2023 en livres

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Alors, bien sûr, pour des yeux d'adulte, c'est savoureux cette profondeur dans un livre à illustrations enfantines. C'est même intelligemment exécuté. Maintenant, testé et approuvé hein, en lecture pour enfants, entre le vocabulaire parfois inadapté, les références intellectuelles qu'ils ne peuvent pas comprendre et cette putain de fin... Je peux vous dire que ça rend les mômes circonspects !

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Comme une longue discussion naturelle entre l'autrice et le lecteur sur une terasse. Des pérégrinations cinéphiliques, où l'autrice glisse un portrait du Cinéma concret et sans passer par quatre chemins (j'ai reconnu beaucoup de choses que j'ai vécu avec ma très humble expérience). Elle glisse aussi des anecdotes, personelles ou non, tout-à-fait savoureuses. Son style peut se retourner contre elle, comme ces parenthèses pour des blagounettes pas toujours du meilleur effet, ou encore son mépris des drames (on peut très bien arrêter de mépriser un genre tout court non ?), il n'empêche que son livre se lit très facilement et témoigne d'une liberté de pensée

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"Vernon Subutex" est jubilatoire par sa galerie de personnages (qui aussi, inévitablement, nous perds au niveau des relations rôles-intrigues si l'on lit sur un long terme), constituant ensemble comme un portrait "constellatoire" de notre époque. Le livre n'hésite pas à aborder beaucoup de sujets, tous immédiatement identifiables et particulièrement rattachés à notre époque, qui se relient tous vers son épicentre : le temps qui passe. Avec un traitement spontané, rock, recelant de sacrées formules et un Parisianisme immersif (Paris est d'ailleurs le dernier mot de l'ouvrage), ça ne peut que rendre un grand livre générationnel, dont le succès est complètement mérité. Next tome 2 !

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Llectrice, dans sa critique, dit tout ce qu'il y a à dire dessus qui le rend passionant : la musicalité de ses vers (on croise Ferrat et Ferré avec plaisir), la dimension autobiographique très tourné vers l'introspection, les vers d'amours brûlants pour sa Elsa... Des poèmes comme "Strophes pour se souvenir", "Moscou" ou "le Téméraire" marquent durablement. Parfois certains choix de mots paraissent légèrement péteux, mais sinon c'est une très belle dérivation poétique nous immergeant dans la pensée d'après-guerre

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Comme on peut probablement s'y attendre, Gérard Manset "utilise" son hommage à Bashung pour évoquer un sujet plus universel : le temps qui passe pour un artiste. Surtout pour ceux de cette trempe, qu'ils savaient commune ; inutile de lire le livre sans très bien connaitre la carrière des deux hommes, vous passeriez à côté de beaucoup de choses. Manset réalise son fantasme, d'une certaine manière, avec ce livre : dressé une peinture de Bashung comme une figure mystérieuse. Si le vocabulaire, dans le style de l'écrivain, sait briller (notamment avec la récurente égrénation de trois reformulations successives), si la fin du livre est très belle, je trouve que Manset revient un peu trop à lui (il le reconnait lui même, mais bon...). Il peut même être hors sujet, lorsqu'il évoque "Dijan", et dans ces moments-là, le livre devient vraiment longuet. Intéressant tout de même

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Déjà adepte d'une certaine philosophie anarchiste individualiste, m'étant toujours considéré comme anarchisant, j'ai toujours du mal à conveoir comment on pourrait adapter l'anarchie au-delà de l'individu, comment l'incorporer à une organisation sociétale globale : comment dépasser l'utopie. Ce que ce livre devrait expliciter dès l'arrière de couverture, c'est que l'auteur se revendique d'un communisme libertaire. Je le trouve surtout très fort pour la dénonciation : il sait prendre le bon angle, les bons comparatifs, et mettre en évidence ce qui aujourd'hui creuse encore et toujours plus profond les fractures de nos pays. Le style, qui se veut le plus acessible possible, vire parfois à l'infantilisant. Lorsqu'il arrive à l'explication de sa solution, même s'il y a des bonnes idées selon moi comme les ateliers pour communautés, notamment pour les orientations, mais il n'a pas réussi à me convaincre que cela restait quand même un peu naif et inapplicable à grande échelle : un feignant peut l'être parce qu'il n'est pas dans sa bonne voie, certes, mais qui dit qu'il a envie d'être sur une voie tout court ? Et alors, qu'est-ce qui l'empêcherait de nuire aux autres, par ricochet de l'Ennui ? Peut-être suis-je trop désespéré et/ou misanthrope, mais l'anarchie reste pour moi un idéal inacessible. Le livre est cependant très complet, relate un témoignage précieux sur la Révolution russe et les grandes révoltes ouvrières du début du 20ème siècle, et globalement synthétise bien (malgré, j'insiste quand même, une tendance à se parler à soi-même via l'infantilisation)

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Un peu plus comique, un peu plus violent, plus confus aussi (on ne comprend pas bien la dimension sectaire que cela prend), le deuxième volume est tout aussi mordant dans ses portraits quee son prédécesseur. Il y a toujours des pistes de réflexions contemporaines très intéressantes, le style est toujours enflammé, même quand on se perd dans les prénoms Despentes arrive à nous resituer et à nous y attacher fortement... Hâte de lire le troisième tome