQUAKE : https://www.youtube.com/watch?v=HmAsUQEFYGI
I THINK : https://www.youtube.com/watch?v=rkRdgFvuiYk
NEW MAGIC WAND : https://www.youtube.com/watch?v=kGORvDy1x_E
WHATSGOOD : https://www.youtube.com/watch?v=paOZTlqI1wk&pp=ygUQaWdvciB3aGF0J3MgZ29vZA%3D%3D

Annotation :

Album collage / compilesque du meilleur de Yo La Tengo / de l'indie pop noise truc des 90s / début 2000s ; grandes pistes motorik, mélodies chahutantes, ballades un peu moins passionnantes, bidouillages forcenés (This Stupid World !) et des morceaux de 7 minutes passés comme si de rien n'était. Très très réjouissant tout d'un coup.

Sinatra Drive Breakdown : https://www.youtube.com/watch?v=98PW8t04l6U
Tonight's Episode : https://www.youtube.com/watch?v=d9-G4v9gA7M
This Stupid World : https://www.youtube.com/watch?v=R9XGb-C0JEo

Annotation :

Sans doute le plus bel équilibre que Bill Callahan atteint depuis quoi, bientôt 10 ans ? (Dream River, ou Apocalypse, à peu près au même niveau). Avec notamment un enchaînement de chansons constamment belles sur le début de l'album, de Everyway à Naked Souls, quasi sans faux pas (les orgues de Partition, et sa batterie ! Bowevil directement classique). Un peu moins d'enthousiasme de ma part sur la deuxième moitié (les choses sont plus rondes, moins "à l'arrachée" ou tout à fait calmes - finalement les plus "classiquement folks" ?) - mais tout de même un peu d'envie de l'avoir vu en live quelque part, tapant du pied et bien accompagné. Pour une prochaine fois.

Bowevil : https://www.youtube.com/watch?v=wiYiAwvH080
Partition : https://www.youtube.com/watch?v=rj57ZWZ0W_o

Annotation :

Marcher quasi-sur l'air, lui et le "Promeneur" qui suit (je m'amuse souvent à trouver des séries dans les discographies - ou les films ou les livres, mais là n'est pas le sujet ; il y aurait Mathieu Boogaerts/Promeneur, et Super/J'en ai marre d'être deux au moins).
Revenons à l'album. Toujours dans ce qui m'est le plus cher chez Mathieu, c'est cette tendresse un peu faible, molle à force d'être triste, qu'il semble lanciner partout. Balancer tous les arrangements dans les cotons, pour que les cymbales ne fassent que cymbaler tout brillant dans les aigus (Ton Cauchemar, petites étoiles, pour souligner les "ouh ouh ouh" un peu douloureux, un peu Jason Molina quelque part qui résonne chez moi). Mignarder ses paroles trop proches du cœur pour être tout à fait naïves, et voilà donc ce qui fait un grand album discret, filigranes noirs et blancs de la pochette où Mathieu cache sa tête, son nom et rien - puis le charme poète de brindilles, sous-entendus glissés là et là, même une pointe d'humour qui se retrouve toujours au détour d'une piste (Petit A Petit B, Une Berceuse, même si c'est rarement ce que je préfère dans ses morceaux, exception faite de Siliguri ou des premiers albums peut-être). Pour celui là, surtout le trio du milieu impeccable, et la chanson d'ouverture au beau piano.

Avant que je m'ennuie : https://www.youtube.com/watch?v=yxwN2RZiGKk
Sylvia : https://www.youtube.com/watch?v=HyoSFFMWv5w
J'entends des airs : https://www.youtube.com/watch?v=yo_4Q3_OnUE
Ton cauchemar : https://www.youtube.com/watch?v=b4GBzaxg9iI

Annotation :

Bruits et tonnerres qui grondent et grondent de plus en plus bruyants, noyés, impénétrables, larsenant pour longtemps. Fouiller du côté de chez Basinski toutes les nappes gribouillées, et y rajouter là et là des guitares paisibles. Finalement y retrouver David Sylvian chanter un peu n'a rien de surprenant, tant l'album peut se rapprocher par instants de Blemish, sorti à peu près les mêmes années. Rien à voir, mais n'a t'il pas samplé Christophe sur le début de Château Rouge (Parfums d'histoires) ?

Château Rouge : https://www.youtube.com/watch?v=h-F5Bt4A-Aw
Circassian : https://www.youtube.com/watch?v=3UebSlGQjEQ
The Point of It All : https://www.youtube.com/watch?v=5LIqbfBuYVY

Annotation :

Comme une règle tacite chez Kate NV : un album de mélodies et chants plus "grand public" (l'expression de snob, à y penser), puis un plus expérimental, bidouilleur et étrange. Plein de vieilles sonneries kitchs de téléphone, d'irruptions brèves d'éléments perturbateurs, un petit côté "musique de la chaîne Mii" avec des dissonances en plus, du rythme vital, impression d'invention de bande-son de jeu vidéo rétro, avec l'esprit des jeux bizarroïdes aux concepts presque foireux type la raie-manta de la PS1 ou Doshin the Giant.
Je préfère toujours les morceaux où elle chante, un peu plus évidents - moins nombreux ici - ce qui n'empêche pas la joie folle de toutes les mélodies en forme de sourires bien colorés, plus-acidulés-que-toi-tu-meurs, qui se permettent tout.

oni (they) : https://www.youtube.com/watch?v=s4euYMd4-l0
nochoi zvonok (night call) : https://www.youtube.com/watch?v=yv4dWeazdUY
meow (chat) : https://www.youtube.com/watch?v=AQf84KubJjE

Annotation :

L'enthousiasme vibrant / percutant de l'électroclash dosée à merveille sur les quelques premiers titres (quasi zouk sur le troisième morceau aux beats assez fous), puis l'ennui plus latent, le froid de toute une moitié de pistes qui vaguelettent à peine, n'inventent plus beaucoup de synthétiseurs. Deux trois choses qui reviennent au Knife à son sommet, de quoi rebondir et sortir ses meilleurs moves de danses étranges.
Aussi : le début de "Shiver" ressemble foutrement à "C/Pach" d'Autechre, non ?

What They Call Us : https://www.youtube.com/watch?v=VudTAeQeA9o
Shiver : https://www.youtube.com/watch?v=xmfNMAdeao0
New Utensils : https://www.youtube.com/watch?v=q4xRJrUbgD8

Annotation :

Bah oui en fait - les évidences dont on repousse l'écoute encore et encore.
Tout le sirupeux qu'on dose proche de déborder, mais jamais tout à fait ça pourtant ; mais plus que les ballades un peu romantiques, j'y préfère tout ce qui vient s'emporter, les choses les plus tubesques parfaitement négociées, accords de synthés s'échappant en petites fuites de notes, cuivres jaillissants, la basse au groove impec' sans parler de la batterie pleine de ride, et bien sûr de l'entrain, le chant et les cris de Stevie Wonder toujours placés au bon endroit, comme s'il atterrissait juste là où on l'attendait. Grands grands enthousiasmes.
Et parmi toutes ces "chansons dans la gamme vitale", "Summer Soft" en grimpée inarrêtable, coup de cœur parmi les coups de cœurs, ton par ton relevant le refrain jusqu'aux cieux - nom de nom, quelle chanson !

Sir Duke : https://www.youtube.com/watch?v=6sIjSNTS7Fs
I Wish : https://www.youtube.com/watch?v=hYKYka-PNt0
Summer Soft : https://www.youtube.com/watch?v=BcRoNGsI07o
Isn't She Lovely : https://www.youtube.com/watch?v=9-n3Ydy7ras
As : https://www.youtube.com/watch?v=GYQfWJNWe3I
Another Star : https://www.youtube.com/watch?v=K9KKBvWTdMQ

Annotation :

Croisée des chemins parfaite d'évidences (Arch Carrier en beats quasi hip-hop avec un renfort de violons, penchant vers quelques idées de Venetian Snares) et d'expérimentations cérébrales, d'outremonde ou quelque chose comme ça. Si les pistes plus "conventionnelles" ont déjà un charme (777, Corc), on atteint le merveilleux sur quelques pistes du tout, parmi les plus beaux instants d'Autechre (ce que j'en connais) ; Rae et sa drum'n'bass étouffée dans le coton et où vient se surimprimer, puis se dégager dans un ralenti des nappes synthétiques parmi les plus lisses (sans accroc et chaudes, chaudes !) du groupe ; Fold 4 Wrap 5 et son jeu d'accélérations/décélérations où viennent se suspendre quelques lumières, étoiles ; Drane2 culminant avec ces nappes "à l'infini", échos, et billes qui rebondissent de plus en plus rapprochées. Rien qu'à elles-trois, déjà se plonger là-dedans, et avoir envie de tout bouffer chez Autechre.

Rae : https://www.youtube.com/watch?v=sZ7Mu8YJbSU
Fold 4 Wrap 5 : https://www.youtube.com/watch?v=SLvFsP1izS4
Under BOAC : https://www.youtube.com/watch?v=cxN9IZ005WU
Arch Carrier : https://www.youtube.com/watch?v=sYikLIMPHSs
Drane2 : https://www.youtube.com/watch?v=k78_2-h6P-E

Annotation :

Malgré la brièveté, je l'écouterai moins volontiers d'un bout à l'autre que le s/t ; toujours des pistes qui m’endiablent, au bout desquelles je ne fait plus que battre, secouer, la tête, les pieds (Us V Them!), puis quelques autres où j’y crois moins, où de lui-même le corps ne se consume pas, un peu à l’écart. Grande foison des rythmiques, du chant râleur encore plus David Byrne ici, mais un parti-pris moins disco peut-être, moins haletant, un peu moins rude que l’autre donc.

North American Scum : https://www.youtube.com/watch?v=gJ2np7R-Uwg
Us V Them : https://www.youtube.com/watch?v=JpIsA7OniXc
Sound of Silver : https://www.youtube.com/watch?v=_kmTQj8x0N8

Annotation :

Toujours un peu la même glande qui erre, flottante, entre les brises pops, les retours suggérés à François de Roubaix, les héritages plus « modernes » au krautrock, à un certain RnB vaporeux, aux chansons françaises naïves. Les paroles douces-petites rimes internes, abstraites rêveries, et les ballades mélotroniques (penser à Saycet qui faisait ces choses tristes et pleines de vapeurs, d’humidité). Je crois que je préférerais souvent que ça s’arc-boute, se tende et rompe un peu plus, qu’il y ait plus de ronces, mais enfin ce jardin enchanté de curiosité me convient aussi.

D'ici là : https://www.youtube.com/watch?v=iYUl7tCPZDQ
666666 : https://www.youtube.com/watch?v=IL7U4z8kyUA
Pied-de-biche : https://www.youtube.com/watch?v=9ShH8-we7G4

Annotation :

Pour deux très belles pistes ambiantes de cauchemar, chacune à sa façon terrifiante, avec une préférence pour l'immense seconde "Vuh" - orgues massifs, mellotron, cymbales qui se perdent dans l'écho - qui a sans doute inspiré Mount Eerie dans ses instants les plus "violence de l'environnement immense qui nous dépasse", genre sur "Over Dark Water" ou à d'autres moments du dyptique Ocean Roar / Clear Moon. Même si tout de même, frissons sur les arpèges spectraux et flammèches du premier morceau également, venant se transformer en l’étrange paysage de percussions et nappes (quelques extraits presque new age qui s’y glissent, qui me captivent un peu moins).

Vuh : https://www.youtube.com/watch?v=kbQ1v-nCFjA

Annotation :

Même inégalité que le premier album (soit, le déséquilibre entre quelques morceaux qui restent fins, quasi sans épaisseur, et ceux qui cherchent le grandiose voire le grandiloquent, en sur-refrains, sur-instrumentations), un peu plus de poids sans doute, de courage, de coup de force, avec tout le bien et le mal que ça peut en faire (même si bon, on reste très proche du précédent hein). Toujours sinon l’espèce d’héritage des folkeux et folkeuses à pleine voix, Tim Buckley ou Circuit des Yeux, avec la réappropriation des thèmes habituels des tristesses d’amour, des séparations, etc, pour plutôt parler du plaisir à être seule, de la satisfaction / l’insatisfaction sexuelle, incarner tout ce qui nous fait tenir et ce qui nous fait tomber, entre chair de certaines paroles, de l’instrumentation, et quelques élans plus murmures dans la voix, un demi-souffle.

The Ghost : https://www.youtube.com/watch?v=QawAJMjqbFg
in|FLUX : https://www.youtube.com/watch?v=a_XE_taTKKg
Touch Me : https://www.youtube.com/watch?v=bp3IZRgE33A

Annotation :

Hybridation merveilleuse, guidée sous l’égide de Raül Refree, de chansons traditionnelles des Asturies, de rythmiques modernes tambourinées et mystifiées, de perturbations de la voix et des instruments : polyphonies de sorciers, perturbations d’hidalgo, souffles de sensualité là et là (surtout là). Toute la pêche onctueuse, tout le brugnon d'un été.

Ronda de Robledo de Sanabria : https://www.youtube.com/watch?v=LZx4fsnU19s
Xiringüelu : https://www.youtube.com/watch?v=1BzQ9_VDUbY
Muiñeira para a filla da bruxa : https://www.youtube.com/watch?v=-ERkpRtRHHA

Annotation :

L'évidence du premier morceau, incroyable reprise du morceau de Joaquin Rodrigo (je ne connaissais pas l'originale avant d'écouter cette version, peut-être là aussi une raison pour béer comme je l'ai fait les dix premières fois que j'écoutais ça ?). Parfait équilibre des soupirs aux cuivres, des lents pincements des haut-bois, des clochettes et autres flutiaux, cors, harpes - tristessa avec double A d'une certaine façon, débordant de romantisme.
Derrière, ça s'agite autrement, moins évidemment, mais bien sûr de la brillance dans cette trompette, des pincements là ou là.

Concierto de Aranjuez : https://www.youtube.com/watch?v=H0_VNSia-J4
The Pan Piper : https://www.youtube.com/watch?v=hZZ8tZSY9Nk
Solea : https://www.youtube.com/watch?v=AHEzyqhDASw

Annotation :

Le plus "rude" de Daniel Blumberg, et ce n'est pas peu dire - tend vers le Scott Walker dernière période sur quelques titres, sur le reste, la beauté terrifiante des plus intenses douleurs. Glaçant, géant. Sorte de grande thérapie du mal du corps sur quelques accords de piano bouleversant, la voix de Daniel plus désabusée que jamais, la batterie en errance totale, et des effets de spectre, d'enfers ; de quoi s'émouvoir de la pourriture, des silences épais, des chœurs d'anges qui s'effondrent (Holdback !!).

Cheerup : https://www.youtube.com/watch?v=l5sU6sPjHd4
Holdback : https://www.youtube.com/watch?v=6oKxTAULAtM
Knock : https://www.youtube.com/watch?v=0rVlWBQ67cE

Annotation :

(après de longs mois à ne pas parvenir à l'écouter d'une traite)

Terrible mollesse, ennui total d'un bout à l'autre - quand ce n'est pas de la circonspection (comment Dominique A peut oser sortir des paroles pareilles, par instants, sans s'en vouloir, se remettre en question - "Nouvelles du monde lointain" pas loin des rhétoriques débilitantes style Damasio sur comment "les écrans" nous déconnecteraient, mélangé d'un rappel au confinement). Bref, c'est une somme de lieux communs, de facilités d'écriture et d'une surproduction permanente pleine de violons dégoulinants, de symphonie m'as-tu vu sans soucis de subtilité, sans tension et sans grandes suspensions. Incompréhension totale de voir l'album comparé là et là à Talk Talk, à Mark Hollis - ai-je seulement écouté le même album ? Ou alors il suffit d'y avoir une petite main d'instruments "classiques" et de faire un peu de dentelle (piano par pluie, batterie en douceur de cymbale) pour faire affaire ? Bref, un rebut total pour ma part - d'assez loin le pire que j'ai écouté du bonhomme.

Annotation :

Les trucs tubesques ressassant les volutes de synthés déjà explorées par le passé m'intéressent moins ici - même si bon, Space Song parvient à faire relever la tête, alors que l'enchaînement 10:37 et PPP me fait pioncer. Non, plutôt il y a quelques "anomalies" cachées là et là dans l'album, des bouts de morceaux que je n'imaginais pas trouver chez Beach House, et qui sont les plus grandes réussites du tout à mon sens. Sparks et sa guitare qui rugit d'entrée de jeu, la voix mise en retrait, aux synthés qui rentrent soudainement, en murs. Beyond Love dans une moindre mesure. Puis surtout surtout, la paire de morceaux à la fin, merveilleuse : Bluebird avec sa boîte à rythme forcenée, Suicidesque, qui laisse se répandre des nappes bien plus cotonneuses que ce dont on à l'habitude chez Beach House, plutôt façon White Birch, supplément douillet donc, et enfin Days of Candy où la voix vire aux sommets aigus et lents, façon Julee Cruise avec plein d'échos et de chœurs, les pointes ambiantes mélancoliques de Twin Peaks. Dans les meilleurs du duo.

Sparks : https://www.youtube.com/watch?v=GfITojs_mNg
Bluebird : https://www.youtube.com/watch?v=B33J6ziCjGY
Days of Candy : https://www.youtube.com/watch?v=lhJpXouayE4

Annotation :

Probablement mon second album préféré de Léonard Cohen - There is a War, Lover Lover Lover, Chealsea Hotel, Who by Fire, autant de chansons imparables. Pleins de violons et de guitares sur elles-mêmes, l'inquiétude qui apparaît là et là dans la voix de Cohen, le terrassement des chœurs, l'impeccable des mélodies. Et des paroles pleines de cul ("I remember you well" forcément), à la fois un peu décevant, triste quelque part, et tout à fait chaleureux d'un coup. Tonnes d'éclats donc, avec la voix parfaitement laide toujours, railleuse et criarde, les plus belles failles dedans, et une tonne de sourires jaunes sous le chapeau.

Chelsea Hotel #2 : https://www.youtube.com/watch?v=WmbFZA16nrE
Lover Lover Lover : https://www.youtube.com/watch?v=FYkJuAb0mMk
There Is a War : https://www.youtube.com/watch?v=VXxhmaQBeg8
Who By Fire : https://www.youtube.com/watch?v=ilGahIwQEQ0

Annotation :

Après le premier album réussi mais qui pouvait laisser craindre une impasse de clone de Talking Heads, belle surprise de voir les nouvelles voies qu'explorent Squid, avec toujours une grande base de tensions, batteries qui savent motoriker quand il faut, chant toujours un brin primesautier hurleur. Pas de piste qui me fasse monter aux cieux comme Narrator sur le précédent, mais un ensemble plus tout à fait solide je pense ; quelques négociations toujours du côté d'un post-punk qui s'acharne et parvient à des merveilles (la première piste, puis Undergrowth), les éléments plus Radiohead-esques qui s'affirment là ou là (Siphon Song, The Blades, voire même After the Flash, comme sorties du voisinage d'Hail to the Thief), et les structures qui complexifient et s'écraseraient presque sous leur poids, sans aller jusqu'à l'affirmation geek et prog d'un black midi, qui me prend la tête à ne jamais se reposer - plutôt des idées et leurs dérives qui se développent l'air de rien, souples, gonflantes, grands voiles.

Swing (In a Dream) : https://www.youtube.com/watch?v=RooBTIwG13c
Undergrowth : https://www.youtube.com/watch?v=UU0XoFoqGkI
After the Flash : https://www.youtube.com/watch?v=y2anRSVg3Og

Annotation :

Haut la main le meilleur album pop de l’année. Empowerment féministe par le plaisir, chair et joies de vivre, plein de strass et paillettes, entièrement assumé et embrasé. Tout ça prend la forme d’intenses ritournelles funk-pop-disco surpuissantes à l’abus, dans tout ce que « BIG » signifie. Il n’y a qu’à voir les clips divas remplis de fourrures, de miroirs, de mouvements de groupe pour se faire une belle idée → danser les bras largement écartés, en ronds sur soi-même, ne pas cesser de s’y déchaîner, toujours en souriant.
PS : quelle chanson de Daft Punk ressemble énormément à Freak Me Now déjà ?

That Feels Good: https://www.youtube.com/watch?v=jx6w-1V8KD4
Pearls : https://www.youtube.com/watch?v=YAaUn5sn1T0
Begin Again : https://www.youtube.com/watch?v=yd3C69lVU5w
Freak Me Now : https://www.youtube.com/watch?v=T1pOvK9URyU

Annotation :

Petite déception après Pang ; je préférais l’enveloppe glacée du premier, moins le brin éclatant de celui-là. Peu d’accroche à la multiplication de petites expérimentations (l’espèce de drum’n’bass de I Believe, le chant toujours haut perché de Caroline), et finalement je retiens surtout les singles que je connaissais déjà (que j’aime beaucoup toujours, dans leur générosité, leur singularité - « Cornucopia » comme elle chante).

Sunset : https://www.youtube.com/watch?v=-YBP-D6vQIA
Crude Drawing of An Angel : https://www.youtube.com/watch?v=slsQJFHCSqw
Billions : https://www.youtube.com/watch?v=4zEQJrggKgk

Annotation :

Impressionnante collection de chansons bien ciselées, turpitudes un peu lourdes et justes, qui piochent chez le Jason Molina du Magnolia Electric Co (et égale, voire dépasse, ce qu'a fait généralement Jason sous cet alias là), chez Sparklehorse parfois, voire sur la plus abîmée "Dan Marino" chez Daniel Johnston. Toujours recréer les mêmes mondes clairs et évidents de mélancolies, avec un peu plus d'urbanité ici, davantage de fuzz jusqu'à distordre ce qui semblait évident là. Apprivoisé petit à petit, après un peu de circonspection.

You Have Bought Yourself A Boat : https://www.youtube.com/watch?v=z3wYaYI5lbo
Toontown : https://www.youtube.com/watch?v=yJ0IccIAjbo
Tastes Just Like It Costs : https://www.youtube.com/watch?v=BqJ5Jwu757s
Six Flags : https://www.youtube.com/watch?v=ff-FUdzD9RM

Annotation :

Hip-hop coréen, pas que j’y connaisse quelque chose. Impressionnante énergie du flow avec ses respirations présentes-discrètes, l’instrumentation de percussions et synthétiseurs-violons maximalistes, quasi-martiales. Les pistes d’introduction sont les plus fortes du tout en revanche, un peu dommage.

적응 (Adaptation) : https://www.youtube.com/watch?v=cDHig3xRyx0
WON : https://www.youtube.com/watch?v=edQ9gqe9ANA
찬란 (CHALLAN) : https://www.youtube.com/watch?v=8WYF4uuBCik