Albums 2020 - C'est bien aussi
Puisqu'il y a aussi beaucoup d'albums biens mais pas top (et afin de ne pas polluer le top 2020), voici cette liste.
C'est un peu l'antichambre du top albums 2020, en vérité.
A piocher pour avoir une bonne surprise, ou pas.
Le top 2020 c'est par ici :
43 albums
créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a presque 3 ansThe Peculiar Smell of the Inevitable (2020)
Sortie : 15 mai 2020 (France).
Album de Chemtrails
Annotation :
Psychedelic Pop
(Après une 2nde écoute) Cet album est sans doute l'OVNI pop de 2020, une folie sonore qui déboule dans tous les sens. Chemtrails ce sont en quelque sorte des Flaming Lips punk qui seraient encore plus drogués. C'est agaçant mais génial tout à la fois, hyperactif, excessif mais percutant et euphorisant. Dans le fond, ce n'est peut-être pas si original, mais en terme d'énergie cet album est assez unique. Et depuis que j'ai découvert ce groupe, je n'arrête pas d'entendre parler des chemtrails, ces fameuses traînées de fumée derrière les avions qui alimentent les dernières théories de complot à la mode. Étrange.
New Petal Instants (2020)
Sortie : 7 février 2020 (France).
Album de Arbor Labor Union
Annotation :
Indie Rock / Post-Punk
(Après une 2nde écoute) Toujours aussi étonnant cet album. Si l'ensemble n'est pas irréprochable, la musique possède une énergie assez unique, voire originale dans la manière dont les morceaux sont balancés - à mi-chemin entre rock foutraque post-punk et désinvolture débraillée aux effluves country et americana. J'aime beaucoup le son crunchy des guitares, même si elles ne font pas forcément grand chose. Il y a d'ailleurs quelques morceaux qui s'amusent à faire tourner les mêmes motifs en rond pour produire un effet délicieusement anesthésiant et malgré tout perclus de soubresauts fracassés. Ça manque sans doute de fulgurances dans la composition (du genre Big Face in the Sky) mais l'album est hautement sympathique et le rock lancinant du groupe est plutôt addictif.
The Common Task (2020)
Sortie : 13 mars 2020 (France).
Album de Horse Lords
Annotation :
Experimental Rock / Totalism / Math Rock / Krautrock
(Après une 2nde écoute) J'adore la folie expérimentale de cet album qui part dans tous les sens tout en conservant une énergie tendue et ramassée qui doit beaucoup à la manière dont sonnent les guitares électriques mais aussi à la batterie et ses rythmiques répétitives. L'ensemble peut paraître rebutant ou imperméable mais en fait je trouve que la dynamique finit par devenir entêtante et hypnotique quand toutes les pièces du puzzle s'imbriquent et font sens. Pourtant les influences sont débridées, le saxophone est central dans la cacophonie maîtrisée de l'album et on entend même de la cornemuse. Par contre j'ai toujours un bémol sur le dernier morceau trop long (18 minutes) et sans intérêt durant une bonne partie (seul le final s'emballe un peu et retrouve l'esprit du reste de l'album).
Lovers Rock (2020)
Sortie : 15 mai 2020 (France).
Album de The Dears
Annotation :
Indie Rock
(Après une 2nde écoute) Toujours aussi généreux et accueillant cet album de rock millésimé 2000's. On se croirait en effet revenu 15 ou 20 ans en arrière, avec ces morceaux rock à la fois rayonnants, mélodiques, gorgés de feeling - assez directs et purs en terme d'effets - et ne rechignant pas aux arrangement de cordes chiadés et sur l'énergie conquérante. C'est bien fait et assez irrésistible.
Earth to Dora (2020)
Sortie : 30 octobre 2020 (France).
Album de EELS
Annotation :
Indie Pop / Chamber Pop
(Après plusieurs écoutes) Ce nouvel album de Eels est la madeleine de Proust ultime de 2020. Comme à chaque fois, j'ai envie de dire. Presque. Car de manière imperceptible, subtile, Earth to Dora me fait un effet que je n'avais plus ressenti depuis longtemps à l'écoute d'un album de Eels. J'ai finalement du mal à dire que Earth to Dora fait partie des meilleurs albums de l'artiste - car ça continue à ronronner pas mal et à sortir les mêmes recettes - mais je n'avais pas ressenti un tel feeling et une impression d'unité, comme un vrai truc qui se passe, depuis Shootenany. Earth to Dora renoue avec un esprit plus lumineux et des orchestrations de poche délicates, ludiques et touchantes qui ont fait les plus belles heures de Eels (les morceaux Earth to Dora et I Got Hurt, c'est exactement le genre de trucs que j'adore chez ce gars et qui me font fondre immédiatement).
American Head (2020)
Sortie : 28 août 2020 (France).
Album de The Flaming Lips
Annotation :
Neo-Psychedelia / Dream Pop
(Après une 2nde écoute) Le début de l'album est vraiment bon, évanescent, planant, un Flaming Lips à la cool mais mélodique et sensible. Par contre, je confirme que le faux rythme s'installe après le cinquième morceau, et si ça reste écoutable, tout finit par se ressembler. Ça ne prend pas de risques, ça reste sur ses acquis sans toucher la grâce pépère de Will You Return / When You Come Down, Flowers of Neptune 6 ou At the Movies on Quaaludes, mis à part peut-être avec Assassins of Youth. L'ensemble reste sympathique mais les Flaming Lips ont fait tellement mieux. Le groupe reste dans une zone de confort ultime.
Obscura (2020)
Sortie : 1 février 2020 (France).
Album de Shye
Annotation :
Folktronica / Ambient / Field Recordings / Post-Minimalism / Glitch / Ambient Pop
(Après une 3ème écoute) Album absolument atypique, véritable boîte à musique bourrée de sonorités merveilleuses et enfantines, même si les dérives plus grinçantes ne sont jamais très loin. Par moment, on ne sait pas si c'est une volonté ou l'effet d'une production presque amateure, tant ça grésille aux entournures quand la musique part trop dans les aigus, mais ça fait partie du charme de ces morceaux délicats et surannés, étranges et attachants - l'ensemble étant uniquement instrumental, j'ai oublié de le préciser. En tout cas Obscura est un album suffisamment singulier pour se détacher du lot et créer son propre territoire sonore. Shye est une artiste qui me semble toute aussi énigmatique et discrète que sa musique, c'est une jeune australienne de 22 ans qui produit des albums en masse (souvent courts, certes) et dieu sait les chemins sonores qu'elle va emprunter dans le futur. La formule paraît ici balbutiante mais en même temps cette impression est intrinsèquement liée à l'univers onirique créé par Shye. On sent l'artiste capable de défricher d'autres territoires.
Every Bad (2020)
Sortie : 13 mars 2020 (France).
Album de Porridge Radio
Annotation :
Indie Rock / Post-Punk
(Après une 2nde écoute) Sans conteste un des meilleurs albums de rock indé de l'année, tendance rugosité post-punk bien balancée. Il y a effectivement une production un peu sèche et brute qui en d'autres lieux pourrait personnellement me rebuter, un truc très sec sur l'os dans la manière de sonner des instruments. Mais c'est allègrement compensé par la rage viscérale de la plupart des morceaux qui l'air de rien deviennent entêtants et s'insinuent dans les esprits, notamment grâce à l'interprétation habitée de Dana Margolin qui transcende la musique à chaque fois qu'elle commence à élever la voix et à éructer. Un album peut-être pas original ou particulièrement créatif, mais qui arrive à pousser son matériau basique vers des limites puissantes et cathartiques.
I Can Go With You (2020)
Sortie : 30 octobre 2020 (France).
Album de Sam Burton
Annotation :
Contemporary Folk / Americana / Baroque Pop
(Après une 3ème écoute) Cet album est le genre de plaisir coupable que j'aime bien. Ce n'est pas si coupable car la musique n'est pas mainstream et a un standing élevé en terme de composition, d'écriture et d'arrangements, mais il y a une vibe old school, un aspect pop de studio des années 60, interprété avec une grande classe et produit avec un amour évident pour les atmosphères baroque folk, le tout me faisant penser à un mélange entre Richard Hawley pour le côté crooner et lent, et Gene Clark pour la dimension plus folk cosmique. Sam Burton n'atteint pas la grâce de ces deux artistes - la faute peut-être à une interprétation moins pénétrée que celle du premier, et à des morceaux plus classiques que ceux du second - mais l'écoute de I Can Go With You agit comme un plaisir régressif à mes oreilles, tant la musique s'écoule de manière fluide et agréable, tranquillement rayonnante.
Mutable Set (2020)
Sortie : 8 mai 2020 (France).
Album de Blake Mills
Annotation :
Chamber Folk / Ambient Pop / Art Pop
(Après une 2nde écoute) C'est rare de tomber sur des albums expérimentaux aussi réussis et sincères dans leur démarche. Ici, le folk se fait feutré, minimaliste, austère en fait, parfois uniquement instrumental mais toujours au service d'une atmosphère délicate et étrange. Mais ce n'est jamais forcé. L'album se rapproche de ce qui pouvait se faire durant les années 70 en terme de folk abstrait, avec des ambiances en suspension, qui semblent à peine esquissées et ne jamais vraiment se terminer. Par contre, ça reste un trip, l'ennui n'est jamais très loin, mais je pense surtout que Mutable Set est un album "état d'esprit" qui n'est pas écoutable dans toutes les circonstances. A la réécoute, j'aurais aimé plus de foudroyances, des moments plus tendus, comme sur l'excellent Vanishing Twin qui met un peu d'incertitude et de surprise dans une musique qui est certes originale formellement, mais qui devient peut-être trop prévisible à terme.
Almost Forever (2020)
Sortie : 7 février 2020 (France).
Album de Cheerleader
Annotation :
Indie Pop
(Après une 2nde écoute) Sans doute ce qui s'est fait de mieux en terme de pop depuis le début de l'année. Il y a quelques petites facilités, des gimmicks parfois légèrement visibles, bref un esprit qui s'inscrit dans une pop moderne que ne renieraient pas les groupes à la mode (Domestica par exemple), mais la plupart du temps le groupe arrive à trouver le biais, le twist, qui fait la différence. La production est notamment de grande qualité et donne beaucoup d'énergie aux morceaux qui filent l'air de rien vers un terrain plus shoegaze où les atmosphères conquérantes décollent jusqu'à la stratosphère. Bref, Cheerleader sonne vraiment bien et il y a une belle créativité mélodique pop.
Horse (2020)
Sortie : 16 octobre 2020 (France).
Album de Holy Motors
Annotation :
Indie Rock / Alt-Country / Americana
(Après une 2nde écoute) Si cet album reste tranquille, et possède un potentiel à moitié concrétisé, j'aime bien son ambiance et sa production à mi-chemin entre dream pop et americana. On retrouve des atmosphères de western poussiéreux bien épaulées par des guitares gorgées de réverbérations qui doivent autant à la country qu'aux sonorités pop des années 80, la voix de la chanteuse Eliann Tulve parachevant la dimension évanescente de l'ensemble. Au final, Holy Motors - qui est un groupe estonien, chose assez rare pour être soulignée - arrive à créer un univers sonore bien à lui.
The Loves of Your Life (2020)
Sortie : 10 avril 2020 (France).
Album de Hamilton Leithauser
Annotation :
Indie Rock / Chamber Pop / Indie Pop
(Après une 2nde écoute) Je suis un peu déçu de ne pas trouver plus que ce que je pensais à la première écoute. L'album reste bon et il y a quelques morceaux fantastiques - comme Isabella et Here They Come - qui rayonnent d'une énergie contagieuse, tout en rondeur et en groove sensible et chaleureux. Il n'y a rien de comparable cette année en terme de feeling communicatif, notamment avec ces chœurs gospel soul irrésistibles (Here They Come est aussi très stonien avec son piano dansant). Mais ensuite l'album s'endort gentiment : les morceaux ne sont pas foncièrement désagréables mais ils installent un faux rythme, et semblent végéter sur des mélodies mid-tempo qui ne décollent jamais vraiment. Il faut attendre le final de The Other Half et le dernier morceau The Old King pour retrouver un peu de hauteur et de grâce. Bref, Hamilton Leithauser nous la joue filou, il met le paquet en intro et pour le final et entre les deux c'est plus laborieux. Bref le capital sympathie est un peu écorné mais la générosité rayonnante des meilleurs titres rend l'album attachant et chaleureux.
I Disagree (2020)
Sortie : 10 janvier 2020 (France). Alternative metal, Pop
Album de Poppy
Annotation :
Alternative Metal / Pop
(Après une 2nde écoute) Quand on ne connaît pas Poppy, I Disagree est un album déroutant par son mélange des genres qui passent de la pop kawaii mièvre mais joliment emballée au metal le plus dur. En fait l'album pourrait se résumer au premier morceau, Concrete, qui mélange toutes les obsessions de Poppy pour un résultat qui ne ressemble à rien (de la JPop metal guimauve deshinibée). En fait cette musique c'est juste du fun - chose que je n'avais pas ressenti à la première écoute, mais qui passe beaucoup mieux une fois accepté comme tel - un gros plaisir coupable qui fonctionne car tout est à la fois dans l'excès (des guitares abrasives, du chant et des mélodies mignonnes) mais néanmoins très efficace, percutant et maîtrisé dans les effets.
Il serait marrant de déconstruire chaque morceau pour en examiner les parties et voir comment elles s'imbriquent entre elles, comment on passe de la pop mainstream au metal hardcore. On en perd le compte au bout de quelques morceaux. Je pense que cet album peut s'avérer épuisant selon les moments tant il déborde d'énergie et de styles variés. Je trouve aussi qu'il faiblit à partir de Sit/Say, morceau qui tombe dans le mauvais goût évité la plupart du temps (rajouter de la techno au gloubiboulga n'était pas la meilleure idée), les deux morceaux finaux étant calmes et mélodiques mais plus prévisibles.
Miss Anthropocene (2020)
Sortie : 21 février 2020 (France).
Album de Grimes
Annotation :
Art Pop / Electronic / Synthpop
(Après une 2nde écoute) C'est de la bonne electropop, sans doute parmi ce qui se fait de mieux dans le genre, et je dis cela alors que j'ai beaucoup de mal - voire n'aime pas du tout - le genre. Donc d'un côté ça vaut ce que ça vaut, c'est à dire pas grand chose, mais d'un autre côté ça montre que la musique de Grimes est de qualité car ça reste très tolérable et c'est même plutôt bien. Grimes a la capacité et le talent pour mixer des ingrédients a priori rebutants et en sortir un résultat qui est à la fois accessible mais aussi accrocheur, riche et efficace en jonglant astucieusement avec les limites du genre, et en les détournant. La formule est décomplexée et fun, notamment grâce à une production excellente, très ample, qui sonne bien jusque dans ses excès synthétiques, là où la plupart des artistes electropop / synthpop sonnent désespérément étriqué. Grimes a aussi une approche atmosphérique de ses morceaux que je trouve intéressante, sa musique déploie des paysages sonores. Par contre, à trop flirter avec l'electropop mainstream il y a parfois des fautes de goût (Darkseid, 4ÆM), et à la réécoute il y a peu de moments forts qui m'auraient fait hésiter à en faire un top de l'année. Je reste accroché à My Name is Dark (Art Mix) et je ne retrouve rien de ce niveau.
Where Have All My Friends Gone? (2020)
Sortie : 26 juin 2020 (France).
Album de Boyo
Annotation :
Neo-Psychedelia / Indie Rock
(Après une 2nde écoute) Cet album est vraiment pas mal en terme de pop psychédélique, saturée de partout mais proposant des mélodies vraiment touchantes, mélancoliques et planantes dans un style qui me rappelle parfois les Flaming Lips (Forget It). Le contraste entre la production saturée et l'évanescence des mélodies est très bien maîtrisé et offre quelques moments limite émouvants. En tout cas c'est une musique qui me parle, mais je suis peut-être dans l'état d'esprit qu'il faut pour être touché par cette musique à la fois débordante et apparemment brouillonne mais bourrée de sensibilité.
The Wheel of Time (2020)
Sortie : 19 janvier 2020 (France).
Album de Ange Halliwell
Annotation :
Chamber Folk / Art Pop / Ambient
(Après une 2nde écoute) Si l'on met de côté les quelques grosses fautes de goût - Spring Interlude et son electropop ambient est complètement hors sujet en terme de son - cet album ne ressemble à aucun autre et tutoie des sommets de beauté étrange. Il faut dire que l'on est trop peu habitué à écouter un album instrumental de harpe. Joanna Newsom en joue - pour citer une artiste connue - mais ici c'est encore autre chose, c'est à la fois pastoral et ésotérique, surtout avec les sonorités cristallines et sèches de la harpe (sans doute une harpe électrique ?). A ranger dans la catégorie des OVNI de 2020.
Sucker's Lunch (2020)
Sortie : 31 juillet 2020 (France).
Album de Madeline Kenney
Annotation :
Dream Pop / Indie Rock
(Après une 2nde écoute) L'album la joue malin en mettant le paquet d'entrée avec deux superbes titres de pop soyeuse, gracieuse et en même temps hyper accessible. L'effet fonctionne à chaque fois et c'est toujours aussi chouette. La suite s'endort un peu, c'est dommage, avant de se réveiller sur la fin, coup classique. Mais la musique de Madeline Kenney conserve néanmoins un souffle bienvenu car assez rare dans le domaine de la pop mainstream. Les morceaux respirent, les atmosphères sont amples et tout est produit avec goût.
A Small Death (2020)
Sortie : 1 mai 2020 (France). Folk
Album de Samantha Crain
Annotation :
Indie Folk / Folk Rock / Americana
(Après une 2nde écoute) Les titres folk plus calmes peuvent être un peu redondants et monotones à terme, malgré la voix de Samantha Crain. En fait ce que j'aime bien sur cet album, ce sont les titres plus folk rock qui sont bien percutants, à la fois roots et accrocheurs, bien produits et super bien interprétés. On croise rarement des morceaux comme Pastime, Reunion ou Garden Dove. Ou même de l'americana plus calme mais super chiadé et lumineux comme An Echo. J'en aurais aimé davantage. A Small Death reste dans l'ensemble un bon album folk.
The Ascension (2020)
Sortie : 25 septembre 2020. Indietronica, Art Pop
Album de Sufjan Stevens
Annotation :
Indietronica / Art Pop / Glitch Pop / Ambient Pop / Progressive Pop
(Après une 2nde écoute) Je commence à mieux cerner cet album, et j'y vois des qualités. Il faut avouer que Sufjan Stevens plane sans trop de peine au-dessus de ce qu'il se fait actuellement en terme de pop électronique, grâce à la subtilité et à la maîtrise des ambiances qui se déploient toujours avec des nuances délicates. J'aurais toutefois aimé que Stevens aille plus loin à ce niveau, soit qu'il épure encore plus les ambiances, soit qu'il amène un peu plus de ruptures. En fait je suis en manque de transcendance, ces moments si particuliers dont seul Sufjan Stevens a le secret. Ici la musique se déroule et crée par moment de jolis moments mais atteint trop rarement l'illumination, même sur les passages les plus glitch et tordus. Idéalement, j'aurais aimé que l'album continue sur les bases des premiers morceaux, notamment le dyptique Make Me an Offer I Cannot Refuse / Run Away With Me qui construit une ambiance bien à lui (Run Away With Me étant sans doute le meilleur titre de l'album - du pur Stevens pour le coup, une sorte de titre à la Carrie & Lowell mixé à la sauce Age of Adz). Mais la suite est plus accidentée, sans trouver de twists satisfaisants. On sent qu'il y a un pic recherché au milieu avec l'enchaînement Die Happy / Ativan mais je trouve que ça tourne en rond sans trouver de lignes directrices et de conclusion idéales. Et la suite n'est qu'une lente descente dans la glitch pop heurtée (Ursa Major, Landslide, Gilgamesh, Death Star) qui n'est définitivement pas faite pour moi, même si encore une fois les excès et la folie de The Age of Adz arrivaient à transcender le genre et à devenir contagieux. Le trio final (Sugar / The Ascension / America) relève un peu le niveau, mais l'album ne me touche pas autant que je le souhaiterais. Je pense que je ne vais pas trop insister pour l'instant, j'y reviendrai en dilettante au fil du temps, au fil des ans, pour voir s'il se passe quelque chose d'autre.
A Mythology of Circles (2020)
Sortie : 13 novembre 2020 (France).
Album de Faten Kanaan
Annotation :
Progressive Electronic / Minimalism / Ambient
(Après une 2nde écoute) C'est un bon album d'ambient - partagé entre l'électronique et une dimension plus acoustique - mais je regrette peut-être son aspect décousu à l'écoute. Il y a plein de bonnes idées un peu partout mais il manque une unité, une vision directrice, pour amener la musique un peu plus loin. La production reste bonne - on sent, on visualise presque les instruments, les univers élaborés - et c'est une musique qui essaie et qui arrive à imprimer son identité dans un paysage ambient souvent interchangeable.
songs (2020)
Sortie : 23 octobre 2020 (France). Folk
Album de Adrianne Lenker
Annotation :
Contemporary Folk / Indie Folk
(Après une 2nde écoute) Album toujours aussi unique de folk délicat et introspectif, mais que j'aimerais adorer encore plus ! En l'état, il y a encore une barrière entre la musique d'Adrianne Lenker et moi. J'aime bien, l'atmosphère dégagée par les morceaux, la sensibilité presque hypnotique, nous plongent dans un état particulier, pacifié et totalement déconnecté. Mais j'aimerais être davantage touché, ému, remué. Ce n'est pas le cas. Mais c'est la même avec Big Thief : j'en attends beaucoup, et je reste parfois sur le pallier. Il faut que je me contente de cela. C'est le genre de musique à laquelle je reconnais des mérites mais qui ne vient pas m'habiter et que je n'ai pas forcément envie de réécouter spontanément.
Coasting (2020)
Sortie : 13 mars 2020 (France).
Album de Honey Cutt
Annotation :
Indie Rock / Indie Pop
(Après une 2nde écoute) Très classique mais très efficace et diablement charmant. Cet album est l'archétype de l'indie rock pop qui surfe sur une approche directe et une production épurée - presque lo-fi - des morceaux relativement simples, mais interprétés avec une énergie juvénile et infusés de mélodies légèrement dream pop. D'habitude il sort pléthore de ce genre d'albums chaque année, mais en 2020 je trouve que ce n'est pas le cas. Du coup Coasting s'impose pour l'instant sans trop de mal comme la référence en 2020. Ce n'est pas aussi ingénieux et créatif que Anak Ko, l'album sorti par Jay Som l'année dernière, mais les compositions sont bien troussées, très attendues en terme d'énergie et de rythmes, mais les mélodies sont accrocheuses, avec une sorte de légèreté et de désenchantement assez touchant qui résonne de manière très juste dans la voix de Kaley Honeycutt. L'aspect pilotage automatique et les structures des morceaux interchangeables qui d'habitude me lassent dans ce genre d'album est ici largement compensé par le feeling de l'interprétation et la sensibilité des mélodies.
Ummon (2020)
Sortie : 28 février 2020 (France). Space Rock, Stoner Rock, Hard Rock
Album de Slift
Annotation :
Space Rock / Heavy Psych / Stoner Rock
(Après une 2nde écoute) Je ne suis pas sûr de beaucoup réécouter cet album dans les années à venir pour deux raisons : c'est encore beaucoup trop long (mais c'est souvent inhérent au genre) et ce n'est pas mon style de prédilection. A part cela, il est à mon avis impossible de passer à côté d'Ummon en 2020. J'avoue une part de chauvinisme : que des petits français bien de chez nous soient capables de pondre un album de space stoner rock d'un tel calibre est réjouissant. Il y a peut-être eu d'autres équivalents en 2020 mais je ne les ai pas écoutés. Je trouve toutefois que si le marché est inondé d'albums métal sous toutes ses formes, le stoner rock et le heavy psych sont une frange plus minoritaire. C'est aussi un style qui me parle davantage par la puissance plus chaleureuse des guitares, par la lourdeur vibrante qui me semble moins figée que chez les cousins métalleux. Mais voilà, au-delà de l'origine toulousaine du trio de Slift (on peut faire autant de bruit cosmique à trois ?), le groupe maîtrise tout ce qui fait la force du space stoner rock psyché avec ses envolées pyrotechniques, ses mélodies lysergiques et ses ambiances massives.
About Love and Loving Again (2020)
Sortie : 30 octobre 2020 (France).
Album de Christian Kjellvander
Annotation :
Americana / Gothic Country
(Après une 2nde écoute) Cet album confirme sans peine la grande classe de ses morceaux qui pourraient se révéler longuets (on est quand même à 7 minutes de moyenne) mais qui dégagent un certain magnétisme, grâce à l'interprétation de Christian Kjellvander tout en gestion, en charisme de crooner crépusculaire, avec une voix proche de celle Richard Hawley - voire de Bill Callahan tiens maintenant que j'y pense, mais dans une version habitée avec un véritable feeling qui occupe l'espace. Il ne se passe pas grand chose en fait (j'aurais peut-être aimé un ou deux morceaux plus marquants) mais la dynamique particulière de la musique est tellement maîtrisée qu'on ne s'ennuie jamais : les morceaux rayonnent et s'étirent d'une manière tout à fait singulière.
Return (2020)
Sortie : 13 novembre 2020 (France).
Album de Katy J Pearson
Annotation :
Indie Rock / Indie Pop / Indie Folk / Americana
(Après une 2nde écoute) Cet album est toujours aussi sympathique et il y a vraiment une vibe Kate Bush dans l'interprétation et l'esprit de Katy Pearson qui insuffle de la légèreté dans chacun de ses morceaux et une énergie soudainement décapante par instant (le final de Miracle par exemple) alors que tout semble relativement sage ou s'inscrire dans une veine classique. C'est d'ailleurs ce qui aurait pu me retenir dans le fait de mettre cet album dans cette liste mais j'ai bien mis d'autres trucs comme Sucker's Lunch alors pourquoi pas Return qui développe une musique pop maîtrisée et décomplexée.
Traditional Techniques (2020)
Sortie : 6 mars 2020 (France).
Album de Stephen Malkmus
Annotation :
Psychedelic Folk / Folk Rock
(Après une 2nde écoute) Ce n'est pas la grosse marade mais cet album a un bon capital sympathie, et un côté modeste et chaleureux qui dégage suffisamment de charme pour rendre l'écoute agréable. L'ensemble est un peu traînant et l'aspect americana à papa peut donner un air blasé à la musique - en fait je crois que j'ai toujours un peu de mal avec la voix de Malkmus qui est assez pauvre, j'ai le même problème avec Pavement, quand la compo suit pas, ce n'est pas le chant qui vient relever le truc et le tout devient très plat - mais il y a quelques jolis morceaux qui arrivent justement à tirer de cette mollesse une sorte de léthargie lumineuse. La technique laid back, paisible et légèrement vibrante, fonctionne finalement bien.
The Archer (2020)
Sortie : 8 janvier 2020 (France). Psychedelic Pop, Indie Pop
Album de Alexandra Savior
Annotation :
Indie Pop / Dream Pop / Neo-Psychedelia
(Après une 2nde écoute) Confirmation de la qualité de cet album d'Alexandra Savior qui s'aventure dans des contrées pop langoureuse au piano proches de celles de Lana del Rey (But You sonne carrément comme du Lana del Rey) mais avec peut-être une touche plus éthérée et psychédélique au niveau de l'atmosphère générale et des arrangements. C'est encore un peu court (30 minutes), de même que les morceaux, d'où le sentiment d'avoir un projet qui manque d'ambition, mais les bases sont là pour sans doute quelque chose de plus grand à l'avenir.
Bonny Light Horseman (2020)
Sortie : 24 janvier 2020 (France). Rock, Folk, Indie Rock
Album de Bonny Light Horseman
Annotation :
Contemporary Folk / Americana
(Après une 2nde écoute) On pourrait avoir des réticences face à cet album qui sent bon l'Amérique profonde par ses influences folk et country, mais plus les titres défilent et plus s'installe une atmosphère vraiment prenante, notamment grâce à l'interprétation à la fois puissante mais en retenue, le chant en duo (une femme et un homme) semblant renouer avec les artistes d'antan chantant la country autour d'un feu de camp, sur un fond de guitare minimaliste. On est au niveau le plus traditionnel de l'americana mais l'interprétation authentique offre un point de vue qui à mon avis peut résonner facilement chez n'importe quel auditeur.
Black Aura My Sun (2020)
Sortie : 17 janvier 2020 (France).
Album de Deserta
Annotation :
Shoegaze / Dream Pop
(Après une 2nde écoute) Cet album est une bonne pioche en terme de dream pop. Il y a aussi une influence shoegaze indéniable - et l'album est dominé par l'aspect instrumental - mais la production typé années 80 avec beaucoup d'écho et de claviers atténue l'effet chape de plomb pour ne garder qu'une impression d'élans puissants et conquérants. Et pour une fois la patine 80's est plutôt bien digérée et ne sonne pas datée. Il y a donc une énergie, une intensité très bien canalisées et efficaces. Malgré un ou deux passages moins réussis, l'ensemble est donc accrocheur et bien mené.