Bibliothécure
Je me suis décidé à lire autre chose que les infos. Mon nouveau boulot (depuis 2021) me le permet autant qu'il m'y incite. Je vais au mieux présenter ces livres, au pire les critiquer avec mes modestes connaissances. Romans, essais ou récits, tout y passe, j'encense ou je conchie tout ce que je lis.
110 livres
créée il y a presque 4 ans · modifiée il y a environ 2 moisUbik (1969)
Sortie : 1970 (France). Roman, Science-fiction
livre de Philip K. Dick
Furtis a mis 9/10.
Annotation :
Ubik commence dans une société ultra-capitaliste, où mutants et humains augmentés se livrent bataille sur fond d'espionnage industriel. Suite à une attaque mortelle, la réalité que vivent les personnages s'étiole, les frontières temporelles avec. L'existence gagne en abstraction et le néant devient palpable. Noir, déjanté et intense.
Un livre dont j'aimerais voir une adaptation réussie en film. Si vous avez aimé Twin Peaks de David Lynch, Paprika de Satoshi Kon, ou Inception de Christopher Nolan, vous serez servis à la lecture d'Ubik.
Décembre 2020
La Guerre des mondes (1898)
War of the Worlds
Sortie : 1898 (Royaume-Uni). Roman, Science-fiction
livre de H. G. Wells
Furtis a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
L'un des premiers grands romans de science-fiction, et déjà une oeuvre intemporelle. Herbert George Wells dépeint la destruction de l'arrogance humaine par l'invasion des Martiens, plus développés dans leurs technologies que nous et biologiquement différents en de nombreux points. L'être humain, qui se considère tout-puissant car seule forme de vie intelligente, retombe dans ses instincts primitifs quand plus fort que lui s'installe à sa place. Un livre qui fait écho à la colonisation, mais aussi à la condition animale et à l'urgente nécessité de préserver la nature. Et ça date de 1898.
Janvier 2021
King Kong théorie (2006)
Sortie : 2006 (France). Essai
livre de Virginie Despentes
Furtis a mis 4/10.
Annotation :
Virginie Despentes a parfois des pistes de réflexion intéressantes, sur les hommes, les femmes, la pornographie. Elle expose son histoire et son traumatisme du viol avec netteté. Elle raconte aussi son passé de punk puis de pute, mais à part se construire un personnage, je ne vois pas ce que ça apporte.
J'ai du mal à faire la distinction entre féminisme radical et misogynie crasse, ou entre constructivisme et essentialisme, dans ses généralisations hâtives en partie basées d'un côté sur son parcours personnel, de l'autre sur sa bibliographie importée d'Outre-Atlantique et qui intéresse essentiellement des groupes d'extrême-gauche en France. D'un côté les femmes sont telles qu'elles sont car conditionnées par la société et la culture locale (constructivisme), de l'autre les hommes rêvent secrètement de se faire sodomiser et humilier, sans qu'un début d'explication à cette dernière affirmation ne soit donné (essentialisme d'un genre nouveau, sans parler du fait que Despentes lie la sodomie à l'humiliation chez l'homme, ce qui est... moins nouveau). Même ambiguïté très gênante entre critiques du capitalisme et attachement pour celui-ci y compris dans ce qu'il a de plus vil et déshumanisant. D'un côté le capitalisme est un système à dénoncer selon Despentes, de l'autre la prostitution serait une sorte de loisir dominical, presque bourgeois, qui paie bien. Les victimes de la prostitution (qui constituent l'écrasante majorité des anciennes, actuelles et futures putes) apprécieront.
« La provocation est une façon de remettre la réalité sur ses pieds », Bertolt Brecht. De ce que j'ai compris, Virginie Despentes est une provocatrice qui n'a pas peur d'apparaître vulgaire. C'est réussi pour la vulgarité, pas vraiment (ou pas toujours) pour la provocation. Peut-être que Virginie Despentes n'a pas assez relu son texte, elle se serait alors rendu compte du manque de sens de celui-ci ; de son caractère parfois débile. Ou peut-être a-t-elle voulu montrer en toute sincérité comment fonctionne le cerveau d'une ancienne pute, alcoolique et droguée, et si c'est le cas c'est tout à son honneur.
Janvier 2021
Cadavre exquis (2017)
Cadáver exquisito
Sortie : 21 août 2019 (France). Roman
livre de Agustina Bazterrica
Furtis a mis 6/10.
Annotation :
Un monde où l'être humain remplace les animaux suite à une épidémie dont l'origine est régulièrement questionnée. Il s'agit du premier roman de l'écrivaine argentine Agustina Bazterrica. L'autrice décrit dans les moindres détails le processus de création du produit humain, similaire sinon identique à ce que vivent les bouts de viande pour consommation humaine d'aujourd'hui. D'autres petites balades sont proposées, comme un laboratoire à expériences sur sujets humains. Ou encore cette partie de chasse, où la frontière entre humain civil et humain d'élevage se réduit.
Une dystopie au concept simple, profondément pessimiste sur la nature humaine, qui remet en question nos habitudes carnistes et notre rapport à l'altérité animale. Âmes sensibles s'abstenir.
Janvier 2021
Fahrenheit 451 (1953)
Sortie : 1955 (France). Roman, Science-fiction
livre de Ray Bradbury
Furtis a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Ray Bradbury propose une société où la culture n'est plus, à moins d'être manipulée pour mieux servir sa destruction. Symbole de cette société décadente, le livre, principale victime des pompiers pyromanes dont le personnage principal est issu. Après avoir rencontré une jeune femme qui lui fait redécouvrir son rapport au monde, Guy Montag voit son souhait de lire (et de réfléchir, ça va avec) confirmé.
Outre la littérature mise au bûcher, l'auteur nous montre une société aliénée par la quête d'émotion et d'occupation perpétuelles. Il ne faut pas s'ennuyer, cela pourrait amener à la réflexion qui pourrait elle-même amener à la tristesse. Tout comme la lecture ou l'écriture. Parce qu'il permet d'oublier sa propre existence, le divertissement est la raison de vivre de tout un chacun, quand ce n'est pas lui qui tue.
Un livre nécessaire, qui dépeint une société qui nous ressemble de plus en plus, et qui est même identique à la nôtre sur certaines tendances ou produits actuels. 70 ans plus tard, nos cerveaux sont absorbés par les écrans interactifs, les vidéos best-of de gameplay à la Squeezie qui sont des bouillies de situations rocambolesques et de rigolade, et les similis de résumés d'oeuvres littéraires (si si, ça existe, depuis quelques années des gens paient des applications pour lire des résumés d'oeuvres ou d'essais).
Un roman qui se lit en un après-midi. Plusieurs inconvénients : d'abord sa fin, expédiée. Une partie thriller mal racontée. Des manques de description sur la société dans laquelle Montag évolue. Malgré ça, Fahrenheit 451 est un des meilleurs romans d'anticipation de tous les temps.
Mars 2021
Le doute
Sortie : 3 septembre 2015 (France).
livre de S. K. Tremayne
Furtis a mis 4/10.
Annotation :
Un résumé prenant : une petite famille heureuse, un chien et des jumelles, mais l'une d'entre elle décède. Alors que les parents opèrent un déménagement sur une île écossaise pour remettre sur pied leur famille, la fille survivante se met à prétendre être sa soeur. Fantôme ? Esprit ? Explication surnaturelle ou pédopsychiatrique ?
J'ai eu du mal à rentrer dedans. S.K. Tremayne s'est forcé à faire de sa narratrice une figure féminine cliché, qui ne marche principalement qu'à l'émotion et à ses désirs d'adolescente attardée pour son mari. Fatigant. Les descriptions de la nouvelle île de la famille et du paysage environnant se ressemblent à mesure qu'elles sont répétées et tout perd de son charme. Un déroulement et surtout une fin décevante, convenue, prévisible. L'aspect thriller psychologique est là, mais les bons ingrédients manquent pour en faire une réussite.
Je suis vraiment resté simple spectateur de cette histoire. Trop de répétitions, trop de situations exagérées. Une ambiance angoissante et un enchantement des paysages écossais qui ne se transmettent pas. Adaptable en téléfilm d'épouvante qui passe sur W9.
Avril 2021
Et si c'était vrai... (2000)
Sortie : 13 janvier 2000. Roman, Fantastique
livre de Marc Lévy
Furtis a mis 3/10.
Annotation :
C'est beau comme un téléfilm de Noël... Mièvre, simpliste, des passages chiants à mourir (Lili, tu m'as vraiment ennuyé avec tes lettres remises à ton fils), des décisions chez les personnages incompréhensibles. C'est mal écrit. Quelques passages sympas où je me suis laissé avoir par des scènes à l'humour mignon (il m'en faut peu). L'histoire en elle-même aurait pu amener à un bon plaisir coupable, mais j'en attendais trop pour ce premier roman de Marc Lévy.
Avril 2021
Dernières fleurs avant la fin du monde (2018)
Sortie : 15 mai 2018.
livre de Nicolas Cartelet
Furtis a mis 6/10.
Annotation :
Dans le futur proche, les êtres humains, privés de l'ancienne capacité à polluer en tout temps, remplacent les abeilles. Albert, héros impotent, comme la plupart de ses collègues de corvée, rêve secrètement d'un sens à sa vie, qui pourrait passer par la révolte.
La lecture est agréable. C'est un peu clinique, très fluide. La description de la société dans laquelle vivent ces nouveaux esclaves est très intéressante : plus de voitures, et le camion-bus qui amène les ouvriers dans les champs ne doit même pas s'arrêter pour déposer les travailleurs, afin de faire des économies d'essence. Economies toujours avec l'électricité et cette cité qui revit le temps d'une demi-heure le soir, notamment pour la cuisson des aliments. On entre assez bien dans la psychologie du héros, dans ses souvenirs mélancoliques et cruels d'une société auparavant prospère et développée, ou dans ses moments de folie, de panique, de doute et questionnement de soi.
Malheureusement, la deuxième partie de l'histoire, bien qu'elle soit efficacement narrée, ne m'a pas donné les frissons du début. Je ne sais pas trop quoi penser de cette fin. Spoiler : est-ce qu'Albert s'échappe en cette compagnie car il veut de nouveau bander ? Et/ou car il court toujours après le sens de sa vie ?
Avril 2021
Le Joueur d'échecs (1943)
(traduction Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent)
Schachnovelle
Sortie : 1944 (France). Nouvelle
livre de Stefan Zweig
Furtis a mis 9/10.
Annotation :
Le narrateur se retrouve sur un navire de croisière, où il verra se jouer une rencontre hors normes entre le champion du monde d'échecs, et un inconnu qui saura lui tenir tête.
Un roman de moins de 100 pages, qui se lit en moins de deux heures. Ce fut intense. Une mise en abyme qui relate parfaitement la torture mentale et ses conséquences. Une tension pesante, incroyable, intenable, durant les parties d'échecs. Et c'est si bien raconté !
C'est le dernier roman de Stefan Zweig, qui se suicida avec sa femme quelques mois plus tard. C'est aussi son oeuvre la plus connue. Hâte de découvrir d'autres ouvrages de cet auteur.
Avril 2021
Piège nuptial
The Dead Heart
Sortie : 1994 (France). Roman
livre de Douglas Kennedy
Furtis a mis 1/10.
Annotation :
Un thriller dans une micro-société ignorée de tous au beau milieu de l'immensité du bush australien. Le héros, un journaliste miteux en quête d'aventure en Australie, est enlevé pour être marié de force et perpétuer la descendance de la population sur place, qui ne peut pas aller trop loin dans la consanguinité.
Éprouvant car malsain et violent à souhait, ce qui contraste beaucoup trop avec les éclairs de sagesse et de civilité de tous ces personnages plus dégueulasses les uns que les autres. Des éclairs de circonstance qui ne sont là que pour aider le personnage principal dans une intrigue cousue de fil blanc. Les expressions du narrateur sont désuètes sinon ringardes ; j'ai cru lire un bouquin figé dans les années 70, 80 tout au plus (bref, un livre grossièrement destiné aux vieux), alors qu'il a été publié en 1994. Rien ne m'apparaît comme authentique dans cette histoire, je n'y ai pas cru une seconde et j'ai fini le livre aussi vite que possible.
Apparemment, la traduction initiale (sous le titre Cul de sac) serait meilleure. Et il s'agit du premier roman de Douglas Kennedy. Si j'ai envie de faire du bénévolat un jour, je lirai un autre roman du même auteur et peut-être qu'un miracle se produira.
Mai 2021
Ils étaient dix (1939)
(Dix petits nègres)
And Then There Were None
Sortie : 1940 (France). Roman, Policier
livre de Agatha Christie
Furtis a mis 8/10.
Annotation :
Bon on connaît l'histoire, je vais pas la refaire. J'ai vraiment apprécié mais je suis un connard qui s'est divulgaché la fin en voulant voir le nombre de pages du livre haha. C'est le seul Agatha Christie que j'ai lu, et je ne suis pas un habitué des polars, mais je trouve que rendre une affaire impliquant une dizaine de personnes aussi réaliste et logique tout en conservant le suspense jusqu'à la fin, c'est une grande performance.
Mai 2021
Les Enfants d'Icare (1953)
Childhood's End
Sortie : 1977 (France). Roman, Science-fiction
livre de Arthur C. Clarke
Furtis a mis 8/10.
Annotation :
Ça commence en mode Guerre des mondes, avec des vaisseaux extraterrestres qui viennent narguer les Terriens, cette fois en pleine Guerre froide ! Mais il n'y a pas que la temporalité qui diffère avec le roman d'H.G. Wells. Chez Arthur C. Clarke, nos colonisateurs ne sont pas méchants. Enfin, on ne sait pas trop. Et surtout, ils ne se montrent pas.
Tel est la première partie de ce roman, en tout cas. Car l'histoire s'étale sur plusieurs générations humaines. Et plus on avance dans celle-ci, plus on est dans le mystique et l'inéluctable. Alors que les Suzerains ont imposé la Paix mondiale, et que la description de l'idéal atteint m'a semblé très intéressante de la part d'un auteur étasunien des années 50, un sentiment de terrible inquiétude m'est resté en arrière-plan.
J'ai été étonné de l'évolution et du final de l'intrigue. J'ai presque l'impression que ce roman m'a élargi mon champ de représentation de la SF. Et je pense que Les Enfants d'Icare est un parfait contrepied à la Guerre des Mondes. Je ne sais pas trop quoi dire de plus. Je le relirai.
Mai 2021
Les Mangeurs d'étoiles (1966)
Sortie : 1966 (France). Roman
livre de Romain Gary / Émile Ajar
Furtis a mis 8/10.
Annotation :
Des saltimbanques sont invités par un dictateur d'Amérique centrale, José Almayo, à se produire sur scène. Accompagnés de la mère et de la compagne étasunienne du despote, leur voyage est stoppé net sur ordre suprême : finalement, ils seront fusillés.
J'ai vraiment galéré à lire ce bouquin, avant de le dévorer sur la fin. Peut-être quelques longueurs, et des descriptions redondantes qui m'ont un peu embêté. Mais ce qui m'a découragé dans ma lecture, c'est bien la profonde noirceur de cet ouvrage, son pessimisme sur la réalité humaine, sur cette incapacité à atteindre tout but suprême quand on part du bas de l'échelle : on est forcément rattrapé par ses origines.
Le but d'Almayo, c'est d'être béni par le Diable, pour s'assurer la proteccion, la sûreté de sa place et de sa toute-puissance de chef de la Securidad de ce pays d'enfants de putes, de chiens qui méprisent tout acte de faiblesse dont ils pourraient bénéficier, de race encore soumise aux colonisateurs espagnols qui ont éradiqué les Dieux des Cujon, son peuple à lui.
Romain Gary m'a fait découvrir une autre facette de l'Amérique latine avec ce livre. Son histoire semble être directement inspirée de son interlude diplomatique à l'ambassade de La Paz. Elle prend presque la forme d'un témoignage, celui de l'observateur de peuples déchus, livrés à eux-mêmes sur un territoire devenu le sous-continent d'une puissance paternaliste. Ça ne m'étonnerait pas de voir un jour certains esprits accuser l'écrivain de racisme avec ce bouquin, tant les populations amérindiennes y apparaissent misérables, débiles, même primitives, ayant normalisé leur honte séculaire liée à la colonisation.
Une oeuvre noire et profonde, philosophique, et d'une grande ironie.
Juin 2021
La Vie devant soi (1975)
Sortie : 14 septembre 1975 (France). Roman
livre de Romain Gary / Émile Ajar
Furtis a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Un enfant de pute arabe est éduqué par sa mère d'adoption, une vieille juive et ancienne pute, dans le quartier de Belleville. Et Momo, qui n'a pas vraiment d'autre personne à aimer, accompagnera Madame Rosa jusqu'à la mort.
C'est le bouquin le plus touchant que j'ai pu lire jusqu'à présent. Beaucoup de thématiques sociales abordées, la principale étant l'euthanasie, avec un gros clin d'oeil à celle de l'avortement qui faisait l'actualité à la parution du roman. Tous les personnages sont attachants, profondément humains, peut-être un peu trop. En un mot c'était bouleversant.
Cas unique de second Goncourt pour un seul auteur, suite à la supercherie de ce dernier. Le Goncourt initialement attribué à Romain Gary étant Les racines du ciel, en 1956.
Juin 2021
L'Œil du paon (2019)
Sortie : 3 octobre 2019. Roman
livre de Lilia Hassaine
Furtis a mis 5/10.
Annotation :
Une jeune croate est contrainte de quitter son île et la malédiction qui y serait liée, sur ordre de son père. Arrivée à Paris, elle sera accueillie par sa tante et son mari qui la traiteront comme une domestique.
Je suis déçu, je m'attendais à mieux. Lilia Hassaine a un talent indéniable pour faire des chroniques journalistiques pour l'émission Quotidien, mais ça me semble encore tâtonnant pour ce qui est de l'écriture. Un style parfois un peu pompeux ; certaines pensées qui ne nous apprennent pas grand chose ; des personnages importants peu travaillés, tout comme l'histoire qui manque de cadre, de cohérence. Certains événements graves sont traités comme une lettre à la Poste, c'est dommage. Je pense que l'autrice a été trop timide pour son premier livre qui aurait gagné en qualité s'il avait été plus épais. Je retiens une description du Paris jeune et bourgeois, de ses faux-semblants, de ses métamorphoses humaines qui tape dans le juste.
Juillet 2021
L'Ultime Expérience (2020)
Sortie : 7 octobre 2020. Roman, Policier
livre de Bruce Benamran
Furtis a mis 3/10.
Annotation :
J'écris cette critique trois mois après avoir lu ce polar et je me rends compte que j'ai oublié une bonne partie de l'intrigue. Ca commence avec un mec qui apprend qu'il est mort dans un accident de voitures en regardant les infos, et forcément c'est un peu chelou. S'en suivra une traque en mode thriller, et euh, euh, bah ça se lit facilement, même que y'a des dizaines et des dizaines de chapitres dont quelques uns doivent faire la taille d'un paragraphe mais c'est pas grave. Je me rappelle que j'ai eu le sentiment de lire un récit créé à partir d'un gloubi-boulga de tout ce que la SF et le genre thriller ont pu créer jusqu'à présent. Pourquoi ce livre existe ? Pourquoi Bruce Benamran a écrit cette histoire et a jugé bon de lancer une carrière d'écrivain avec ?
Juillet 2021
À la ligne (2019)
Feuillets d'usine
Sortie : 3 janvier 2019. Roman, Poésie
livre de Joseph Ponthus
Furtis a mis 6/10.
Annotation :
Une oeuvre simple, poétique, en vers libres, sur le milieu de l'usine. Joseph Ponthus écrit sur l'intérim, sur ses missions de nettoyage dans des abattoirs ou de transformation de fruits de mer. Certaines pages constituent des fulgurances poétiques profondément ancrées dans le réel.
C'est peut-être à cause de Romain Gary, mais j'ai le léger sentiment que Joseph Ponthus s'est un peu complu dans l'environnement ouvrier pour au final jouer ce rôle de poète du réel, de la souffrance du corps au travail, des galères financières. C'est très médisant de ma part mais j'ai du mal à croire pourquoi ce mec n'a pas cherché du boulot ailleurs. Si cela avait été présenté comme une enquête journalistique, ça m'aurait paru plus véritable, surtout qu'une magnifique sincérité émane du texte. Du coup, je crois en son récit, mais pas en lui, et je sais pas si je suis un connard de faire un pareil 50-50. Bon, depuis il est mort, alors il pourra jamais dire s'il a quand même un peu fait exprès de se mettre dans la merde pour écrire son livre ou non. Repose en paix Joseph, ton récit est quand même important.
Juillet 2021
Le Château de Hurle (1986)
Howl's Moving Castle
Sortie : 2002 (France). Roman, Jeunesse
livre de Diana Wynne Jones
Annotation :
Bon je ne suis pas un adepte de fantasy, je l'ai lu après recommandation d'une collègue, alors je sais pas trop quoi dire. Je sais que c'est le livre qui a grandement inspiré Miyazaki pour Le château ambulant (c'est même une adaptation en fait, très clairement). Diana Wynne Jones a un monde imaginaire bien à elle, ses personnages sont attachants, c'est tout plein de subtiles allégories, c'est parfois rigolo, et ça finit bien. J'ai refermé le livre avec un p'tit sourire en hommage à son caractère sympathique.
Je ne le note pas car je reste très peu passionné par la fantasy.
Juillet 2021
La Petite Dernière (2020)
Sortie : 20 août 2020. Roman
livre de Fatima Daas
Furtis a mis 7/10.
Annotation :
Récit d'une jeune musulmane lesbienne de Clichy-sous-Bois. C'est court et simple. C'est surtout hypersensible et psychanalytique. Elle s'appelle Fatima Daas, elle a sa personnalité, ses problèmes, ses particularités, surtout beaucoup de questions d'identité, elle sait pas où elle va et elle a osé le poser et le publier. Elle écrit pour se raconter mais son écriture seule raconte déjà tout d'elle. Difficile de déterminer si elle a longtemps travaillé son style d'écriture ou si elle a rédigé son texte d'une traite, mais le résultat final paraît authentique.
C'est elle qui avait créé la polémique en affirmant dans la matinale de France Inter que l'homosexualité est un péché et qu'elle ne souhaite pas réformer l'Islam. Je conseille à toute personne ne comprenant pas ses propos la lecture de son livre.
J'aurais tout au moins envie de poser une main sur l'épaule de Fatima Daas. J'aurais tout et (surtout) rien à lui dire. La petite dernière, c'est juste l'expression bouleversante d'un long trauma.
Curieux de voir l'évolution de son autrice, tant dans ses œuvres que dans ses positions.
Août 2021
Normal People (2018)
Sortie : 4 mars 2021 (France). Roman
livre de Sally Rooney
Furtis a mis 8/10.
Annotation :
Une histoire d'amour entre deux Irlandais qui s'étale sur plusieurs années (du collège/lycée jusqu'à la fin de leurs études) et qui décrit avec finesse le rapport à l'être aimé et les turpitudes humaines qui l'accompagnent. Une réflexion sur le sexe et certaines pratiques (le BDSM) qui peuvent résulter de traumatismes et de l'image qu'on a de soi. Une histoire qui questionne la place et la responsabilité de chacun au sein d'une relation amoureuse, sans hurler à la société hétéronormée et aux rôles genrés.
J'écris cette petite critique bien brouillonne longtemps après la lecture. Je me vois bien acheter et relire ce roman qui me semble important.
Août 2021
Soumission (2015)
Sortie : 7 janvier 2015. Roman
livre de Michel Houellebecq
Furtis a mis 7/10.
Annotation :
France, 2022. Mohamed Ben Abbes est élu président de la République, qu'il s’empresse d’islamiser. Notre narrateur est un universitaire spécialiste de J.C. Huysmans, et qui durant son temps libre s'avère être un amateur de putes et de plats préparés à réchauffer au micro-ondes.
Avant de critiquer ce livre, il faut le replacer dans son contexte. Publié le 7 janvier 2015, jour d’attentat à Charlie Hebdo, dont la une du moment présentait un Houellebecq caricaturé. Les rescapés de la fusillade racontent même que leurs amis discutaient du livre de l'écrivain quelques secondes avant d'être abattus. Tragique coïncidence pour certains, ironique pour d'autres, qui conduisit Michel, accusé de jeter de l'huile sur le feu avant la date fatale, à cesser la promotion de son livre deux jours plus tard. De fait, Soumission est sans doute le roman français le plus politique du XXIème siècle – pour le moment.
Ce livre est souvent accusé d'être islamophobe. Peut-être qu'il l'est. Parce qu'il décrit l'Islam tel qu'il s'impose et se pratique dans des pays où il se retrouve au pouvoir, et ça fait peur. Pour autant, il ne parle pas de terrorisme, d'obscurantisme, de retour au Moyen-Âge. Ben Abbes s’avère être un excellent chef d'État, dont certains objectifs soupçonnés sont terrifiants de grandeur, mais qui s’inscrivent dans une vision raisonnable de la politique énergétique de la France, de sa diplomatie, sa langue, sa souveraineté, son indépendance y compris vis-à-vis des monarchies pétrolières. Après tout, il ne représente que la finalité d'une société en mutation, où les citoyens se sont rabattues sur la famille comme principale institution. Les familles qui sont de plus en plus attachées à leurs valeurs, traditions et croyances. C'est le constat qu’il exprime lui-même avant d’être élu! Où est le discours islamophobe là-dedans ?
Houellebecq n'est pas un facho adepte de la théorie du grand remplacement qui vote RN en soum-soum. Il décrit la lâcheté des élites politiques et intellectuelles du pays, vivant dans un cocon socio-culturel parisien qui les déconnecte du reste du pays et qui les fait se croire intouchables. Il décrit les limites du libéralisme, de l'individualisme, de la social-démocratie, et l'état des convictions politiques de nos politiciens au sein de la construction européenne. Ils ont abandonné l'idée que leur pays était une nation à part entière depuis la dilution de la France dans l’UE, et Houellebecq, plutôt que d’en faire un drama, s’en amuse.
Août 2021
La Chute (1956)
Sortie : 1956 (France). Roman
livre de Albert Camus
Furtis a mis 8/10.
Annotation :
Une puissante histoire sur le sentiment de culpabilité. Un long monologue qui se veut un examen de conscience et qui appelle le lecteur à l'introspection. Une oeuvre magistrale, dont on peut tirer de nombreuses citations bien noires sur la nature humaine.
Août 2021
Ravage (1943)
Sortie : 1943 (France). Roman, Science-fiction
livre de René Barjavel
Furtis a mis 7/10.
Annotation :
Paris, 2052. Une société ultra moderne et connectée. Des gratte-ciels, une circulation par les airs en plus des autos sur les quais, des citadins qui ne savent plus comment utiliser leur corps tant ils sont assistés par l'idéal atteint avec le progrès technique. Et puis l'électricité disparaît, et certaines lois naturelles changent. Ainsi commence Ravage, le premier roman de René Barjavel, publié en 1943.
Au début, j'étais dubitatif : beaucoup trop de descriptions de la société dès le départ, Barjavel prend son temps pour nous faire rentrer dans son intrigue. Mais surtout, surtout : la misogynie. Les femmes sont au pire considérées comme des animaux, au mieux comme des enfants. Le monde décrit a beau être moderne et bénéficiant de nombreuses innovations pour le bien de tous, ça reste un monde d'hommes pour les hommes. J'avais aussi cru à une véritable histoire d'amour, mais Barjavel fait de son principal personnage féminin, d'abord présenté comme naïf et candide, un individu vénal, corruptible et lâche. Par la suite, il fera parfaitement partie du décor. François, le héros de l'histoire, est pratiquement un demi-dieu, grand et musclé, leader charismatique et incontesté, d'un sang-froid inébranlable... Ce roman a très mal vieilli.
La survie au sein de Paris et la fuite vers le Sud sont poignantes. L'interlude fantastique à un établissement psychiatrique prouve le génie créatif de Barjavel, tout comme ses qualités d'écrivain quand il s'agit de narrer les processus des morts successives des compagnons de route de François le Français.
La quatrième et dernière partie du roman est assez dérangeante. Est-ce que l'auteur croit à ce qu'il décrit ? Est-ce qu'il critique les errances idéologiques de son propre héros ? Est-ce une apologie du pétainisme comme certains le proclament ?
En bref, un roman assez inégal, partiellement désuet, mais qui mérite d'être lu, surtout quand on est un adepte de la théorie de l'effondrement ou du retour à la terre.
Août 2021
Le Petit Prince (1943)
Sortie : 1943 (France). Conte, Jeunesse
livre de Antoine de Saint-Exupéry
Furtis a mis 8/10.
Annotation :
C'est beau et touchant, et ça me paraîtrait prétentieux de chercher à en dire plus. Déso pas déso
Août 2021
Un bonheur insoutenable (1970)
(traduction Frank Straschitz)
This Perfect Day
Sortie : octobre 1970 (France). Roman, Science-fiction
livre de Ira Levin
Furtis a mis 4/10.
Annotation :
Quand je vois que ce bouquin est mieux noté que La chute ou L'étranger j'ai envie de hurler. C'est de la SF, ça parle à un lectorat bien précis, et à l'heure où j'écris l'expression de mon indignation il n'y a que 800 pélos qui ont noté Un bonheur insoutenable. Mais tout de même.
C'est de la SF donc. Pas du genre extraterrestres space opera bang bang colonisation de l'espace. Plutôt du genre anticipation et dystopie. Dans ce monde futuriste, l'être humain voit sa vie gérée par Uni, ordinateur suprême placé au coeur des Alpes et vénéré tel un Dieu omniscient, à tel point que lorsqu'un semblable nous rend service, ce n'est pas lui qu'on remercie, mais Uni. Un comportement en cohérence avec cette société où tout acte discordant peut être dénoncé aux autorités (donc à Uni). Tout humain reçoit un traitement médicamenteux et hormonal adapté à sa situation, bien sûr décidé par Uni, qui vise officiellement à le garder dans le droit chemin avec bienveillance, officieusement à limiter sa curiosité, son esprit critique ou son sens de l'initiative.
On l'aura compris, Un bonheur insoutenable est une critique du totalitarisme, mais particulièrement quand il est communiste. Parmi les quatre piliers de cette civilisation placée sous surveillance massive, figure le nom de Marx (la journée de mardi est d'ailleurs renommée marxdi). Autant l'aspect thriller et aventure est bien géré, autant ça me semble trop manichéen, et trop "gros sabots". On dirait par moments un texte de propagande libertarienne, c'est gênant. D'autres passages du bouquin sont gênants voire choquants, pour d'autres raisons.
Je veux bien croire que cette oeuvre s'inscrit dans la lignée des dystopies du type 1984 et Le meilleur des mondes, mais celle-ci me semble en partie ratée. Trop manichéen, manque de finesse. Je ne regrette pas sa lecture surtout en gardant en tête que ça date de 1970, et je ne nie pas que certains aspects de cette société ressemblent à ceux de notre monde actuel.
Août 2021
La Ferme des animaux (1945)
(traduction Jean Queval)
Animal Farm
Sortie : 1981 (France). Roman
livre de George Orwell
Furtis a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
La critique du totalitarisme et du despotisme, mais en mieux. Car plus simpliste et plus clair tout en restant subtil, et ne se perd pas dans des détails qui rappelleraient un type de société plus qu'un autre. La ferme des animaux pourrait être renommée "Le totalitarisme pour les nuls" mais c'est une histoire bien racontée, certains animaux ou espèces représentant grossièrement un type de rapport citoyen à la société et à son évolution vers l'autoritarisme. Ce n'est pas non plus un chef-d'oeuvre à mon sens, mais c'est une oeuvre indispensable pour comprendre comment peut se créer un régime totalitaire.
Août 2021
L'Étranger (1942)
Sortie : 19 mai 1942. Roman
livre de Albert Camus
Furtis a mis 9/10.
Annotation :
Décidément je trouve les oeuvres de Camus sévèrement notées sur SensCritique. Ou je suis un inculte qui manque encore d'expériences littéraires pour appréhender avec justesse ses écrits. L'étranger me semble pourtant être un formidable plaidoyer contre la peine de mort. Je me suis senti à la place de Meursault, le narrateur, cet homme sur qui tout semble couler, et qui surprise, s'offre le luxe de réagir à la toute fin de l'histoire, quand l'inéluctable est présent, en dévoilant une part de son humanité. Très court mais très intense. Chef-d'oeuvre.
Août 2021
Comme nous existons
Sortie : août 2021 (France). Récit
livre de Kaoutar Harchi
Furtis a mis 3/10.
Annotation :
Je ne comprends pas où veut en venir Kaoutar Harchi. Son récit représente très bien son sentiment de nostalgie pour un pays qu'elle n'a pas connu, et d'être étrangère dans celui où elle est née. Elle évoque des faits durs, traumatisants pour un quartier entier, et les micro-agressions qu'elle a subi sont marquantes et représentatives d'une France qui ne reconnaît pas les citoyens d'origine arabe comme des Français.
Mais j'ai à lui reprocher son regard de sociologue trop présent sur son propre récit, par exemple quand elle lie "privilège blanc" et "privilège bourgeois" sur la base d'un quartier scindé entre cité (arabes) et zone pavillonaire (blancs). C'est trop simpliste, on verse dans la généralisation hâtive d'extrême-gauche. A partir de là, je me suis senti mal à l'aise, par exemple quand elle décrit le physique des jeunes filles blanches qu'elle aperçoit dans le bus, avant justement de se faire agresser par ces dernières. Derrière ses mots, je ne ressens pas que de la curiosité, pas que de la jalousie, mais de la haine. Et rien n'est ajouté dans le texte qui puisse infirmer mon impression et me rassurer.
Je ne comprends pas pourquoi elle déresponsabilise autant les parents de cité quant à l'éducation de leurs gosses, comme si naître en cité, c'est forcément être un enfant perdu, comme si habiter en cité, c'est forcément l'impossibilité d'être parent. Quant à l'agression physique visant l'une de ses amies et son voile, je suis désolé de n'avoir que ce commentaire à émettre mais je ne comprends pas pourquoi elle amalgame port du voile et origines arabes quand elle en parle.
C'est pourtant bien écrit, c'est pourtant intéressant à suivre comme parcours de vie, et diverses pensées de l'autrice sont touchantes et parfaitement intelligibles. Kaoutar Harchi déplore dans son livre comme dans ses interviews que sa mère a tout fait pour lui donner un avenir en choisissant à sa place son parcours scolaire. Qu'elle s'en plaigne, je peux le comprendre, mais elle ne le fait pas pour des bonnes raisons à mon sens.
Août 2021
Le Fils de l'homme (2021)
Sortie : 19 août 2021. Roman
livre de Jean Baptiste Del Amo
Furtis a mis 6/10.
Annotation :
Un homme revient soudainement vers son ex-compagne et son fils pour les convaincre de repartir vivre en pleine forêt montagneuse. C'est le début d'un huis-clos familial.
Un récit au vocabulaire élaboré, aux descriptions très détaillées, qui peuvent parfois donner le sentiment d'alourdir inutilement le récit mais qui permettent également de mieux se plonger dans celui-ci. De le vivre pleinement, de se sentir partie intégrante de l'atmosphère qui se dégage dans chaque scène.
Malsain, glacial, cruel. Mais beau et reposant dans cette connexion à la nature.
Septembre 2021
Je suis une fille sans histoire (2021)
Sortie : 5 mars 2021. Essai, Littérature & linguistique
livre de Alice Zeniter
Annotation :
Alice Zeniter nous offre un très court essai féministe sur le thème de la narration. Elle nous y explique que l'art du récit a toujours été une affaire d'hommes, et nous rappelle l'importance des histoires dans notre construction personnelle. Elle proclame que la narratologie et la sémiologie sont des sciences à ne pas sous-estimer tant elles font partie intégrante du patriarcat.
C'est de l'écrit-parlé et c'est souvent drôle, car Je suis une fille sans histoire est d'abord une conférence littéraire de l'autrice, produite par la Comédie de Valence.
Ca se lit en une petite heure. Même si la légèreté du ton et du bouquin est apaisante, je regrette tout de même le manque de cadre et d'approfondissement. Mais je peux comprendre qu'Alice Zeniter n'ait pas cherché à aller plus loin sur le sujet, elle aurait alors pris le risque de perdre pas mal de monde.
Septembre 2021