Cover 2024, une nouvelle année de cinéma

2024, une nouvelle année de cinéma

Ma liste exhaustive des films que j'aurai vu en 2024 accompagné de court avis.

Liste de

102 films

créée il y a 11 mois · modifiée il y a 3 jours
Priscilla
6.1

Priscilla (2023)

1 h 53 min. Sortie : 3 janvier 2024 (France). Biopic, Drame, Romance

Film de Sofia Coppola

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Pour son dernier né, Sofia Coppola retrouve un peu du poil de la bête après quelques années de passage à vide et livre un film qui ne révolutionne pas son cinéma mais parvient à en retrouver ses étincelles.
Toujours aussi fascinée par l'ennui, la cinéaste contemple l'immobilise d'une vie à travers un monde de fausse paillettes et de vraie prison dorée. Déconstruisant le mythe autour de Elvis, le film décortique la vie de sa femme Priscilla et étudie les mécanismes de l'emprise avec une rare lucidité et sérénité. Le film acquiert une maturité insoupçonnée notamment lorsqu'il traite le portrait de sa protagoniste comme une étrangère et terre inconnue et qui le lie habilement à celui de la grand-mère d'Elvis. Porté par un casting très solide, notamment la convaincante Cailee Spaeny qui livre une performance toute en grâce et retenue mais aussi Jacob Elordi qui évite habilement le pur travail de mimétisme. Avec la mise en scène soignée et sophistiquée de Sofia Coppola, le film possède un aspect picturale saisissant tant il s'attarde avant tout sur l'absence de mouvements de ses cadres plutôt que sur le sensationnel de la vie de Presley.
Priscilla s'impose donc comme un film étonnamment sensible et réussie qui se montre d'autant plus lucide sur la relation abusive et sous emprise qui en fait son cœur. Même si Sofia Coppola ne transcende pas son œuvre et reste proche de sa zone de confort, on ne l'avait pas vu si inspirée depuis quelques années malgré encore quelques longueurs et thématiques qui tournent en rond.

Le Cercle des neiges
7.2

Le Cercle des neiges (2023)

La sociedad de la nieve

2 h 23 min. Sortie : 4 janvier 2024 (France). Drame, Historique

Film de J. A. Bayona

Flaw 70 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Après un léger passage à Hollywood, J. A. Bayona revient au cinéma espagnol là où il est à son meilleur pour repousser les limites de son cinéma ainsi que se plonger dans une histoire aussi spectaculaire que prenante.
Le crash de l'avion uruguayen en 1972 dans les Andes fut maintes fois adapté mais cela n'arrête pas le réalisateur espagnol qui tente d'y amener une vision à la fois plus immersive mais aussi légèrement plus ésotérique. Choisissant le procédé de la voix off pour compter son récit, il y amène un twist émotionnel bienvenu qui permet un parti pris original qui s'intéresse moins au périple qu'entreprendront deux des passagers pour trouver des secours mais plutôt sur l'aspect communautaire qui émergera dans ce climat de survie. Évitant tout sensationnalisme, il aborde la difficulté des épreuves avec une pudeur admirable et porte un regard particulièrement touchant sur la solidarité qui unira tout les survivants. Malgré le cauchemar, c'est sur ces élans lumineux que le réalisateur porte son attention et s'entourant d'un casting exemplaire, il signe une mise en scène minutieuse et ample qui sait autant se montrer spectaculaire qu'intimiste dans une réalisation à la majesté indéniable.
La sociedad de la nieve s'impose donc comme un très bon film et sans conteste le meilleur de J. A. Bayona. Même si ce dernier à encore un peu la main lourde sur le symbolisme ambiant, mettant le film face à sa propre limite d'interprétation parfois, c'est par son humanité débordante et son émotion retenue que le film parvient à prendre aux tripes. Alors qu'en général lorsqu'un metteur en scèné échoue sur Netflix on se retrouve avec leur travaux les plus mineur, Bayona semble lui en sortir grandi et à son sommet.

Foe
5.5

Foe (2023)

1 h 50 min. Sortie : 5 janvier 2024 (France). Drame, Science-fiction, Thriller

Film de Garth Davis

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Pour son troisième film, Garth Davis s'essaie à la science-fiction métaphysique dans un récit dans l'air du temps où les questions autour de l'IA viennent mettre en lumières le fondement humain.
Malgré un prémisse intriguant, le film va pourtant très vite perdre en substance à force de se perdre en symbolisme grossier où la conclusion devient très vite évidente. Mettant en relief la décrépitude du couple avec celle annoncé de la Terre, le film se perd dans une réflexion amorphe aux personnages qui peinent à exister en dehors de leurs fonctions. On reste accroché par les excellentes performances de Saoirse Ronan et Paul Mescal, qui possède une alchimie évidente et qui se donnent vraiment du mal pour faire exister leur relation à l'écran. Mais même si l'épilogue se montre plus intéressant dans son déroulé et que les acteurs sont bons, l'ensemble ne sauve pas une réalisation amorphe qui manque d'un vrai regard.
Garth Davis peine à vraiment se trouver une personnalité et il signe encore un film à la froideur plastique sans épaisseur et qui témoigne de réflexions spirituelles simplistes. Foe n'en est pourtant jamais un mauvais film, mais reste une expérience sans vraies émotions qui ne subsiste que sur le talent de son casting. Une œuvre particulièrement bancale.

La Fille du roi des marais
5.5

La Fille du roi des marais (2023)

The Marsh King's Daughter

1 h 48 min. Sortie : 11 janvier 2024 (France). Drame, Thriller

Film de Neil Burger

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Partant d'un postulat plutôt intriguant, The Marsh King's Daughter se retrouve assez vite en perte de vitesse pour muer en thriller plutôt basique et oubliable.
Le prologue se montre pour autant très réussi et pose quelques pistes relativement intéressantes pour la suite dans un scénario qui possède certains développements pertinents sur la question de l'emprise et la façon dont elle peut jouer sur la mémoire. Il est juste dommage que le film en oubli aussi en chemin ses personnages secondaires et qu'il succombe assez vite à quelques raccourcis et facilités qui l'amoindrisse. Il devient même dans sa seconde moitié beaucoup plus prévisible et précipité nous menant vers une conclusion attendue et très vite expédiée. Mais malgré ses lacunes, le film peut compter sur un casting exemplaire avec les deux très bonnes performances de Daisy Ridley qui montre ici une épaisseur étonnante, et le toujours ambigu et savoureux Ben Mendelsohn.
Même si la réalisation manque quand à elle de panache, Neil Burger signe tout de même une mise en scène aérée et ample qui dispose de quelques plans joliment composées qui témoignent d'un certain savoir-faire. The Marsh King's Daughter manque de personnalité sur son approche formelle et de profondeur dans sa thématique mais s'impose néanmoins comme un thriller plaisant qui sait distiller quelques bonnes idées et possède un excellent casting.

En plein vol
4.5

En plein vol (2024)

Lift

1 h 44 min. Sortie : 12 janvier 2024. Action, Comédie

Film de F. Gary Gray

Flaw 70 a mis 4/10.

Annotation :

Lorsqu'il s'agit de ses divertissements à gros budget, Netflix ne semble jamais comment diversifier son catalogue tant il semble systématiquement proposer la même formule autour du même pitch.
Enième film de casse sans grande envergure, on se retrouve devant un script, un casting mais aussi une direction qui semble venir du tout venant de la compagnie Le tout tourne autour d'un récit sans grande imagination ni enjeux qui accumule les scènes de façon automatisé et presque robotique. Il est difficile à croire que ce ne soit autre chose qu'une IA qui a accouché de ses personnages programmatiques et cette succession de cliché du film de casse qui sont ici utilisé avec une paresse colossale. Reste que le casting possède un certain charme pour insuffler de l'énergie à l'ensemble mais on ne pourra pas en dire autant d'une mise en scène amorphe de F. Gary Gray clairement pas aidé par une réalisation technique insipide.
Lift ressemble donc à tout les autres films de Netflix. Trop embourbé dans son cahier des charges pour y faire émerger la moindre once de personnalité, on se retrouve devant un divertissement inoffensif et oubliable qui donne beaucoup trop l'impression d'être un assemblage de trend mis bout à bout par une bande d'exécutifs.

Pauvres Créatures
7.3

Pauvres Créatures (2023)

Poor Things

2 h 21 min. Sortie : 17 janvier 2024 (France). Comédie, Drame, Fantastique

Film de Yórgos Lánthimos

Flaw 70 a mis 9/10.

Annotation :

Yorgos Lanthimos opère un retour triomphant avec Poor Things où il réunit la même équipe que derrière son fameux The Favourite et y creuse un sillon similaire autour de l'émancipation et la servitude des codes sociaux.
Totalement absurde dans sa démarche, le film compose un récit imaginatif et astucieux autour de la progression de sa protagoniste parvenant à déjouer avec malice ses références en évitant la plupart des pièges qui auraient pu l'handicaper. Même si il garde un regard très masculin sur cette histoire d'émancipation féminine, c'est ici la question des codes moraux qui intéresse surtout le cinéaste grec et qu'il prend un malin plaisir à tourner en dérision. Même si il reste particulièrement sage dans sa démarche, par rapport à ses standards, et que son sous-texte n'est pas des plus subtils, on reste devant une farce jubilatoire qui brille par son intelligence et son sens piquant du dialogue.
Avec son casting au sommet, dont une Emma Stone brillante qui signe sa meilleure performance, mais aussi un Mark Ruffalo hilarant et un Willem Dafoe au flegme succulent, c'est aussi par sa réalisation étincelante que le film brille. Photographie somptueuse qui lorgne vers l'expressionnisme, notamment aidé par une direction artistique inventive et mémorable, le film marque par son sens de la mise en scène impeccable où Yorgos Lanthimos joue avec les focales pour faire évoluer la perception du monde à travers le regard évolutif de sa protagoniste.
Poor Things est donc un film somptueux sur le plan formel mais aussi plein de mordant et d'esprit dans son fond. Même si il faut reconnaître que le cinéaste ne prend pas trop de risque dans sa démarche et fait assez peu évoluer son style, il en offre le meilleur dans son film le plus spectaculaire et accessible. On est face à du cinéma hilarant d'absurdité mais aussi stimulant par son intelligence qui contemple les contradictions de nos propres valeurs pour mieux nous les renvoyer en pleine face. Le tout porté par un casting au sommet finit d'achever ce qui restera comme un excellent film.

The Kitchen
4.3

The Kitchen (2024)

1 h 47 min. Sortie : 19 janvier 2024. Aventure, Drame, Science-fiction

Film de Daniel Kaluuya et Kibwe Tavares

Flaw 70 a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Pour son premier film en tant que réalisateur, Daniel Kaluuya, qui co-écrit le scénario, démontre un sensibilité étonnante dans un film souvent touchant mais aussi parfois un peu vain tant il ne sait pas correctement exploité son contexte social.
Se passant dans un futur proche où les inégalités sociales ont encore grimpé d'un cran, le récit va assez peu s'attarder sur cet aspect. Même si il reste central au climat qui règne dans cette histoire, jamais on aura le sentiment que le film parvient à mettre en relief cet aspect tant il parvient assez peu à poser les bases de son univers et reste dans une approche caricaturale. C'est vraiment ce qui handicap l'ensemble tant l'histoire entre ses deux protagonistes parviendra quand à elle à trouvé une belle parabole sur la notion de solidarité et de responsabilité. Même si la finalité en sera aussi assez prévisible, c'est le regard tout en émotion retenue qui est posé par Daniel Kaluuya et Kibwe Tavares qui tire son épingle du jeu.
Avec sa réalisation solide, enveloppé d'une mise en scène maîtrisée qui démontre un vrai savoir-faire malgré quelques élans de timidité, The Kitchen bénéficie aussi d'un casting solide et attachant. Un premier film anecdotique mais touchant qui n'hésite pas à faire basculer le portrait d'une masculinité renfermé pour en montrer ses fragilités. Plutôt plaisant.

L'Affaire de la mutinerie Caine
6.4

L'Affaire de la mutinerie Caine (2023)

The Caine Mutiny Court-Martial

1 h 48 min. Sortie : 17 janvier 2024 (France). Drame, Thriller

Film de William Friedkin

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Après 13 ans d'absences, et alors qu'il nous aura quittés presque un an avant avant la sortie de son film, William Friedkin décide d'adapter la pièce de théâtre de Herman Wouk en y apportant un regard nouveau et étrangement personnel faisant de ce The Caine Mutiny Court-Martial une œuvre posthume appropriée.
Ne déviant pourtant assez peu de l'œuvre d'origine, Friedkin y opère quelques subtiles modifications mais choisit un partie pris plus précis pour bien y accentuer son point de vue. Jouant en quasi huit-clos, le récit brille par sa précision dans les dialogues et son défilé de personnages atypiques aussi attachants que pathétiques, aussi drôle que parfois touchant. Ici, le cinéaste évité tout esbrouffe, il épure même sa mise en scène pour n'en laisser que le strict minimum. Il ne fait que créer un terrain de jeu pour que ses acteurs puissent se l'approprier et briller comme jamais. Son casting est en ça parfait, entre un Kiefer Sutherland discret mais à la dernière séquence remarquable, c'est aussi le très assuré Jason Clarke qui mène la danse dans ce qui est probablement son meilleur rôle. Avec en plus le regretté Lance Reddick qui donne une dernière leçon de stature et de charisme.
Le film est un vrai plaisir à parcourir grâce à ses acteurs époustouflants ainsi que son passionnant procès qui gagne en tension et ingéniosité. Restant effacé sur son approche formelle, Friedkin y hante pourtant chaque plans tant on le perçoit dans cette histoire d'un vétéran qui aura été mis à mal par une nouvelle génération. On y voir une vraie réflexion de son cinéma et s'offre dans les derniers instants une sortie irrévérencieuse qui sied parfaitement à l'esprit de sa filmographie. Peut-être un peu trop téléfilm malgré tout, The Caine Mutiny Court-Martial reste une réussite qui sert de point final discret mais honorable à la carrière d'un grand cinéaste.

Iron Claw
7.1

Iron Claw (2023)

The Iron Claw

2 h 13 min. Sortie : 24 janvier 2024 (France). Biopic, Drame, Sport

Film de Sean Durkin

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Continuant à explorer les mécanismes des relations toxiques, Sean Durkin plonge son regard dans le cercle familial d'une famille gangrenée par un masculinisme compétitif qui s'immisce comme une malédiction.
S'intéressant à l'histoire vraie d'une famille de catcheur et comment le sort s'est acharné sur ceux-ci, le film élabore un saisissant récit autour des attentes paternelles qui broie la destinée de ses fils. Le titre, et le prise de catch célèbre de la famille, en devient donc une métaphore habile et intelligence sur une emprise nocive aux ramifications souvent fascinantes. Même si de cette virilité et compétition masculine se voit naître une vraie solidarité, offrant un très joli portrait de la fraternité, le cinéaste ne perd pas non plus de vue comment l'aspect positif finit surtout par alimenter les déviances les plus toxiques. Même si on déplora que le film fasse des choix assez drastiques avec la réalité pour finalement que la famille corresponde mieux à ses besoins narratifs et dramatiques, le scénario brille quand même par sa perspicacité et offre des moments d'émotions assez bouleversants.
Les personnages féminins seront quand à eux très mis en retrait en raison des besoins de l'histoire, et on se retrouve par moments avec la sensation d'un film un peu trop fabriqué par ses choix pour forcer le drame vers un certain misérabilisme. Cela reste au final assez tardif pour vraiment porter préjudice à l'ensemble. Le tout est en plus servi par le mise en scène discrète mais intuitive de Sean Durkin qui parvient à bien mettre en relief son environnement pour alimenter la métaphore de son récit. Pas toujours très subtil dans sa façon de montrer ses personnages littéralement dans les cordes mais qui témoignent d'une vraie réflexion. Avec son casting exemplaire, dont un très juste Zac Efron dans son meilleur rôle, The Iron Claw s'impose comme un biopic réfléchi et touchant qui se montre particulièrement abouti dans l'élaboration de ses thématiques. Parfois manquant de naturel et très orienté dans son fil dramatique au point de modifier le réel, on en reste pas moins devant un très bon film facilement recommandable.

Tout sauf toi
5

Tout sauf toi (2023)

Anyone But You

1 h 50 min. Sortie : 24 janvier 2024 (France). Comédie romantique

Film de Will Gluck

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Retournant au rom-com qui ont fait son début de carrière, Will Gluck ne change pas sa formule mais l'affine un peu au profit d'un récit cliché mais légèrement plus malin qu'escompté.
Même si on reste face à un scénario particulièrement prévisible et qui ne cherche jamais vraiment à renouveler les codes pourtant éculés de son genre, l'ensemble profite néanmoins d'un ton plutôt rafraichissant grâce à des dialogues et des situations plutôt mordants qui tire habilement partie de son attachant casting. Reposant en grande partie sur le charme évident son duo principal, Sydney Sweeney et Glenn Powell s'en sortent ici particulièrement bien grâce à leur énergie communicative ainsi que leur alchimie évidente.
Alors qu'on regrettera une réalisation générique avec la mise en scène particulièrement effacée de Will Gluck, on reste face à un récit plutôt amusant qui sait parfois prendre à rebours certains codes pour mieux les revitaliser. Anyone but You finit donc par s'imposer comme une comédie romantique plutôt drôle et attachante qui ne change rien à son genre et se montre plutôt inoffensive et oubliable tout en sachant aussi faire passer un bon moment grâce à son charme et son humour mordant.

May December
6.5

May December (2023)

1 h 57 min. Sortie : 24 janvier 2024 (France). Comédie dramatique

Film de Todd Haynes

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

S'inspirant très librement d'une histoire vraie, May December se rêve en film vénéneux qui dénonce des rapports humains préfabriqués ainsi qu'une fascination hollywoodienne toxique à s'immiscer dans le réel et s'approprier les dérives sociétales quitte à les alimenter.
Mais le problème c'est que le récit n'arrivera jamais à poser son point de vue quitte à en oublier son sujet central. Cette histoire de pédophilie et de relation d'emprise qui en découle devient vite secondaire tant l'histoire semble plus fasciné par l'actrice qui sert de protagoniste et qui s'intègre dans cette famille dans le but de préparer un rôle pour son futur film. Le problème viendra que le film en garde donc toujours un regard extérieur et analytique au point dans oublier le drame et l'humain. Les personnages y sont en plus particulièrement antipathiques et sert juste de bras de fer peu subtil entre les talents de Natalie Portman et Julianne Moore. Cette dernière s'en sort d'ailleurs bien mieux dans une performance glaçante et anxiogène là où Portman se repose trop souvent sur ses acquis dans une prestation factice.
Mais le film passe donc trop souvent à côté du parcours du personnage de Charles Melton, formidable de justesse et de fragilité intériorisé, qui se trouve être le vrai cœur émotionnel du film. La relation qu'il entretient avec ses enfants se montrent souvent touchantes mais éclipsée par un film qui dans sa quête d'inconfort et de double sens finit par partir dans trop de directions à la fois échouant à vraiment briller dans chacune d'entres elles. Pourtant la mise en scène de Todd Haynes possède quelques idées intéressantes, tout comme le casting se montre vraiment très bon. Mais la démarche globale tant souvent à donner l'impression de manquer la gravité de son sujet au profit d'une réflexion hollywoodienne voyeuriste et imbu d'elle-même. De quoi faire de May December un film bancal, entre fulgurance et vrai ratage.

La Zone d’intérêt
7.2

La Zone d’intérêt (2023)

The Zone of Interest

1 h 45 min. Sortie : 31 janvier 2024 (France). Drame, Historique, Guerre

Film de Jonathan Glazer

Flaw 70 a mis 10/10.

Annotation :

Ne faisait presque qu'un film par décennie, Jonathan Glazer a su quand même s'imposer comme un cinéaste qui compte malgré sa rareté. 10 ans après son déjà sidérant Under the Skin, il revient encore avec un film majeur qui s'impose comme le premier gros électrochoc de l'année.
S'inspirant d'une histoire vraie, le cinéaste va venir explorer un aspect peu mis en relief de la Seconde Guerre Mondiale, celui des officiers allemands et de leurs familles qui vivaient à côté, et dirigeaient les camps de concentration. Ne rentrant pourtant jamais à l'intérieur même du camp, Glazer parvient avec une rare justesse à y dépeindre toute sa violence et son horreur. Confrontant cette bourgeoisie cruelle prête à toute les ignominie pour garantir leur confort. Véritable réflexion sur la banalisation du mal, le film se sert de son sujet pour mettre habilement en relief les dérives qui gangrène encore notre société où les inégalités de classes poussent encore aux extrêmes. La famille au centre du récit en devient donc un miroir de notre époque et le cinéaste montre avec beaucoup de brio comme le banal d'un quotidien sordide devient même dans sa condamnation un pan de l'histoire glorifié. A travers une conclusion glaçante, Glazer signe un récit brillant et radicale qui hante durablement.
Avec sa mise en scène percutante et intuitive, qui parvient à dépeindre l'horreur sans jamais pleinement la confronté, Jonathan Glazer élabore une expérience sensorielle fascinante et dérangeante qui brille par son cauchemardesque travail sur le son. Avec la musique inspiré et dérangeante de Mica Levi, on flirte parfois avec les codes du cinéma d'horreur tout en étant dans un drame familial étonnamment serein. Avec son casting exemplaire et ses parties pris intelligents, The Zone of Interest s'impose en grand film aussi nécessaire que déroutant. Peut-être un peu trop didactique parfois dans sa démarche, mais en rien qui ne puisse amoindrir le choc qu'il procure.

Argylle
4.9

Argylle (2024)

2 h 19 min. Sortie : 31 janvier 2024 (France). Action, Aventure, Comédie

Film de Matthew Vaughn

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Matthew Vaughn semble définitivement s'être enlisé dans un genre qu'il ne parvient plus vraiment à dynamiser alors qu'il fait de son Argylle une sorte de sous-Kingsman qui peine à trouver son identité.
Après une introduction délicieusement kitsch ainsi qu'un prémisse plutôt original, on se retrouve face à un récit qui se perd assez vite dans ses clichés et le rythme de ses nombreux rebondissements. Beaucoup trop de fois le film s'amusera à changer de direction sans que pourtant il ne parvienne à se montrer vraiment surprenant dans les chemins qu'il emprunt. Malgré un duo principal plutôt attachant, et qui est grandement aidé par le charme et l'alchimie de Sam Rockwell et Bryce Dallas Howard, les personnages s'avèrent assez vite peu développés et donc pas très intéressants à suivre. De plus, le film s'effondre narrativement dans un dernier acte trop précipité qui peine à vraiment donner de la consistance à ses enjeux.
Mais pourtant tout n'est pas noir dans le tableau, le casting s'en sort bien notamment avec l'énergie communicative d'un Sam Rockwell qui s'avère être comme un poisson dans l'eau dans l'univers déjanté de Matthew Vaughn. D'ailleurs, si ce dernier souffre d'une réalisation technique en dent de scie avec ses effets spéciaux ratés et sa photographie fade, il démontre qu'il en a encore dans le ventre avec une mise en scène dynamique capable d'accoucher de quelques morceaux de bravoures inventifs et stimulants par leur lisibilités et la ferveur de leur chorégraphies. Même si Matthew Vaughn apparaît tout de même moins inspiré, pas aidé par un script raté, il donne suffisamment de couleur à son Argylle pour en faire un divertissement qui évite le naufrage complet. Le film reste moyen et le moins bon de son cinéaste.

La Bête
6.3

La Bête (2023)

2 h 26 min. Sortie : 7 février 2024. Drame, Romance, Science-fiction

Film de Bertrand Bonello

Flaw 70 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Restant fidèle à lui-même, Bertrand Bonello signe avec La Bête une fable lychienne surprenant et envoûtante mais qui se heurte souvent avec l'inertie du cinéaste dans un récit qui accuse les longueurs.
Divisé en trois époques, chacune incarnant un pan différent du cinéma, le récit explore les tâtonnements de l'existence à travers la quête amoureuse et la difficulté de connecter mais aussi de se détacher des autres. Prenant plusieurs formes autour de la question de l'amour, celui-ci changeant de visage au fil des époques jusqu'à une conclusion songeuse et particulièrement maîtrisée. Par contre, le film se montrera particulièrement inégale dans sa construction qui en dehors d'un segment central particulièrement réussie et prenant se laissera aller à certaines errances un peu longues. Peu engageant de prime abord et un peu trop froid pour son propre bien, on se laisse pourtant vite prendre au jeu par son spleen particulier où le cinéaste assume plus que jamais sa fascination du cinéma de David Lynch.
Composé d'un casting irréprochable, où Léa Seydoux signe probablement une de ses performances les plus versatiles et intenses face à un fascinant George MacKay impressionnant de froideur et d'intériorité. Avec sa mise en scène raffinée et élégante, Bonello parvient à faire de La Bête un film poétique et envoûtant comme il en parvient aussi à en faire une créature froide et complexe à aborder dans sa globalité. Mais malgré ses imperfections, on reste face à une œuvre atypique qui mérite à ce qu'on s'y immerge.

Daaaaaalí !
6.2

Daaaaaalí ! (2023)

1 h 18 min. Sortie : 7 février 2024. Comédie

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Alors qu'il avait emmené son cinéma vers des horizons un peu différent avec son très réussi Yannick, Quentin Dupieux revient à une forme plus traditionnel de son cinéma où celui-ci montre qu'il a nettement perdu de sa superbe.
Même si il faut reconnaître que la forme à laquelle il donne son film parvient à magistralement bien se marier avec l'univers de Salvador Dali, ce qui donne un certain relief à cette mise en abîme. Mais à force de répéter la même formule ad nauseam, pas aidé par l'aspect prolifique du cinéaste qui sort un à deux films par an, celle-ci semble ne plus parvenir à vraiment emporter. Malgré une introduction pour le coup assez hilarante, le film perd très vite en substance à travers ses gags réchauffés et le cabotinage parfois usant de son casting.
Même sur sa mise en scène, Quentin Dupieux semble plutôt rejoué le best of de sa carrière plutôt que de proposer quelque chose de plus audacieux sur son approche formelle. En résulte donc un film assez moyen, rarement drôle et encore moins surprenant qui accuse d'un sérieux coup de mou pour Dupieux. Son Daaaaaali ! s'impose donc comme une de ses œuvres les plus faible et anecdotique qui tend à faire ressortir les plus gros faiblesses de son cinéma notamment à travers des personnages féminins au traitement souvent problématiques. Décevant.

Sans jamais nous connaître
7

Sans jamais nous connaître (2023)

All of Us Strangers

1 h 45 min. Sortie : 14 février 2024 (France). Drame, Romance, Fantastique

Film de Andrew Haigh

Flaw 70 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Entre romance et fantastique, All of Us Strangers s'impose comme un film de fantômes mélancolique et attachant qui recèle d'une beauté et d'une tristesse renversante.
Venant explorer avec beaucoup de justesse la question de la solitude moderne, et comment le quotidien mène à une forme d'apathie, le récit dresse un fascinant portrait de son protagoniste qui s'impose en figure tragique déchirante. Que ce soit dans son deuil à rebours de ses parents ou de son exploration du sentiment amoureux à travers sa relation naissante avec son voisin, le film distille des scènes d'une maîtrise étourdissante qui brille par la finesse de leur écriture. Porté en plus par un casting formidable, où chaque acteurs accouchent de performances mémorables. Entre la candeur déchirante de Paul Mescal, l'intériorité fragile de Jamie Bell ou la force tranquille de Claire Foy, le film se transcende avec ses acteurs charismatiques où Andrew Scott livre en leading role une de ses meilleures performances.
Avec sa mise en scène délicate et élégante, offrant quelques idées formelles audacieuses et poétiques grâce à une composition particulièrement inspirée, All of Us Strangers s'impose comme un très beau film dont on regrettera juste un retournement final un peu convenu et attendu. Mais rien n'entache la magie de se voyage profondément triste et troublant vers la solitude humaine et ses étincelles de vie.

Madame Web
3.4

Madame Web (2024)

1 h 56 min. Sortie : 14 février 2024. Action, Aventure, Science-fiction

Film de S.J. Clarkson

Flaw 70 a mis 2/10.

Annotation :

Déjà handicapé par un passif peu reluisant, le Spider-Man Universe de Sony continue à s'enfoncer dans les tréfonds du cinéma et offre peut-être son plus mauvais film à ce jour.
Sous l'égide de S.J. Clarkson, réalisatrice issue de la télévision et qui réalise ici son premier film, Madame Web est le parfait exemple qu'on ne peut pas construire une œuvre de cinéma en ne se reposant que sur les tropes télévisuelles et les trends d'internet. Le film ne semble être pensé que comme une machine à buzz, entre son écriture ultra calibrée, limite hors sujet avec le personnage dont elle est censée contée les aventures et qui surtout accumule les anomalies et facilités narratives. Mais on se retrouve aussi face à un casting qui semble tout droit sortie d'un sondage twitter pour identifier les stars populaires du moment. Aucun d'eux ne semblent d'ailleurs investi dans l'entreprise, avec en prime un catastrophique Tahar Rahim et surtout un Dakota Johnson désincarnée en lead qui ne se voit jamais sauvée par son capital sympathique.
Ajouté à ça, on se retrouve face à une réalisation technique déplorable entre effets visuels hideux et un montage affreux qui brise toute les règles du bon sens cinématographiques. La mise en scène s'y avère indigeste et sans la moindre once de personnalité et le tout finit d'achever ce Madame Web comme un navet embarrassant qui s'impose sans peine comme un des pires films de récentes mémoires. A fuir.

I.S.S.
5

I.S.S. (2023)

1 h 35 min. Sortie : 19 janvier 2024 (États-Unis). Science-fiction, Thriller

Film de Gabriela Cowperthwaite

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Partant d'un postulat particulièrement intéressant et pertinent vis à vis de notre époque, Gabriela Cowperthwaite échoue à tirer le meilleur parti de ce dernier mais parvient à faire de son I.S.S. un thriller spatial qui n'est pas sans mérite.
Il est dommage que par sa courte durée, le récit se voit être autant précipité. Même si les personnages se voient très vite être peu développés, on en espérait un peu mieux au vu du sujet politique particulièrement explosif du film. Mais comme ses personnages le disent en début du film, la politique se voit assez vite être mis hors du cadre pour n'en puiser qu'un banal enchaînement de situations à suspense. Les thématiques sont très vite sous-exploités alors qu'elles s'avèrent être des plus pertinentes et actuelles montrant que l'écriture possède parfois l'intelligence de comprendre la complexité de ce qu'il expose. Mais les objectifs sont avant tout ici de proposer un thriller sans grande prétention et qui cède assez vite à la simplicité dans une conclusion caricaturale et sans grande finesse.
Le casting se montre par contre très bon pour faire croire en leurs personnages alors qu'ils se voient très tôt relégués au rang de plot device. Tout comme on notera les efforts de réalisation louable avec un film qui maîtrise assez habilement son absence de gravité et son manque de budget avec savoir-faire. La mise en scène de Gabriela Cowperthwaite se montre des plus efficaces et permet d'offrir quelques moments de tensions réussis.
I.S.S. s'impose alors comme un thriller minimaliste mais d'honnête facture dont son principal défaut et de ne pas vraiment tirer parti des ramifications politiques et humaines passionnantes derrière son brillant postulat. Néanmoins, l'ensemble possède suffisamment de qualités pour nous faire passer un bon moment.

American Fiction
6.7

American Fiction (2023)

1 h 57 min. Sortie : 26 février 2024 (France). Comédie dramatique

Film de Cord Jefferson

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Venant observer avec beaucoup de malice la complaisance blanche et l'hypocrisie culturelle, Cord Jefferson signe un film très drôle et acerbe qui vise souvent juste grâce à son écriture acérée.
Ce sera d'ailleurs la principale force du film qui parvient à composer un récit intelligent et pertinent dans sa façon de taper sur l'appropriation blanche sur la culture noir américaine et comment appropriation continue à les enfermer dans les mêmes stéréotypes. Le film exprime un ras le bol avec autant d'humour que de sidération qui vise souvent juste notamment vis à vis du milieu hollywoodien. Même si on regrettera peut-être que le scénario part un peu parfois dans tout les sens, multipliant les intrigues notamment autour des problèmes familiaux de son protagoniste.
Mais le tout compte sur un casting de haute volée, notamment le toujours excellent Jeffrey Wright, pour arriver à faire vivre l'ensemble et rendre même les passages les plus anecdotiques plaisant à suivre. On notera quand même une mise en scène particulièrement effacée de Cord Jefferson qui filme son histoire de manière minimaliste et très télévisuelle. Le tout ne manque pas de savoir-faire mais on sent assez vite que l'intérêt se porte plus sur son écriture que sa mise en forme. Reste que American Fiction s'impose comme une franche réussite, un film drôle et pertinent qui mérite qu'on s'y attarde.

Dune - Deuxième partie
7.7

Dune - Deuxième partie (2024)

Dune: Part Two

2 h 46 min. Sortie : 28 février 2024 (France). Science-fiction, Drame

Film de Denis Villeneuve

Flaw 70 a mis 8/10.

Annotation :

Sans pour autant palier au défaut de sa première partie, Denis Villeneuve impose sa démarche de manière plus assurée et signe une adaptation certes différentes de l'œuvre de Frank Herbert mais plus cohérente et efficace dans ses choix.
On perd néanmoins beaucoup du mysticisme fascinant des romans de Herbert pour une approche ici toujours plus épurée et brutaliste. Mais ne perdant pas de vue le propos initiale de ce qu'il adapte, Villeneuve parvient à écrire ici un récit plus précis et satisfaisant dans sa manière de faire avancer le parcours de son anti-héros messianique. Même si il faut reconnaître qu'il sacrifie beaucoup de la complexité de son univers, échouant d'ailleurs à rendre ses ellipses temporelles notables dans sa narration, il arrive pourtant à toucher au but et signer une œuvre solide autour de la dangerosité des croyances prophétiques. Plutôt pertinent dans ce qu'il essaie d'en dire sur notre époque à travers quelques parallèles bien senties, c'est dans son imagerie très militarisé qu'il en tient ses plus belles métaphores.
Assez contraire à l'univers de Herbert dans sa simplicité formelle, surtout par un vrai manque d'imagination dans sa direction artistique, le film souffre aussi un peu d'une photographie terne qui peine à vraiment à trancher avec la monotonie ambiante à l'exception de la superbe séquence sur la planète des Harkonnen. Mais Denis Villeneuve signe quand même une mise en scène assurée, arrivant à offrir quelques séquences grisantes par sa fascination du cadre et de la symétrie parvenant à mettre habilement en relief son style froid lors de morceaux de bravoures inspirés, brutaux et picturalement saisissants.
Avec son excellent casting et une approche formelle ainsi que thématique plus assurée, Villeneuve parvient à élever cette suite et faire de ce Dune: Part Two un très bon film. Plus radical encore dans ses choix d'adaptations, on surmonte la déception de voir l'univers se simplifié au profit d'un regard qui reste pertinent sur ce qu'il adapte mais sur l'époque dans laquelle il voit le jour. De quoi être curieux de voir le jour une vraie adaptation cinématographique de Dune Messiah tant les bases sont solides pour y voir émerger une suite.

Spaceman
5.5

Spaceman (2024)

1 h 47 min. Sortie : 1 mars 2024. Drame, Science-fiction

Film de Johan Renck

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Se rêvant en voyage thérapeutique et onirique pour son protagoniste mais aussi pour son spectateur, Spaceman échoue quand même à s'imposer comme l'expérience cathartique qu'il voudrait être en raison d'enjeux dramatiques limitées.
Explorant la détérioration d'un couple à travers cette fuite dans l'espace, le film prend une approche parfois beaucoup trop emphatique pour explorer des problèmes relativement banales. L'égoïsme de son protagoniste et son incapacité à s'engager en raison d'un lourd passif devienne assez vite des éléments redondants qui ne parviennent jamais à avoir la profondeur dramatique que le film essaie à leur insuffler. Et à trop jongler entre son point de vue et celui de sa femme, le film se disperse et échoue à être une odyssée spatiale passionnante et un drame familial vraiment passionnant. Pourtant le film ne manque pas de bonnes volontés ni de savoir-faire, arrivant ici et là à disséminer quelques séquences touchantes efficaces notamment entre l'amitié de son protagoniste et celui de l'araignée extraterrestre à bord de son vaisseau.
Le tout est en plus tenu par un casting au top, notamment la brillante Carey Mulligan mais aussi le très bon Adam Sandler prouvant encore que le registre sérieux lui va à ravir. Le film possède aussi une approche formelle audacieuse, avec sa photographie feutrée et son travail très onirique sur les focales, Johan Renck parvient à offrir une mise en scène délicate et hypnotique qui parvient à offrir quelques trouvailles visuelles ambitieuses. Spaceman s'impose donc comme un film satisfaisant mais limité par son ton trop appuyé pour des enjeux dramatiques au final peu engageant et parfois assez mal approfondi. On se laisse bercer par sa voyage assez planant mais qui finit trop par tendre vers l'ennui poli que la fascination.

Ferrari
5.9

Ferrari (2023)

2 h 10 min. Sortie : 8 mars 2024 (France). Biopic, Drame, Historique

Film de Michael Mann

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Avec presque une décennie d'absence, Michael Mann revient avec un biopic maîtrisé et abouti qui parvient à se faire une place dans la filmographie exceptionnelle du cinéaste sans pour autant parvenir à se placer en pole position.
Ne prenant place que sur une parcelle très réduite de la vie du célèbre concessionnaire Enzo Ferrari, le film s'impose surtout par son regard pertinent sur son sujet en venant placer le nom même de son protagoniste comme moteur émotionnel de son récit. Aux travers des questions de l'héritage financier et culturelle dans une période où la marque est au bord de la faillite et n'inspire plus autant la victoire tout comme un héritage plus personnel alors que le fils du protagoniste vient de succomber à la maladie et que la question de la légitimité de son autre fils, eut avec sa maitresse, vient se mettre au cœur du récit. Habile dans sa façon de naviguer sur ses thématiques, notamment autour de la question du deuil et de la mortalité, le film échoue pourtant à faire vivre ses personnages secondaires tout comme les enjeux autour de la course qui viendra faire office de climax.
A contre-courant des films de course automobiles à avoir vu le jour récemment, Ferrari ne semble que très peu intéressé par ses engins motorisés au profit des dilemmes moraux complexes de son protagoniste et de son orgueil. En ça, la relation avec sa femme sera probablement l'aspect le plus passionnant du film tant il témoigne d'une richesse et une justesse touchante. Adam Driver et Penelope Cruz livrent d'ailleurs tout deux d'excellentes performances.
Néanmoins il faut reconnaître que l'on peine parfois à apercevoir Michael Mann derrière la caméra tant en dehors de quelques tics visuelles propre à son style on le sent effacé. Les courses de voitures paraissent désuètes et l'ensemble témoigne d'une mollesse étonnante. Il reste un savoir-faire certain mais aussi un manque de passion évident pour le sujet exposé. En résulte donc un Ferrari réussi mais peu passionné qui manque cruellement de l'énergie que Mann parvenait à décuplé même dans des films moins aboutis.

La Demoiselle et le Dragon
5

La Demoiselle et le Dragon (2024)

Damsel

1 h 48 min. Sortie : 8 mars 2024. Aventure, Fantastique

Film de Juan Carlos Fresnadillo

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Continuant à produire des films mettant en vedette Millie Bobby Brown, Netflix nous resserre un divertissement attendu et sans grande envergure mais qui parvient à se montrer légèrement plus digeste que les Enola Holmes par son aspect plus sobre et contenu.
Hormis une introduction un peu lourde qui vient maladroitement essayé de jouer la carte du suspense, le plot twist du film étant éventé des les premières images, le film parvient assez vite à se ranger vers un récit minimaliste mais efficace. Si les personnages peineront à convaincre notamment la protagoniste qui souffre d'une caractérisation catastrophique, toujours pas aidé par la performance fade et artificielle de Millie Bobby Brown, l'ensemble des péripéties s'avéreront pour le coup assez divertissante. On regrettera que le film soit esthétiquement aussi peu travaillé entre ses effets spéciaux approximatifs et ses décors qui souffrent trop souvent de fonds verts bien visibles. Pourtant la mise en scène assez brute de Juan Carlos Fresnadillo possède un certain cachet et il parvient à offrir quelques idées formelles audacieuses et bienvenus.
Damsel s'impose donc comme un divertissement programmatique comme Netflix en fait trop souvent mais qui se voit néanmoins sauvé par une réalisation globalement correcte ainsi qu'un sens du rythme parfaitement maîtrisé. Même si son actrice principale peine encore à convaincre, elle se montre moins agaçante qu'à son habitude en raison d'un récit qui à l'intelligence de faire plus la part belle à son récit de survie plutôt que de trop s'attarder sur des personnages sans reliefs.

The Beekeeper
5.1

The Beekeeper (2024)

1 h 45 min. Sortie : 17 mai 2024 (France). Action, Thriller

Film de David Ayer

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

On espère toujours revoir un bon film de David Ayer qui est tombé bien bas avec sa carrière déclinante. Et même si The Beekeeper n'est pas le retour en forme espéré, on note quand même un léger mieux grâce à son association avec Jason Statham où les deux signes probablement ce qu'ils ont fait de plus satisfaisant depuis des années.
Sur bien des aspects, The Beekeeper est la parfaite définition du film bête et méchant. Avec son scénario qui ne sert que de prétextes à un jeu de massacres élaborés, le récit ne se refuse aucuns raccourcis pour arriver le plus vite possible à l'action quitte à laisser ses personnages sur le carreau. La caractérisation de ses derniers est inexistante et les enjeux personnels sont à peine esquissé que cela prête juste à sourire. L'introduction du film est d'ailleurs réglé si vite que le film démontre son peu d'intérêt quand aux motivations de chacun. L'univers des Beekeeper est à peine évoqué en assumant totalement son aspect ridicule et le tout se lance à deux cents à l'heure pour juste s'imposer en délire régressif.
Un parti pris qui ne peut d'ailleurs fonctionner que sur les épaules d'un Jason Statham plus caricatural que jamais et qui semble clairement prendre un malin plaisir à dérouiller tout le monde. Physiquement cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu aussi en forme dans des scènes d'actions qui mettent vraiment en valeur ses talents d'actionner. Car même si on regrettera que David Ayer n'aille pas au bout de sa démarche, le film étant très timide sur sa violence, il parvient néanmoins à signer une mise en scène percutante et brute qui offre quelques fusillades particulièrement inspirées dans des séquences lisibles et habilement chorégraphiés.
On aura connu le metteur en scène plus inventif et audacieux, se contentant un peu ici du minimum syndical, mais après ses récentes sortie de route le voir de retour avec un résultat plus sobre mais particulièrement solide s'impose comme un vent de fraîcheur. The Beekeeper s'impose donc comme un délire régressif particulièrement plaisant et maîtrisé mais dont il lui manque un vrai vent de folie et de fureur pour sortir son épingle du jeu. On passe un bon moment tout en sachant que Statham et Ayer aurait dû être une association bien plus explosive.

The American Society of Magical Negroes
5.2

The American Society of Magical Negroes (2024)

1 h 44 min. Sortie : 15 novembre 2024 (France). Comédie, Fantastique

Film de Kobi Libii

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

Partant d'un postulat intéressant qui promettait une comédie grinçante et audacieuse, on se retrouve au final face à un film calibré et bien trop timide pour parvenir à marquer de son empreinte.
Le récit s'avère ici des plus classiques, voulant jouer des tropes narratives et des stéréotypes racistes, le tout finit par se perdre dans une exécution trop sage qui ne parvient jamais à élever son propos politique tout en échouant à vraiment s'imposer comme une comédie innovante. Le film se moque des clichés et des tropes d'un part pour plonger allégrement dans d'autres d'un autre part ce qui donne une étrange impression d'un film qui ne parvient jamais à être aussi intelligent que son sujet. L'ensemble est attendu et peu imaginatif et à trop vouloir varier ses tonalités peinent à fonctionner dans chacune d'elles. Jamais vraiment convaincant dans sa critique sociale, très peu drôle et peu engageant dans sa partie romcom, on se retrouve face à un récit bancal qui ne peu compter que sur le charme évident de son casting.
La réalisation profite d'un certain soin dans son sens du cadrage, même à trop polir son cadre, Kobi Libii offre parfois une mise en scène maniérée et qui donne à son esthétisme un manque cruelle de naturel. L'ensemble semble trop forcée pour paraître beau plus que pour faire sens dans son approche. The American Society of Magical Negroes s'impose donc comme un film bancal. Jamais honteux mais ne parvenant jamais à s'affirmer dans ce qu'il tente d'entreprendre résultant en un premier film qui manque de regard et d'esprit.

Immaculée
5.5

Immaculée (2024)

Immaculate

1 h 29 min. Sortie : 20 mars 2024 (France). Épouvante-Horreur

Film de Michael Mohan

Flaw 70 a mis 6/10.

Annotation :

Se plaçant dans le registre de la nun exploitation, Immaculate flirte du côté de l'elevated horror dans un projet porté par son actrice principal mais vite rattrapé par les limites de son sujet.
Le récit ne parvient jamais à donner des éléments rafraichissants ou inédits dans le genre où il prend place s'imposant souvent par les clichés ou les retournements de situations pour le moins attendu. Venant parler de l'exploitation du corps des femmes par une société qui les réduits en vaisseaux dont le but premier est de procréer, le film se montre en récit féministe pertinent et habile mais finalement peu surprenant dans sa démarche. Surtout que les diverses éléments de l'intrigue prennent beaucoup de temps pour se mettre en place et ne viennent briller que lors d'un dernier acte particulièrement réjouissant.
Il faut attendre la conclusion pour que Michael Mohan lâche les chiens et s'impose dans une série B brutale et gore qui possède quelques saillies de body horror assez bienvenu. Cela permet de donner un peu de relief à une mise en scène maîtrisée mais très mécanique qui manque un peu de personnalité. Mais ce Immaculate vaut surtout pour la présence d'une Sydney Sweeney habitée qui livre probablement sa meilleure performance dans un projet qui lui tient ici particulièrement à cœur. Le film se montre donc relativement efficace mais n'offre vraiment que ses meilleurs frissons lors de sa dernière ligne droite salvatrice.

Road House
5

Road House (2024)

1 h 54 min. Sortie : 21 mars 2024. Action, Drame, Thriller

Film de Doug Liman

Flaw 70 a mis 5/10.

Annotation :

C'est un exercice toujours délicat de faire un remake d'un film qui n'en a initialement pas besoin. Surtout que Road House premier du nom, n'est pas un film particulièrement marquant pour que son nom seul puisse susciter un véritable engouement.
Il faut reconnaître que cela laisse suffisamment de marche de manœuvre à cette nouvelle version pour se rapproprier l'histoire de l'original et la moderniser en mettant plus l'emphase sur le spectaculaire. On perd aussi beaucoup de la partie "humaine" de l'original avec des personnages bien moins travaillés ou intéressants ainsi qu'une intrigue beaucoup plus mécanique qui malgré une ampleur plus marqué contraste aussi avec des enjeux qui paraissent moins passionnants. Mais passé la comparaison, on se retrouve face à un divertissement bête et méchant qui reste particulièrement inoffensif mais efficace.
Le casting fait correctement le taf même si Jake Gyllenhaal manque parfois de charisme pour s'imposer dans son rôle, pas aidé par la caractérisation de je m'en foutiste de son personnage. Il est souvent éclipsé par un Connor McGregor dément et hilare qui parvient s'en peine à amuser la galerie et capter l'attention. C'est dans ce charme pulp et rétrograde que le film trouve ses meilleures moments notamment dans des scènes de bastons habilement chorégraphiées et particulièrement nerveuse. Mais on regrettera une sur-exploitation des CGI, en plus foireux, ainsi qu'une mise en scène certes dynamique mais chargé d'effets de manche inutiles de la part de Doug Liman et qui tendent à désamorcer l'efficacité primal de l'action.
Road House devient donc un film qui cherche trop à en faire au lieu de s'en tenir à l'efficacité simple de sa formule. On passe à côté d'une série B qui aurait pu être particulièrement sympathique à un divertissement surchargé et bancal où chaque moments particulièrement sympa est rattrapé par des éléments plutôt irritants.

Ils étaient un seul homme
6.2

Ils étaient un seul homme (2023)

The Boys in the Boat

2 h 04 min. Sortie : 29 mars 2024 (France). Biopic, Drame, Sport

Film de George Clooney

Flaw 70 a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Fidèle à lui-même, George Clooney signe un nouveau film aussi efficace que ronflant dans ses mécaniques de cinéma traditionnel et un brin usé malgré son charme indéniable.
Venant raconter une histoire vraie, le récit s'impose comme un drame sportif assez attendu où se mêle les doutes de son protagoniste avec la construction d'une équipe qui devra apprendre à fonctionner ensemble. Entre le coach désabusé mais au grand cœur ainsi qu'une romance peu exploité en fond, on se retrouve avec tout les ingrédients attendus de ce genre de films. Ce qui donne un aspect un peu redondant au scénario même si l'on constate encore que la recette fonctionne. Et ce grâce à un casting exemplaire qui use habilement du charisme et talent naturel des très bons Joel Edgerton et Callum Turner.
La réalisation se montre aussi maîtrisée, arrivant à donner une belle énergie à ses séquences d'avirons, malgré un montage très didactique ainsi qu'une mise en scène appliqué mais très académique de la part de Clooney. Il fait de son The Boys in the Boat un biopic attendu et peu surprenant mais qui parvient à captiver grâce à ses séquences de courses dynamiques ainsi que le charme de son casting principal. Plaisant.

Pas de vagues
5.9

Pas de vagues (2024)

1 h 31 min. Sortie : 27 mars 2024. Drame

Film de Teddy Lussi-Modeste

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Partant d'un sujet particulièrement complexe et sensible, Teddy Lussi-Modeste se met dans une position délicate pour son 3e film en plus de ne pas être aidé par une bande annonce racoleuse qui n'a pas rendu justice à son film.
Car même si son scénario n'est pas exempt de défauts, ce qu'il accomplit ici avec Audrey Diwan s'avère être une étude assez fine autour du point de vue et de l'incompréhension d'autrui sans jamais invalidé aucun des ressentis de ses personnages. Un équilibre fragile que le film parvient à tenir sans jamais tomber dans la facilité ni dans la justification simplette. C'est dans son regard des institutions que le film trouve vraiment sa justesse alors qu'il montre comme l'idéalisme d'un prof se confronte à la réalité d'un système qui pousse et nourrit le désespoir. Même si on reconnaitra que le film ne se montre pas aussi pertinent dans le traitement de la vie sentimentale de son protagoniste, et que surtout celui-ci reste plus avantagé que ses élèves par l'histoire, le fait qu'il ne se range pas foncièrement de son côté reste un plus louable.
Même si à force de ne pas prendre de partie, le film semble écraser par la réalité de son sujet et qu'il ne sache plus comment se conclure. Reste que le casting sonne juste avec surtout un François Civil habité et nuancé qui livre sans conteste la meilleure performance de sa carrière. Si la mise en scène reste un peu effacé et redondante dans ses effets, Teddy Lussi-Modeste signe avec Pas de vagues un film social réussi et prenant qui parvient à éviter la plupart des pièges sur son chemin. Admirable.

Le Jeu de la reine
6.3

Le Jeu de la reine (2023)

Firebrand

2 h. Sortie : 27 mars 2024 (France). Drame, Historique

Film de Karim Aïnouz

Flaw 70 a mis 7/10.

Annotation :

Drame historique qui s'essaie à jouer avec l'Histoire pour asseoir son récit féministe malgré une approche révisionniste qui parfois pousse à s'interroger sur la pertinence de certains de ses choix.
Car si le point de vue du film s'impose comme une représentation parfaite d'une relation abusive face à une masculinité démente, en quête de domination et empoissonnée par sa propre toxicité et violence, il faut reconnaître que celui-ci doit faire beaucoup de concessions avec son contexte historique pour faire fonctionner son récit d'émancipation féminine. Même si il n'occulte jamais l'horreur qu'aura constitué la vie maritale de Henry VIII, il faut reconnaître que le jeu de pouvoirs qui s'exécute en son sein ne sonnera jamais totalement juste par son approche trop frontale et peu subtile. Voulant parfois lorgné un peu vers le cinéma récent de Lanthimos, le scénario n'en n'aura jamais la pertinence ni la ferveur et s'enferme un peu dans son approche trop orienté. Reste que le casting assure grandement le spectacle grâce à la performance impressionnante d'un Jude Law méconnaissable ainsi que le charisme sidérant de la toujours impeccable Alicia Vikander.
Avec sa réalisation sophistiquée, Karim Aïnouz signe une mise en scène sinueuse et vénéneuse où il parvient souvent à faire retranscrire la tension et la menace macabre qui règne autour du mariage toxique de Katherine Parr. Le tout parvient donc à se montrer particulièrement prenant grâce à une maîtrise indéniable malgré quelques choix narratifs parfois fâcheux. Rien qui n'empêche pourtant ce Firebrand de s'imposer comme un solide film.

Flaw 70

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