Prix FNAC 2020
4 livres
créée il y a plus de 4 ans · modifiée il y a plus de 4 ansRien n'est perdu (2020)
Sortie : 20 août 2020. Roman
livre de Pierre-Louis Basse
Miroir-rioriM a mis 2/10.
Annotation :
Rien n'est perdu sauf le sens...
Affreusement incohérent dans sa narration : on ne peut pas tant parler de digressions que de chaos permanent, l'auteur change de sujet à chaque paragraphe et n'instaure aucun fil à même d'aider le lecteur à progresser dans son livre. Succession d'impressions et de souvenirs personnels sans aucune notion de construction. Exposition, intrigue, point de vue, structure ? Connait pas...
Très répétitif : l'auteur possède ses marottes et ça en devient profondément désagréable. Il ne les explore pas plus qu'il ne les développe et ne fait que les répéter durant tout le bouquin.
Ce n'est pas intéressant : les autobiographies ne m'intéressent de base pas mais l'auteur ne fait ici rien pour rendre ses fragments de souvenirs dignes d'intérêts. Je n'ai aucune empathie pour lui et sa vie n'a rien de si passionnante qu'on puisse se permettre d'en déstructurer le récit ou d'étaler une si courte période sur tant de page. Il délaye une poignée de souvenirs sur 157 pages et ne leur donne aucune portée supplémentaire.
Moralement ambiguë : une scène décrit en détails une fellation d'une femme de 40 ans sur un gamin de 13 ans. Comme le livre oscille entre fiction et biographie, je ne sais pas ce que je préfère : que cette scène soit issue des fantasmes malsains de l'auteur ou qu'elle soit issue d'un traumatisme nié.
Style correct sans plus : certains passages sont bien écrits mais le style est trop fade pour constituer un intérêt en soi. Ce n'est pas formellement intéressant et tout ce que j'évoque au-dessus n'est pas contrebalancé par une recherche stylistique particulière.
L'Homme aux trois lettres (2020)
Dernier royaume, XI
Sortie : 9 septembre 2020 (France).
livre de Pascal Quignard
Miroir-rioriM a mis 3/10.
Annotation :
Ce livre tient plus de l'essai que du roman, un recueil de réflexions, d'images et d'anecdotes sur l'écriture et le langage sous une forme travaillée sur le plan stylistique mais sans volonté de raconter une histoire. À croire que l'étiquette "roman" est là pour s'épargner d'être jugé sur la rigueur intellectuelle, pour s'épargner de devoir sourcer ses propos ou d'argumenter ses opinions.
Le livre brille essentiellement par la maîtrise de codes et de symboles culturels bourgeois. Il bâtit une sorte d'ésotérisme très référencé et un peu abscons en début de bouquin avant de se rendre plus accessible par la suite, ce qui est une démarche qui m'est profondément antipathique. Un condensé de violence symbolique.
La "narration" (ou la structure, si on le considère comme un essai) est inexistante. C'est fragmentaire et éparpillé, les chapitres n'ont pas de cohérence entre eux et pas toujours de cohérence interne. La thématique est toujours présente mais parfois très évanescente. Au lecteur de s'y retrouver s'il le peut. C'est évidemment volontaire de la part de l'auteur mais ça ne sert aucun propos, si ce n'est de se rendre inaccessible au plus grand nombre.
C'est assez maîtrisé et agréable sur le plan formel, les images sont percutantes et la langue séduisante. Certaines phrases sont toutefois très maladroites et les véritables envolées sont rares. J'en garde une impression de recherche un peu vaine et les moments qui m'ont paru les plus pertinents sont ceux où l'ésotérisme stylistique s'efface un peu pour proposer un peu de matière intellectuelle à grignoter.
Le roman appartient toutefois à cette forme d'intellectualité péremptoire qui semble penser qu'affirmer une chose séduisante pour l'esprit est suffisant pour la rendre crédible ou vraie. En vérifiant quelques points, on constate vite que beaucoup d’éléments sont contestables voire faux et côtoient des éléments pourtant intéressants. L'honnêteté intellectuelle est cruellement absente. L'obsession pour la dichotomie masculin / féminin ressortie à toutes les sauces est particulièrement agaçante.
Au final, certains passages sont intéressants - soit sur le plan stylistique, soit sur le plan culturel - mais le livre est peu généreux, peu pédagogue et le peu qu'il donne doit sans cesse être vérifié. À vouloir faire à la fois un roman, un essai et de la poésie, on ne réussit rien. Beaucoup de souffrance pour peu d'intérêt. Le vendre sous l’appellation "roman" relève dans tous les cas de la tromperie.
La Géante (2020)
Sortie : 20 août 2020. Roman
livre de Laurence Vilaine
Miroir-rioriM a mis 7/10.
Annotation :
En voilà un qui propose quelque chose, enfin !
La narration est juste ce qu'il faut de floue, elle nous promène sur une ligne de crête fine qui offre à la fois une vue sur un monde fantasmatique et un fil suffisamment solide pour maintenir le lecteur arrimé à l'histoire.
L'écriture est étrange mais très agréable. Tout en fluidité, avec beaucoup trop de virgules mais un résultat étonnamment plaisant. Une maîtrise globale de l'ambiance qui participe de beaucoup à la qualité globale du bouquin. Style très identifiable qui donne envie d'y revenir dans un livre un peu plus généreux.
Les personnages principaux sont attachants, l'univers prenant et j'en serais presque frustré de n'avoir que si peu de développement à leur propos.
Je n'aime pas les idées charriées par ce livre. Je ne suis pas certain qu'il donne son maximum et j'ai un petit goût de "trop peu". Je ne suis pas sûr que ma bonne impression tienne à autre chose qu'à un contraste avec les deux précédents. J'ai pourtant envie d'y revenir car j'ai l'impression que c'est le genre de livre qui se savoure mieux lors d'une deuxième lecture. Ce sera pour plus tard...
Les Secrets de ma mère (2019)
The Confession
Sortie : septembre 2020 (France). Roman
livre de Jessie Burton
Miroir-rioriM a mis 7/10.
Annotation :
J'ai encore un peu de mal à me faire un avis définitif sur ce livre...
La thématique abordée ne m'a pas touchée. C'est le type de livre auquel je reste assez hermétique - romance bourgeoise égocentrée - et ça m'a pesé comme un boulet tout au long de la lecture.
La traduction est très plate. Impossible toutefois de savoir si ça vient du texte original ou pas car l'autrice semble par ailleurs avoir un vrai talent pour peindre des ambiances psychologiques et l'enchainement des phrases est assez fluide pour très vite "embarquer" dans le scénario.
Le scénario est d'ailleurs très prenant et on veut savoir la fin mais cette dernière est un peu décevante, beaucoup de retournements sentent la facilité scénaristique et je ne sais là encore pas quoi retenir de ce livre.
L'ambiance est très bien retranscrite mais pas très agréable et parfois un peu lacunaire, de cette errance existentielle qui semble aligner les décors volontairement lacunaires.
J'ai le livre en sympathie pour le fait que ce soit une femme qui parle de femmes qui ne parlent pas forcément d'hommes mais j'ai l'impression tenace que le livre n'est pas aussi féministe qu'il ne le prétend... mais je crois que ça tient à une phrase prononcée en milieu de livre et je vais attendre d'avoir d'autres point-de-vue pour me faire une idée là-dessus.
Au final, j'ai une impression positive et une impression négative qui cohabitent sans s'annuler. Comment juger ?