"Les chansons de ma vie" : Alex Kapranos

Annotation :

« Je crois que je prendrais l'un des premiers singles des Beatles, peu importe lequel d'ailleurs. « I Wanna Hold Your Hand » ou « Please, Please Me » ou « She Loves You », n'importe lequel, jusqu'à « Paperback Writer ». Je les ai tellement écouté, gamin... ma mère était adolescente dans les années 60 et elle a conservé tous ses singles. Quand je les entends, même aujourd'hui, ça me donne une énergie folle. Tout est raconté au premier degré, spontanément, c'est de la très belle musique. Si tu me fais écouter « She Loves You », l'odeur de la vieille platine de ma mère me revient très distinctement. C'était un cadeau de mariage de mes parents. Ça devait être le dernier cri quand ils l'ont reçu, mais dans les années 80 c'est devenu ringard et la musique n'a jamais aussi bien sonné par la suite. »

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« C'est l'oeuvre musicale la plus excitante et revigorante du XXe siècle, à mon sens. Je l'ai vu en live pour la première fois il y a deux ans, à Paris, d'ailleurs, et c'est toujours resté en moi depuis. C'est une œuvre vraiment radicale, et même après un siècle de reprises, de copies, l'original n'a pas du tout vieilli. »

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« C'est sur cette chanson que j'ai connu mon premier accident de voiture. Un accident vraiment spectaculaire. Ceux qui ont déjà vécu le truc sauront de quoi je parle : quand tu vis un carambolage, c'est d'abord un mélange de chocs, de bruits, de folie, et ensuite... que du silence. Les quelques secondes qui suivent l'arrêt de ta voiture sont les moments les plus calmes de ton existence. Incroyable. Mais cette fois en particulier, le CD dans l'autoradio ne s'est pas arrêté de tourner. C'est bien connu, Jon Spencer n'arrête jamais de beugler ! On a d'ailleurs joué avec lui il y a quelques années, et je lui ai raconté l'anecdote. Il a trouvé ça très cool. »

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« Le rebetiko est un style de musique traditionnelle grec. Mon père en écoutait souvent quand j'étais gamin. Les rythmes sont très inhabituels, avec un sens de la mélodie très particulier. Les musiciens jouaient sur de petits bouzoukis, pour une simple raison : le rebetiko était illégal à l'époque en Grèce, car c'était la musique des hors-la-loi. Si tu te faisais toper en train d'en jouer, tu pouvais te retrouver en prison. Du coup, ils fabriquaient de petits instruments pour pouvoir détaler dès lors qu'ils aperçevaient des policiers. Il a pris forme dans les années 20, à l'époque où de nombreux réfugiés arrivaient depuis la Turquie par le port du Pirée. C'est grec, sans aucun doute, mais avec des sonorités très orientales. On y racontait des histoires de gangsters, de laissés pour compte, de meurtriers et de maquereaux avec leurs filles. La bourgeoisie, à l'époque, aimait plutôt le tango. »