Livres lus en 2015

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Janvier.

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Janvier.

Tout comme American Prophet de Paul Beatty qui était dans la même veine et ne m'avait pas transcendé, La Révolte des cafards m'a laissé indifférent. J'analyse la chose ainsi. D'abord, la narration gonzo me semble empreinte de fausse modestie, et présente soi-disant de manière authentique des personnages qui apparaissent ridicules, peu rigolos et peu sympathiques au demeurant, ainsi que des situations qui me paraissent assez peu crédibles (même si elles sont vraies apparemment, bien qu'on ne sache pas à quel point le témoignage d'Acosta est proche de la réalité). Ensuite, les révoltes ethniques/culturelles et tout mouvement prônant une indépendance géographique et culturelle me gonflent. Je les trouve ridicules et égoïstes, à une ère où la planète aurait sans doute besoin de l'amitié entre les peuples et du partage des richesses. Combattre pour l'égalité des droits, l'oubli des différences raciales, oui, pour créer son propre état, n'importe quoi.

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Janvier.

Les nouvelles de ce recueil nous présente des personnages de paumés, d'hommes et de femmes aux existences incertaines, bouleversées par un événement particulier ou en passe de l'être car un choix doit être fait. Or, les « héros » de Laura Hird ne réagissent pas comme le lecteur s'y attend, ce qui s'avère parfois déconcertant, parfois choquant, parfois violent, parfois tout cela à la fois. Nouvelles d’Écosse n'est pas un recueil de gentilles histoires, mais un livre déstabilisant et fort.

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Janvier.

Un récit poignant, d'une grande authenticité et qui s'avère passionnant. L'auteur réussit parfaitement à retranscrire les pensées, les émotions et les incompréhensions d'un enfant de 10 ans. Un véritable tour de force (bien des écrivains échouent à rendre crédibles leurs personnages enfantins) qui n'est pas pour rien dans la force de ce très bon roman.

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Janvier.

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Janvier.

Kôtarô Isaka, inconnu avant la parution de La Prière d'Audubon, réussit, avec son premier roman, à signer un des romans d'Imaginaire les plus remarquables, mine de rien, de ces dernières années. Mine de rien car sans s'y attendre, le lecteur est habilement et facilement happé par l'aventure d'Itô, sur cette île isolée et oubliée, où se trouvent un épouvantail qui parle et connaît l'avenir et où un assassin détecte naturellement les criminels et les élimine. Le roman se révèle être une sorte d'enquête policière dont les éléments s'imbriquent avec minutie et met en scène des personnages attachants autant qu'étonnants.

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Février.

Ce témoignage d'un agent de l'ATF infiltré chez les Hells Angels (en tout cas, dans le milieu des motards unpourcentistes) est particulièrement intéressant, car il dévoile le fonctionnement de ces organisations criminelles de motards, ainsi que la façon dont travaillent les agents fédéraux américains spécialisés dans l'infiltration. Une part importante de l'intérêt du récit tient dans la transformation de Jay Dobyns, dont la personnalité est petit à petit dévorée par celle de « Bird », son personnage fictif pendant l'opération Black Biscuit qui est ici retracée.
On regrettera malheureusement une narration qui ne rend pas le livre passionnant. Malgré l'aide d'un écrivain qui semble, aujourd'hui, plus un mercenaire sans vrai talent qu'autre chose, Nils Johnson-Shelton, le récit n'est ni haletant, ni trépidant, comme une histoire de gangsters pourrait l'être. Dobyns se contente, en agent fédéral chevronné dans la rédaction de rapports, de raconter de manière linéaire, chronologique, et assez platement, ce qui se passe, ce qu'il ressent. Et ça manque un peu de tripes, en fin de compte.

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Février.

Stéphane Michaka décrit avec talent et empathie la relation tumultueuse entre un auteur inconnu, qui devient célèbre lorsque ses textes sont acceptés, à condition de larges coupures, par un éditeur réputé. Ciseaux (titre correspondant au surnom de cet éditeur ayant une idée arrêtée sur la littérature, notamment sa concision) s'inspire de la relation entre Raymond Carver (le personnage principal porte le même prénom) et son éditeur Gordon Lish (Douglas). Michaka met également en scène Marianne, femme et futur ex-femme de Raymond, et Joanne, celle qui deviendra sa compagne plus tard. Ainsi, l'auteur signe un roman qui dévoile avec habileté et sensibilité les difficultés d'un écrivain, aux prises avec l'alcool, à la vie personnelle mouvementée et qui doit affronter les dilemmes qu'impose malheureusement parfois la réalité éditoriale.

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Février.

Ce chef-d’œuvre de la littérature grecque, à en croire le quatrième de couverture, est particulièrement décevant. Le roman est écrit dans un style laborieux, et le fait que l'auteur l'ait choisi volontairement n'y change rien. On peine à lire ce texte qui se répète et s'avère sans doute très touchant pour le lecteur qui aurait été concerné directement par la guerre civile grecque, mais est moins intéressant pour un autre.

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Février.

Dans ce roman (?), les personnages vivent des événements en boucle, comme dans un rêve qui ne semble pas vouloir se finir. Par cette construction circulaire du récit, qui n'est pas sans rappeler, en plus expérimental et déconcertant, Le Temps incertain de Michel Jeury, Pablo Katchadjian interroge la notion de décision face aux événements, la notion de quoi faire (d'où le titre du livre). C'est étrange, mais pas déplaisant et même assez intéressant dans le fond et dans la forme.

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Février.

Ce livre contient une série de textes dont on se demande, jusqu'à la fin, s'ils forment un fix-up menant à un tout, où juste des brides de fictions pseudo-poétiques au style parfois lourd. Tout, dans Nocturama, sent la littérature expérimentale qui ne semble aller nulle part et n'offre rien au lecteur. G.Mar (l'utilisation d'un pseudo par l'auteur permet de donner une impression d'opacité artistique) écrit pour lui-même, sur l'Histoire, son histoire et celles de ses aïeux, mais on n'en retire pas grand-chose en définitive.

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Février.

Nina Allan est sans aucun doute un grand écrivain, qui transporte le lecteur de la banlieue d'une petite ville américaine à une Russie soviétique de l'avenir, en passant par Les Canaries et sur les traces d'une troupe de forains sillonnant la campagne londonienne. On ne peut pas s'ennuyer à la lecture de Stardust, tant Allan sait attacher le lecteur à ses personnages, dépeindre des quotidiens bouleversés et utiliser le suspense pour maintenir ses récits dans des états d'haleine auxquels les conclusions ne mettent pas totalement fin. Un recueil que je recommande totalement, aussi bien aux amateurs de SFFF qu'aux autres (et peut-être plus à ces derniers, d'ailleurs...).

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Mars.

Avaler du sable est un western décalé, méta-fictionnel et faisant apparaître une horde de zombies, qui se déroule dans une petite ville de l'Ouest. Deux familles y sont rivales (les Marlowe et les Ramirez), et au moment où démarre le récit, un Ramirez a été assassiné. Au même moment, un shérif arrive en ville pour rétablir la loi.
Au démarrage de sa lecture, le livre laisse dubitatif, car il ne semble pas très bien écrit (ou pas très bien traduit). Mais cela est volontaire, le narrateur étant un piètre conteur, un retraité s'ennuyant, voulant raconter, dit-il, l'histoire de ses ancêtres. Le récit bascule du XIXe au XXe siècle, afin de faire émerger l'incertitude de l'auteur concernant l'histoire et ce qu'il veut raconter en réalité : un western traditionnel ou une histoire autre ?
Le récit s'avère au final assez prenant. L'aspect méta-fictif permet de donner de la profondeur au récit, sans allonger et alourdir un texte dont la force tient en partie sur son caractère succinct.

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Mars.

Russell Banks racontent les histoires de personnes (malheureusement) normales, avec le talent auquel il nous a habitué. Les récits se déroulent dans le nord de l’État de New York ou en Floride (à Miami) et traitent principalement, avec beaucoup de subtilité, des relations de couple (de couples qui se sont séparés, surtout). Un membre permanent de la famille est un très bon recueil de nouvelles.

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Mars.

Une passionnante biographie. N'ayant pas vraiment été écrite par Jake LaMotta, mais davantage par ses amis Peter Savage et Joseph Carter, elle se tient parfaitement, tant au niveau du style que de la construction, faisant jouer un peu le suspense et tenant le lecteur du début à la fin. Raging Bull est un témoignage poignant du monde, parfois extrêmement sombre, de la boxe de la fin de la première moitié du XXe siècle, ainsi qu'une fresque sociale du Bronx des années 30 et 40.

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Mars.

Vendu comme un chef-d’œuvre de la littérature américaine, Le Meilleur, malgré des qualités indéniables, peut décevoir le lecteur. Il faut dire que le base-ball, qui est une des principales thématiques du roman, est un sport qui est passionnant quand on y joue, mais plutôt ennuyant quand on est spectateur. Malamud ne réussit pas totalement à rendre ses récits de matchs haletants, même si le suspense atteint parfois des niveaux élevés. Le personnage principal tient plus de la tête-à-claques qu'autre chose, mais son histoire, romantique et dramatique, fait frémir à plusieurs reprises le lecteur, ce qui lui laisse un sentiment partagé mais pas négatif.

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Mars.

Le récit d'un accouchement qui se déroule mal, laissant le narrateur, et père avorté, aux prises avec des sentiments que Kotzwinkle traduit avec sensibilité et justesse. Un petit livre qui confirme que cet auteur, qui a pu habituer le lecteur à des textes humoristiques, possède un talent qu'on lui connaissait.

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Mars.

Après avoir été humilié par son examinatrice, un jeune étudiant dilettante passant un oral non préparé sur le principe d'incertitude d'Heisenberg devient obsédé par le célèbre physicien allemand. Il est le narrateur du Principe, roman flamboyant qui retrace le parcours d'un personnage historique méconnu, même si tout le monde a entendu parler de son fameux principe. L'occasion pour Jérôme Ferrari, qui n'a pas eu un Goncourt pour rien, et aurait pu en avoir un avec Le Principe s'il n'était pas déjà lauréat du prix, de signer un texte dévoilant toute la subtilité de la découverte d'Heisenberg et la mettant en relation avec sa position pendant la Seconde Guerre Mondiale, ainsi que celle du narrateur face à un destin qui n'est pas celui auquel il aspirait. Subtil et magnifique, Le Principe est peut-être le roman français de l'année (on verra ce que nous réserve le reste de 2015).

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Mars.

La transposition, à une époque moderne, du mythe de Thésée, d'Ariane, du labyrinthe et de son minotaure, par Philippe Bollondi est une réussite partielle. On appréciera la description d'une Crète dirigée par un Minos qui n'a plus le physique de l'époque de sa prise de pouvoir et qui recherche simplement à se maintenir au pouvoir grâce au labyrinthe que son conseiller Dédale, âme damnée particulièrement fourbe, a construit. On appréciera le traitement des personnages mythiques : Thésée en héros grec pathétique qui passe un marché avec Dédale et Minos pour ressortir vivant et couvert de gloire du labyrinthe, Ariane en princesse pleine d'illusions sur la vie du peuple et ses désirs de révoltes, qui croit naïvement au personnage fictif du minotaure inventé par son père et son horrible conseiller… On appréciera moins la longueur du roman, du moins l'impression de longueur, le récit s'enlisant un peu dans sa deuxième moitié.

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Mars.

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Avril.

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Avril.

Une novella très bien construite. L'auteur dévoile juste ce qu'il faut d'un univers à caractère uchronique pour qu'il soit crédible et met en scène des personnages attachants autant que réalistes.
On retrouve la marque de fabrique de Nina Allan : le souci des personnages, le souci de la cohérence à tous points de vue, une écriture maîtrisée.
Le sujet, intéressant, permet à l'auteur d'adapter de manière contemporaine les schémas classiques des mythes grecs d'Ovide.

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Avril.

Malgré son caractère mythique, le roman n'impressionne pas autant qu'il devrait.
Le style est assez lourd (ou la traduction à revoir) et la position dans laquelle se trouve Joseph K. est de ces situations absurdes qui m'ennuient plus qu'elles ne me font peur, notamment parce que l'illogisme du contexte de départ ne me la rend pas crédible. Évidemment, il s'agit là de tout le propos du roman, et on peut difficilement le lui reprocher, mais mon ressenti final n'est pas franchement positif.

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Avril.

Kathy, la femme de John Wade, disparaît subitement, au lendemain de la défaite du politicien aux primaires démocrates pour la fonction de Sénateur de l'état du Minnesota. Le couple se reposait dans un cottage sur les rivages du Lac des Bois. Que s'est-il passé ? Le roman se propose d'explorer les hypothèses possibles : disparition volontaire, égarement au cours d'une ballade en bateau, assassinat de Kathy par John. Ce dernier, en effet, a vu son grand secret dévoilé au cours de la campagne électorale, et il en a perdu les élections. Pendant la Guerre du Vietnam, il a en effet participé au massacre de My Lai. Avec beaucoup d'efficacité, Tim O'Brien réussit à laisser le lecteur dans l'expectative tout au long du roman, tout en traitant de son sujet de prédilection : le Vietnam et plus particulièrement comment les GI qui en sont revenus gèrent leurs traumatismes. Il fait de John Wade, personnage à l'enfance malheureuse et passionné de prestidigitation, un exemple navrant de la transformation que peut opérer la guerre sur un homme.

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Avril.

Comme il nous y a habitué, Edyr Augusto offre un roman coup de poing, explorant les parts les plus sombres de la société brésilienne et de l'état du Para. Le récit est haletant et furieusement noir. Toutefois, l'histoire souffre d'une narration volontairement ramassée, voire même carrément télégraphique. Or, Augusto a sans doute un peu rater son coup en voulant forcer son style et signer un roman très court, certes frappant, même peut-être trop.

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Avril.

Lu les 4 premières nouvelles (175 pages environ). J'ai trouvé ça tantôt ennuyeux, tantôt comparable à de la mauvaise poésie, dans le sens que c'est joli et ça paraît érudit et sensible, mais en fait assez creux.
Comme le bouquin fait plus de 600 pages, j'ai laissé tomber pour passer à autre chose.

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Mai.

Sincères condoléances met en scène les mêmes personnages que dans L'Art de pleurer en chœur, 30 ans plus tard. Le père incestueux vient de décéder et le plus jeune fils essaie de faire le point sur ses sentiments vis-à-vis de son père haï. En passant quelques temps chez sa mère et en fouillant dans les affaires de son paternel, il se demande s'il n'a pas mal jugé et son père, et sa mère… Le pitch du roman fait envie, surtout que le lecteur a envie de retrouver les personnages attachants de L'Art de pleurer en choeur. Malheureusement, et ce malgré un talent évident, Erling Jepsen dépeint des personnages aussi agaçants les uns que les autres, et une histoire dont le suspense et la tension dramatique sont quasi inexistants, alors qu'il y avait matière à. Bref, l'auteur se rate un peu.

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Mai.

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Mai.

Le recueil de nouvelles de Manuel Vilas se compose de textes qui défient la logique, ce qui n'est pas un défaut, mais l'auteur va un peu trop dans le n'importe à mon avis. Surtout, c'est son obsession pour certains motifs ou thématiques (les chanteurs ringards, la disparition des océans, la poésie espagnole, les notes de bas de pages qui comportent les vrais éléments comiques qu'il n'a pas su incorporer à ses textes…) qui lasse rapidement, si bien qu'on est plutôt content de refermer le livre à la fin pour passer à un autre.

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Mai.

Un recueil de nouvelles variées, traitant de sujets rarement originaux, mais avec sensibilité, justesse et crédibilité. Les nouvelles sont parfois drôles, parfois tristes, mais laissent rarement indifférent, même si elles sont de qualité inégale. Un des meilleurs recueils de SF de l'année, sans aucun doute.