2025

Annotation :

Au fond, la seule chose qui me dérange dans l'art, c'est une émotion artificielle, qui sonne faux. Qu'est-ce qu'une émotion esthétique qui tombe juste? Bien sûr, ce qui est amusant dans l'art, c'est d'atteindre le vrai dans le faux. C'est dans la reconstitution artificielle de la vie et des émotions qui la compose, que l'on peut justement toucher fort. Car paradoxe, le vrai est souvent mis évidence, décuplé par le faux. Bref, un film est en permanence en train de marcher sur un fil tendu très haut dans le ciel. Il n'est jamais bien loin de la chute, mais quand il réussit la traversée c'est immense.

De la porte fermée:
Le film joue malencontreusement avec nous sur la gravité de cette première porte fermée, de ce faux signal. On a conscience que le personnage ne peut mourir à ce moment du film, par manque de sens, à la fois envers le spectateur et Julianne, nous ne sommes pas allés au bout du chemin avec elles. Alors, pourquoi cette fausse piste ? On a une première impression de cynisme, non pas vis-à-vis de la mort qui vient sans attendre, laissant la douleur à ceux qui restent (c'est sans doute ce que le film voulait sous-entendre), mais par rapport au récit en lui-même, qui se joue de son actrice et qui laisse durer sa réaction. C'est précisément dans le décalage entre le spectateur qui n'est pas dupe, et le personnage de Julianne qui elle, l'est. Avec notre position de voyeur, on a conscience d'observer un ''jeu'' d'actrice, un ''jeu'' d'écriture, un ''jeu'' de personnages. L'émotion est artificiellement créée et dans le même temps cassée par ce stéréotype propre au cinéma (le spectateur à conscience de voir un spectacle qui lui est donné), et donc qui sonne faux si le spectateur à trop conscience de lui même, s'il est trop mis en valeur par un point moral fort. Sur cette séquence, l'émotion est faite pour les acteurs, pour apporter une variation, et non pour le spectateur qui lui a les cartes en main, il est en avance, et donc exclut de la séquence, car contraint à assister au jeu qui se déroule devant lui.
Je crois qu'il ne faut pas sonner faux, ça amoindri un film.

De la froideur, que l'on retrouve d'ici et là:
C'est drôle que le film paraisse ''froid" sans vraiment l'être. Il y a un mélange étonnant entre la chaleur du mélo, des sentiments révélés, et une certaine retenue dans les émotions, et dans les choix de mise en scène. Les personnages sont subtils face à la mort, ils restent dignes (ne tachent