Monsieur Chabrol, vous étiez mon "Bellamy"

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Redécouvrir "Que la bête meure" de MONSIEUR Chabrol sur grand écran est un grand moment. Mais quand il vous est ensuite décrypté par le monument Jean Douchet, on passe au stade de moment inoubliable...

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C'est une sorte d'échauffement à ce que sera 17 ans plus tard la magistrale "Cérémonie", avec déjà dans le rôle de la victime-bourreau Isabelle Huppert. C'est cruel, sec, jubilatoire, poil à gratter, bref c'est du Chabrol.

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Premier long de Claude Chabrol, l'un des tout premiers films de la Nouvelle Vague, "Le Beau Serge" a le charme et les fragilités des œuvres de débutant. Si la technique est encore balbutiante il y a ici les germes de ce qui donnera à la très vaste filmographie chabrolienne sa singularité : son incroyable acuité à scruter les failles humaines, à jouer l'ethnologue des âmes sombres.

Et puis il y a Bernadette Lafont, comme toujours d'un naturel dévastateur...

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Les amateurs de Chabrol savent bien que sa filmographie (bien que jonchée de pépites) a tendance depuis un bon moment à faire les montagnes russes. Avec sa franchise habituelle, le réalisateur est le premier à reconnaitre que certains de ses films ne sont pas des joyaux. Pour situer ce que je pense de ce "Bellamy" : tout simplement le meilleur Chabrol depuis "La Cérémonie"...

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Le faits divers dont s’inspirent ces "Noces rouges" avait tout pour séduire Chabrol : la morgue de sa bourgeoisie de province fétiche, une histoire d’amour vénéneuse, Michel Piccoli, Stéphane Audran et Claude Piéplu servant magistralement ce récit policier pervers en diable.

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Même si le récit a tendance à faire du surplace dans la seconde partie, au même titre que les personnages, on se régale à voir Chabrol, Serrault et Aznavour, trois monuments, prendre visiblement un plaisir fou à en adapter un quatrième, Simenon.

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Du Chabrol pur jus, ce qu'il faisait de mieux : égratigner bien bien fortement la bourgeoisie provinciale. Et ici il y va à fond, n'épargnant pas grand monde. Et comme souvent chez lui il y a le casting, qui régale que ce soit dans les rôles principaux ou secondaires, la muse Stéphane Audran en tête.

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J'ai remarqué quelque chose l'autre jour : Chabrol me manque follement. Pas ses films, ils sont là pour l'éternité, on peut revoir ceux qui nous ont le plus touchés et aussi en découvrir d'autres, sa filmographie est si gargantuesque.

Non c'est l'homme que je voudrais entendre à nouveau parler avec son sourire en coin des femmes, de vin, d'amitié, de politique... Sa philosophie de vie était la mienne, j'aurais voulu lui rendre visite le dimanche comme si j'étais son petit-fils. Mais après tout, ils m'en restait deux à visiter chaque fin de semaine, ils s'appelaient Rochefort et Marielle. Ils sont morts, et une partie de moi avec...

J'étais parti pour vous dire que j'avais enfin découvert "Les Bonnes femmes" mais comme souvent mon cerveau zinzin et ma nostalgie m'ont fait emprunter d'autres chemins. Je vous prie de m'en excuser, et au fait Monsieur Chabrol n'était pas que mon grand-père, c'était aussi un p.... de réalisateur.

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Un Chabrol pas si connu que ça, et pourtant celui-ci ne fait pas partie du versant dispensable de sa filmographie.

Toutes ses thématiques de prédilection sont là, le casting (Michel Bouquet et Stéphane Audran sont prodigieux) est chabrolien en diable, c'est vénéneux et sinueux au possible, bref les clients du bonhomme ne devraient pas être déçus.

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Bien sûr on sent le manque de moyens, le budget fut amputé de moitié en plein tournage, mais en tant que bon malin qu'il a toujours été, Chabrol en tire un film sec, à la limite de l'abstraction, une œuvre à l'atmosphère inquiétante et étrange, à l'image du jeu de Jacques Charrier, pour le moins "en retrait".

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Même si selon moi ces "Cousins" ont plus vieilli que "Le Beau Serge" par exemple, il est intéressant de constater que les obsessions de Chabrol, en particulier la vacuité de la bourgeoisie, étaient déjà là, au premier plan. La haine sous-jacente, qui monte inexorablement, n'est d'ailleurs pas sans rappeler "La Cérémonie".

Et puis il y a les yeux revolver très troublants de Juliette Mayniel.

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Il manque peut-être un brin d'ironie pour en faire un grand Chabrol mais cette Betty est assurément de ces héroïnes chabroliennes brisées par l'hypocrisie de la petite bourgeoisie.

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Les films à sketches sont par définition inégaux, celui-ci ne déroge pas à la règle, mais aussi souvent l'occasion de dénicher quelques raretés signées par de grands réalisateurs. Ici on retrouve Claude Berri mais surtout Bertrand Tavernier et même Chabrol qui signe les petits films en forme d'intertitres. Et niveau acteurs il y a, pour ne citer qu'eux, Piccoli, Bernard Blier ou encore la sublime Stefania Sandrelli. De quoi picorer gaiement...

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Je ne classerai pas ce Chabrol parmi ses navets (re)connus car sa médiocrité n'est due qu'à une chose qui a tout de la fausse bonne idée : donner les rôles principaux à son (très bon) scénariste Paul Gégauff et à l'épouse de celui-ci et par ailleurs productrice, Danièle. Ils sont mauvais comme des cochons et si on rajoute à cela une post-synchro désastreuse on est régulièrement à la limite du fou rire. D'autant plus dommage que le sujet, le féminicide, aux relents très actuels dans son approche, est traité avec habileté et force.