Trésors enfouis des Rolling Stones

Annotation :

redécouverte à l’occasion d’un film de Wes Anderson, cette chanson circonscrit les Stones dans le cadre le plus strictement anglais. Une héritière de l’aristocratie anglaise se sert de tous les attributs du pouvoir: voiture avec chauffeur, diamants, titres. Elle se joue surtout de Mick Jagger, il lui en cuira, c’est moi qui vous le dis.

Annotation :

Hergé aimait les Congolais, les Stones montrent qu’ils aiment les noirs quand ils sont américains. Avec Going Home, ils signent un hommage impeccable au Blues. Les Rolling Stones mettent un peu plus de 11 minutes à rejoindre leur chère et tendre. Accessoirement, ils auront fait de l’intervalle leur jardin.

Annotation :

1967-68, période ô combien troublée pour le groupe! Leur manager de l’époque, Andrew Loog Oldham, leur a tellement répété qu’ils étaient des Bad Boys tandis que les Beatles étaient des comptables, qu’ils ont fini par le croire. A la clé, mondanités et consommations de drogues en tous genres. Un soir, invités à une soirée chez Paul Mac Cartney himself, les Stones sont chopés par les Tommies avec tout ce qu’il faut sur eux, soit le début d’emmerdes énormes qui les emmèneront (en tout cas Keith et Mick) pour la première fois devant les tribunaux de la reine. Stupeur du guitariste:"J’ai pas compris. A l’époque, on pouvait se balader dans Londres avec des barres de Shit longues comme des Skates-boards." Le roi de la glisse peut bien s’étonner, la presse se déchaîne contre son groupe. Voilà pourquoi en enregistrant (comme tout le monde) un album psyché, en l’occurrence, Their Satanic Majesty, les Stones se laissent aller à une déclaration d’amour aux tabloïds locaux. We Love You démontre la virtuosité du pianiste Nicky Hopkins mais ne figure pas sur la tracklist officielle du plus mauvais album des Rolling Stones dans les années 60, mais seulement sur un bootleg des années plus tard. Une chance peut-être.

Annotation :

Marre des procès au Royaume-Uni. Marre de se faire piquer leurs royalties par sieur Andrew Oldham qui semble n’avoir eu pour seul mérite que de ne leur avoir fait signer un contrat qui fait d’eux de simples performers et non des millionnaires comme Mick aspire (déjà!) à l’être. La rupture est consommée, on prend la route de l’exil. Direction? La France. Oui, à l’époque, quand on voulait fuir les impôts (le fisc anglais leur réclamait des revenus qu’ils ne percevaient pas selon eux) on allait en France! Dans ta gueule, Depardieu! On est en 1971 et Keith Richards loue la fameuse Villa Nellcôte, à Villefranche-Sur-Mer, sur la côte d’Azur. Là, ils enregistrent , dans la moiteur des caves de la propriété, ce qui sera leur (double) album le plus mythique et, peut-être, le plus inégal tout en étant le meilleur. Brian Jones les a quittés, Mick Taylor l’a remplacé. On s’amuse joyeusement entre orgies, boeuf avec le guitariste country Gram Parsons, et fix d’héroïne. Keith Richards pique du nez, Mick (Jagger) se marie, et les guitares se désaccordent en cinq minutes à cause de la chaleur. Malgré tout, ils enregistrent rocks off, All Down The Line, Rip This Joint, Tumbling Dice et Shine A Light. Et Black Sweet Angel, sublime ode à la militante (la grande, la très grande) Angela Davies.

Annotation :

Les Stones sont désormais les Stones. C’est-à-dire qu’ils font des tournées mondiales (voire Cocksucker Blues, docu magistrale sur la tournée américaine de 1972, où l’on voit keith Richards balancer une télé du haut du dixième étage d’un palace, et Brussel Affair le live de 1973) et exportent le modèle du consumérisme rock: étalage de drogues plus ou moins récréatives et baisodrome itinérant. Fin 1974, les Stones sortent l’album It’s Only Rock N Roll. Ils ne le savent pas mais c’est la fin d’une ère (et peut-être la fin de l’âge d’or des Rolling Stones): Mick Taylor, le petit-bourgeois (à l’échelle du Stones Circus) mais immense guitariste (sans doute le meilleur) quitte le groupe. On aura plus qu’à aller chercher Ron Wood et sa gueule (et son charisme) de Pic-Vert, pour le remplacer. En attendant, Time Waits For No One est sans doute la ballade la plus sous-estimée, et par la même la plus belle, de la discographie Stonienne.

Annotation :

Sur le même album, Mick Jagger rempile ses plaintes misogynes. Sa copine lui en fait voir de toutes les couleurs à lui, le pauvre, qui se crève à la tâche pour lui assurer la belle la vie. C’est un peu La Ballade de Jim sans Souchon, ce qui est mieux.

Annotation :

J’ai zappé l’album de 1978 des Stones, Some Girls, probablement l’un des meilleurs. Mais voilà, les fans connaissent presque toutes les chansons et on ne peut pas dire que les chansons aient été boudées par les annonceurs à l’époque et aujourd’hui encore (j’ai hésité à inclure dans la playlist Before They Make Me Run intreprétée par Keith Richards c’est vrai mais Miss You et Beast Of Burden ont connu leur quart d’heure de gloire bien mérité). En 1979, de retour d’une tournée américaine faste, les Stones enregistrent un nouvel album et ce, à Boulogne-Billancourt (Cocorico!) aux studios Marconi. Ça donnera Emotional Rescue, disque fort passable et d’ailleurs majoritairement composé de "chutes" d’albums précédents. C’est une période charnière dans la vie des Stones: le groupe s’essouffle à la fin de ces 70′s qui ont fait sa gloire, Keith quitte Anita Pallenberg, sa muse et épouse depuis dix ans, après avoir appris que son jardinier s’est suicidé dans leur lit conjugal ("ça voudrait dire qu’Anita aurait…Oh non!…"). Les Rolling Stones ne vont pas bien, leur chanteur est bien au fond du trou.

Annotation :

Les compositeurs fatiguent du coup, résultat mécanique, les paroles se simplifient. Il est question ici de ne pas "faire le canard" (comme on dit en Seine-Saint-Denis). C’est à peu près tout, c’est Under My Thumb d’Aftermath en moins bien pour ce qui est du niveau littéraire. En revanche, Keith Richards a repris du poil de la bête et ça fait zizir (toujours selon le dialecte de la Seine-Saint-Denis) et Sonny Rollins est au saxo. Que de raisons de tomber amoureux de ce morceau méconnu!

Annotation :

Les années 80 atteignent leur crise de milieu de vie et le rescapé Keith Richards jure qu’il a décroché. Vu qu’il est encore vivant en 2013, on peut supposer qu’il disait vrai en cette année 86. A présent clean, il veut à nouveau prendre part au leadership du groupe. Problème: Mick Jagger carbure à la Vittel depuis dix ans et n’est pas prêt aux concessions. Ça tourne vinaigre entre les deux anciens frères siamois, les anciens glimmer twins, qui ne peuvent plus se piffrer même en peinture de Véronèse qui, pourtant, peignait sur des cadres de 7m sur 10 à l’occasion. Le clip de cette chanson (qui parle de baston au demeurant) est savoureux: visiblement le combat entre Mick et Keith n’est pas si feint que ça, et le même Keith exécute un solo d’anthologie avec une guitare électrique branchée nulle part. So rock n roll!

Annotation :

Cette fois-ci les Stones sont vieux. Ils n’ont pas fait de "Hit" digne de ce nom depuis dix ans et pas produit de bon album depuis…. au moins quinze ans, voire vingt ans. En 1997, ils sortent l’album Bridges To Babylon, disque franchement médiocre avec deux (ou trois) moments passables et un grand titre, Out Of Control en l’occurrence. Ce morceau prend à l’occasion des accents proches de Cant You Hear me Knocking, de la période dorée (mais dorée en or massif) des Rolling Stones. Mick Jagger est revenu de tout: de toutes les arrestations, de toutes les ruptures, de toutes les gloires. Du moins, c’est ce qu’il veut faire croire. Les guitares de Richards et Wood se croisent et s’épousent pour le meilleur et ce, sans l’intercession d’aucun curé. Les Rolling Stones nous avaient manqués.