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Bibliophilie pas vraiment obsessionnelle — 2017

Résolution 2017 (que je m’empresserai malgré moi de ne pas tenir, encore une fois) : lire plus.

Prochains achats : Le Culte de la charogne. Anarchisme, un état de révolution permanente (1897-1908) — Le cinéma, un art subversif — De sang-froid — Ni Dieu ni maître, une histoire de ...

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8 livres

créée il y a environ 8 ans · modifiée il y a plus de 6 ans
Manuel d'économie critique
8.2
1.

Manuel d'économie critique (2016)

Sortie : 8 septembre 2016 (France). Essai

livre de Le Monde Diplomatique

Morrinson a mis 7/10.

Annotation :

Ce manuel, un peu à l'image du précédent manuel (d'histoire) édité par le Diplo, se décompose en deux types de contenus : l'information pure et l'essai interprétatif. Sur le premier, ce Manuel d'économie critique me semble irréprochable. On peut regretter l'absence de certains sujets, comme toujours, mais ceux qui y sont traités le sont avec une rigueur et une précision vraiment très appréciables. Le second contenu me paraît plus discutable car le format deux pages par article, sans compter les nombreuses illustrations (très judicieuses, souvent) qui les jalonnent, contraint à une certaine concision assez dommageable. Il y a des thématiques qui sont à peine abordées : soit le contenu est en lui-même limité, soit c'est le contrepoint idéologique qui fait défaut, parfois.

1°) Une science comme une autre.
Beaucoup de lieux communs liés à l'économie, à destination d'un public peu renseigné sur le sujet. Mais le graphique présentant les différentes écoles de pensées, repris d'un article du Diplo, est indispensable pour faire la part des choses entre théories orthodoxes et hétérodoxes notamment.

2°) Produire plus, toujours plus !
Illustration intéressante de la relance keynésienne, avec le mécanisme multiplicateur et les fuites de capitaux autour de la gestion du budget de l'état.

3°) Le pont et la cale.
Théorisation de l'exploitation du travailleur au sein de l'économie capitaliste : l'origine du profit selon Marx, et la division de la valeur créée par le travail entre salaire et "surtravail".

4°) Partage des richesses : espoirs et impasses.
Histoire de l'impôt, dysfonctionnement de l'état à travers les organismes de charité, et la clarification du principe de cotisations (et non de "charges", évidemment) sociales.

5°) L'emploi, à quel prix ?
Démythification de l'entreprise qui "crée l'emploi", et les questions cruciales à évoquer pour la création d'un revenu universel (une notion pas forcément propres aux courants de pensées progressistes...) pertinent.

6°) Le marché ou la construction d'une évidence.
Intéressante contextualisation de l'histoire de la propriété privée, imposée par la force. Le droit du travail analysés à travers plusieurs prismes, temporel et thématiques.

7°) Mondialisation : la mise en concurrence des peuples.
Remise en question de la mondialisation comme bénéfique à l'ensemble des populations et vision alternative du protectionnisme.

8°) Monnaie, une énigme sonnante et trébuchante.
9°) Dette
10°) Finance

Conversations avec Martin Scorsese
7.8
2.

Conversations avec Martin Scorsese

Conversations with Scorsese

Sortie : 10 novembre 2011 (France). Biographie

livre de Richard Schickel

Morrinson a mis 5/10.

Annotation :

Des entretiens au long cours, il faut le reconnaître, qui prennent le temps de fouiller et de divaguer au gré des thématiques abordées par le critique américain Richard Schickel et Martin Scorsese. Trois temps majeurs, avec tout d'abord l'évocation de l'enfance du réalisateur, son passif, son environnement à Little Italy ; puis un chapitre par film, jusqu'à Hugo Cabret (le livre date de 2010-2011), assez inégaux dans l'ensemble en termes d'intérêt ; et enfin quelques grandes lignes du cinéma, la couleur, la direction d'acteur, etc.

Scorsese, même si je n'ai jamais été sublimé par son travail au point de le vénérer comme un demi-dieu, apparaît comme quelqu'un de très humble mais vrai connaisseur, curieux et attentif. Les anecdotes de tournage ne me passionnent que très rarement. Les discussions que les deux hommes ont sur diverses références cinématographiques sont soit banales, soit trop anecdotiques, sans réel fil conducteur qui recentrerait la discussion.

Mais il faut avouer que Richard Schickel est un vrai poil à gratter, il est plus âgé que Scorsese et il n'hésite pas à le malmener à plusieurs reprises. Déjà, il commence en annonçant qu'il n'aime pas "Mean Streets", puis il dira que "le personnage (de Bob Dylan) ne m'intéresse pas beaucoup" ou encore "je trouve que La Prisonnière du désert (John Ford, 1956, considéré comme un chef-d'œuvre par beaucoup) est un film agaçant". Bien sûr, Schickel avoue plusieurs fois qu'il a beaucoup d'admiration pour Scorsese, mais quand il lui dit qu'il n'a que très peu d'enthousiasme pour Shutter Island (2010), le réalisateur lui répond assez froidement "je ne suis pas sûr de pouvoir supporter une critique supplémentaire sur ce film"...

C'est un ouvrage à destination des passionnés de l'homme, donc, prioritairement, pour aller au-delà de la série d'anecdotes. À propos de Mean Streets, des Affranchis et de Casino, Scorsese évoque la contrainte qu'exerçait la mafia sur sa famille et les multiples efforts de son père pour se tenir à l'écart alors que son oncle y était impliqué. Certains de ces passages sont plutôt intéressants, mais beaucoup, à mon sens, relèvent plus de la discussion entre amis, avec beaucoup de "je" : reste à savoir si on se sent suffisamment concerné pour apprécier une telle position.

La Septième Fonction du langage
7.2
3.

La Septième Fonction du langage

Sortie : 19 août 2015 (France). Roman

livre de Laurent Binet

Morrinson a mis 7/10.

Annotation :

Ça faisait longtemps qu'un roman ne m'avait pas "autant" plu et j'ai été surpris par la capacité de Laurent Binet a susciter un intérêt pour un champ aussi vaste que celui de la sémiologie. Dommage que sur la fin il se perde dans des considérations plutôt maladroites ("est-ce que je suis un héros de roman ou est-ce la réalité ?", en somme) parce que le reste est d'une qualité tout autre.

Prendre pour point d'ancrage la mort de Roland Barthes en 1980, renversé par une camionnette, et en faire le point de départ d'un polar qui étaye la thèse de l'assassinat, politique qui plus est : c'est osé, et ça fonctionne étonnamment bien. On a droit a de la linguistique autant qu'à de la politique-fiction, et le brassage des personnalités appartenant au gratin politico-culturel des années 80 est impressionnant. Tous lancés à la poursuite d'un précieux document, supposé comme tel, qui donne son titre au livre. Une course meurtrière pour mettre la main sur un texte mystérieux, dont le contenu ne sera jamais véritablement dévoilé, écrit par Jackobson, et qui confèrerait à son possesseur des pouvoir de persuasion hors du commun.

Le roman s'articule vite autour d'une société secrète, le Logos Club, lieu de joutes verbales où l'on peut monter en grade et défier le grand Protagoras, le plus grand orateur, mais aussi perdre des doigts (ou plus) dans la bataille en cas d'échec. Les personnalités qui gravitent autour sont innombrables : Sollers, Foucault, Althusser, Giscard, Borg, Lendl, Mitterand, Cixous, Deleuze, Lacan, Umberto Eco ou encore Chomski, entre la France, un campus universitaire américain ou de sombres recoins de l'Italie.

J'ai bien aimé l'équilibre entre fiction et théorie, c'est pour moi le bon rapport entre fantaisie et didactisme, on n'a pas l'impression de prendre un cours de sémiologie et pourtant, de fait, on le prend. La quantité de clins d'œil, de références implicites, de descriptions mesquines et vraiment drôles est impressionnante. J'aime beaucoup la façon de décrire les différents rapports au monde des différents personnages, en lien avec l'application même de la théorie sémiologique : Bayard le flic ne voit pas les mêmes choses que l'universitaire Simon Herzog. D'un point de vue littéraire, ce n'est pas révolutionnaire, mais dans ce contexte de détection et d'interprétation des signes, c'est aussi discret qu'efficace sur 500 pages. Et de plus en plus divertissant, qui plus est.

Bons points modernes
4.

Bons points modernes

Sortie : 14 novembre 2013 (France).

livre de Vincent Sardon

Annotation :

Quatrième de couverture :
"Dans un souci de démocratisation du savoir et d’éducation populaire, le Tampographe Sardon édite ces bons points d’exception. Mis au point par une équipe de chercheurs en psychopédagogie et testés sur un panel d’enfants humains et de singes anthropoïdes, ces bons points présentent des images de qualité et des thématiques qui passionneront les jeunes et combleront d’aise les enseignants les plus sourcilleux. Un outil indispensable recommandé par l’inspection académique".

Tout est dit, ou presque. Un joli concentré de délires trasho-anarchisants.

Le Tampographe Sardon
8.2
5.

Le Tampographe Sardon

Sortie : 25 janvier 2012 (France). Vie pratique

livre de Vincent Sardon

Morrinson a mis 7/10.

Annotation :

Une sorte de journal intime trash et anar du "célèbre" tampographe Vincent Sardon. L'ensemble est un peu redondant au bout de 300 pages, et l'effet de surprise se dilue quelque peu au fil des tampons présentés et des anecdotes d'artiste. Très enthousiaste au début, les élucubrations de Vincent Sardon ont fini par me lasser un peu, mais je garderai bien en mémoire l'univers délirant, le foutoir de l'atelier et du cerveau de l'artiste.

Crash !
7.1
6.

Crash !

Crash

Sortie : 1973 (France). Roman

livre de J.G. Ballard

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

Une horreur à lire et une horreur à terminer, mais pas du tout pour les raisons auxquelles on pourrait penser de prime abord. Je ne doute pas un instant que ce livre ait pu provoquer une immense gêne à l'époque de sa sortie, tant son étalage d'outrance dans la description pornographique (au sens strict) des événements est excessif. Le protagoniste, homonyme de Ballard, se découvre une attirance sexuelle et presque maladive pour la tôle froissée à la suite d'un accident ayant causé un mort; L'idée est intéressante, et la description de certaines perversions aurait pu être sincèrement attirante. Mais très vite, l'auteur s'enferme dans un cycle interminable de répétitions, avec toujours les mêmes qualificatifs, toujours les mêmes décors, toujours les mêmes préoccupations. Compteurs, cuir, vinyle, carrosserie, moteur, levier de vitesse, jantes chromées, autant de caractéristiques automobiles auxquelles répondent le sperme, la transpiration, la merde, les blessures, et toutes les combinaisons de liquides séminaux possibles.

Il y a de la matière pour décrire tout cela, en boucle, mais cela se fait en revanche au détriment du minimum admissible en matière de trame scénaristique. Pourtant, je partais assez confiant, fort de l'expérience du côté de Cronenberg qui avait été une vraie curiosité (à revoir, cependant) : c'est un univers SF loin d'être dénué de sens et d'originalité.
« A l'aide de nos cicatrices, nous avons célébré la renaissance des massacrés de la route, la mort et les blessures de tous ceux que nous avions vus agoniser sur un bas-côté, les lésions fictives et les attitudes des millions qui mourraient encore. »

Dans son suivi de la naissance d'un fétichisme sexuel, d'une addiction, d'une déviance, le roman est très prometteur dans ses premières partie. Mais il s'essouffle très vite, trop vite, à force de se complaire dans les mêmes comparaisons, les mêmes descriptions. Même du point de vue du style purement littéraire, je trouve ça finalement assez pauvre, une fois passée la découverte de cet univers baroque. L'excès est vraiment à tous les niveaux, et s'il peut être le vecteur de certaines qualités, il ne se suffit pas à lui-même en général, et vire ici à la grandiloquence démesurée et injustifiée. L'excès de séquences pornographiques nuit non seulement à l'intrigue, quasiment inexistante, et à ce contenu choc même, puisque l'effet de surprise décroît fatalement avec le temps, les pages et les répétitions.

L'Île de béton
7.3
7.

L'Île de béton (1974)

Concrete Island

Sortie : 1974. Roman

livre de J.G. Ballard

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

Après deux incursions (littéraires, si l'on excepte l'adaptation au cinéma de son I.G.H.) dans l'univers de J. G. Ballard, je peux désormais confirmer que ni le style ni les thématiques ne me plaisent vraiment. Si on laisse de côté toute la litanie pornographique un brin gratuite et stérile de "Crash!" dans cette "Île de béton", cela ne se fait pas pour autant au profit d'un style supérieur. Il est tristement quelconque.

La métaphore de la civilisation que semble vouloir embrasser le livre n'est que très peu percutante, et on se lasse à vrai dire assez vite de ce regard sur la société extérieure (extérieure à l'unité de lieu, mais qui correspond à la nôtre) symbolisée par des gratte-ciels, une autoroute, et un ballet de voitures incessant, indifférent au sort du protagoniste. Métaphore de sa propre condition, aussi, puisqu'il sera amené à reconsidérer toute son existence, à réfléchir à ses choix, son mode de vie, etc. Dans cette seconde partie, le livre est quand même très lourd et assez peu intéressant, le trio de personnages ne suscitant pas grand chose mis à part une indifférence polie.

L'analogie avec Robinson Crusoé, évidemment. Et quelque part, si la première partie qui consacre ce parallèle n'était pas très innovante, elle avait un certain potentiel, presque dans le registre du survival, où comment survivre avec le corps en charpie suite à un accident de voiture, isolé dans un espace inaccessible, presque invisible, peuplé de carcasses de voitures et de hautes herbes. Mais cela aussi, Ballard n'en fait à mon goût pas grand chose. Le paradoxe de la solitude à quelques encablures de l'univers autoroutier vibrionnant ne délivre pas tout son potentiel, il me semble, et sa volonté aussi tardive que rapidement expédiée de régner sur cette île en maître peine à faire vraiment sens au-delà de l'anecdotique.

L'art chinois
8.

L'art chinois

The Chinese Art Book

Sortie : 31 mai 2014 (France). Beau livre

livre de Colin MacKenzie

Morrinson a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un immense défi que celui de résumer 6000 ans d'histoire de l'art chinois en trois cents pages / œuvres. Pourtant, "L'Art chinois" est un voyage assez passionnant à travers sculptures, peintures, gravures, objets ancestraux comme des coupes ou des cloches, et objets variés liés à des représentations contemporaines ou des photographies. En circonscrivant chaque œuvre dans son contexte historique, dans sa dynastie, dans son cadre culturel, le voyage est autant artistique qu'historique et politique.

Le parti pris est très intéressant, sans qu'on soit englouti par son didactisme : faire cohabiter art traditionnel et art contemporain, même si la balance penche forcément en faveur du premier, très souvent, beaucoup plus passionnant : on regarde cela comme des reliques du passé, un peu comme on se baladerait dans les couloirs d'un musée. Les explications systématiques en dessous des œuvres sont parfois obscures pour un non-initié, parfois répétitives, mais elles vont tout de même à l'essentiel. Le choix non-chronologique de la répartition des œuvres est également bien géré, avec un résumé bien chronologique, lui, en fin de bouquin, qui synthétise bien tout cela, avec une mise en parallèle de l'histoire chinoise et l'histoire internationale sur deux frises parallèles. La résonance entre les époques et les styles est travaillée tout au long du livre, et appelle inévitablement à des lectures ultérieures pour en tirer toute la sève, en très grande quantité.

Morrinson

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