Le metal de 2021 selon Barbo

Mes albums de metal préférés de 2021, dans l'ordre.

Liste de

46 albums

créée il y a presque 3 ans · modifiée il y a presque 3 ans
Death on a Pale Horse
1.

Death on a Pale Horse (2021)

Sortie : 26 novembre 2021 (France).

Album de Opera Diabolicus

Annotation :

Neuf ans après un premier album complètement passé sous mon radar, Opera Diabolicus remet le couvert en s’entourant pour l’occasion d’un casting de haute volée, composé de gens passés entre autres par Therion, Candlemass ou King Diamond. Visiblement très inspiré par ces invités ainsi que par une pléiade d’autres moins prestigieux, le duo suédois a sorti le grand jeu, en accouchant de cinquante-neuf minutes d’un superbe metal progresssif épique, chassant sur les terres du heavy traditionnel et du power metal, et nanti d’atmosphères horrifiques mises en place par une riche instrumentation (claviers, violons et orgues). Accompagné d’une production largement à la hauteur, ‘Death on a pale horse’ satisfait à toutes ses ambitions avec éclat, comme si le meilleur de King Diamond était retravaillé par Symphony X. Du très grand art, mûrement réfléchi, qui justifie amplement le temps qui le sépare de son prédécesseur.

Psychedelic Realms ov Hell
2.

Psychedelic Realms ov Hell (2021)

Sortie : 3 septembre 2021 (France).

Album de Wharflurch

Annotation :

Avec un tel titre, et un visuel qui lui va comme un gant, ‘Psychedelic realms ov hell’ affiche immédiatement ses intentions, qui ne sont pas sans pourfendre certaines conventions : imaginer l’enfer comme un lieu ouvert au psychédélisme n’est en effet pas une propriété qu’on lui prête instinctivement. Wharflurch n’en a que faire, et assène après trois EPs un premier album impressionnant, dont le death metal efficace, mâtiné d’influences diverses (doom, indus, electro) se pare d’une atmosphère qui émerge telle une épaisse volute de fumée multicolore, traduisant les différentes facettes d’un disque moins monolithique qu’il n’y paraît, entre puissance, agressivité, noirceur, oppression, et parfois un peu de mélancolie. On peut penser après coup au dernier Drug Honkey voire à Oranssi Pazuzu dans l’esprit, mais le quatuor américain semble déjà décidé à ne ressembler qu’à lui-même, avec un brio qui force le respect.

Hello Karma
6.5
3.

Hello Karma (2021)

Sortie : 5 février 2021 (France).

Album de Psykup

Annotation :

Psykup tient indubitablement la forme. Le quintette toulousain a certes pris quatre ans pour délivrer un successeur à l’excellent ‘Ctrl + Alt + Fuck’, mais il serait bien déplacé de chouigner de la sorte devant l’excellence du résultat, qui fait rimer efficacité avec voracité. Suite logique de son prédécesseur, ‘Hello Karma !’ maintient le cap plus direct et compact adopté depuis la fin de son hiatus, avec une meilleure maîtrise des chemins de traverse que son metal avant-gardiste se plaisait à emprunter autrefois, au risque de s’y perdre. Le tout perd peut-être un peu en richesse ce qu’il aura gagné en homogénéité, mais ne se départit jamais d’une expression toujours aussi exigeante et talentueuse de l’énergie bouillonnante dont le groupe dispose encore sous le pied. Aisément l’un des meilleurs albums des adorateurs de l’autruche.

The Nightmare of Being
6.8
4.

The Nightmare of Being (2021)

Sortie : 2 juillet 2021 (France).

Album de At the Gates

Annotation :

At The Gates ne m’ayant guère intéressé durant la décennie précédente, je ne pouvais être préparé à la remarquable surprise que l’écoute de ce septième album allait me procurer. Forts d’une production parfaite et d’une inspiration renouvelée, les précurseurs du death mélodique repoussent avec une immense réussite les frontières du sous-genre, en l’enrichissant d’influences progressives du meilleur goût, tout en équilibrant ces apports par une accroche mélodique agréable afin de ne pas perdre le fil. Et si l’ultra-sécheresse des vocaux de Tomas Lindberg en fera compréhensiblement tiquer quelques-uns, elle ne saurait à elle seule noircir le tableau de ce formidable album, dont je rêve qu’il puisse influencer le melodeath des années à venir autant, sinon beaucoup plus que ‘Slaughter of the soul’ le fit en son temps.

Dy'th Requiem for the Serpent Telepath
7.4
5.

Dy'th Requiem for the Serpent Telepath (2021)

Sortie : 21 mai 2021 (France). Black Metal, Death Metal

Album de Esoctrilihum

Annotation :

Ma première expérience avec Esoctrilihum, datée de l’an passé avec le précédent album ‘Eternity of Shaog’, ne m’avait aucunement parlé. Je remercie donc ma curiosité d’avoir tendu l’oreille à ce sixième long-format du projet solo (oui oui, encore un) d’un multi-instrumentiste fou qui se fait appeler Asthâghul (guitariste, bassiste, batteur, claviériste, pianiste, violoniste… et gueulard aussi, tant qu'on y est). Incroyablement ambitieux, l’opus donne l’impression, pour tenter un résumé évidemment très imparfait, d’entendre Samaël fusionner ses différentes périodes sur fond de structures progressives et de réverbérations appuyées. Dark, black, néo-folk, death, prog : le Français déploie une richesse d’influences remarquablement amalgamées pendant soixante-quinze minutes si épiques que l’ennui ne parvient guère à se nicher ne serait-ce que dans un tout petit coin. Et une réjouissance nationale de plus, une !

Consolamentum
7.6
6.

Consolamentum (2021)

Sortie : 2 juillet 2021 (France). Post-Metal

Album de Year of No Light

Annotation :

Ce n’est qu’en 2021 que j’ai découvert Year Of No Light et j’en suis attristé. D’abord porté sur le sludge, les Bordelais ont ensuite pris de la hauteur et invité le post-metal à leur table. Ce cinquième long-format, qui nous arrive huit ans après le précédent, montre à quel point le sextet dompte son sujet à la quasi-perfection. S’étendant sur cinq titres et cinquante-cinq minutes, leur doom entièrement instrumental est un véritable concentré de puissance évocatrice, autant capable de transporter par ses suspensions aériennes que par ses rugissements enragés. Et si le groupe n’avait pas opté pour une rythmique aussi inutilement tordue pour la majeure partie du morceau final, nul doute que ce ‘Consolamentum’, époustouflant par ailleurs, aurait probablement pu prétendre à une place dans mon top 3 de cette année. Foncez dessus si comme moi, vous faites partie des retardataires.

The Lurch
7.

The Lurch (2021)

Sortie : 21 mai 2021 (France).

Album de Yautja

Annotation :

Aux côtés de ‘Savigaila’ de Erdve, qui pointe en trente-deuxième position de ce classement, 'The lurch’ est l’autre album de sludgecore que je retiens de cette année, et sans difficulté aucune l’un des disques les plus enragés de ce top. Deuxième long-format des Américains, il sidère par les multiples mandales administrées sans la moindre pitié, n’hésitant pas à fricoter parfois avec le grind pour asseoir sa violence maladive. Non contents de maltraiter leurs instruments respectifs, les trois musiciens sont aussi capables d’intervenir chacun sur le plan vocal pour vomir leur fiel, en parfaite harmonie avec ces déflagrations sciemment grattées et tambourinées. Après avoir rugi pendant quarante-six minutes, Yautja laisse l’auditeur complètement groggy. Mais le pire pour ce dernier est encore à venir, car il en redemande.

Conflagrate the Celestial Refugium
8.

Conflagrate the Celestial Refugium (2021)

Sortie : 26 mars 2021 (France).

Album de Cambion

Annotation :

Faisant suite à un premier EP sorti quatre ans auparavant, ‘Conflagrate the celestial refugium’ est le premier album de ce trio américain, qui semble considérablement ambitieux. En sept morceaux dévastateurs et un huitième plus atmosphérique (mais pas moins intéressant), Cambion expose brillamment son angle d’attaque du brutal death : un compromis idéal entre des riffs de guitare aussi efficaces qu’accessibles, typiques du death metal originel, et une batterie omniprésente et incroyablement technique. L’immense dextérité du frappeur Chason Westmoreland est en effet l’atout maître de l’opus, alignant sans broncher blast beats vigoureux et fills qui ne déplairaient pas à Dave Lombardo. Servi en outre par un mixage équilibré, ce disque est peut-être ce que le brutal death a produit de mieux depuis le dernier album en date de Dying Fetus.

Biolume, Part 2 – The Golden Orb
7.5
9.

Biolume, Part 2 – The Golden Orb (2021)

Sortie : 19 mars 2021 (France).

Album de Midnight Odyssey

Annotation :

Après deux albums d’ambient en 2020, Dis Pater reprend Midnight Odyssey là où il l’avait laissé, en signant le deuxième volet de la trilogie Biolume, débutée en 2019, avec une petite surprise à la clé. Alors que l’Australien nous avait habitué jusqu’ici à un black metal atmosphérique d’une grande froideur, il fait le choix d’une orientation plus épique (façon Bathory post années 80), comme le subodore le visuel belliqueux de l’opus. Si au premier abord le résultat désarçonne légèrement, notamment avec des samples de cuivres qui n’avaient jamais eu droit de cité jusqu’ici, il n’a rien d’un renoncement et ne fait au final qu’enrichir un panorama musical qui conserve tout son pouvoir de fascination et parvient à maintenir l’attention pendant plus d’une heure et quarante minutes d’écoute. J’ignore quels autres musiciens de la sphère metal peuvent s’enorgueillir d’une telle performance régulièrement renouvelée, mais je ne serais guère étonné s’ils se comptaient sur les doigts d’une seule main.

Hushed and Grim
7.4
10.

Hushed and Grim (2021)

Sortie : 29 octobre 2021 (France). Progressive Metal

Album de Mastodon

Annotation :

Quatre ans après un ‘Emperor of sand’ qui ne m‘avait pas franchement parlé, je ne m’étais guère forgé d’attentes particulières vis-à-vis de ce huitième album de Mastodon. Le quatuor d’Atlanta s’est pourtant démené comme un beau diable pour signer un disque d’exception, fort possiblement le plus abouti de sa carrière. Malgré ses quatre-vingt six minutes, ce premier double opus du groupe est mené de main de maître, porté par un naturel et une fluidité qui font passer la pilule avec une aisance déconcertante malgré sa longueur. Alternant entre les différentes influences prog, stoner et sludge des Américains, assis sur une production moins appuyée qu’auparavant, ‘Hushed and grim’ séduit dès la première écoute et semble taillé pour affronter le temps. Sûr des acquis de ses géniteurs, il devrait, si ce monde a un minimum de goût, asseoir un peu plus encore leur réputation.

Persecution
11.

Persecution (2021)

Sortie : 5 novembre 2021 (France).

Album de Autokrator

Annotation :

'Persecution’ est le quatrième album de ce duo français en constante évolution. Probablement conscients que mélanger le drone et le death metal avait ses limites, comme en témoignent leurs deux premiers opus à peu près inécoutables, Loïc Fontaine et David Bailey avaient amorcé un désépaississement de leur son sur leur précédent méfait, à mes yeux l’un des meilleurs albums de metal de 2018. Épaulés par un certain Kevin Paradis à la batterie, les Montpellierains poursuivent sur cette voie avec ‘Persecution’, sans doute leur disque aux riffs les plus explicitement audibles. Cela n’empêche pas leur musique, fort bien produite au passage, de conserver une densité gigantesque, prenant à la gorge tout malheureux badaud traînant dans ses parages et ne le relâchant qu’au bout de trente minutes d’une rare violence et d’une conclusion façon indus martial en spoken word (malheureusement trop longue) pour reprendre ses esprits. L’un des albums les plus intenses de cette année.

Solace
6.9
12.

Solace (2021)

Sortie : 18 mars 2021 (France).

Album de Neurotech

Annotation :

Le Slovène Wulf a mis fin au hiatus de Neurotech, décidé lors de la sortie de ‘The catalyst’ quatre ans auparavant. Ses projets parallèles lui ayant permis d’explorer ses différentes obsessions électroniques depuis lors, ce neuvième album redonne aux grosses guitares un peu de la place qu’elles avaient lentement perdu au fil du temps, tout en maintenant la facette future pop qui s’était progressivement imposée pour former l’hybride qui a fait la personnalité de Neurotech. En résulte un disque réjouissant, efficace et plus subtil qu’il n’y paraît, Wulf restant très enclin à jouer sur les temps faibles pour construire puis asséner ses implacables ryhtmiques. Rarement notre homme s’est montré aussi inspiré, signant peut-être là le meilleur album de Neurotech, en attendant un nouveau long-format très prometteur début 2022.

Ecos
13.

Ecos (2021)

Sortie : 11 juin 2021 (France).

Album de Ornamentos del Miedo

Annotation :

Ornamentos Del Miedo ayant échoué à m’intéresser avec son inaugural ‘Este no es tu hogar’, deux ans auparavant, c’est simplement par curiosité ponctuelle pour les sorties de Solitude Productions que j’ai jeté une oreille à ce deuxième effort de 65 minutes. Bien m’en a pris ! Le projet solo d’Angel Chicote a cette fois-ci capté toute mon attention, grâce à un dosage parfait de tous les ingrédients qui constituent un bel album de funeral doom. Impeccablement produit, l’opus n’est ni vraiment sombre (malgré des vociférations à l’avenant), ni vraiment mélancolique. L’Espagnol fait ici prédominer la facette épique du doom funéraire, portée par des guitares aussi massives qu’aériennes, qui entonnent des airs d’une grande majesté. Étais-je passé à côté de quelque chose lorsque le premier album était sorti ? En attendant de répondre un jour à cette question, ‘Ecos’ est mon album de funeral doom préféré de 2021.

Rat°God
14.

Rat°God (2021)

Sortie : 4 juin 2021 (France).

Album de Inhuman Condition

Annotation :

Composé de morceaux initialement écrits pour un nouvel abum de Massacre mais rejetés par Kam Lee, chanteur et mentor de ces derniers, ce premier album d’Inhuman Condition est évidemment un serment d’allégeance au death metal à l’ancienne, avec ce que cela suppose d’originalité… toute relative, dirons-nous. Mais Taylor Nordberg et Jeramie Kling, accompagnés par le vétéran Terry Butler à la basse (Death, Massacre, Six Feet Under, Obituary), montrent une telle ardeur à la tâche et tapent si bien dans le mille que l’efficacité implacable de ce ‘Rat°God’ ne peut que susciter l’adhésion. Blindé de riffs accrocheurs et parfait dans sa concision, cet opus se hisse sans complexe dans les hautes sphères de sa catégorie, et surpasse à mes yeux le dernier album de Massacre, un peu trop clinique pour parvenir à me séduire.

Fortitude
7.4
15.

Fortitude (2021)

Sortie : 30 avril 2021 (France). Progressive Metal, Groove metal

Album de Gojira

Annotation :

Cinq ans auront été nécessaires aux Français pour donner naissance au successeur du controversé ‘Magma’. Si sur certains aspects, ‘Fortitude’ est sans doute un peu plus conservateur que son prédécesseur, ce n’est pas votre serviteur, peu adepte de ce dernier, qui s’en plaindra. Se référant parfois explicitement au ‘Roots’ de Sepultura (l’ouverture de ‘Born for one thing’, très nettement calquée sur ‘Straighthate’ des Brésiliens), le quatuor ne songe clairement pas revenir à ses marottes progressives d’antan, tant il mise sur l’efficacité de son écriture via une alternance de bon aloi entre exigence relative et accessibilité. Et si cette dernière peut parfois confiner au simplisme, le puissant groove de l’ensemble, mis en valeur par la production d’Andy Wallace (déjà présent au mixage sur ‘Roots’), reste bien difficile à parer. Le meilleur de Gojira est probablement déjà derrière eux, mais de belles choses restent plus que plausibles pour les années à venir.

Abyssal Trip
16.

Abyssal Trip (2021)

Sortie : 26 février 2021 (France).

Album de Spelljammer

Annotation :

Bien qu’il ne s’agisse que de son deuxième album en quatorze ans d’existence, Spelljammer n’entend pas bousculer outre mesure la niche où il évolue : le stoner doom. Masterisé par Esben Willems, batteur de Monolord, ‘Abyssal trip’ déambule sur des terrains défrichés depuis belle lurette, que le groupe n’entend pas ré-ensemencer à grands renforts d’innovation et/ou d’iconoclasme. Mais le disque porte fort bien son nom : les coups de massue assénés par le trio sont invraisemblablement pesants, descendant des dizaines de pieds sous terre pour y rejoindre ceux portés autrefois par Sleep, Electric Wizard ou même le Monolord des débuts, et trôner fièrement à leurs côtés. Les Suédois ont beau ne pas prétendre à l’inventivité, ils ont forgé un véritable mammouth, épais et velu, évoluant dans les abysses avec une nonchalance déconcertante.

As the Flame Withers
7
17.

As the Flame Withers (2021)

Sortie : 25 janvier 2021 (France).

Album de Yoth Iria

Annotation :

Composé entre autres de musiciens passés par Rotting Christ, Yoth Iria s’inscrit dans une veine relativement voisine, pratiquant un black metal mélodique fort bien produit. Ce n’est pas là le seul atout de leur musique : le groupe montre un talent impressionant pour construire des riffs pouvant rapidement s’imprimer dans un coin de la tête sans se départir d’une certaine sophistication. Tout juste regrettera-t-on un déroulé un peu maladroit, avec trois morceaux consécutifs aux tempi posés pour conclure un album jusque là fort vivace. Que cela ne vous interdise surtout pas de vous pencher sur le cas de ces Grecs, qui après un premier EP, signent avec ce premier long-format une jolie bravade. Venir chasser sur les propres terres de son ancien groupe peut être chose très délicate, mais Yoth Iria s’en tire avec les honneurs, et un potentiel dont j’attends la prochaine expression avec enthousiasme.

Aggression Continuum
6.2
18.

Aggression Continuum (2021)

Sortie : 18 juin 2021 (France).

Album de Fear Factory

Annotation :

Six ans après le très bon ‘Genexus’, l’usine à peur sort enfin une nouvelle création de ses fourneaux. Ultime (et très bonne) contribution du chanteur Burton C. Bell, qui a fini par quitter le groupe sur fond de querelles juridiques, ‘Agression continuum’ est le constat que Fear Factory fait toujours du Fear Factory, et sait encore le faire bien. Il était légitime d’en douter au premier abord, où l’on peut être chagriné par des enrobages orchestraux un peu gauches, alors que les Californiens avaient déjà montré leur capacité à les intégrer convenablement sur ‘Obsolete’ vingt-trois ans auparavant. Mais ce défaut s’amenuise à mesure que ce dixième album (je mets ‘Concrete’ de côté) se laisse découvrir, et n’entame pas la foi que le guitariste Dino Cazares garde plus que jamais dans ce metal industriel extrême et syncopé, toujours prompt au concassage de tympans. Du beau travail, en attendant de voir comment l’après Bell va être abordé.

Vadak
7.4
19.

Vadak (2021)

Sortie : 25 juin 2021 (France). Black Metal, Rock, Avantgarde

Album de Thy Catafalque

Annotation :

J’avais été plutôt désappointé par ‘Naiv’, précédent effort de Thy Catafalque, qui m’avait semblé un peu manquer du grain de folie que le seul maître à bord, Tamas Katai, a pourtant pour habitude de saupoudrer sur chacun de ses opus. Il aura suffi d’un an pour que le Hongrois remette la main sur cet ingrédient indéfinissable et le répande sur ce dixième album. Sans qu’il y ait nécessairement un morceau qui se détache du lot, ‘Vadak’ rappelle à quel point le Hongrois garde cette incroyable faculté à métisser guitares rageuses, batterie programmée frénétique et folk dépaysante, avec une énergie et une originalité telles que Thy Catafalque reste aujourd’hui considéré comme avant-gardiste. Si comme moi vous aviez préféré accoster l’an passé, vous pouvez de nouveau embarquer, tant la traversée est vivifiante.

Chronicles of an Inevitable Outcome
7.8
20.

Chronicles of an Inevitable Outcome (2021)

Sortie : 21 avril 2021 (France). Gothic metal, Doom metal

Album de Intraveineuse

Annotation :

Il est toujours appréciable de voir un groupe mâcher le boulot d’un scribouillard en se décrivant lui-même avec précision. Aussi, lorsque ce duo parisien cite Type O Negative et Hangman’s Chair comme principales influences, soyez assurés qu’il ne ment pas une seule seconde sur la marchandise. Citant explicitement le premier par certains de ces tics (les dérapages de guitare outranciers, notamment) et rappelant le second par des passages aériens, Intraveineuse dresse un pont entre deux générations singulières du doom, tout en y apportant sa propre touche sur le plan structurel puisque ce premier EP (c'est ce qu'il est officiellement) est constitué d’un seul et unique morceau de trente-deux minutes, entièrement instrumental. Le résultat est assez réussi et mérite amplement d’être encouragé, ne serait-ce que dans l’espoir de voir le groupe travailler sur un successeur.

The Sixth Storm
21.

The Sixth Storm (2021)

Sortie : 29 octobre 2021 (France).

Album de Count Raven

Annotation :

Deux ans après Candlemass, c’est au tour d’un autre vétéran de la scène doom suédoise de mettre fin à une période prolongée sans album à se mettre sous la dent. Et si contrairement aux pères fondateurs de la branche épique du genre, Count Raven n’a strictement rien produit pendant ce hiatus, c’est avec éclat que Dan Fondelius et ses acolytes reviennent aux affaires. Le trio renoue en effet avec une inspiration qui n’avait plus retenu mon attention après ‘Destruction of the void’, sorti en 1992. Entre mélodies travaillées, intonations Osbourniennes et production au diapason, ‘The sixth storm’ réussit à maintenir l’intérêt pendant ses soixante-treize minutes (malgré une conclusion un peu à part, hommage à la défunte femme de Fondelius). Remarquablement fluide et coulant, il fait regretter que le groupe ne donne pas de ses nouvelles un peu plus fréquemment.

Temps Morts
7.4
22.

Temps Morts (2021)

Sortie : 21 mai 2021 (France).

Album de Borgne

Annotation :

Ce n’est que cette année que j’ai entendu parler pour la première fois de ce combo suisse qui a déjà plus de vingt années et désormais dix albums derrière lui. Alternant l’Anglais et le Français dans ses textes, Borgne est adepte d’un metal industriel extrême de qualité, majoritairement black avec trémolos de guitare à foison et double grosse caisse pénétrante, et ponctué par des passages dark ambient qui, sans être indigents, n’ont clairement pas la même force d’envoûtement. Le groupe parvient tout de même à faire passer la pilule des soixante-treize minutes sans trop de difficultés, d’autant qu’il n’oublie pas de varier ses plaisirs, notamment en début et fin d’album en allant fureter vers le mid-tempo, le doom et quelques passages dansants. Malgré ses défauts, ‘Temps morts’ fait aisément pénétrer dans cette cité industrielle déchue qui lui sert de visuel. Les amateurs de la facette industrielle de Blut Aus Nord peuvent tenter le coup sans hésiter.

Hell Unleashed
6.4
23.

Hell Unleashed (2021)

Sortie : 30 avril 2021 (France).

Album de Evile

Annotation :

'Hell unleashed’ est ma première expérience avec ce quatuor britannique, l’un des acteurs remarqués de la résurgence du thrash au cours des années 2000. À l’instar de leurs compères grecs de Suicidal Angels qui surfent sur les mêmes vagues, Evile n’est, à l’écoute de ce cinquième album, pas franchement débordant de personnalité, se contentant pour l’essentiel de recettes maintes fois éprouvées, qui n’ont pas de quoi faire du groupe un marqueur de son temps. Mais sa niaque, à la fois considérable et maîtrisée, portée par une excellente production et diverses incursions vers le death, est tout à fait convaincante et rappelle précisément pourquoi lesdites recettes restent très usitées. Là où Suicidal Angels s’est à mes yeux essoufflé au fil des ans, Evile garde une conviction inébranlable en sa musique, signant ainsi l’une des meilleures œuvres de thrash codifié de cette année.

Savigaila
6.7
24.

Savigaila (2021)

Sortie : 23 juin 2021 (France).

Album de Erdve

Annotation :

Il n’est pas commun que le sludgecore s’invite en ces lieux, mais il a signé cette année deux déflagrations majeures qui m’ont particulièrement marqué. La première est l’oeuvre de ces Lithuaniens, qui en quarante-deux minutes sidèrent par l’intensité dont ils sont capables. Ce deuxième album, parfait successeur de l’inaugural ‘Vaitojimas’ sorti trois ans auparavant, n’a de cesse de cogner, gifler, abraser, secouer dans tous les sens puis jeter à terre sans que l’on ait nécessairement compris ce qui venait de se produire. Il n’en oublie pas moins quelques moments d’accalmie venant nuancer tout cela, mais c’est bien le concentré de colère et de frustration qui sert de carburant à ce disque, où vocaux et instruments semblent condamnés à hurler lorsqu’ils sont à l’unisson. Incroyablement revigorant et survolté, ‘Savigaila’ est certainement l’une des catharsis les plus mémorables de ce millésime.

Paradoxus
25.

Paradoxus (2021)

Sortie : 16 juillet 2021 (France).

Album de Inhuman Architects

Annotation :

Je crois avoir déjà évoqué dans mes tops précédents à quel point je peux être pointilleux vis-à-vis du deathcore, sous-genre au sein duquel il est pour moi absolument crucial que ses pratiquants parviennent à un équilibre relevant presque du funambulisme entre les différents éléments musicaux. C’est ici le cas avec ce quintette portugais qui, pour son premier album, a su s’entourer des bonnes personnes pour mettre en valeur ses riffs destructeurs, ses blasts beats effrénés, et ses alternances entre hurlements et vociférations rauques, sans dénaturer quoi que ce soit par un mixage à la ramasse ou un mastering outrancier. S’il reste classique dans son approche, ‘Paradoxus’ évite adroitement les pièges dans lesquels certains cousins pourtant plus audacieux sont tombés, et place Inhuman Architects parmi les nouveaux venus de la scène deathcore les plus dignes d’être surveillés.

Not Dark Yet
26.

Not Dark Yet (2021)

Sortie : 4 juin 2021 (France).

Album de Fluids

Annotation :

Mélanger le grindcore et l’industriel est à ma connaissance extrêmement peu commun. C’est donc avec une très grande curiosité que j’ai attendu le troisième album de ce trio américain, après découverte d’un morceau annonciateur. Fluids suit au final une démarche très proche d’une bonne partie de la scène metal industriel, concentrant l’essentiel de sa facette mécanique sur la batterie (intégralement programmée dans la cas présent). Cela n’empêche pas le groupe de montrer une réelle singularité en se distinguant des rendus plus technoïdes du cybergrind, au prix toutefois d’un grand monolithisme, ce ‘Not dark yet’ étant particulièrement attaché à une tonalité (celle de la bémol en l’occurrence, ce qui est également inhabituel au passage). Mais si on accepte de l’écouter sous un angle conceptuel, la coulée de lave sonore qu’engendre Fluids n’aura pas grand mal à emporter avec elle les plus impétueux d’entre vous (et moi).

Lamenting a Dead World
27.

Lamenting a Dead World (2021)

Sortie : 30 avril 2021 (France).

Album de ORYX

Annotation :

Bien que discret, ce trio en est à son quatrième album, et fait bon usage de la bouteille qu’il a acquise jusqu’ici. Parangons du sludge doom, les Américains montrent en cinq morceaux et une quarantaine de minutes qu’ils ont quasiment tout ce qu’il faut artistiquement parlant pour s’élever au rang de haut dignitaire du sous-genre. Guitares imposantes, riffing menaçant, versatilité vocale entre abois et gutturalités, percussions lourdes et production soutenant parfaitement l’ensemble : Oryx mérite clairement plus de reconnaissance qu’il n’en a pour l’instant. On peut certes pointer une personnalité pas encore tout à fait affirmée, ainsi qu’un exercice de style de quinze minutes un peu inabouti en fin de parcours, mais cela ne saurait empêcher ‘Lamenting a dead world’ de prétendre au statut d’incontournable de 2021 dans sa catégorie.

Nekrolatreia
28.

Nekrolatreia (2021)

Sortie : 25 avril 2021 (France).

Album de Thy Rites

Annotation :

Que serait un top metal de mon cru sans un bon petit album de black/thrash à se mettre sous la dent ? Un top metal de mon cru quand même, mais quand on est Brésilien, qu’on fonde un projet du nom de Thy Rites en 2005, qu’on en est le seul membre originel actif, assurant visiblement tous les instruments, et qu’on balance un paquet de riffs accrocheurs à grands renforts de guitares pénétrantes, tournoyantes et virevoltantes, plus concentrées sur l’efficacité que sur l’agressivité, on n‘a pas volé sa place dans ce récapitulatif. Assis sur une production fruste mais équilibrée, où aucun élément n’est mis de côté, ce quatrième album défile à toute berzingue avec une frénésie libératrice. Et si sa très faible propension à se jouer des codes du sous-genre auquel il se consacre, conjointe à une tonalité de sol un peu trop récurrente (ça change du mi et du ré, c’est déjà ça), l’empêchent de tutoyer les sommets, ‘Nekrolatreia’ reste une belle démonstration de talent de la part de son géniteur.

Too Mean to Die
6.7
29.

Too Mean to Die (2021)

Sortie : 29 janvier 2021 (France).

Album de Accept

Annotation :

Les tauliers du heavy metal à l’Allemande avaient échoué à m’intéresser après 2010 et l’excellent ‘Blood of the nations’, chose qu’ils n’avaient d’ailleurs pas beaucoup plus réussi avant. Mais avec ‘Too mean to die’, Accept parvient à un équilibre qu’il a trop rarement obtenu durant une carrière pourtant immense. L’efficacité voulue par le sextet est incontestablement atteinte, sans abuser de la pomposité dont il a pu parfois se rendre coupable, ce qui va de pair avec la production d’Andy Sneap, légèrement moins appuyée qu’à l’accoutumée. Très solide d’un bout à l’autre, coulant de source, conclu par une très belle réinterprétation du Samson Et Dalila de Camille Saint-Saëns (combinée à la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak), ce seizième opus du groupe est le meilleur album de heavy metal traditionnel de 2021 qui soit parvenu aux oreilles de votre serviteur.

Hyperdialect
7.7
30.

Hyperdialect (2021)

Sortie : 18 juin 2021 (France).

Album de Hacktivist

Annotation :

On aurait pu croire que la fusion entre grosses guitares et hip-hop n’avait plus rien à dire, à l’écoute de son dispensable revival porté par Prophets Of Rage et autres Powerflo. Aussi peut-elle remercier ce quintette britannique qui vient la revigorer en lui appliquant une variation qui, enfin, va véritablement de l’avant. Scansions venimeuses sans être beuglées (coucou Death Grips), guitares djent gigantesques, nappes synthétiques et production moderne sans être moderniste : Hacktivist est peut-être très ancré dans son époque, probablement redondant dans son approche, possiblement peu capable de se renouveler, mais sa détermination à faire avancer le schmilblick fusionnel fait de son deuxième album une pierre angulaire de la fusion de cette décennie, bien plus inventive et rafraîchissante que le réchauffé qui nous a été servi peu auparavant.

Barbeau

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