Un pays, une poétesse
12 livres
créée il y a plus de 6 ans · modifiée il y a 3 moisPoems New and Collected
Sortie : 31 mars 2015 (France).
livre de Wislawa Szymborska
Annotation :
Pologne
Possibilités
Je préfère les films.
Je préfère les chats.
Je préfère les chênes le long de la Warta.
Je préfère Dickens à Dostoïevski.
Je me préfère moi - même aimant les gens à moi - même aimant l'humanité.
Je préfère garder une aiguille et un fil sous la main, au cas où.
Je préfère la couleur verte.
Je préfère ne pas soutenir que la raison est à blâmer pour tout.
Je préfère les exceptions.
Je préfère partir tôt.
Je préfère parler aux médecins à propos d'autre chose.
Je préfère les illustrations bien dessinées d'autrefois.
Je préfère l'absurdité d'écrire des poèmes à l'absurdité de ne pas écrire de poèmes.
Je préfère, quand il s'agit d'amour, les anniversaires implicites qu'on peut célébrer tous les jours.
Je préfère les moralistes qui ne promettent rien.
Je préfère une bonté rusée à une bonté trop confiante.
Je préfère la terre en vêtements civils.
Je préfère les pas conquis aux pays conquérants.
Je préfère avoir quelques réservations.
Je préfère l'enfer du chaos à l'enfer de l'ordre.
Je préfère les contes de Grimm aux premières pages des journaux.
Je préfère les feuilles sans fleurs aux fleurs sans feuilles.
Je préfère les chiens aux queues non - coupées
Je préfère les yeux clairs, car les miens sont sombres.
Je préfère de nombreuses choses que je n'ai pas mentionnées ici à de nombreuses choses que j'ai aussi passées sous silence.
Je préfère les zéros en libertés à ceux qu'on aligne derrière un chiffre.
Je préfère le temps des insectes au temps des étoiles.
Je préfère ne pas demander combien de temps encore et quand.
Je préfère garder à l'esprit même la possibilité que l'existence a sa propre raison d'être.
The hollow of the hand (2015)
Sortie : 2017 (France). Poésie, Beau livre & artbook
livre de Seamus Murphy et PJ Harvey
Pakonak a mis 8/10.
Annotation :
Royaume - Uni
The Gest Room
One grey dove circles the ruins.
A jet heads to the base.
A boy sings to the bird.
He carries a blue gas canister.
Where shall I go?
I have no home.
I had a place
but guests came
and they remained.
Where shall I go?
He leads us through the village.
On cockerel. A pile of shoes
outside a curtained door.
We sit on orange cushions.
Children birng us tea and bread.
I wish we had brought gifts.
I hope we know when to leave.
Requiem (1963)
Sortie : 5 avril 2005 (France). Poésie
livre de Anna Akhmatova
Annotation :
Russie
Le vingt et un. La nuit. Lundi.
Les contours de la ville dans la brume.
Je ne sais quel nigaud a prétendu
Que l'amour existe sur terre.
Paresse ? Ennui ? On y a cru.
On en vit ; on attend le rendez-vous.
On craint la séparation.
On chante des chansons d'amour.
D'autres découvrent le secret ;
Un silence descend sur eux...
Je suis tombée là-dessus par hasard.
Depuis, je suis comme malade.
1917
Routes d'antan / Xargatune droma (2011)
Edition bilingue français-rromani
Sortie : 21 janvier 2011 (France). Poésie
livre de Papusa
Annotation :
Il ne s'agit pas d'un pays mais d'un peuple : les Roms
Oh bonne gens... je n'aime pas ces temps maudits. Leur souvenir me rend malade, aussitôt je pleure.
Alors que faire sinon les chanter à ceux qui veulent la guerre pour qu'au moins ils sachent. Oh Seigneur, fais que personne n'ait à vivre cela, le grand tourment et les larmes de sang des pauvres cœurs d'un enfant juif ou d'une mère tzigane avec ses enfants.
Ce chant... ce chant est triste comme la terre sans le soleil. Comme le monde est mauvais quand la guerre est là. Les corps frissonnent et tremblent, les cœurs pleurent des larmes de sang, personne ne sait où trouver ses proches.
Qu'ils apprennent en m'écoutant à ne pas languir après la guerre, à s'attendrir.
Qu'ils sachent ce qu'ont subi les Tziganes sous l'occupation allemande car certains n'ont rien éprouvé et ne nous croient pas. Oh bonnes gens ! Ecoutez ce chant parce qu'il est vrai : il dit ce qu'ont vécu le Tzigane, sa femme, ses enfants couverts de sang et de larmes dans les broussailles des forêts, dans les ténèbres de la guerre.
Écoutez ! Je chante pour vous, mon chant est triste.
Poèmes et fragments
Sortie : juin 1991 (France).
Annotation :
Grèce
50
car celui qui est beau est beau pour autant qu'il s'offre au regard
mais qui est vertueux aussitôt sera en même temps beau.
Presque deux
Poésie
livre
Annotation :
Algérie
Ta voix
Parler de liberté quand on en a aucune, sans rancune, souvent je parle de ce qui m’opprime puis supprime car il y a une volonté qui sur la mienne prime.
[...]
Je déballe mon sourire, je vis quand il le faut et puis sombre dans le paradoxe du vrai ou faux.Quitte à mourir, j’aiguise mes maux, mais je n’en fais pas assez, il y a tellement de choses à exprimer, tellement de choses à dire et face à ça, je me vois subir l’allégresse de la censure. Je finirai par périr sous ce désir ardent d’expression, mais qui suis-je pour en vouloir autant, pour croire pouvoir donner des leçons
à toute une nation ?
[...]
http://toutefine.com/ta-voix/
https://www.youtube.com/watch?v=rPX7PhsK8Sg
Ce peu de vie (2016)
Sortie : 2016. Poésie
livre de Hala Mohammad
Pakonak a mis 7/10.
Annotation :
Syrie
Des sommets des montagnes
Des villages
Des villes
Des bosquets
Des forêts
Des jardins
Des lits
Provient le bois des cercueils.
Habiter cette maison (2017)
Sortie : 30 avril 2017. Poésie
livre de Rasha Omran, Kadhem Khanjar, Abdullah Almuhsin et Ghada Khalifa
Pakonak a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Ghada Khalifa - Égypte
J'ai un ami qui déteste la poésie. Il m'explique qu'elle est aujourd'hui aussi inutile que le réchaud à gaz, depuis qu'existe la gazinière, ou que la bassine à lessive, remplacée par la machine à laver. Plus personne n'a besoin de la poésie, pourquoi persistes-tu à écrire?
Je lui ai tronçonné les doigts à la scie électrique puis, devant l'insistance de ses cris, je l'ai scalpé.
Prise de remords, j'ai dit: Ce garçon ne mérite pas mon amitié.
J'ai remis ses doigts en place, ai fixé son cuir chevelu avec des épingles à violette et me suis excusée pour la douleur causée.
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Je n'ai pas de travail
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Je n'ai pas d'enfants
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Ma mère ne m'aime pas
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-L'homme que j'aime s'est marié
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Je suis une cuisinière médiocre
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Je ne suis pas belle
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Je ne suis pas autorisée à m'opposer
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-J'ai un pied plus grand que l'autre
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Je suis très grosse
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Mes amis sont en prison
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Je n'aime pas mon prénom
-Pourquoi écris-tu de la poésie?
-Et Pourquoi pas?
Clous
Poèmes
Sortie : 20 novembre 2015 (France). Poésie
livre de Agota Kristof
Annotation :
Hongrie
Dans l'usine
Les jours se ressemblent autant que les heures
qui couraient au long de la chaîne et sur nos mains
mille dix mille quelque part
assurément se transformaient en montagne
car nous sentions son poids sur nos cages thoraciques et moi
je n'ai vu personne parmi nous qui aurait eu
une seule raison pour éclater de rire
Le Val-de-Ruz brillait parfois comme les vitrines
quelqu'un pleurait en hurlant poussé vers la sortie trop faibles
ses nerfs disaient-ils nous poursuivions le travail
tendes vos mains huileuses les cliquetis
des cinq écus sur nos muscles noués
des rêves au front pur s'accroupissent
qui regrette au printemps
les feuilles pourries de l'année dernière
préparez donc
vos enfants à se lever tôt dans le voisinage
une nouvelle usine est en chantier
Saison froide
Sortie : 18 janvier 1996 (France). Poésie
livre de Farrokhzad
Pakonak a mis 8/10.
Annotation :
Iran
Poupée mécanique
Plus que cela, Ah oui, Plus que cela, on peut rester silencieux.
On peut, durant des heures,
D’un regard comme celui des morts,
Fixer, immobile, la fumée d’une cigarette.
Fixer la forme d’une tasse,
Le motif décoloré sur un tapis.
Fixer une ligne imaginaire sur le mur.
On peut, d’une poigne sèche,
Tirer le rideau d’un côté et voir
Qu’au milieu de la rue, il tombe des cordes,
Qu’un enfant, avec ses cerfs-volants colorés
Est debout sous un porche,
Qu’une vieille charrette quitte la place
A une vitesse tumultueuse.
On peut rester sur place,
A côté du rideau, mais aveugle, mais sourd.
On peut crier,
D’un cri fort artificiel, étranger “j ‘aime!”
On peut être dans les bras dominants d’un homme,
Une femelle belle et chaste,
Avec un corps comme une nappe en cuir,
Avec deux gros seins durs,
On peut souiller la chasteté d’un amour
Dans le lit d’un ivrogne, d’un fou, d’un vagabond.
On peut mépriser, avec ruse,
N’importe quelle énigme étrange,
On peut ne faire que des mots croisés.
On peut se bercer de la trouvaille d’une réponse absurde,
Une réponse absurde, oui, de cinq ou six lettres.
On peut, toute la vie durant, s’agenouiller,
La tête penchée, devant un mausolée froid.
On peut voir Dieu dans une tombe inconnue.
On peut se convertir avec un sou.
On peut pourrir dans les portiques d’une mosquée tel un vieux psalmodiste.
On peut avoir toujours le même résultat:
Ainsi le zéro dans les déductions, additions et multiplications.
On peut considérer tes yeux dans leurs paupières de colère
Comme le bouton décoloré d’un vieux soulier.
On peut se dessécher comme une flaque sans eau.
On peut cacher avec pudeur la beauté d’un instant
Au fond d’une malle, telle une photo noire, instantanée et ridicule.
On peut pendre, dans le cadre laissé vide d’une journée,
L’image d’un condamné, d’un vaincu ou d’un crucifié.
On peut couvrir la fente du mur avec des masques.
On peut s’incorporer des images encore plus absurdes.
On peut être comme des poupées mécaniques,
Regarder son monde avec deux yeux de verre.
On peut dormir des années dans une boîte de feutre
Avec un corps plein de pailles
Parmi paillettes et voiles.
Et par la pression de n ‘importe quelle main dévergondée crier sans raison et dire
Ah que je suis heureuse.
Tala • Lagar (1938)
Sortie : 1938 (Chili). Poésie, Version originale
livre de Gabriela Mistral
Annotation :
Chili
L’ÉTRANGÈRE
« Elle parle avec un arrière-goût de ses mers sauvages
avec on ne sait quelles algues, avec on ne sait quels sables ;
Elle prie un Dieu sans forme ni poids,
Elle est vieille comme si elle allait mourir.
Dans notre jardin, qu’elle nous rendit étranger,
elle a planté des cactus et des herbes dentelées.
Elle exhale le souffle du désert,
ses cheveux sont blanchis par des passions
qu’elle ne raconte jamais et, si elle nous les contait,
ce serait comme la carte d’une autre étoile.
Elle vivra parmi nous quatre-vingts ans
et elle sera toujours comme l’heure de sa venue,
parlant une langue qui halète et gémit
et que seules comprennent les bestioles.
Elle va mourir au milieu de nous
une nuit qu’elle souffrira davantage,
avec son destin pour unique oreiller,
d’une mort muette, étrangère. »
Dark Sparkler
Sortie : 7 avril 2015 (France).
livre de Amber Tamblyn
Annotation :
Etats-Unis
Etats-Unis
I am the fire and the burn.
The fury and the furnace.
The ire and the wrath.
The blaze and the char.
I am the ignition and the obliteration.
Incinaretion and cremation.
The broil and the bake.
I am the smolder and the sear.
The flicker. The flame.
The nerve and the ending.
I am just the beginning.