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Aperçus

Des petites recommendations personnelles accompagnées soit d'extraits piqués au fil de mes lectures, soit d'une critique présente sur le site.
C'est peu, mais je persévère.

Liste de

26 livres

créée il y a environ 7 ans · modifiée il y a plus de 2 ans
La Confusion des sentiments
8

La Confusion des sentiments (1927)

Verwirrung der Gefühle

Sortie : 1929 (France). Roman

livre de Stefan Zweig

Demire a mis 10/10.

Annotation :

« Ce fut un baiser comme je n'en ai jamais reçu d'une femme, un baiser sauvage et désespéré comme un cri de mort. Son tremblement convulsif passa en moi. Je frémis, en proie à une double sensation, à la fois étrange et terrible : mon âme s'abandonnait à lui, et pourtant j'étais épouvanté jusqu'au tréfonds de moi-même par la répulsion qu'avait mon corps à se trouver ainsi au contact d'un homme — dans une inquiétante confusion de sentiments qui donnait à cette seconde, que je vivais sans l'avoir voulue, une étourdissante durée. »

« Asile secret de mes souvenirs, où la parole était devenue pour moi magie et où j'avais savouré l'ivresse et le ravissement de l'esprit comme en nul autre endroit, toujours je te vois, à cette heure de l'adieu, et je revois toujours la personne vénérée qui maintenant s'arrache lentement du dossier de son siège et vient au devant de moi, ainsi qu'une ombre. »

Lolita
7.9

Lolita (1955)

Sortie : 1959 (France). Roman

livre de Vladimir Nabokov

Demire a mis 10/10.

Annotation :

→ Version originale :

« Lolita, light of my life, fire of my loins. My sin, my soul. Lo-lee-ta: the tip of the tongue taking a trip of three steps down the palate to tap, at three, on the teeth. Lo. Lee. Ta. She was Lo, plain Lo, in the morning, standing four feet ten in one sock. She was Lola in slacks. She was Dolly at school. She was Dolores on the dotted line. But in my arms she was always Lolita. »

« He broke my heart. You merely broke my life. »

→ Version française :

« Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta: le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta. Elle était Lo le matin, Lo tout court, un mètre quarante-huit en chaussettes, debout sur un seul pied. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur le pointillé des formulaires. Mais dans mes bras, c'était toujours Lolita. »

« Il m’a brisé le cœur. Toi, tu n’as brisé que ma vie. »

« Clar l'Obscur »

La Vie devant soi
7.9

La Vie devant soi (1975)

Sortie : 14 septembre 1975 (France). Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Moi ce qui m'a toujours paru bizarre, c'est que les larmes ont été prévues au programme. Ça veut dire qu'on a été prévu pour pleurer. Il fallait y penser. Il y a pas un constructeur qui se respecte qui aurait fait ça. »

« Je me disais que ce serait une bonne chose de faite si Monsieur Hamil épousait Madame Rosa car c’était de leur âge et ils pourraient se détériorer ensemble, ce qui fait toujours plaisir. »

L'Étranger
7.7

L'Étranger (1942)

Sortie : 19 mai 1942. Roman

livre de Albert Camus

Demire a mis 10/10.

Annotation :

« Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier."

« La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. »

Le Village de l'Allemand
7.8

Le Village de l'Allemand

ou le journal des frères Schiller

Sortie : janvier 2008 (France). Roman

livre de Boualem Sansal

Demire a mis 9/10.

Annotation :

Ici, une critique.
http://bit.ly/2A1qnNy

Bouleversant.

À l'Ouest, rien de nouveau
7.9

À l'Ouest, rien de nouveau (1929)

Im Westen nichts Neues

Sortie : 1929 (Allemagne). Roman

livre de Erich Maria Remarque

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Je suis jeune, j'ai vingt ans : mais je ne connais de la vie que le désespoir, l'angoisse, la mort et l'enchaînement de l'existence la plus superficielle et la plus insensée à un abîme de souffrances. Je vois que les peuples sont poussés l'un comme l'autre et se tuent sans rien dire, sans rien savoir, follement, docilement, innocemment. Je vois que les cerveaux les plus intelligents de l'univers inventent des paroles et des armes pour que tout cela se fasse d'une manière raffinée et dure encore plus longtemps. »

Le Parfum
7.8

Le Parfum (1985)

Histoire d'un meurtrier

Das Parfum, die Geschichte eines Mörders

Sortie : 1985 (France). Roman

livre de Patrick Süskind

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Les hommes pouvaient fermer les yeux devant la grandeur, devant l'horreur, devant la beauté, et ils pouvaient ne pas prêter l'oreille à des mélodies ou à des paroles enjôleuses. Mais ils ne pouvaient se soustraire à l'odeur. Car l'odeur était sœur de la respiration. Elle pénétrait dans les hommes en même temps que celle-ci ; ils ne pouvaient se défendre d'elle, s'ils voulaient vivre. Et l'odeur pénétrait directement en eux jusqu'à leur cœur, et elle y décidait catégoriquement de l'inclination et du mépris, du dégoût et du désir, de l'amour et de la haine. Qui maîtrisait les odeurs maîtrisait le cœur des hommes. »

Les Justes
7.7

Les Justes (1949)

Sortie : 1949 (France). Théâtre

livre de Albert Camus

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Non. Je sais ce qu'il pense. Schweitzer le disait déjà :"trop extraordinaire pour être révolutionnaire." Je voudrais leur expliquer que je ne suis pas extraordinaire. Ils me trouvent un peu fou, trop spontané. Pourtant je crois comme eux à l'idée. Comme eux je veux me sacrifier. Moi aussi je peux être adroit, taciturne, dissimulé, efficace. Seulement la vie continue de me paraître merveilleuse. J'aime la beauté, le bonheur ! C'est pour cela que je hais le despotisme. Comment leur expliquer ? La révolution bien sûr ! Mais la révolution pour la vie, pour donner une chance à la vie, tu comprends ? »

Lettres à un jeune poète
7.8

Lettres à un jeune poète (1908)

Édition bilingue (traduction Marc B. de Launay)

Briefe an einen jungen Dichter

Sortie : 6 mars 1991 (France). Correspondance, Essai, Poésie

livre de Rainer Maria Rilke

Demire a mis 8/10.

Annotation :

« Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre coeur; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire ? Ceci surtout : demandez-vous aux heures les plus tranquilles de la nuit : écrire m'est-il nécessaire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, si vous deviez répondre à cette question par un puissant et simple "je ne peux pas faire autrement", alors bâtissez votre vie selon cette nécessité. »

La Promesse de l'aube
7.9

La Promesse de l'aube (1960)

Sortie : 26 avril 1973 (France). Autobiographie & mémoires, Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Demire a mis 8/10.

Annotation :

« Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. »

Les Jeunes Filles
7.8

Les Jeunes Filles (1936)

Sortie : 1936 (France). Roman

livre de Henry de Montherlant

Demire a mis 8/10.

Annotation :

Ici, une critique.
http://bit.ly/2zYifQk

Sublimement détestable.

Si c'est un homme
8.1

Si c'est un homme (1947)

Se questo è un uomo

Sortie : 1987 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Primo Levi

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Alors, pour la première fois, nous nous apercevons que notre langue manque de mots pour exprimer cette insulte: la démolition d'un homme. En un instant, dans une intuition quasi prophétique, la réalité nous apparaît: nous avons touché le fond. »

« Savez-vous comment on dit "jamais" dans le langage du camp? 'Morgen früh', demain matin. »

Notre coeur
8.1

Notre coeur (1890)

Sortie : 1890 (France). Roman

livre de Guy de Maupassant

Demire a mis 8/10.

Annotation :

Ici, une critique.
http://bit.ly/2zprI3U

Passion amoureuse.

Voyage au bout de la nuit
8

Voyage au bout de la nuit (1932)

Sortie : 15 octobre 1932 (France). Roman

livre de Louis-Ferdinand Céline

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Jamais je ne m'étais senti aussi inutile parmi toutes ces balles et les lumières de ce soleil. Une immense, universelle moquerie. »

« Évidemment Alcide évoluait dans le sublime à son aise et pour ainsi dire familièrement, il tutoyait les anges, ce garçon, et il n’avait l’air de rien. Il avait offert sans presque s’en douter à une petite fille vaguement parente des années de torture, l’annihilement de sa pauvre vie dans cette monotone torride, sans conditions, sans marchandage, sans intérêt que celui de son bon coeur. Il offrait à cette petite fille lointaine assez de tendresse pour refaire un monde entier et cela ne se voyait pas.
Il s’endormit d’un coup, à la lueur de la bougie. Je finis par me relever pour bien regarder ses traits à la lumière. Il dormait comme tout le monde. Il avait l’air bien ordinaire. Ça serait pourtant pas si bête s’il y avait quelque chose pour distinguer les bons des méchants. »

Roman avec cocaïne
8.1

Roman avec cocaïne (1934)

Roman s kokainom

Sortie : 1983 (France). Roman

livre de M. Aguéev

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Intensément, je cherchais en moi ces paroles nécessaires, magnifiques, ces merveilleuses paroles d’amour, ces paroles que j’allais dire, que j’étais obligé de dire aussitôt. Mais les mots n’étaient pas en moi. Comme si mon expérience amoureuse m’avait convaincu que parler joliment de l’amour, seul le peut celui chez qui l’amour n’est plus qu’un souvenir - que parler d’amour de façon convaincante, seul le peut celui dont la sensualité a été touchée, mais que celui dont le coeur a été frappé d’amour ne peut que se taire. »

Ada ou l'Ardeur
8.3

Ada ou l'Ardeur (1969)

Ada or Ardor: A Family Chronicle

Sortie : 1975 (France). Roman

livre de Vladimir Nabokov

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Bientôt, le pianiste, flottant plus près et découvrant ses gencives hideuses en une grimace servile, tenta d’entraîner Ada, qui était étendue sur les dalles de la margelle, mais elle sut échapper à l’empoigne du désespoir en saisissant à deux mains le gros ballon orange qu’elle venait de retirer de l’eau; elle s’en fit un bouclier, repoussa l’assaillant et pour finir lança l’objet dans la direction de Van qui l’écarta d’un revers de main, refusant le gambit, ignorant le gammiste, dédaignant la gamine. »

« Nous passâmes tous dans la salle à manger. Comme il allongeait le bras pour devancer le geste d’un garçon qui ouvrait une porte, Van effleura le passé, et le passé (qui jouait toujours avec son collier) le récompensa d’un regard oblique ‘’à la Dolorès’’. »

« J’appelle ça de la foutaise pompeuse et puritaine, dit Ada en parcourant la lettre de Van. Pourquoi “apoller” de lui avoir fait connaître un délicieux petit spasme ? Je l’aime et je ne te permettrais jamais de lui faire du mal. »

Fictions
7.9

Fictions (1944)

Ficciones

Sortie : 1944 (France). Recueil de nouvelles

livre de Jorge Luis Borges

Demire a mis 9/10.

Annotation :

Les ruines circulaires

« Le dessein qui le guidait n’était pas impossible, bien que surnaturel. Il voulait rêver un homme : il voulait le rêver avec une intégrité minutieuse et l’imposer à la réalité. […] »

« Dans une aube sans oiseaux le magicien vit fondre sur les murs l’incendie concentrique. Un instant, il pensa se réfugier dans les eaux, mais il comprit aussitôt que la mort venait couronner sa vieillesse et l’absoudre de ses travaux. Il marcha sur les lambeaux de feu. Ceux-ci ne mordirent pas sa chair, ils le caressèrent et l’inondèrent sans chaleur et sans combustion. Avec soulagement, avec humiliation, avec terreur, il comprit que lui aussi était une apparence, qu’un autre était en train de le rêver. »

La fin

« Il essuya son propre couteau ensanglanté sur l’herbe et revint à la maison avec lenteur, sans regarder derrière lui. Il avait accompli sa tâche de justicier et, désormais, n’était personne. Mieux dit, il était l’autre. Il n’avait pas de destin sur la terre et il avait tué un homme. »

Aurélien
8.2

Aurélien (1944)

Sortie : 1944 (France). Roman

livre de Louis Aragon

Demire a mis 10/10.

Annotation :

« Il chercha les mots irréparables qui auraient arrêté pour toujours ces discussions périodiquement reprises. Il se jeta à l’eau : "Je ne me marierai pas, - dit-il, - parce que je suis amoureux."
Et la chose dite, il écouta descendre la pierre dans le puits. Bien droit, bien loin. Que lui importait maintenant Armandine, et le : "C’est donc ça!" qu’elle laissait échapper? Il était seul, seul dans la pièce et dans l’univers, il n’écoutait plus que cet abîme en lui, il n’écoutait plus que lui-même, le mot lâché, le mot immense et soudain… Il venait de choisir sa route, subitement. C’était sans appel. Il en avait décidé. L’amour. Ce serait donc l’amour. C’était l’amour. Un bouleversement total, une agitation intérieure. L’amour. L’étrange nouveauté de ce mot lui serrait le coeur. Il détourna la tête et regarda le feu. Le feu, les flammes. Des détails infimes de la bûche ardente, avec une frange de cendres blanches sur le bord grillé, l’intéressèrent au-delà de la raison. Et très doucement, il retrouva le nom, puis le visage… Bérénice… »

« Si Rosenn bientôt n'arrive
Je vais, hélas ! hélas ! mourir... »

Phèdre
7.6

Phèdre (1677)

Sortie : 1677 (France). Théâtre, Romance

livre de Jean Racine

Demire a mis 8/10.

Annotation :

« J’ai voulu te paraître odieuse, inhumaine
Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.
De quoi m'ont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. »

« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler,
Je sentis tout mon corps et transir brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D'un sang qu'elle poursuit, tourments inévitables. »

« Présente, je vous fuis,
Absente, je vous trouve. »

Les Vestiges du jour
7.7

Les Vestiges du jour (1989)

The Remains of the Day

Sortie : avril 2005 (France). Roman

livre de Kazuo Ishiguro

Demire a mis 8/10.

Annotation :

« Il y a maintenant une vingtaine de minutes que l’homme est parti, mais je suis resté là, sur ce banc, pour attendre l’événement qui vient juste d’avoir lieu : l’allumage des lampes de la jetée. Comme je le disais, la joie avec laquelle les flâneurs rassemblés sur la jetée ont accueilli ce petit événement semble corroborer la formule de mon compagnon; pour beaucoup de gens, le soir est la partie la plus agréable de la journée. Peut-être, dans ce cas, dois-je retenir son conseil de cesser de regarder autant en arrière, d’adopter un point de vue positif, d’essayer de faire le meilleur usage de ce qu’il me reste de jour. Après tout, que pouvons-nous gagner à toujours regarder en arrière, et à nous blâmer nous-mêmes parce que notre vie n’a pas pris exactement la tournure que nous aurions souhaitée ? »

Du côté de chez Swann
8

Du côté de chez Swann (1913)

À la recherche du temps perdu / 1

Sortie : 14 novembre 1913. Roman

livre de Marcel Proust

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé ; les formes – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot – s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. »

« Un petit coup au carreau, comme si quelque chose l’avait heurté, suivi d’une ample chute légère comme de grains de sable qu’on eût laissés tomber d’une fenêtre au-dessus, puis la chute s’étendant, se réglant, adoptant un rythme, devenant fluide, sonore, musicale, innombrable, universelle : c’était la pluie. »

Claude Gueux
7.2

Claude Gueux (1834)

Sortie : 1834 (France). Recueil de nouvelles

livre de Victor Hugo

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Cet homme, certes, était bien né, bien organisé, bien doué. Que lui a-t-il donc manqué ? Réfléchissez. »

« La tête de l’homme du peuple, voilà la question. Cette tête est pleine de germes utiles ; employez pour la faire mûrir et venir à bien ce qu’il y a de plus lumineux et de mieux tempéré dans la vertu. Tel a assassiné sur les grandes routes qui, mieux dirigé, eût été le plus excellent serviteur de la cité. Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper. »

Le Dernier Jour d'un condamné
7.5

Le Dernier Jour d'un condamné (1829)

Sortie : 1829 (France). Roman

livre de Victor Hugo

Demire a mis 9/10.

Annotation :

« Ils disent que ce n'est rien, qu'on ne souffre pas, que c'est une fin douce, que la mort de cette façon est bien simplifiée.
Eh ! qu'est-ce donc que cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour ? Qu'est-ce que les angoisses de cette journée irréparable, qui s'écoule si lentement et si vite ? Qu'est-ce que cette échelle de tortures qui aboutit à l'échafaud ?
Apparemment ce n'est pas là souffrir.
Ne sont-ce pas les mêmes convulsions, que le sang s'épuise goutte à goutte, ou que l'intelligence s'éteigne pensée à pensée ?
Et puis, on ne souffre pas, en sont-ils sûrs ? Qui le leur a dit ? Conte-t-on que jamais une tête coupée se soit dressée sanglante au bord du panier, et qu'elle ait crié au peuple : Cela ne fait pas mal !
Y a-t-il des morts de leur façon qui soient venus les remercier et leur dire : C'est bien inventé. Tenez-vous-en là. La mécanique est bonne. »

Demande à la poussière
8.1

Demande à la poussière (1939)

Ask the Dust

Sortie : 1986 (France). Roman

livre de John Fante

Demire a mis 8/10.

Annotation :

« Je me suis étendue avec elle. Elle en faisait un peu trop dans le mépris, la façon qu’elle avait de m’embrasser, sa moue un peu dure, la moquerie dans ses yeux. Pas étonnant que je restais de bois et ne ressentais rien que de la panique et cette peur que j’avais d’elle, ce sentiment que sa beauté était bien trop pour moi ; elle était tellement plus belle que moi, et ça lui venait de tellement plus loin. À côté d’elle j’étais un étranger. Elle était toutes ces nuits calmes, ces grands eucalyptus, elle était les étoiles du désert, terre et ciel et ce brouillard dehors, et moi je n’étais venu ici que pour écrire, pour gagner de l’argent, pour me faire un nom et toutes ces singeries. Elle valait tellement plus que moi, elle était tellement plus honnête, que je me dégoûtais au point de ne pas pouvoir soutenir la chaleur de son regard, au point de réprimer les frissons qu’elle provoquait en moi avec ses bras cuivrés qu’elle m’avait passés autour du coup, avec ses longs doigts qui me caressaient les cheveux. »

Mon frère
7.1

Mon frère (2018)

Sortie : 5 avril 2018. Récit

livre de Daniel Pennac

Demire a mis 8/10.

Annotation :

« Nos souvenirs sont des sensations. »

« Aujourd’hui, le destin des morts est d’occuper les fonds d’écran. »

« Au théâtre, la salle est la caisse de résonance de la scène. Comédiens et spectateurs jouent les uns avec les autres (ou contre, c’est selon). Ce n’est pas une mince affaire de devenir un spectateur. Se départir en si peu de temps d’une profession, d’une famille, d’une journée de travail, d’une ville, d’une vie, de notre panoplie de références, d’habitudes et de normes… Ces manteaux que l’on ne sait où poser, le froissement des journaux qu’on essaie de replier, ces programmes qu’on interroge à voix haute, ces conversations qui n’en finissent pas de finir, ces portables qu’on tarde à éteindre, ces retardataires empêtrés dans leurs excuses, ces fauteuils qui claquent, ces corps qui retombent, ces grincements qui cherchent le confort, tout ce brouhaha du public qui s’installe c’est la lente soumission des spectateurs aux exigences du spectacle. »

À l'est d'Eden
8.6

À l'est d'Eden (1952)

East of Eden

Sortie : 19 septembre 1952 (États-Unis). Roman

livre de John Steinbeck

Demire a mis 10/10.

Annotation :

« Nous n’avons qu’une histoire. Tous les romans, tous les poèmes, sont bâtis sur la lutte incessante que se livrent en nous-même le bien et le mal. Le mal doit être constamment ressuscité, alors que le bien, alors que la vertu sont immortels. Le vice offre toujours un visage frais et jeune, alors que la vertu est plus vénérable que tout au monde. »

« Adam arrive au bout de son rouleau, pensa-t-il. Il doit en être de même pour moi, mais je ne le sens pas. Je me sens immortel. Lorsque j’étais très jeune, je me sentais mortel, mais c’est fini. La mort a reculé. »

Demire

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