Albums 2023 écoutés

Arbor Labor Union - Yonder
Damian Jurado - Passing the Giraffes
Flyte - Flyte
Asia Menor - Enola Gay
Allie Crow Buckley - Utopian Fantasy
Christian Kjellvander - Hold Your Love Still

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164 albums

créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a environ 1 an
Married in Mount Airy
6.7

Married in Mount Airy (2023)

Sortie : 6 janvier 2023 (France).

Album de Nicole Dollanganger

Annotation :

Indie Folk / Slowcore / Dream Pop / Psychedelic Folk / Ambient Pop
L'année commence plutôt bien avec cet album de Nicole Dollanganger qui développe un univers folk mâtiné de dream pop, plutôt calme et diaphane, avec un soin particulier apporté aux atmosphères. C'est surtout la voix de Nicole Dollanganger qui ressort dès les premières secondes et baigne l'album d'une étrange beauté, elle n'a rien d'impressionnant mais elle est gorgée de sensibilité, presque fragile, d'une naïveté éthérée qui a quelque chose de touchant. L'introduction qui donne son titre à l'album, Married in Mount Airy, est vraiment excellente, il y a une très belle synergie entre le chant et l'ambiance sublimée par des arrangements tout en finesse, une production riche (le chant en écho sur le final est une très belle idée) et un aspect progressif qui débouche sur un crescendo très subtil et réjouissant. La suite de l'album est moins surprenante et marquante, je n'ai pas noté d'autres titres avec une alchimie aussi forte, et l'écriture manque un peu de variété et de ruptures, mais l'ambiance générale reste réussie.

Norfolk Serpent

Norfolk Serpent (2023)

Sortie : 6 janvier 2023 (France).

Album de J. Wiegold

Annotation :

Chamber Folk / Ambient / Psychedelic Folk / Indie Folk / Field Recordings
Jack Wiegold sort aussi des albums sous le pseudonyme Alphabet Holds Hostage dont j'avais écouté l'album Again and So Soon, sorti en début d'année dernière (décidément, c'est une habitude, sans doute une technique pour être mieux repéré durant une période musicale souvent déserte). Le bonhomme a même pas 20 ans mais il fait preuve ici d'une jolie maturité et d'un style folk ambient intéressant, que j'avais déjà noté sur Again and so Soon de manière parfois morcelé, et qui est bien plus affirmé et abouti ici. Norfolk Serpent est un album cohérent, maîtrisé, qui ne laisse plus transparaître les hésitations et les bouts de morceaux apparemment inachevés. La progression est nette et les ambiances très personnelles de Wiegold s'épanouissent davantage, notamment à travers ce son de guitare acoustique très cristallin et agréable, accompagné par un chant tout aussi doux et éthéré. Le folk est ici sans cesse en mouvement, bardé de cascades d'arpèges qui s'enchaînent avec fluidité, et les mélodies s'échappent dans des contrées rêveuses, l'ensemble créant une atmosphère diffuse et délicatement abstraite, soulignée par de purs titres ambient (les deux parties de Norfolk Serpent composés de nappes planantes). Si le tout sonne bien et demeure très homogène, aucun plan ou passage n'est transcendant ou n'attire l'attention, la marge de progression se situe peut-être là, dans la mise en forme des idées, mais Norfolk Serpent reste un bon album, à l'atmosphère délicate et agréable.

Turn the Car Around
7.1

Turn the Car Around (2023)

Sortie : 13 janvier 2023 (France).

Album de Gaz Coombes

Annotation :

Indie Rock / Neo-Psychedelia
J'ai toujours vécu la séparation de Supergrass comme une immense perte. Certes, avec un peu de recul, on peut se dire que le groupe n'aurait jamais fait mieux que ses quatre premiers albums (voire cinq, car même Road to Rouen était très bon), et si j'ai bien aimé Diamond Hoo Ha à sa sortie - en mode groupie - il faut avouer que ce dernier album représentait déjà un déclin pour Supergrass. Le fun n'y était plus trop. Il n'empêche, ce groupe me manque encore, et j'y repense à chaque fois que je vois un nouvel album de Gaz Coombes sortir. Ce que fait le bonhomme en solo est intéressant, mais cela n'a absolument rien à voir avec ce que faisait Supergrass, et cela n'atteint pas un orteil du rock euphorisant dont était capable le groupe anglais - et qui n'a aucun équivalent à ma connaissance, mélange de mélodies hyper accessibles, jamais pédantes ou élitistes, et d'énergie rock décoiffante. Les albums de Gaz Coombes ne m'ont pas du tout marqué, ni pour de bonnes ni pour de mauvaises raisons. C'est une musique qui n'est pas paresseuse, qui ne se moque pas de l'auditeur, et qui reste dans des standard rock pop acceptables, mais pour moi il manque une étincelle. Je suis notamment étonné de la production très passe partout - limite lisse - des productions de Coombes, alors que Supergrass dégoulinait de rock et de fulgurances à l'esprit quasiment roots. Je trouve qu'il n'y aucune vision en terme d'univers sonore, ça sonne comme n'importe quel artiste pop rock moderne qui compose et produit sa musique par habitude, avec métier, mais sans chercher à la transcender. Bien sûr, tout est très écoutable, les morceaux sont plutôt riches, c'est arrangé, bien construit, enchaînant les passages et les mélodies de manière convaincante, et il y a toujours des passages et une énergie plaisante car relativement généreuse. Mais oui, ça sonne de manière impersonnelle, ça me fait penser aux artistes qui cherchent à faire du rock "moderne", avec une sorte d'esprit à l'ancienne moulé dans une esthétique au goût du jour, ce qui me fait un peu penser à Rover, ou à d'autres gloires de la britpop des années 90 et 2000 qui continuent à produire de la musique pas forcément mauvaise mais sans retrouver la flamme.

Prize
6.8

Prize (2023)

Sortie : 13 janvier 2023 (France).

Album de Rozi Plain

Annotation :

Art Pop / Indie Folk / Neo-Psychedelia
Sympathique album de folk arty, aux ambiances relativement minimalistes, qui reposent sur des idées et des motifs méticuleux qui cultivent leur aspect répétitif. Par moment, ça me rappelle un peu Aldous Harding, la musique de Rozi Plain ayant ce même style lunaire et décalé - jusque dans la voix de la chanteuse. L'univers de l'artiste est en tout cas original, il y a moyen de trouver des choses intéressantes si on arrive à y entrer. Je ne sais pas trop si j'ai réussi à y pénétrer pour ma part : la dimension synthétique de la production me refroidit un peu, même si elle fait entièrement partie de de la démarche de Rozi Plain, puisque les chansons marchent aussi sur ces micro sonorités synthétiques qui déploient des ambiances de poche étranges. Le charme est palpable et certains titres sont réussis mais je trouve que ce style monochrome en atténue la force et peut s'avérer monotone.

Five Easy Hot Dogs
5.7

Five Easy Hot Dogs (2023)

Sortie : 20 janvier 2023 (France).

Album de Mac DeMarco

Annotation :

Soft Rock / Bedroom Pop / Neo-Psychedelia / Ambient Pop / Downtempo / Psychedelic Folk
Je n'ai jamais attendu grand chose de Mac DeMarco - pour moi ça reste le gars que j'ai découvert par hasard en écoutant ses deux premiers albums dont l'aspect décontracté et relativement amateur contrastait avec ce que j'avais l'habitude d'écouter. Je ne me suis pas intéressé à la suite, même si j'ai écouté Here Comes the Cowboy. Cela étant dit, je suis étonné de voir que Five Easy Hot Dog est un album instrumental qui se contente d'empiler les ritournelles de deux minutes dans un style toujours aussi laid back et minimaliste, avec une simple guitare acoustique et quelques arrangements aux claviers. Ce n'est pas désagréable, il y a un feeling mou savamment entretenu, une indolence satisfaite sans être prétentieuse, mais ça ressemble davantage à une compilation de chutes de studio ou de morceaux avortés qu'à un véritable album. En tout cas, l'ensemble ne va bien loin - je ne sais même pas où c'est censé aller en fait. En cela, Mac DeMarco reste fidèle à lui-même mais ça ne rend pas sa musique passionnante, et même la sympathie initiale pour ces ambiances enfumées tend à se tasser avec l'enchaînement des morceaux.

Late Developers
6.3

Late Developers (2023)

Sortie : 13 janvier 2023 (France).

Album de Belle and Sebastian

Annotation :

Indie Pop / Twee Pop
J'ai l'impression que c'est mieux que A Bit of Previous, car Belle and Sebastian retrouve par moment une légèreté pop plus spontanée et fraîche qui renoue avec la sensibilité des débuts du groupe. Mais Late Developers n'hésite pas à faire quelques grands écarts et à partir de nouveau dans des délires synthétiques, limite dance qui ne sont pas du meilleur goût. La production actuelle du groupe reste difficile à suivre, l'énergie et l'entrain sont là, de manière plus palpable que sur A Bit of Previous mais ça flirte avec le kitsch et des ficelles trop grosses, que ce soit en terme de mélodies ou d'arrangements qui sonnent ultra datés (Give a Little Time et sa guitare ressemble à un improbable combo entre un générique de spot de pub et une musique de Sonic), quand ça ne vire pas à la pop moderne radiophonique sans prévenir (l'enchaînement When You're Not With Me / I Don't Know What You See in Me / Do You Follow) plongeant l'album dans un questionnement stylistique existentiel. Et en même temps le groupe est encore capable de créer un morceau comme The Evening Star, relativement simple, avec une mélodie efficace et un groove mid-tempo, bien arrangé et produit, qui rappelle au bon souvenir de The Life Pursuit. De quoi laisser perplexe quant à l'esthétique hasardeuse de l'album dans son ensemble.

Keeper is the Heart

Keeper is the Heart (2023)

Sortie : 20 janvier 2023 (France).

Album de Nighttime

Annotation :

Psychedelic Folk / Indie Folk
Cet album de folk n'a rien de sensationnel ou de très original mais cela fait déjà plusieurs fois que je l'écoute, sans doute grâce à son atmosphère réussie, bien aidée par le chant de Eva Louise Goodman à mi-chemin entre prêtresse à la voix éthérée et indie folk soyeux. Les morceaux naviguent également entre des ambiances folk légèrement évanescentes et élans mélodiques psychédélico-baroques. On a l'impression d'avoir déjà entendu la formule quelque part (la voix de Goodman me rappelle une autre chanteuse, mais je n'arrive plus à mettre un nom dessus) mais il se dégage malgré tout de l'ensemble une énergie enveloppante et accrocheuse - merci à la production organique et chaleureuse - qui atteint son acmé sur quelques titres comme Veil et Across the Ocean of Time.

Mercy
6.8

Mercy (2023)

Sortie : 20 janvier 2023 (France).

Album de John Cale

Annotation :

Art Pop / Electronic / Neo-Psychedelia / Ambient Pop / Darkwave / Alt-Pop
J'adore John Cale, je suis fan de ce qu'il a produit en solo durant les années 70, mais j'avoue que je n'accroche pas trop à ce nouvel album (le premier depuis 2012). Ceci dit, l'ensemble se tient bien, il n'y a pas de faute de goût, et malgré la présence de nombreux feat, l'ambiance et la démarche sont cohérentes et homogènes. Et puis John Cale va quand même sur ses 81 ans, ce qui ne se ressent pas du tout à l'écoute de Mercy - la voix, notamment, reste intacte (merci peut-être la production). C'est simplement que le style art pop électronique me plaît moins que la pop ou le rock plus "classiques" que John Cale est capable de réaliser, même sur sa période moderne (je pense à Black Acetate). Ici, les morceaux ont ce son un peu vaporeux et synthétique, ces mélodies entre deux, qui ont tendance à stagner, à s'étirer (les morceaux sont trop longs, en général), à rester dans cet esprit pop vaguement 80's, à la frontière de l'easy listening et d'une approche plus cérébrale et exigeante, en termes d'arrangements sur certains titres notamment qui font le pont vers une forme de pop plus moderne. Le fait que l'album soit long (71 minutes) n'aide pas à digérer le tout, qui peut s'avérer répétitif. Forcément, quelques passages sortent du lot : j'ai une petite faiblesse pour Story of Blood, sans doute grâce à la présence de Weyes Blood (je trouve que la mélodie et le motif sont plus lisibles que sur la majorité de l'album), et les deux derniers titres sont très beaux, l'intensité de Out Your Window et de son piano sont très poignantes. Oui, John Cale a de beaux restes et quelques fulgurances sous le coude, mais j'aurais aimé un album plus light et mélodique.

12
7.3

12 (2023)

Sortie : 17 janvier 2023 (France). Modern Classical, Ambient, Electronic

Album de Ryuichi Sakamoto

Annotation :

Ambient / Modern Classical / Minimalism / Reductionism
La mort et la maladie planaient déjà sur async, album sorti en 2017, Ryuichi Sakamoto souffrant alors d'un cancer de la gorge et se préparant à livrer là sa dernière œuvre musicale. Six ans après, Ryuichi Sakamoto est toujours là, et malheureusement le cancer qui était en rémission est revenu en force et s'est désormais généralisé. Malgré tout, Sakamoto continue à produire de la musique et livre avec 12 un nouveau recueil de morceaux introspectifs, ou l'ambient se fait poignant, minimaliste, étrangement serein face à la fin inéluctable qui approche. C'est forcément émouvant de se dire que ce sont peut-être les dernières notes que l'on entend de la part de l'artiste, et c'est impossible de dissocier l'écoute de ce contexte. La moindre note, la moindre nappe de claviers, est lourde de sens et émotionnellement très chargée. Je ne pense pas que ce soit de l'ambient particulièrement brillant ou original, mais l'ensemble est réussi, cohérent, et forcément poignant, surtout sur sa première partie avec des morceaux aux ambiances calmes et nimbées de claviers fantomatiques. Les derniers morceaux sont plus courts et plus crus, à base de piano, et moins atmosphériques. Ce changement témoigne aussi du processus créatif chronologique qui structure l'album, puisque chaque titre indique la date à laquelle le morceau a été écrit, et voit ainsi toute une période défiler au fur et à mesure que l'album s'écoule.

Gigi's Recovery
6.7

Gigi's Recovery (2023)

Sortie : 20 janvier 2023 (France).

Album de The Murder Capital

Annotation :

Post-Punk Revival / Gothic Rock / Art Rock / Indie Rock
Je m'étais dit que j'écouterais moins d'albums en 2023, et que je me concentrerais sur les albums qui me font vraiment envie, en évitant ceux dont je me doute qu'ils ne me plairont qu'à moitié. Bon, cette résolution n'a pas tenu longtemps, mais vu que ce nouvel album de The Murder Capital est une sortie notable de ce début d'année, je me suis dit : pourquoi pas ? Et donc c'est un nouvel album de post-punk bien fichu mais qui ne m'emballe pas plus que la grande majorité de la production dans ce domaine. Il y a toujours ce chant hyper monocorde et blasé, sans grandes nuances, une ambiance austère qui n'attire pas la sympathie. Mais il y a malgré tout de bonnes idées, des incursions plus étonnantes du point de vue des arrangements (ce son de guitare (?) déformé sur Ethel, que l'on retrouve un peu sur le plus calme et mélodique The Lie Becomes the Self), et des accointances surprenantes avec la britpop sur un titre limite radiophonique comme We Had To Disappear (ou si Coldplay faisait dans le post-punk) - la fin de l'album restant dans ce ton plus ouvert et sensible que ce que l'on a habitude d'entendre pour le genre.

Time’s Arrow
6.5

Time’s Arrow (2023)

Sortie : 20 janvier 2023 (France).

Album de Ladytron

Annotation :

Synthpop / Ethereal Wave / Dream Pop / Neo-Psychedelia / Shoegaze
J'ai donné une nouvelle chance à Ladytron car le dernier album du groupe sorti en 2019 ne m'avait pas forcément accroché, mais j'y avais perçu une audace sonore plus affirmée que dans beaucoup d'autres projets synthpop - et puis Ladytron a visiblement sorti de bons albums dans les années 2000. Time's Arrow est plus court et il me semble plus homogène que le précédent album, on dirait que Ladytron cultive même cette homogénéité qui donne un rythme entêtant et linéaire à l'album. Il y a toujours un son affirmé, à la fois electro, avec un petit style robotique dans le chant, tout en poussant légèrement vers des effets saturés qui évoquent vite fait le shoegaze. Il y a des idées et je me dis qu'à force d'écoutes certains titres pourraient s'avérer accrocheurs, car il y a une tentative d'équilibre entre des atmosphères et des mélodies plutôt aérées et accessibles, et un univers sonore plus affirmé. Mais il y a d'un autre côté un passage à vide dans la seconde moitié de l'album, qui mettent en lumière l'aspect relativement basique de l'écriture et une esthétique qui manque de finesse et de profondeur.

棲居在溪源之上 Seeking the Sources of Streams
7

棲居在溪源之上 Seeking the Sources of Streams (2023)

Sortie : 6 janvier 2023 (France).

Album de Cicada

Annotation :

Chamber Music / Neoclassical New Age / Ambient
Très joli album de musique néo-classique, aux ambiances délicates et pastorales. Les morceaux s'enchaînent de manière totalement invisible, c'est en fait une longue suite progressive, où le piano est l'instrument central, même s'il est constamment soutenu par une section de cordes et d'instruments à vent, chaque partie occupant le devant de la scène à tour de rôle avec beaucoup de finesse. C'est calme, apaisant et bucolique, avec une vraie sensibilité et une émotion palpable qui se dégage de l'interprétation. Il n'y a pas de moment transcendant, pas de révélation bouleversante, et c'est sans doute un peu trop monocorde, mais c'est très beau, et la pochette de l'album est magnifique.

After the Magic
6.9

After the Magic (2023)

Sortie : 28 janvier 2023 (France).

Album de 파란노을

Annotation :

Shoegaze / Indie Rock / Art Rock / Dream Pop / Post-Rock / Indietronica / Emo / Neo-Psychedelia / Noise Pop
Je n'arrive toujours pas à adhérer à la musique de Parannoul. Il y a sur ce nouvel album, plus de variété dans l'instrumentation et dans les tentatives d'ambiances et de mélodies, par rapport à To See the Next Part of the Dream. Mais je trouve la production toujours aussi bordélique, et épuisante par moment, l'aspect shoegaze / noise pop finissant par ressembler davantage à un gimmick qu'à une démarche cohérente et réfléchie. J'ai l'impression de jamais vraiment émerger de ce bazar sonore, sorte de cacophonie mal mixée, où la basse vrombissante se trouve ensevelie sous une batterie envahissante qui sature, sans parler du chant qui plafonne rapidement. Je ne dis pas que c'est inintéressant, Parannoul continue à proposer une musique riche et ambitieuse, mais je ne peux m'empêcher d'y entendre un bordel sonore mal produit qui n'est pas bien mis en valeur - et qui serait peut-être plus digeste avec une ambition légèrement revue à la baisse.

Electrophonic Chronic
6.8

Electrophonic Chronic (2023)

Sortie : 27 janvier 2023 (France).

Album de The Arcs

Annotation :

Blues Rock / Indie Rock / Neo-Psychedelia
Je découvre chaque année des projets dans lesquels Dan Auerbach est impliqué. The Arcs a déjà sorti un premier album en 2015 (que je n'ai pas écoute, de fait) ; Electrophonic Chronic est donc le deuxième album du groupe, et le résultat s'avère plutôt rafraîchissant, car il se situe à la croisée des chemins, entre le blues rock bien connu des fans des Black Keys et un esprit plus pop psychédélique, qui confère une légèreté agréable à l'album, notamment à travers des arrangements plus originaux qui surgissent parfois à l'improviste, comme ces choeurs sous hélium sur l'improbable Sunshine, ou bien des sonorités plus synthétiques (à doses homéopathiques et à bon escient pour une fois) voire quelques cordes qui se promènent sur le très beau final Only One for Me. Il n'y a pas vraiment de gros rock qui tâche, de blues trop appuyé, la majorité de l'album étant sur un rythme mid-tempo qui laisse les mélodies s'exprimer et tirer par moment vers une soul déliée assez réjouissante, notamment sur une seconde partie au charme chaleureux et réconfortant. L'écoute se révèle très agréable.

Let’s Start Here.
7.1

Let’s Start Here. (2023)

Sortie : 27 janvier 2023 (France).

Album de Lil Yachty

Annotation :

Neo-Psychedelia / Psychedelic Rock / Psychedelic Soul / Space Rock / Neo-Soul / Psychedelic Pop
J'ai l'impression que c'est un peu l'album de ce début d'année. Je ne connais pas Lil Yachty, apparemment avant cela il faisait surtout du mauvais rap, Let's Start Here constitue donc pour lui une sorte de redemption arc. On dirait que les rappeurs commencent à comprendre qu'il y a quelque chose à aller chercher du côté de la pop et d'une musique plus mélodique. J'imagine qu'il y a ici plus d'idées, de variété et d'ambiances différentes que sur les albums précédents de Lil Yachty. On est effectivement en présence d'un album qui mixe des éléments pop et rock, avec par moment de la soul, des basses plus funky, et surtout une production légèrement saturée qui plonge l'ensemble dans un univers neo-psychedelia, prolongé par un chant régulièrement gorgé d'effets. J'aime bien l'idée, le concept (qui peut rappeler dans l'esprit I Didn't Mean to Haunt You de Quadeca ou bien Volcanic Bird Enemy and the Voiced Concern de Lil Ugly Mane) mais au final je ne trouve pas grand chose d'accrocheur ou de transcendant, ça manque peut-être de précision dans l'écriture, je n'arrive pas forcément à comprendre la cohérence de l'ensemble, et il y a régulièrement des gimmicks plus modernes - sans doute hérités des précédentes productions de Lil Yachty - qui me sortent du trip, comme l'usage fréquent d'auto-tune et des embardées un peu trop téléphonées et affectées question interprétation.

Furling
6.7

Furling (2023)

Sortie : 27 janvier 2023 (France).

Album de Meg Baird

Annotation :

Contemporary Folk / Americana / Psychedelic Folk
Cet album est une belle surprise et un très bon album de folk, à la fois plutôt classique au niveau du style et de la manière de sonner, mais avec une vraie personnalité dans l'écriture et l'interprétation. Cela se ressent dès le premier titre, qui est un morceau quasi instrumental de 6 minutes, sur lequel Meg Baird se contente d'errer dans le fond en faisant ses vocalises, tandis que le piano et les guitares traînent sur un groove mid-tempo à mi-chemin entre folk psychédélique vintage et ambient lunaire, dont l'essence évoque par moment du Tim Buckley. La suite est plus évidente, Meg Baird revenant à un chant normal, mais les morceaux continuent à dégager ce feeling folk élastique, où les ambiances s'étirent sans ennuyer (on est en moyenne sur du 5 minutes), déployant de très beaux motifs, à base d'arpèges de guitare acoustique lumineux et d'arrangements délicats et planants. L'ensemble est vraiment impeccable de maîtrise technique, on sent aussi toute l'érudition de Meg Baird en termes de folk et d'americana, tant l'artiste arrive à allier l'aspect traditionnel du genre avec une accessibilité mélodique brillante, et une sensibilité palpable dans la voix. Il y a très peu de temps faibles (Cross Bay peut-être), l'album surprenant au contraire par sa constance, puisque la seconde partie est sans doute meilleure que la première, avec des titres comme Unnamed Drives (grosse vibe Vashti Bunyan dans la voix), Will You Follow Me Home? (dont les sonorités me font penser à Taro de alt-j) et le final délicat Wreathing Days.

Smalltown Stardust
7.1

Smalltown Stardust (2023)

Sortie : 27 janvier 2023 (France). Rock, Garage Rock

Album de King Tuff

Annotation :

Psychedelic Pop / Neo-Psychedelia / Indie Folk / Folk Rock / Sunshine Pop
Album de pop psychée plutôt sympathique mais un peu trop facile. Dès les premières secondes on pense que l'on va écouter une musique dans la veine d'Animal Collective (version écoutable) mais le premier morceau ne décolle jamais réellement, et se révèle assez classique, comme la suite de l'album qui ressemble plus à une compilation de vignettes pop modernes qu'à une œuvre personnelle et originale. C'est plutôt bien fait - la production et quelques arrangements font mouche - mais je ne trouve pas la démarche intéressante, King Tuff se contentant d'émuler un esprit pop 60's, avec une sorte d'accessibilité et de production plus contemporaines, mais en utilisant des gimmicks et des codes (la voix du chanteur, mi-chevrotante, mi-blasée, a déjà été entendue mille fois, elle fait penser à Bolan mais sans flamboyance) qui témoignent d'un cruel manque d'idées et de personnalité. Je trouve qu'il n'y a pas vraiment d'univers sonore qui se dégage de l'ensemble, et on a parfois l'impression d'être enfermé dans un truc très générique (l'enchaînement Tell Me / Rock River est médiocre), malgré quelques bons passages (The Bandits of Blue Sky commence comme du King Hannah et part finalement plus sur du glam rock à la T.Rex mixé à une pop psychée beatlesienne). Je pense aussi que le groupe manque d'incarnation, la voix du chanteur est trop monocorde et du coup la musique pâtit de cette absence de feeling et de sensibilité.

タオルケットは穏やかな
7.4

タオルケットは穏やかな (2023)

Sortie : 25 janvier 2023 (France).

Album de Ayano Kaneko

Annotation :

Indie Pop / Indie Rock
La musique d'Ayano Kaneko est toujours une valeur sûre dans le domaine de l'indie pop / rock japonais. Ce nouvel album semble d'emblée plus varié que le précédent (Yosuga), on retrouve plus de légèreté sur certains morceaux, des arrangements plus riches et ouverts, qui renouent un peu avec le style jazzy / doo wop de Sansan, même si l'ensemble dérape moins dans le côté fun et déluré. L'album est très maîtrisé d'un point de vue stylistique, la formule est au point, quelque part entre l'aspect fantasque de Sansan et la solidité de Yosuga. J'ai écouté ce nouvel album en continu aujourd'hui, mais je n'arrive pas encore à trouver le point d'achoppement qui fait que j'avais été emballé par Sansan quand je l'ai découvert - ça manque d'un titre fort (le premier morceau y arrive presque), de mélodies qui sortiraient de l'ordinaire, qui accentueraient le décalage dont est capable Ayano Kaneko mais qui est ici encore trop contrôlé à mon goût. Mais bon, le charme est toujours là, notamment cette voix qui reste unique et un feeling indie rock léger et généreux qui possède ce côté euphorisant et positif qui fait du bien.

映帶する煙
7.4

映帶する煙 (2023)

Sortie : 18 janvier 2023 (France).

Album de Ohzora Kimishima

Sugar World
6.5

Sugar World (2023)

Sortie : 2 février 2023 (France).

Album de jonatan leandoer127

Annotation :

Glam Rock / Art Rock / Adult Contemporary / Piano Rock / Indie Pop
Je me rappelle avoir écouté le premier album de jonathan leandoer127 en 2019 et c'était à moitié convaincant, il y avait du potentiel mais aussi un côté flemmard qui coupait court à toute sorte d'ambition musicale. Je viens de remarquer que jonathan leandoer127 est plus connu pour ce qu'il fait sous le pseudo Yung Lean et qui se rapproche plus du rap, de la trap et du r&b alternatif. Je ne connais Yung Lean que de nom mais je n'avais pas fait le rapprochement. En tout cas, pas de rap ou de trap ici, puisqu'on est dans le domaine du rock et de la pop, il y a une sorte de flamboyance dans les instrumentaux qui font penser à du glam rock, notamment à travers le piano, et ce son particulier de guitare électrique, un peu strident. Sugar World possède ainsi une ambiance classieuse, mais elle est constamment contrebalancée par la voix de jonathan qui n'a pas trop évolué en terme d'efforts et de musicalité, et une production qui pourrait être plus claire. Le bonhomme fait le strict minimum, et si ça fait partie du charme de sa musique, c'est difficile de se défaire de l'impression que l'on pourrait assister à quelque chose de grand sans cette interprétation borderline, car le potentiel est là, et certaines compositions sortent du lot comme Nightmare Amusement Park, Sugar World et Rivers of Another Town, quelque part entre le glam et le slacker rock, les illuminations surgissant à l'improviste, derrière une musique qui semble mal dégrossie au premier abord.

Get Up Sequences, Part Two
6.7

Get Up Sequences, Part Two (2023)

Sortie : 3 février 2023 (France).

Album de The Go! Team

Annotation :

Indie Pop / Neo-Psychedelia / Alternative Dance / Psychedelic Pop / Hip Hop
C'est un peu toujours la même chose avec les albums de The Go! Team, c'est un festival de sonorités enjouées et une énergie communicative et positive qui déborde de bonne humeur. Mais la musique a un peu de mal à dépasser cet esprit feel good pour provoquer d'autres sentiments. On attend surtout les tubes imparables que promet cette démarche généreuse et éclatée, entre indie pop décomplexée et hip hop groovant, mais ce nouvel album manque de moments forts, même si on pourra retenir le premier titre en feat avec le groupe béninois Star Feminine Band dont les influences rythmiques africaines apportent un nouvel angle à l'esprit festif de Go! Team. La suite revient à un esprit indie pop plus balisé - même quand le Star Feminine Band revient sur The Me Frequency. Plus loin, c'est Gemini qui se détache du lot avec ses percussions originales et exotiques (du marimba ?). Le reste est très sympathique, toujours bien balancé, mais n'apporte pas grand chose de plus à la formule initiale du groupe.

The WAEVE
7.2

The WAEVE (2023)

Sortie : 3 février 2023 (France). Rock, Alternative Rock, Indie Rock

Album de The WAEVE

Annotation :

Art Rock / Progressive Rock / Progressive Pop / Chamber Pop
Cet album est une belle surprise, et en même temps on a affaire à Graham Coxon et Rose Elinor Dougall, mais je ne m'attendais pas à retrouver une musique aussi chiadée, aux influences variées, alliant avec une belle maîtrise une chamber pop magnifiquement arrangée et un aspect rock plus transgressif, le tout sur des morceaux aux structures plutôt longues, le résultat n'étant pas sans me rappeler John Cale - on est totalement dans l'esprit art rock déviant, aux mélodies pop magnifiées par des sections de corde d'une grande beauté mais jamais à l'abri d'une rupture amenant la musique dans des contrées plus heurtées. Le premier titre, Can I Call You, est assez représentatif de la démarche : le début est calme, Rose Elinor Dougall pouvant faire penser à la chanteuse Nico, mais le morceau change de braquet au milieu pour laisser la place à une guitare électrique qui amène vers un final nerveux où le saxophone vient accentuer la sensation de fuite en avant. Certaines ambiances font également penser à Cate Le Bon (que ce soit l'utilisation du saxophone justement, ou le final de Sleepwalking avec ses sonorités électro psychédélico-évanescentes). L'album est plutôt long (53 minutes) mais on ne s'ennuie jamais. Les trois derniers morceaux sont particulièrement beaux, les arrangements de cordes sont sublimes et les mélodies dégagent une mélancolie tranquille poignante. The WAEVE est un album qui déborde d'intelligence et de classe.

Heavy Heavy
6.9

Heavy Heavy (2023)

Sortie : 3 février 2023 (France).

Album de Young Fathers

Annotation :

Neo-Psychedelia / Art Pop / Gospel / Spirituals / Post-Industrial
Heavy Heavy est sans doute l'album le plus décoiffant et rafraîchissant de ce début d'année. Je ne m'attendais pas du tout à tomber sur une musique pareille, je craignais une musique étrange, exigeante, radicale... dans un sens, c'est le cas, mais c'est surtout une musique incroyablement généreuse et fun, qui envoie tous ses effets sans retenue, sans demie-mesure. Cette approche décomplexée me rappelle un peu Tune-Yards (remember Whokill) : on retrouve cette même idée du gimmick, simple, percutant, qui revient comme une litanie, s'intensifie et explose. L'effet produit est à la fois très minimaliste, car les morceaux reposent souvent sur une idée, une mélodie, mais incroyablement puissant, dense et cathartique. Les morceaux sont des concentrés d'énergie vivifiante qui déboulent à cent à l'heure et finissent souvent dans un chaos de sonorités tourbillonnantes et enivrantes. A la première écoute, on est rincé par l'enchaînement effréné des morceaux, on se demande quelle nouvelle dinguerie va nous tomber dessus à la prochaine piste. Car le début de l'album est incroyable - les six premiers titres en fait, l'écriture étant incroyablement fluide, percutante et variée, à l'image de Tell Somebody, crescendo intégral lumineux, se posant en rupture avec la folie furieuse des titres d'ouverture. Avec une telle générosité, Heavy Heavy pourrait s'avérer épuisant - je connais des personnes qui peuvent être fatiguées par cette frénésie - mais c'est tellement rayonnant et communicatif que c'est plus du plaisir, et les aspects un peu plus radicaux (sonorités percutantes, folie tourbillonnante) apportent aussi une densité et une richesse sonore qui donnent l'impression que Young Fathers ne tombe jamais dans la facilité, malgré la simplicité apparente de la formule.

This Stupid World
6.9

This Stupid World (2023)

Sortie : 10 février 2023 (France).

Album de Yo La Tengo

Annotation :

Indie Rock / Post-Rock / Krautrock / Noise Pop / Dream Pop / Shoegaze
Apparemment c'est le meilleur album de Yo La Tengo depuis 20 ans. Je ne connais pas assez le groupe pour valider ou non cette affirmation. Je peux juste dire que ce n'est pas mal, mais que je n'arrive pas à être totalement emballé par This Stupid World. Sans doute, à la fois car la musique de Yo La Tengo ne me touche pas vraiment (même si ça fait un moment que je me dis qu'il faudrait que je (ré)écoute leurs classiques des années 90, notamment I Can Hear the Heart Beating as One) mais aussi car ce nouvel album reste dans un style indie rock noise à l'aspect souvent répétitif (krautrock diront certains, pourquoi pas) qui ne décolle jamais vraiment en termes d'idées, de mélodies ou de sons. Il y a néanmoins quelques bons morceaux, des partis-pris intéressants - qui changent par exemple de l'album Fade (2013) qui était plus planplan - et une démarche tranchée, même si c'est par intermittences, surtout sur des titres comme Sinatra Drive Breakdown - qui promet du gros son d'entrée avec une saturation à la fois puissante et métallique sans toutefois concrétiser -, Brain Capers et This Stupid World, qui tentent eux aussi de renouer avec un son massif, sans forcément savoir où l'amener. Je trouve que le résultat aurait pu être intéressant mais s'avère la plupart du temps linéaire et redondant, limite monotone. Les autres titres n'ont rien de remarquable, même si le final Miles Away est plutôt joli dans un registre dream pop apaisé, avec la douce voix de Georgia Hubley, beaucoup plus mélodieuse que celle d'Ira Kaplan.

Desire, I Want to Turn Into You
7

Desire, I Want to Turn Into You (2023)

Sortie : 14 février 2023 (France). Pop, Indie Pop, Downtempo

Album de Caroline Polachek

Annotation :

Art Pop / Alt-Pop / Electronic / Downtempo / Ambient Pop
Jusque-là (disons avec Pang), j'avais du mal à comprendre la hype entourant l'art pop electro de Caroline Polachek, qui ne me semblait pas plus géniale que d'autres trucs dans le même genre - mais on va dire que j'ai un problème avec ce style de musique. Sur ce nouvel album, ce n'est toujours pas l'extase, mais j'entrevois de petites éclaircies - qui étaient peut-être déjà présentes sur Pang mais c'est possible que je n'étais pas encore assez accoutumé à l'electro / dancepop pour en percevoir les qualités. C'est bien, d'un côté j'ai l'impression de m'ouvrir un peu plus à ce style de musique, j'arrive un peu mieux à piger le projet et à rentrer dans cet univers souvent trop froid et affecté à mon goût. Il faudrait que je réécoute Pang, en tout cas sur ce Desire, I Want to Turn Into You (tout un programme) je perçois plus de variété et même des ruptures de tons étonnantes selon les morceaux qui donnent bien plus de relief aux compositions. Welcome to My Island est un tube dance-pop hybride qui voit fusionner l'esprit de Kate Bush avec une modernité sonore hyperpop. Sur Pretty In Possible on est plutôt sur du Suzanne Vega avec ses chœurs légers. Les deux titres les plus surprenants sont cependant Sunset et sa guitare flamenco et Blood And Butter et sa cornemuse (?) qui nous propulse dans un univers celtique que je n'avais pas vu venir - et encore une fois Polachek twiste ses morceaux avec des chœurs qui ramènent beaucoup de musicalité et un brin d'euphorie dans sa musique, le summum étant atteint par l'excellent final de Billions. Ces quelques inspirations disséminées ici ou là rendent l'écoute plutôt accrocheuse dans l'ensemble, on attend le prochain twist que Polachek va sortir de son sac pour transporter sa musique dans des univers décalés. Cela n'empêche pas quelques trous d'air, notamment vers le milieu de l'album - passé Sunset, l'album évolue en dents de scie et s'égare parfois dans des plages plus atmosphériques qui ne sont pas les passages les plus intéressants. Desire, I Want to Turn Into You n'est pas un album parfait, mais il m'a plutôt réconcilié avec la musique de Caroline Polachek. Il ne me reste plus qu'à réécouter Pang.

Norm
6.7

Norm (2023)

Sortie : 10 février 2023 (France).

Album de Andy Shauf

Annotation :

Chamber Pop / Indie Folk / Lounge / Soft Rock
Andy Shauf ne m'avait pas convaincu avec ses deux albums précédents, mais cette fois-ci je trouve qu'il y a une vraie cohérence et une ambiance singulière qui se dégagent de Norm. Quelque part entre l'intimité indie folk de Damien Jurado et le soft rock laid-back de Faye Webster, les morceaux naviguent et se prélassent, cultivant un esprit lounge vintage minutieusement crafté. Il faut laisser du temps pour que le charme suranné de la musique fasse son effet. Au premier abord, l'aspect banal du style d'Andy Shauf peut sembler prédominant - l'ensemble évolue avec beaucoup de retenue, sans éclat, avec un certain minimalisme. Mais petit à petit le liant entre les morceaux apparaît, et la cohérence des atmosphères produit son effet : la musique d'Andy Shauf arrive à être panoramique avec peu de choses, quelques notes de basse et de basson (?), comme sur le très cinématographique Paradise Cinema (ça ne s'invente pas), ou un peu de guitare acoustique et de piano, à l'image de Sunset (un titre que Damien Jurado aurait pu composer), la voix androgyne d'Andy Shauf accentuant l'impression que l'album évolue dans des sphères complètement détachées de notre timeline.

The Land, the Water, the Sky
6.9

The Land, the Water, the Sky (2023)

Sortie : 10 février 2023 (France). Rock, Alternative Rock, Electronic

Album de Black Belt Eagle Scout

Annotation :

Dream Pop / Indie Rock / Slowcore / Slacker Rock
Le précédent album de Black Belt Eagle Scout (At the Party With My Brown Friends) m'avait suffisamment tapé dans l’œil pour que j'ai envie de jeter une oreille sur ce nouvel album. Et c'est une très belle confirmation qui concrétise le potentiel entrevu sur At the Party With My Brown Friends, en développant les ambiances et en accentuant la puissance des guitares, et par extension le contraste réjouissant entre des mélodies douces et évanescentes, très dream pop, et des embardées de guitares qui tutoient le shoegaze. La production a indéniablement gagné en épaisseur, là où auparavant les guitares étaient arides et seul le chant délicat de Katherine Paul supportait en grande partie la légèreté des ambiances, viennent désormais se greffer de nouvelles couches d'instruments et d'arrangements, créant régulièrement un maelstrom enivrant comme sur le titre d'intro ou sur le très beau Blue avec son final saturé, où se mêlent guitares vibrantes et violon lyrique. Il y a d'autres excellents morceaux comme Sedna et Spaces (qui surprend par l'intégration d'un chant améridien, témoignant des origines et des influences de Katherine Paul puisqu'elle a grandi dans la tribu indienne Swinomish). The Land, The Water, The Sky est un très bel album de rock contemplatif, aux ambiances captivantes, trouvant l'équilibre idéal entre slowcore et dream pop. Je gardais un bon souvenir mais plutôt vague de la musique de Black Belt Eagle Scout, la voir s'affirmer à ce point est une très agréable surprise.

This Is Why
6.7

This Is Why (2023)

Sortie : 10 février 2023 (France). Rock, New Wave, Alternative Rock

Album de Paramore

Annotation :

Post-Punk Revival / Dance-Punk / New Wave
Même si Paramore revient à un son plus rock après leur précédent album, After Laughter, j'ai du mal à accrocher à This Is Why. Je trouve l'écriture du groupe un peu trop caricaturale, je n'arrive pas à percevoir la sensibilité et l'apport du groupe au style rock alternatif / post-punk revival abordé ici. Il y un aspect mainstream et calibré chez Paramore, je n'aime pas ce style de rock qui repose sur des riffs sans grande imagination et des mélodies sans musicalité, le groupe misant surtout une énergie épidermique mais trop découpée et saccadée à mon goût - faisant un détour sans grande conviction par la dance-punk (This Is Why, le titre d'ouverture, dégage une espèce de radicalité molle) -, le niveau technique du groupe plafonnant rapidement et empêchant les morceaux de décoller, les laissant zoner dans ce style d'indie rock préformaté. Je suis sans doute un peu méchant, car l'album n'est pas vraiment mauvais - je pensais que ça allait être pire - c'est plutôt potable pour ce qui s'apparente au final plus à du rock alternatif qu'autre chose : la seconde partie de l'album, passé C'est comme ça, met beaucoup d'eau dans son vin, il y a même quelques ballades qui se laissent écouter (notamment le final Thick Skull), mais l'ensemble manque quand même de spontanéité et d'audace dans l'écriture et l'interprétation.

Raven
7.2

Raven (2023)

Sortie : 10 février 2023 (France).

Album de Kelela

Annotation :

Alternative R&B / Electronic / Ambient / Breakbeat / UK Bass / Ambient Pop
Kelela tient jusqu'au bout son concept d'ambient r&b parsemé d'electro, Raven est un album très cohérent et maîtrisé, il est d'une régularité irréprochable - peut-être trop, car il n'y a quasiment rien qui dépasse et la musique peut paraître froide et métronomique. Certains passages sont intéressants, et encore une fois Kelela maîtrise son style à la perfection - j'aime surtout les passages ambient (Washed Away et Far Away semblent se répondre d'un bout à l'autre de l'album) -, mais je n'arrive pas à me passionner pour cette musique et cette esthétique clinique, ça manque de sensibilité - notamment dans l'interprétation de Kelela qui reste dans un feeling r&b - et la redondance des atmosphères finit par créer une sorte de léthargie qui me plonge dans une certaine indifférence malgré quelques morceaux plus rythmés qui essaient de remettre une pièce dans la machine (Happy Ending, Contact, Bruises). Ce n'est pas mal en soi mais la musique de Kelela n'est toujours pas faite pour moi.

Pollen
6.4

Pollen (2023)

Sortie : 10 février 2023 (France).

Album de Tennis

Annotation :

Soft Rock / Indie Pop / Psychedelic Pop / Yacht Rock / Bedroom Pop
J'imagine qu'on ne peut pas être déçu par Tennis, ni être bouleversé, le groupe restant constant dans son style indie pop / soft rock méticuleux, produit et composé avec soin, mais sans réelle folie, et avec une monotonie potentielle dans l'enchaînement des morceaux. Je trouve que le réel défaut de ce nouvel album est de faire durer les titres légèrement trop longtemps, suffisamment en tout cas pour donner l'impression d'une redondance dans la formule et de morceaux qui tournent parfois à vide. La moitié des titres atteint péniblement les 4 minutes alors que tout est dit en 3 la plupart du temps, le but étant sans doute de ne pas passer en dessous des 30 minutes au total - l'album dure au final 35 minutes, ressenties 40-45. Mais si la première impression est plutôt mitigée, notamment avec le sentiment que la musique de Tennis emprunte un sillon plus axé soft rock - trébuchant à l'occasion sur une esthétique casse-gueule (je ne sais trop quoi penser de l'approche synthétique de Let's Make a Mistake Tonight, sorte de dance-pop mid-tempo) - Pollen n'est jamais vraiment désagréable, c'est une pop qui reste soyeuse, propre et bien arrangée, le piano est en place, les basses ronronnent, les mélodies sont bien emballées par la voix d'Alaina Moore, le tout étant légèrement baigné par des effets psychédélico-évanescents. L'ensemble est la définition de smooth (quelle que soit la manière littérale de traduire ce mot en français). Mais aucune chanson n'est vraiment mémorable. Même les meilleurs titres comme Forbidden Doors, Pollen Song, Gibraltar et Pillow for a Cloud, n'arrivent pas à imprégner, l'idée au cœur de la musique de Tennis restant ce flow qui a tendance à rendre les morceaux interchangeables. C'est dommage qu'il n'y ait pas plus de prises de risque, il suffit parfois de pas grand chose, comme ce final entêtant à la guitare électrique sur Pillow for a Cloud, pour twister une musique trop souvent sur le même mode. Mais Tennis ne pousse jamais très loin ses (bonnes) idées et reste dans sa zone de confort.

benton

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