Houston, nous n'avons pas de problème : Spacemen 3 (& more)

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Si on ne doit garder qu'un seul album de Spacemen 3, il me semble que "Playing With Fire" serait le mieux placé. Il résume à lui seul les deux versants du groupe, et à travers ça, les talents de compositeurs de Kember et Pierce qui ne cosignent ici qu'un seul titre, "Suicide", nommé ainsi pour rendre hommage au duo d'Alan Vega et Martin Rev (dont l'influence est parfois bien perceptible dans la musique des deux anglais de Rugby). En dehors de ce morceau fleuve (dont l'interprétation en live pouvait parfois avoisiner la vingtaine de minutes), l'autre tour de force majeur du disque reste à mon avis "Revolution", pure lettre d'amour à la musique des Stooges d'Iggy Pop.

"Playing With Fire" reste de nos jours une étape majeure de la musique rock anglaise, préfigurant par certains côté le mouvement shoegaze qui va dominer les charts anglais dés lors, ainsi qu'un certain retour à la puissance du rock tantôt psychédélique, tantôt crasseux, de la fin des années 1960.

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"Recurring" est un album étrange, séparé en deux phases distinctes. Né dans la douleur, cet album a été composé par les deux membres principaux du groupe chacun de son côté, et alors même que Kember et Pierce avaient déjà lancé des projets en solo, les deux ont tout de même réussi à se mettre d'accord pour signer un ultime album sous le nom Spacemen 3, sans toutefois se croiser en studio. Ainsi, les 7 premiers titres sont l'œuvre de Sonic Boom seul, tandis que les 8 derniers morceaux sont enregistrés par Jason Spaceman accompagnés du batteur John Mattock et du bassiste Will Caruthers, avec qui il a déjà fondé Spiritualized l'année précédente.

Sur la première partie, on reconnaît bien le style Kember, avec ses synthés psychédéliques au premier plan, et notamment sur le seul tube du groupe, "Big City", n°1 dans les charts indie à la sortie du disque début 91 et véritable chef d'œuvre de mélodie et de séquences qui mettra d'accord aussi bien les raveurs que les fans de rock. Côté Pierce, son meilleur morceau est selon moi "Hypnotised" (qui était déjà sorti en single pendant la dernière tournée du groupe en 1989) qui préfigure déjà le son de Spiritualized avec ses influences gospel et sa lente progression lumineuse.

"Recurring" est mon opus préféré du groupe, mais reste selon moi inférieur à "Playing With Fire" à cause de son côté fourre-tout qui dessert un peu le groupe. Malgré tout, ça reste un excellent testament pour du Spacemen 3.

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Après avoir définitivement mis Spacemen 3 au rencard en 1991, Jason Pierce, qui a déjà fondé Spiritualized l'année précédente égraine deux albums : "Lazer Guided Melodies" en 1992 (présent plus bas dans ce top) puis "Pure Phase" en 1995. Les deux anciens "mercenaires" des Spacemen 3 ayant quitté son projet, Pierce fait donc désormais appel à Damon Reece et Sean Cook pour tenir basse et batterie. Sa femme, Kate Radley tiens toujours les claviers, mais plus pour très longtemps. Elle quitte le groupe à l'issue des sessions qui vont donner naissance à cet album merveilleux nommé "Ladies and Gentlemen We Are Floating in Space".

Présenté comme une sorte de médicament musical, Jason Pierce signe ici selon moi sa plus grande réussite hors Spacemen 3 avec un disque mélangeant gospel, musique électronique et rock psychédélique. Assez proche de Primal Scream dans sa production, Pierce insiste néanmoins davantage sur le côté planant de sa musique. Un titre comme "Electricity" est un petit joyau de space rock plutôt pop, tandis que "Think I'm In Love" mettra définitivement l'auditeur dans la poche du groupe. Enfin, comment ne pas mentionner les 17 minutes de "Cop Shoot Cop", certainement le meilleur titre que Pierce signera, que ce soit en solo ou avec son premier véritable groupe. Un bien bon album, donc, à consommer sans modération et surtout sans ordonnance.

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Parlant d'ordonnance, le deuxième album de Spacemen 3 se nomme "The Perfect Prescription", confirmant pour de bon à qui veut l'entendre le lien pour le moins chimique et sous influence que les deux hommes entretiennent avec leur musique. Dernier véritable effort commun avec que les tensions séparent les deux hommes, d'abord de manière créative, ensuite physiquement, "Perfect Prescription" voit Spacemen 3 livrer quelques uns de ses meilleurs morceaux, que ce soit le très planant "Walkin With Jesus" (explorant déjà une certaine ambiance gospel) que "Feel So Good".

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Trente ans après avoir sorti son premier album sous ce nom, Pete Kember ressuscite son alias Sonic Boom afin de sortir un album solo excellent en tous points. "All Things Being Equal" témoigne de deux choses concernant Kember : d'abord, du chemin musical parcouru depuis la fin de Spacemen 3, notamment concernant l'usage de matériel électronique; ensuite de sa capacité à s'adapter à son époque puisque le monsieur a passé la majeure partie des années 2010 à produire d'autres artistes. Visiblement, sa rencontre avec Panda Bear et Animal Collective, en outre d'avoir motivé son déplacement à Barcelone, lui a donné des envies de composition. Et quel disque, au final. Certains morceaux sont de véritables moments de bravoure, à commencer par le titre introductif ("Just Imagine") mais d'abord et avant tout le titre final, "I Feel A Change Is Coming On", livré avec un clip pour le moins hypnotique qui témoigne du génie inchangé de Pete Kember pour la musique.

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S'accompagnant de Kate Radley (sa copine de l'époque), Marc Refroy, Will Caruthers et Johnny Mattock, Jason Pierce livre ici le premier véritable effort discographique de son groupe "solo", Spiritualized, avec ce "Lazer Guided Melodies". Assez proche des titres proposés par M.Spaceman sur le "Recurring" de Spacemen 3, ce premier album annonce surtout par sa maîtrise les choses à venir. Il reste néanmoins un excellent album à savourer tranquillement.

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Premier véritable album de Pete Kember, "Spectrum" (qui va bientôt servir de nom au projet de groupe qu'il va fonder l'année suivante) a été enregistré en 1989 peu de temps après la dernière tournée de Spacemen 3. Chose étonnante, Jason Pierce apparaît sur tous les morceaux à la guitare, accompagnés des usual suspects Refroy, Carruthers et Mattock aux autres instruments, faisant presque de fait ce "Spectrum" un album de Spacemen 3 qui n'a que le nom de différent.

Pourtant, tous les titres sont signés Kember, sous le pseudonyme Sonic Boom, à l'exception d'une reprise plus ou moins directe de Suicide, "Lonely Avenue". "Spectrum" est également notable dans le sens ou il propose des morceaux certainement plus doux et moins crades qu'à l'accoutumée, ce qui en fait sa force mais aussi sa faiblesse; certains titres sonnent parfois comme des démos qui auraient mérité un peu plus de travail. Pour autant, impossible de passer à côté d'un titre aussi magique que "Angel", titre sous perfusion d'influences de Lou Reed et du Velvet. Dans l'ensemble, l'objet est magnifique, surtout dans sa pochette vinyle d'origine, si psychédélique.