Ici tout brûle

Annotation :

“les poèmes étouffés dans le fond du cabas
tous les verres en saccades freinés par l’estomac
et l’exil Marina, ta Russie, comment va ?

et les hommes et les livres
tout ce qui porte un nom brûle
tout ce qui porte un nom brûle”

Rarement sa voix aura été aussi proche de la blessure.

Annotation :

J'aurais pu presque remplir les dix morceaux avec Éléor l'album. Je n'écoute Dominique A. que depuis quelques années (hinhin) ; je n'ai pas pu m'attacher à ses anciens disques avant d'être frappée par Vers Les Lueurs — puis Éléor. C'est peut-être dommage mais je le trouve que, de là où j'en suis, au bout du parcours qu'il continue de tracer, il est paisible et bouleversant comme jamais. En témoigne cette chanson, qui s'étire au soleil, sans paresse, et qui dit l'important.

Et la montée délicate et puissante,

“O dieu que ce silence rend fou

Quand délibèrent nos cellules
Comme alors l'air est minuscule”

qui me trouble chaque fois.

“Avant que la vie ne se défile
Avant de gagner l'autre bord
Rejoignez-moi
À Éléor”

Annotation :

Il y a quelque chose dans l'apaisement des fins d'albums, chez Dominique A., du moins dans ses deux derniers, qui tient du sublime. Par Les Lueurs répond au titre de l'album, bien sûr, mais aussi vient fermer la marche à l'espoir. Il annonce la justesse claire et solaire d'Éléor.

“Et soudain,
par les lueurs,
nous voilà traversés…
par les lueurs.”

Annotation :

L’enfance, y revenir. L’enfance, ce crachat dans la bouche. La violence de l’enfance, la douceur des jours de neige, les horreurs des gosses, inhumains, trop humains. L’enfance, on ne s’y habitue jamais, tu sais, pas même dans les villes sans cœur. Alors je me souviens de la neige, tous ces jours de neige, là-bas, dans ma ville, ces jours où j’ai cru au monde. Mais le monde a gagné, et mon enfance a passé en chansons, en livres, en films — en fiction. “Et depuis je décline sur tous les tons la tristesse qu’elle m’a refourguée.”

“Bientôt j’écrirai tout, quand je saurai viser.”

Annotation :

“Il y a trop de mots dans les hommes”

Annotation :

Un morceau de bravoure.

Je me souviens du concert, la première partie (lui aussi, qui jouait La Fossette) m’avait un peu amollie, et puis soudain, cette chanson, et j’en avais pleuré, j’en tremblais, d’être là et de voir ça.

Annotation :

Je dois avoir un problème avec les fins douces. Ici elle est aussi amère, aussi amère que douce, aussi dure que tendre. Quelque chose qui s'envole, quelque chose qui plonge, aussi léger que lourd, et la douleur surannée qui teinte toute la chanson. Dominique A. a une façon d'être en dehors des modes et des repères, intemporel, même si je déteste ce mot, et pourtant ici on retrouve la poussière des routes d'Oklahoma, 1932.

“Tout ce que j'ai m'éloigne de ce temps”

Annotation :

En souvenir des belles journées.

“Tous les baisers reçus, savais-tu qu’ils duraient ? Qu’en se mordant la bouche, le goût en revenait ? Et qu’il y avait du sang qui ne sècherait pas ? Tu me donnais la main pour boire de ce sang-là… Je ne t’ai jamais dit, mais nous sommes immortels, immortels, immortels. As-tu pensé parfois que rien ne finirait ? Et qu’on soit là ou pas, quand même on y serait. Et toi qui n’es plus là, c’est comme si tu étais plus immortel que moi… mais je te suis de près. Je ne t’ai jamais dit, mais nous sommes immortels. Immortels. Immortels.”

Annotation :

Parce que cette chanson a été écrite pour / sur / par Romain Gary. #confirmed

“Il n’en finissait pas comme la vie lointaine
Qu’on aurait quand plus tard il faudrait être vieux
Il n’en finissait pas comme les mille semaines
Quand septembre passait, s’éteignaient tous les feux

(…)

Si ma ligne de vie venait à se casser
J’aimerais pour finir avoir encore le temps
De monter sur la dune et le voir écumer
J’aimerais pour finir regarder l’océan
Comme lorsqu’on courait et qu’il apparaissait
Et qu’on criait de joie, ivres de sa colère
On ne le craignait pas et nous en étions fiers
C’était la même colère qui en nous s’élevait
L’océan”

Annotation :

La chanson de tous mes barrages en couille.