Liste de

30 livres

créee il y a environ 10 ans · modifiée il y a environ 1 mois
Le baron Wenckheim est de retour
9.1
1.

Le baron Wenckheim est de retour (2016)

Báró Wenckheim hazatér

Sortie : avril 2023 (France). Roman

livre de László Krasznahorkai

bilouaustria a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Krasznahorkai fait assurément partie des plus grands écrivains vivants et de ceux qui ont créé leur propre univers littéraire, que l’on peut reconnaître après une page - et même dans son cas en voyant la page sans même la lire. Ses immenses blocs de texte sont identifiables mais le lauréat du Booker Prize n’est jamais poseur : il propose, de par son système de «scènes» une immense immersion. Ses phrases et son intensité peuvent rappeler Bernhard mais le hongrois a simplement sa propre identité littéraire, sa propre rythmique, au-delà des comparaisons, et entre autres dans la récurrence de certaines thèses comme le complot, la paranoïa, la communauté. Une fois sa structure digérée, on trouve une grande liberté à circuler dans son texte. Le cirque autour de l’arrivée du baron, qui démarre sur quelques rumeurs et spéculations va tout emporter sur son passage d’une manière fascinante. Les gens sont, dans leur désespoir, assoiffés de croyances, peu importe, prêts à se jeter sur une possible richesse, un possible amour, et LK traduit ces espoirs dans un flot de pensées et de mots qui sont la misère de l’humanité et sa fragilité (le roman s’ouvre sur un père qui tire à la carabine sur sa fille). Avec comme toujours chez lui une atmosphère de fin du monde et un humour mordant. Grand grand roman noir et gris.

Solénoïde
8.4
2.

Solénoïde (2015)

Sortie : août 2019 (France). Roman

livre de Mircea Cărtărescu

bilouaustria a mis 9/10.

Annotation :

Fantastique roman-monde de science-fiction dans le passé, Solénoïde peut évoquer Solaris, obsédé qu’est Cārtārescu par la mémoire et l’enfance. Dans une Bucarest mélancolique, la frontière entre une réalité flottante et le rêve n’a jamais été aussi ténue. Notre personnage est prof de roumain dans une banlieue triste comme un jour sans polenta : les portraits successifs de ses collègues sont une merveille, sortes de créatures mythiques aux traits grossis. On saute d’un chapitre à l’autre, entre le quotidien déprimant de l’école et les souvenirs comme déformés par le temps d’une jeunesse faite de piqûres et de visites chez différents spécialistes, la mort troublante d’un frère jumeau. Cārtārescu s’intéresse de près aux corps, comme Kafka avant lui, les choses que le corps rejette, la souffrance des corps. Kafka revient encore et toujours comme un refrain de l’étrangeté, le héros relisant constamment son journal et les mêmes phrases pour en percer le secret. De secrets, il est ici beaucoup question, de sectes, de portes dérobées et de poètes maudits, tout un imaginaire est convoqué mais Cārtārescu brille avant tout dans la simplicité de ses histoires, comme des contes tissés les uns dans les autres. S’il ne nous étourdit pas immédiatement par un style sidérant, il gagne nos esprits en créant un monde littéraire qui tient par la seule force de ses histoires, sortes de version Mitteleuropa des Mille et une nuits. Que ce soit celle d’un inventeur du Rubik’s cube, celle d’un homme qui cherchait à frôler la mort par pendaison pour essayer de capter des visions de l’autre monde ou celle des dortoirs de son adolescence (l’autobiographie infuse le livre), on lit, fasciné par l’imagination mise en œuvre dans tous les registres. Le grand crescendo cosmique des cent dernières pages ne plaira pas à tout le monde, mais aucun doute que Mircea Cārtārescu est un phénomène littéraire.

La Fin de l'homme rouge
8.8
3.

La Fin de l'homme rouge (2013)

ou le Temps du désenchantement

Vremâ sekond hènd (Konec krasnogo čeloveka)

Sortie : septembre 2013 (France). Récit

livre de Svetlana Alexievitch

bilouaustria a mis 9/10.

Annotation :

Livre immense d'entretiens avec des gens ordinaires. Svetlana Alexievitch parle avec des gens de la rue, des femmes exilées, des politiques à la retraite, des militaires, mais surtout elle écoute et retranscrit les plaintes, les histoires, les amours. Elle ne pose jamais de question directement politique, non, mais demande de parler de l'enfance, des amours, de la famille... Les regrets et la nostalgie dominent une partie du texte, avant de virer simplement dans l'horreur et le cauchemardesque. Depuis la perestroïka, les russes en ont vu de toutes les couleurs. Mais ils semblent aussi, quelque soit leur bord politique, alimenter cette horreur par leur violence, leur haine, leur soif de rattraper le temps perdu. À côté, là, à la même table ou dans la même rue, se trouvent les gens les plus modestes, les plus généreux, les plus cultivés. L'homme est un loup (des steppes) pour l'homme. Ces témoignages montrent surtout à quel point cette Russie est attachante, complexe, paradoxale, monstrueuse. Menée par des voyous, par des tueurs. Dans un pays où la poésie semble être plus puissante que partout ailleurs. Alexievitch restranscrit mais il y a bien sa patte, dans son art de faire parler, de dénicher les bons interlocuteurs, de nourrir le story-telling, de persévérer, d'aimer les gens, dans sa patience, dans son travail de montage (assembler les pièces de ce puzzle, mettre des conversations bout à bout jusqu'à créer un sens supérieur). Un Nobel capital.

Extreme Metaphors
4.

Extreme Metaphors (2012)

Sortie : 2012. Récit

livre de J.G. Ballard

bilouaustria a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

41 ans d'entretiens chocs avec James Graham Ballard compilés dans un recueil culte, qui justifie amplement la réputation de visionnaire de l'écrivain anglais. Ballard a écrit de merveilleux recueils de nouvelles, est l'auteur de romans qui ont fait parler ("Crash", "Atrocity Exhibition", "Empire of the Sun"...) mais il ne semble jamais aussi bon qu'en interview, parce qu'il prend la chose très au sérieux, que ses romans prennent déjà forme dans ces conversations à bâtons rompus. Parler avec Ballard c'est lire le futur et écouter ses renversantes théories qui donneraient des rides à Baudrillard : comment Hiroshima a tué l'Amérique, la mort du futur, la destruction par le vide, et son concept d'Inner Space hérité des surréalistes (influences majeures, Dali, Ernst, Warhol et Burroughs aussi, dans un autre genre)... D'autres thèmes sont plus courants mais toujours analysés avec brio : l'infantilisation de nos sociétés, la guerre du Vietnam et ses conséquences, nos banlieues pavillonnaires, le conservatisme à la française, la littérature de science fiction etc. Réflexions éparses sur l'écriture, la morale, "Extreme Metaphors" est un livre de philosophie-pop qui inverse souvent les rapports de cause à effet pour nous réapprendre l'esprit critique. Aussi fascinant que sereinement provocateur. Livre de chevet.

Confiteor
8.4
5.

Confiteor (2011)

Jo confesso

Sortie : 4 septembre 2013 (France). Roman

livre de Jaume Cabre

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

"Confiteor" commence comme un exercice de style de haute-voltige : Jaume s'exerce à des sauts de Cabré, de la troisième à la première personne, parfois dans la même phrase : "Ce qu'Adrià essayait aussi d'expliquer c'était que chez Bernat ses parents étaient plus je ne sais pas, ils ne sont pas toute la journée sur ton dos." Il opère par la suite des jump-cuts plus périlleux dans la narration et dans l'Histoire. Ce sont les techniques du montage qui parlent le mieux de cette écriture innovatrice et, par éclairs, diablement efficace. Par ses raccourcis, Cabré crée de la vitesse, densifie la narration, bouscule les particules éparses de son récit pour leur donner vie à la manière d'un travelling entre deux époques. Un dialogue saute du présent au 17ème siècle sans ciller. Nous suivons l'histoire d'un violon, sa transmission de générations en générations. L'amour qui vit avec l'objet. La cruauté qui l'accompagne aussi parfois. Depuis la coupe du bois dans les forêts italiennes jusqu'aux rues de Barcelone en passant par Auschwitz. La maîtrise de bout en bout est assez sidérante. 800 pages denses et belles qui ne révèlent leurs intentions que sur le tard. Rare qu'un aussi long roman reste aussi tenu.

Dix décembre
7.8
6.

Dix décembre (2014)

Tenth of December

Sortie : 12 février 2015 (France). Recueil de nouvelles

livre de George Saunders

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Je n‘ai jamais lu un livre qui soit à ce point fidèle à l’esprit de David Foster Wallace, et pourtant les imitateurs sont nombreux ! George Saunders qui était un ami de DFW ne joue pourtant jamais au ventriloque ici, il impose simplement son univers dingue, son humour mordant, son grain de folie comme une évidence. Saunders est notamment capable, comme le maître, de totalement se réinventer un style d‘une nouvelle à l’autre avec des petits tics de langage et un nouveau vocabulaire adapté. J‘ai vu passé l‘expression de bazar tragi-comique qui se prête bien ici. Il faut parfois s‘accrocher pour mettre le premier pied dans ses univers étranges mais ensuite la récompense est immense. Ce sont pour moi les meilleurs nouvelles de la période 2010-2020, les plus drôles et les plus ambitieuses. J’ai vu passé l’expression de bazar tragi-comique le concernant et je la trouve bien trouvée. Saunders n‘est pas un de ces auteurs cool qui ont trouvé une petite fantaisie, il va loin, au bout de ses digressions de de ses idées farfelues, poussant tous les curseurs jusqu’au maximum, quitte à se retrouver seul au bout du tunnel. C’est aussi la raison pour laquelle il restera toujours marginal. Il demande beaucoup de son lecteur. Qu‘il soit dans la peau d‘une ado, d‘un groupe de scientifiques dans le futur, ou dans le journal intime d‘un père de famille endetté, on rit jaune parce que tout est hilarant et cruel et il y a toujours ce petit goût amer qui nous rappelle que la farce n‘est vraiment pas si loin de la réalité.

Le Metteur en scène polonais
7.6
7.

Le Metteur en scène polonais (2015)

Sortie : 27 août 2015. Roman

livre de Antoine Mouton

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Ça commence par un rythme et une mélopée qui annoncent comme un grain de folie et ça tombe bien, puisque de folie, le metteur en scène polonais est fortement soupçonné. Les phrases n'en finissent plus, portées par des digressions quasi maladives, qui viennent comme confirmer ces premiers soupçons. Mais la belle idée c'est que cette forme épouse parfaitement le fond pour une autre raison : le metteur en scène adapte un roman d'un auteur autrichien or ce roman semble avoir une vie propre et ne cesse d'évoluer, de se modifier à chaque lecture. L'écriture même d'Antoine Mouton épouse le style d'un auteur autrichien célèbre dans sa musicalité et son phrasé et on ne peut s'empêcher de penser que, oui, le roman en question contamine même celui que nous avons sous les yeux ! Mais ici pas question de se limiter à une contrefaçon Bernhardienne ou un simple hommage : ce premier roman très maîtrisé est bien trop drôle et singulier. Un aparté avec un philosophe grec nous en dira plus sur les motivations de l'auteur (il faut des phrases longues pour capturer la complexité du monde) et une fin digne de Cortazar nous poussera aussitôt à rouvrir le livre depuis le début. Ce petit texte est une réussite aussi éclatante que le fiasco total de la pièce du pauvre metteur en scène polonais.

Just Kids
8
8.

Just Kids (2010)

Sortie : 14 octobre 2010 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Patti Smith

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Patti Smith. Journal de bord. Zeitgeist. Hotel Chelsea. La vie d'artiste. La maladie. Les photos. Les chansons. La poésie. La mort. La jeunesse. L'espoir. La drogue. Le temps. L'amour.
Pourquoi suis-je né dans ces foutues années 1980 ?

Lilas rouge
9.1
9.

Lilas rouge (2012)

Roter Flieder

Sortie : 2021 (France). Roman

livre de Reinhard Kaiser-Mühlecker

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Reinhard Kaiser-Mühlecker a du souffle et de l‘ambition pour écrire cette saga familiale sur plus de 50 ans et quatre générations. La scène d’ouverture est forte et intrigante : dans les années 1940, dans la campagne autrichien, un homme débarque avec sa fille, son cheval, et quelques affaires. Il a été expatrié de son village où il était un dignitaire nazi d’importance. Le roman s’ouvre donc sur un mystère et RKM s’efforcera de maintenir toujours assez de brumes autour de ses personnages et leurs intentions pour nous tenir en haleine. Son écriture est belle et empreinte de classicisme. Il prend son temps et n’hésite pas à décrire les saisons et le travaille des champs. Le temps va jouer un rôle important dans cette fresque paysanne. L’héritage aussi. Embrasser la lignée familiale ou la rejeter de toutes ses forces. Jusqu’au années 1990, en passant par Vienne et la Bolivie dans une quatrième partie qui ressemble à une étrange parenthèse maudite, près de 700 pages où l’on se débat avec son passé et l’odeur obsédante du lila rouge. Ici la beauté et l’autodestruction s’entremêlent toujours.

L'Imposteur
7.6
10.

L'Imposteur (2014)

El impostor

Sortie : août 2015 (France). Roman

livre de Javier Cercas

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

L'actualité a offert un sujet en or à Javier Cercas : Enric Marco, ce faux réfugié des camps de la mort, président de l'amicale de Mathausen, qui s'est inventé un passé de héros anti-franquiste et s'est imaginé qu'ajouter une ligne sur son CV d'ancien déporté dans un camp nazi ferait chic. Affabulateur génial, Enric Marco est un monstre né du business de la mémoire historique, cette boursouflure pleine de bons sentiments qui transforme les rescapés en rock stars. Surtout il est un homme qui s'est construit sur un mensonge, en réécrivant l'Histoire pour la rendre plus séduisante - aux politiques, aux collègues, aux femmes. Cercas rappelle Capote mais surtout Carrère qu'il cite. Le tout meilleur de Carrère, sur un fil comme toujours entre réalité (la partie documentaire de l'enquête, l'histoire de l'Espagne) et fiction (les mensonges de Marco). L'occasion aussi de se remettre en cause comme romancier, producteur de fiction et donc peut-être aussi de mensonges à sa manière - finalement un art du portrait chinois.

Limonov
7.7
11.

Limonov (2011)

Sortie : 8 septembre 2011. Roman

livre de Emmanuel Carrère

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Limonov et sa vie bigger than life + Carrère et son égo bigger than everything, bon, ben ça marche parfaitement en fait. Il y a de quoi écrire cinq livres quand on s'intéresse un peu à ce drôle de loustique de Limonov. On ose à peine y croire. L'important était de ne pas en faire des tonnes, de laisser l'histoire vivre d'elle-même, c'est déjà assez rock n'roll comme ça. Un texte généreux plein de gros défauts et de grosses qualités qui s'avale aussi vite qu'un pot de nutella (tellement prenant à vrai dire que j'ai lu ces plus de 500 pages en format PDF sur un écran d'ordinateur !). Mission plus qu'accomplie.

Une vie entière
7.4
12.

Une vie entière (2014)

Ein ganzes Leben

Sortie : 1 octobre 2015 (France). Roman

livre de Robert Seethaler

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Seul Denis Johnson est capable de rivaliser avec Seethaler quand il s'agit d'écrire avec simplicité la nature, la vie d'hommes modestes et taiseux et d'en tirer les émotions les plus déchirantes. "Ein ganzes Leben" profite d'un formidable bouches à oreilles en Allemagne à juste titre : avec beaucoup de doigté et de retenu, Seethaler y renverse des montagnes sans avoir l'air d'y toucher, par la seule force des mots. Le projet est celui de Roth ("Everyman") ou Mc Ewan récemment, raconter Une vie entière en quelques pages seulement, comme une nouvelle. Il faut pour cela une puissance d'évocation, une écriture visuelle telle qu'elle pèsera autant que les plus gros romans, qu'elle remplira les années à elle seule. Seethaler y parvient avec l'histoire ô trop ordinaire d'Andreas Egger, orphelin, arpentant ses montagnes, seul, envoyé au front, témoin des temps qui changent, de la vie qui passe. L'histoire d'un homme qui serait celle de tous : il faut une ambition folle pour écrire ce livre. Une bonne dose de talent pour le réussir.

Sur le rivage
8
13.

Sur le rivage (2013)

En la Orilla

Sortie : 7 janvier 2015 (France). Roman

livre de Rafael Chirbes

bilouaustria a mis 8/10.

Annotation :

Pendant quelques pages à peine, le temps d'un prologue, Chirbes fait mine de nous servir une intrigue, prétend se lancer dans un roman policier. C'est pour mieux de se débarrasser de toute trame dans les 500 pages suivantes, où l'on ne sait pas toujours qui parle mais où on ne perd jamais le fil des mots : Chirbes est un de ces adeptes d'une certaine oralité, pas l'oralité trébuchante d'un Céline mais plutôt celle qui disparaît derrière ses personnages qui parlent avec tant de naturel que l'on oublie qu'un auteur anime toutes ces marionnettes. Donc "Sur le rivage" se compose de grands monologues dans lesquels la vie infuse doucement, laisse un goût amer, la violence de la pauvreté ou la violence des riches, après tout peu importe, notre monde est terriblement cruel et Chirbes aime à en démonter les mécanismes. On a admiré son approche économique, sa façon d'intégrer le politique dans la vie de ses personnages et il le fait un peu comme Houellebecq, comme une évidence, en intégrant notre réalité à la leur. Donc un vrai roman espagnol contemporain, c'est pas si courant et ça vaut le détour. Chaque page est assez nerveuse et vivante pour retenir notre attention : il se passe quelque chose qui parle d'aujourd'hui et le style, s'il ne frappe pas tout de suite, finit par dépasser d'une tête de la mêlée littéraire.

La Conjuration
7
14.

La Conjuration

Sortie : 21 août 2013 (France). Roman

livre de Philippe Vasset

bilouaustria a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Philippe Vasset injecte élégamment de la fiction dans ses errances parisiennes de psycho-géographe. Créer une secte ressemble à un absurde prétexte pour jouer les Iain Sinclair français. C'est la première moitié du livre, la plus forte sans doute, là où Vasset est en plein dans son domaine de compétence, là où sa prose ciselée et poétique fait mouche. Mais la deuxième partie de cette étrange "Conjuration", sorte de Manuel de Survie en Terrain Capitaliste Hostile est une belle réussite qui ne semblait pas gagnée d'avance. Le héros, pris à son propre piège, fait de l'errance un art de vivre. Se perdre devient une nécessité. Tout n'est peut-être pas parfait, mais l'ambition du livre (faire de la littérature autrement) est immense et récompensée

Ladivine
6.6
15.

Ladivine (2013)

Sortie : février 2013. Roman

livre de Marie Ndiaye

bilouaustria a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Roman déroutant et inclassable, "Ladivine" ressemble à un condensé de ce dont Marie Ndiaye est capable et l'on retrouve bien entendu cette atmosphère de malaise qui est la marque de fabrique de l'auteur. Le style est, semble-t-il, moins prégnant que dans certains de ses romans précédents même s'il est toujours bien présent et j'ai trouvé fort cette manière décomplexée de garder son identité tout en racontant cette histoire si étrange, qui bascule plusieurs fois dans des directions inattendues. Voilà un roman particulièrement attachant (c'est un mot mal choisi pour un livre aussi pesant et désagréable en un sens) qui ose et qui apparait absolument à part dans le paysage français aujourd'hui. Je ne sais pas si le Goncourt a libéré Ndiaye mais elle tente des choses très personnelles (qui prolongent son travail, il y a un belle cohérence quand on a lu "Rosie Carpe", "Mon coeur à l'étroit" et "Trois femmes puissantes") et le résultat est unique. Le geste est passionnant et certains passages fonctionnent mieux que d'autres mais je veux garder le positif, le fait que le texte va rester encore un moment avec moi et me travailler (la première partie façon "Imitation of life" de Sirk qui devient complètement autre chose, la révélation quasi christique, les vacances surréalistes, Richard Rivière etc).

Vie et mort de Paul Gény
8.1
16.

Vie et mort de Paul Gény (2013)

Sortie : 24 janvier 2013. Récit

livre de Philippe Artières

bilouaustria a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

D’une autofiction, "Vie et mort de Paul Gény" a d’abord les traits. On reprend la couverture, plus très sûr de nous : « récit ». C’est donc bien Philippe Artières, chercheur au CNRS, historien, et président du centre Michel Foucault qui est ici à Rome portant la soutane. Sans doute sa façon de rentrer dans la peau du regretté Paul Gény, philosophe et jésuite français assassiné sur place en 1925. La subtilité du texte qui mélange impressions, archives, photos, conférences, déroute puis séduit. Qui depuis Sebald avait à ce point su faire de la mémoire son alliée ? Artières conçoit son mille-feuille comme un habile pâtissier, questionnant le rôle de l’Histoire aujourd’hui, sollicitant Foucault et l’Histoire de la folie, et, en racontant les autres, se raconte lui-même. Un fou poignarde un prêtre et c’est une histoire du XXème siècle qui s’écrit. Artières en rassemblant ces documents hétéroclites inscrit l’écrit au centre de son projet, tous les écrits. La modestie et l’intelligence du « montage » font de "Vie et mort de Paul Gény" un objet unique.

Le Pape et Mussolini
17.

Le Pape et Mussolini (2014)

The Pope and Mussolini

Sortie : 2016 (France). Histoire

livre de David I. Kertzer

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

C‘est en lisant La filière que j‘ai vu pour la première fois passer le nom de David Kertzer, historien et prix Pulitzer. Kertzer est le spécialiste américain de l‘Italie, tous ses livres y sont consacrés. Ici, il a eu accès aux archives du Vatican et montre dans un livre passionnant comment Mussolini et le Pape Pie XI ont trouvé un accord, ayant mutuellement besoin l‘un de l’autre. Pour Mussolini, il s’agissait de s‘acheter un peu de crédibilité après son accession éclair au pouvoir mais accomplie dans la terreur et la violence. Pour le Pape, il trouve en Mussolini un partenaire prêt à redorer le blason de l‘église, avec des dons généreux mais aussi des lois : retour de la religion obligatoire à l’école, signes de croix dans les lieux publics etc. De là, une alliance contre nature qui va durer quasiment deux décennies, et ce malgré le rapprochement de Mussolini avec Hitler (le Vatican ne bronche, ou juste un peu pour la forme). Kertzer détaille le caractère des deux hommes dans des portraits éclairants pour un livre extrêmement documenté et accessible.

Yucca Mountain
8.1
18.

Yucca Mountain (2010)

About a mountain

Sortie : 22 juin 2012 (France). Essai

livre de John d'Agata

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Dans le désert du Nevada, le meilleur de la Non-Fiction sous forme d'enquête sur les déchets nucléaires. Yucca Moutain a en effet été désignée par une commission archi-corrompue comme point de chute pour des centaines de milliers de tonnes de restes potentiellement radioactifs, stockés au coeur de cette petite montagne (ou grosse colline), le tout à quelques 140 kms de Las Vegas. Son sujet en or massif sous le coude, John D'Agata mène ses recherches, mais dérive aussi habilement, menant sa barque du côté des statistiques, de l'évolution de notre langage, d'Edvard Munch ou encore du taux de suicides à Las Vegas. C'est encore Claro qui en parle le mieux : "... un livre en perpétuelle mutation, qui ne quitte jamais de vue son obsession - que faire des déchets ? - et n'oublie jamais d'aller au bout de ses digressions - le langage produit-il des déchets ?". Il y a des passages si absurdes que tout ça ressemble beaucoup à de la SF mais surtout D'Agata semble aussi à l'aise dans tous les sujets, tous les domaines.

Fonds perdus
7.5
19.

Fonds perdus (2013)

Bleeding Edge

Sortie : 21 août 2014 (France). Roman

livre de Thomas Pynchon

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Apparemment Pynchon ne perdait pas son temps, sur les bancs de l'université de Cornell, pendant les cours de littérature de Nabokov. Entre les deux maîtres, il y a eu indiscutablement transmission, quelque chose de difficile à tout à fait définir mais qui touche à leur savoir encyclopédique, leur humour si étrange, leur "vitesse" littéraire. Dans "Bleeding Edge" comme dans d'autres romans du Pynch', oui, tout va à une vitesse folle bien que l'on fasse souvent du surplace. Il y a bien un semblant d'enquête parano sur fond de 11/09 mais l'auteur semble s'en moquer comme Chandler se moquait lui-même de ses intrigues : le roman ne se cache pas dans le twist final mais dans la route à parcourir pour y arriver. Autant dire ici, dans les mille personnages tous plus délirants les uns que les autres et les dialogues magiques estampillés TP (mais parfois agaçants de coolitude). Si l'on pouvait, on caricaturerait volontiers ce style presque toujours à la limite de se casser la gueule (oui mais voilà, c'est inimitable...). Des vrais moments de drôleries rappellent "Inherent Vice" et prouvent une fois encore que sur la fin, le grand Thomas semble vouloir se rendre plus accessible à son lecteur. On se perd donc avec plaisir dans les dédales de ces 440 pages sous cocaïne, en attendant que les avions rentrent dans les tours. On s'ennuie un peu, on rit beaucoup, et avec New York comme personnage principal, nous voilà happé pour de bon. C'est souvent tellement rythmé, tellement jeune et geek qu'on se pince en pensant qu'un monsieur de plus de 75 ans a écrit ce polar 2.0.

Cette chose étrange en moi
7.8
20.

Cette chose étrange en moi

A strangeness in my mind

Sortie : 17 août 2017 (France). Roman

livre de Orhan Pamuk

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Un roman patient et modeste qui entreprend de raconter à son rythme cinquante ans de développement (explosion démographique) et de changement à Istanbul. L'histoire d'une famille et de son bonheur qui doucement se fait grignoter par la corruption, l'appât du gain et la jalousie des voisins. Celle aussi d'un homme qui kidnappe la jolie fille du village mais dans le noir et la précipitation embarque avec lui la mauvaise soeur - avec qui il fera finalement sa vie. Pamuk ne fait pas de vague, pas d'effets littéraires, c'est l'histoire qui prime, et pour la mettre en valeur il utilise un procédé de coupe assez cinématographique : les personnages interviennent par petits paragraphes à la première personne, comme si le récit s'arrêtait et que nous avions droit, lecteur, à de rapides mises au point par les personnes concernées. Ce qui donne quelque chose de fragmenté mais aussi de vivant et complexe, aussi complexe que les nombreuses perspectives que nous offrent ces regards. Les nombreux mariages arrangés sont par exemple intéressants à cet égard. Et après presque 700 pages avec Mevlut, on se dit que les femmes turques ont la vie dure et que les choses n'ont pas tellement changées (plutôt les apparences)...

Les Abeilles grises
7.7
21.

Les Abeilles grises (2018)

Серые пчелы

Sortie : 3 février 2022 (France). Roman

livre de Andreï Kourkov

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Kourkov est un équilibriste de la même famille qu’un Kaurismäki. Quelques scènes un peu euphoriques parsemées de moments extrêmement plombants, un dosage très précis qui fait que la balance tient tout juste. On peut en déduire que la vie est triste à pleurer, injuste et accablante s’il n’y avait le bonheur simple de prendre soin de ses abeilles et de dormir auprès d’elles, de produire du miel dans le respect de la nature. Ou que la vie est belle, malgré les bombardements et les arrestations arbitraires. Que Kourkov tienne tout ça sur un fil est un gage de son talent de « monteur », du ton apaisant de son roman qui garde toujours les pieds sur terre. Dans les épreuves les plus cruelles, on a plaisir à être avec ces personnages. On relativise. Kourkov mélange aussi habilement l’immobilisme le plus complet de la première partie à un Road-Movie un peu improvisé. Il touche beaucoup de sujets sans en avoir l’air, ne tombe pas dans la facilité. Sagesse et patience sont ici récompensées.

Nickel Boys
7.5
22.

Nickel Boys (2019)

The Nickel Boys

Sortie : 20 août 2020 (France). Roman

livre de Colson Whitehead

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Le Pulitzer 2020 est un très beau roman aux accents de "Black Lives Matter“ et aurait pu être écrit par Richard Wright. Nickel, c’est le nom d’une maison de correction située en Floride où des ados sont remis sur le droit chemin - ou plutôt maltraités et victimes de racisme éhonté. Whitehead s’inspire de faits réels et d’un cas sorti dans la presse (des cadavres déterrés dans le jardin des décennies plus tard). Nous sommes dans les années 1960 et pourtant les descriptions correspondent assez fidèlement aux horreurs que Maya Angelou rapportent sur son expérience à la fin des années 1930. Un livre implacable et accablant à la structure astucieuse qui contient pourtant comme une touche d’espoir en son coeur. Les pages qui précèdent l’arrestation, les pages de liberté, sont très belles. Deuxième Pulitzer pour Colson Whitehead, comme Faulkner et Updike, un joli club.

Comprendre la vie
8.1
23.

Comprendre la vie

Sortie : 18 mars 2010 (France). Poésie

livre de Charles Pennequin

bilouaustria a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

C'est qui ?
Ancien gendarme, Charles Pennequin est devenu poète, ou peut-être philosophe. Son arme préférée : le verbe. Sa prose, faîte de trébuchements de la langue et de bégaiement de l'esprit, l'a vite poussé à réaliser des lectures-performances dans lesquelles il excelle. A 46 ans, il a aussi un blog bien barré. Sur youtube, on le voit déclamer dans le métro. Doux dingue.

C'est quoi ?
Céline, Beckett, Novarina passés au shaker. L'oralité poussée dans ses retranchements. Poésie expérimentale, "Comprendre la vie" est aussi un texte d'une simplicité déroutante. Sans ponctuation, composé de phrases courtes imbriquées les unes dans les autres. Pennequin retrouve ici ses thèmes de prédilection : médiocrité, violence et second degré.

C'est comment ?
"Comprendre la vie" est une partie de flipper verbal, de ricochets endiablés où les mots rebondissent sur les parois des phrases. Un coït en prose. Absurde et inquiétant, d'une noirceur éprouvante, drôle aussi, Pennequin suit les humeurs que les mots lui dictent. On ne reprend son souffle qu'à la fin, épuisé, époustouflé.

Achab (séquelles)
7.8
24.

Achab (séquelles) (2015)

Sortie : août 2015. Roman

livre de Pierre Senges

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Voilà un des romans français les plus ambitieux des dernières années, une somme colossale de digressions appliquées à un roman de digression, une suite encyclopédique au plus encyclopédique des romans (Moby Dick, pour les deux du fond qui n'auraient pas suivi). Le grande force de Senges, c'est son style à la fois racé et par touches subtilement pince-sans-rire qui lui permet d'aborder tous les sujets, et de nous faire avaler toutes les salades avec son parfait assaisonnement d'humour et de culture. Aussi, au milieu du livre, nous trouvons nous avec Achab et sa jambe de bois à Hollywood, discutant d'une adaptation possible de ses aventures avec la baleine avec Billy Wilder qui envisagerait une comédie de remariage (!) entièrement située dans le ventre du monstre (!!) avec Cary Grant jouant au golf (!!!) et Katherine Hepburn etc etc etc. C'est fou et drôle et le texte semble s'écrire à mesure que les idées de Pierre Senges rebondissent d'une idée farfelue à une autre. Pourtant, à mon grand désarroi, je dois confesser que j'ai été trop souvent spectateur, extérieur au texte jubilatoire, déçu de voir que Senges jubilait sans moi. Parce qu'on sent la jubilation à écrire une telle folie mais il y a bien tout de même un mur invisible qui m'a tenu à respectable distance de toute cette euphorie, dans la même mesure que je m'amuse avec Chevillard sans pour autant me rouler par terre, souvent parce qu'à la longue, je fatigue. Remarquable tout de même, hors norme et à essayer si vous avez le souffle pour nager 600 pages avec une baleine et un écrivain pirate.

Le Musée de l'Inhumanité
7.5
25.

Le Musée de l'Inhumanité (2013)

Middle C

Sortie : 5 février 2015 (France). Roman

livre de William H. Gass

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Tout commence avec un père menteur, qui se fait passer pour juif afin d'échapper aux nazis. Puis déserteur : Miriam reste seule avec deux enfants à charge, Debbie et notre héros Joey ou Joseph (tout dépend les situations, les rôles à jouer...). L'ardoise est lourde : Joseph aura toute sa vie le sentiment d'être lui-même un imposteur. Et il en voudra au monde entier de ne pas le démasquer. Gass mélange la haine à un sentiment d'insécurité, recette explosive garantie. La première bonne idée du roman, ce sont les changements incessants de prénoms, souvent deux dans la même phrase pour ce personnage qui se cherche, qui roublardise, qui a autant de couleurs que le caméléon. Son idéal, dit-il, serait de disparaître à force d'être invisible... L'autre force ce sont les pages où Joseph Skizzen, professeur d'Université, parle de musique et essaye d'intéresser ses élèves. Ce sont les plus justes, les plus captivantes parce que les plus vraies - on y voit Gass, professeur de philosophie, désespérant de captiver son auditoire. "Le musée de l'inhumanité" (le titre original est brillant, "Middle C", avec ses sous-entendus) est un roman musical, où l'on réécrit toujours la même phrase, jusqu'à lui trouver un rythme et une sonorité parfaite

Une fille, qui danse
6.9
26.

Une fille, qui danse (2011)

The Sense of an Ending

Sortie : 10 janvier 2013 (France). Roman

livre de Julian Barnes

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Ce court roman pour lequel Julian Barnes a reçu le Booker Prize 2011 est de ceux où chaque page compte, où chaque détail a son importance. En particulier parce que la construction minutieuse de cette enquête sur la mémoire mélange récits, anecdotes, philosophie et histoire. Des thèmes qui le rapprochent de Javier Cercas, même si ici le flegme et l'humour à froid de Barnes restent très british. Mais revient cette même idée que l'Histoire est une matière malléable, souvent écrite par les vainqueurs, plus ou moins documentée, terriblement humaine et donc imparfaite. L'histoire personnelle de Tony Webster se transforme progressivement en thriller sur ses souvenirs, et Barnes a ce don de rendre son lecteur intelligent (dans sa manière très progressive et presque pédagogique d'avancer ses idées). Troublant.

Peste & Choléra
6.9
27.

Peste & Choléra (2012)

Sortie : 12 août 2012. Roman

livre de Patrick Deville

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Une biographie loufoque, au plus près de la vie d'Alexandre Yersin, botaniste, explorateur, scientifique, expert en nuages et en caoutchouc. Deville écrit le tout avec son air pince sans rire, très Minuit finalement dans le ton. Une vie folle folle folle qui méritait au moins un roman !

L'Art du jeu
7.5
28.

L'Art du jeu

The Art of Fielding

Sortie : 30 mai 2012 (France). Roman

livre de Chad Harbach

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

La vie d'un campus US sur fond de matchs de baseball et la carrière fulgurante d'un jeune talent. Après des études à Harvard, Chad Harbach a écrit ce premier roman de 650 pages que le NY Times a immédiatement rangé au "panthéon des classiques". Un peu un côté John Irving : le style n'est pas remarquable mais l'atmosphère adolescente et les personnages attachants compensent largement. Amours et tragédies, sucré comme une série américaine. HBO n'a pas trainé pour acheter les droits.

No home
8.1
29.

No home (2016)

Homegoing

Sortie : 4 janvier 2017 (France). Roman

livre de Yaa Gyasi

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

C'est un peu un livre-dispositif mais Yaa Gyasi parvient à dépasser le simple concept par son écriture et en donnant de la vie et de l'épaisseur à ses personnages. Le principe de "Homegoing" c'est donc deux filles africaines au 17ème siècle sur lesquelles le roman s'ouvre et leur destins : une devient esclave, l'autre épouse un marchand d'esclave. Ensuite, on suit les trajectoires de ces familles et à chaque chapitre, on saute une génération. Les enfants de cette esclave se retrouvent aux États-Unis, puis gagnent leur indépendance avant de s'installer à Harlem. De l'autre côté on a une famille bien plus prospère mais qui reste en Afrique et va devoir payer le prix de son "business". Une fois encore, je défends volontiers ce très bon premier roman qui ne se limite pas à son idée de départ, aussi séduisante soit-elle. Chapeau donc à Yaa Gyasi pour avoir écrit, à 25 ans, un livre personnel, universel et aussi ambitieux !

Le Bruit des choses qui tombent
7.7
30.

Le Bruit des choses qui tombent (2011)

El ruido de las cosas al caer

Sortie : 23 août 2012 (France). Roman

livre de Juan Gabriel Vasquez

bilouaustria a mis 7/10.

Annotation :

Si "Le bruit des choses qui tombent" traite des années noires de la Colombie et en particulier du Bogota de Pablo Escobar, si ce roman contient un nombre remarquable d'assassinats et d'accidents (je ne mets pas des guillemets mais le coeur y est), il est pour le moins contemplatif et doux comme un rêve. C'est l'histoire d'Antonio, jeune prof de droit à l'université, victime collatérale d'événements en rapport avec ces barons de la drogue, et qui chute lentement, qui tombe du haut de sa propre vie, en silence. Les choses se défont. L'amour se perd. L'envie de vivre dans ce pays aussi sûrement. Juan Gabriel Vásquez imprime son empreinte sur ce récit soigneusement agencé, à coups de nostalgie bien placée. Il raconte aussi la difficulté pour les jeunes, de vivre dans ce monde de l'après-terreur. Bogota est en soi un personnage assez intrigant, plus encore au milieu de ces récits s'enchâssant comme des poupées gigognes. Planant.

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