Biopics sur l'histoire du rock
Le cinéma a eu un bébé et il s’appelle rock’n’roll… Enfants terribles du XXe siècle, ces deux expressions du génie populaire et de la culture de masse n’ont cessé, depuis maintenant plus d’un demi-siècle, d’entretenir des relations incestueuses. Elvis, pour ne citer que lui, était un cinévore ...
Afficher plus21 films
créée il y a plus d’un an · modifiée il y a plus d’un anJersey Boys (2014)
2 h 14 min. Sortie : 18 juin 2014 (France). Biopic, Drame, Comédie musicale
Film de Clint Eastwood
Annotation :
Nous voici au début des années 60, en 1962 plus précisément. Le rock’n’roll a été bâillonné par la majorité bien-pensante et la british invasion prépare secrètement sa Blitzkrieg. Mais pour l’heure les USA baignent en plein "american dream" sous la présidence du jeune et beau JFK – mais plus pour longtemps… C’est alors que les Four Seasons, boys band italo de doo-wop originaire du New Jersey, explosent sur les ondes radio avec leur tube de pop guimauve irrésistible "Sherry" (on préféra cependant le fameux "Beggin’" de 1965). Clint Eastwood, connu pour son amour de la musique sous toutes ses formes ("Honkytonk Man", "Bird") décide de consacrer un biopic à leur leader à la voix de cartoon, Frankie Valli. Le résultat s’avèrera malheureusement décevant car naïf et vraiment trop cliché et trop prévisible, sans compter que l’acteur principal manque cruellement de charisme. Heureusement la reconstitution vintage sauve quelque peu la mise.
Love & Mercy - La véritable Histoire de Brian Wilson des Beach Boys (2015)
Love & Mercy
2 h 02 min. Sortie : 1 juillet 2015 (France). Biopic, Drame
Film de Bill Pohlad
Annotation :
Parallèlement aux Four Seasons, mais aussi aux girls bands de Spector ou de Motown, les Beach Boys, fratrie de blondinets californiens adeptes de surf, vont révolutionner la pop musique en portant une attention toute particulière à la phase de production de leurs disques, sous la férule de leur compositeur génial et torturé Brian Wilson – qui rendra fou de jalousie Paul et John par ses arrangements avant-gardistes sur "Pet Sounds" (1966), auquel les Fab Four répondront par leur fameux "Revolver" la même année. Ce biopic de 2015 évoque en parallèle deux moments-clés de la vie de Wilson : celui où il compose et arrange les albums "Pet sounds" et "Smile" en 1966-1968 (et sombre peu à peu dans la folie) et celui où il rencontre sa seconde épouse dans les années 1990. Le film a l’avantage d’innover en termes de storytelling et d’essayer de pénétrer l’esprit torturé de Brian. Mais le fait d’avoir confié le rôle à deux acteurs distincts, pour les deux époques évoquées distantes d’un quart de siècle, demeure cependant quelque peu déstabilisant. Et, disons-le, autant Paul Dano est particulièrement crédible dans la peau du Brian Wilson de 1966-67, autant Paul Cusack déconcerte sous les traits du musicien quinquagénaire (où est la ressemblance ?). Pour autant "Love & Mercy" reste un film fort intéressant à voir absolument.
I'm Not There (2007)
2 h 15 min. Sortie : 5 décembre 2007 (France). Biopic, Comédie dramatique, Musique
Film de Todd Haynes
Annotation :
On ne présente plus Bob Dylan, le chantre de la contre-culture, héros folk et messie rock – et depuis peu Prix Nobel de littérature – qui apporta à la pop music dès 1963 ce qui jusqu’alors lui manquait cruellement : une conscience politique et des textes littéraires. Insaisissable, génial, agaçant, opportuniste… impossible de résumer ce troubadour incorruptible à un seul trait de caractère. C’est la raison pour laquelle l’iconoclaste Todd Haynes décida de faire appel à six acteurs pour l’incarner, parmi lesquels un enfant noir et une femme (incroyable Cate Blanchett dans la peau de la rock star époque 1966). L’idée est plutôt intéressante quand on sait combien Bob le caméléon n’a cessé de changer d’identités, de styles, de religions, etc. tout en s’inventant des vies imaginaires. Sans compter que Dylan méritait mieux qu’une pauvre hagiographie conventionnelle et nunuche. Mais le fait est que l’exercice de style (chaque période évoquée, montée en parallèle avec les autres, est filmée dans un style différent) finit par lasser et passe du coup à côté de la fonction première de tout biopic qui se respecte : nous rendre une personnalité plus humaine. Or ici on n’en saura pas plus sur Bob Dylan avec ce film qui n’aura finalement fait que perpétuer les mythes l’entourant (même s’il essaie de capturer l’essence de son personnage). Et on en sort du coup quelque peu frustré.
Jimi: All Is By My Side (2013)
1 h 58 min. Sortie : 26 mai 2015 (France). Biopic, Drame, Comédie musicale
Film de John Ridley
Annotation :
Bonne surprise que ce "Jimi : all is by my side" sorti en 2013 et réalisé par un scénariste afro-américain, celui de "12 Years a Slave" entre autres. La ressemblance entre l’acteur, André 3000 (fondateur du groupe OutKast) et le musicien noir est troublante, surtout dans sa manière de bouger et de jouer, et jusque dans la voix. La reconstitution du Swinging London est aussi particulièrement soignée (coiffures, tenues, décors), ainsi que la réalisation. Le récit évoque l’année 1966 durant laquelle Hendrix voit sa carrière décoller sous la houlette du bassiste des Animals, Chas Chandler, qui le fit venir en Angleterre pour le produire et le faire enregistrer avec Noël Redding (à la basse) et Mitch Mitchell (à la batterie) au sein du Jimi Hendrix Experience. L’une des scènes peut-être les plus intéressantes est celle où la future rock star est contrôlée par des bobbies qui supportent mal de voir un Noir au bras d’une jeune fille blanche. Une manière de rappeler une réalité qu’on occulte souvent tant Hendrix semble venir d’une autre planète : en 1966 le racisme anti-noir était une réalité violente, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. L’autre aspect intéressant du film est la relation de Jimi avec son père, son passé et ses racines afro-américaines, souvent minimisées elles aussi. Pour le reste, on ne peut que déplorer le fait là encore qu’il n’y ait aucune chanson d’Hendrix dans la B.O. Et c’est même carrément frustrant. Heureusement il reste quelques standards de blues joués à la manière du "voodoo child". Le réalisateur explique d’ailleurs avoir resserré son intrigue à la seule année 66, époque où le chanteur ne faisait encore que des reprises, parce qu’il ne parvint pas à acquérir les droits musicaux. Étonnant quand même qu’il ait fallu attendre si longtemps pour qu’un « biopic » sur le plus célèbres des guitar hero ait été réalisé. Malheureusement, le film reçut un accueil très mitigé. Dommage, il méritait mieux.
Les Doors (1991)
The Doors
2 h 20 min. Sortie : 30 avril 1991 (France). Biopic, Drame, Musique
Film de Oliver Stone
Annotation :
The Doors fut assurément le groupe qui, après le Velvet Underground de Lou Reed, explora la part d’ombre morbide du rock (cf. "The End") alors plongé en plein acid trip psyché du "summer of love". Jim Morrison et ses acolytes eux, loin de l’optimisme béat ambiant, proposèrent dès 1967 un rock théâtral, dark et violent, préfigurant les Stooges et autre Patti Smith Group. Mort en 1971 à tout juste 27 ans, le charismatique, fascinant, excessif et autodestructeur Jim Morrison entra immédiatement dans la légende du rock tant il en incarnait l’essence même : « vivre vite, mourir jeune ». Vingt ans plus tard, Oliver Stone – grand fan des Doors – en réalisa le biopic. Par les moyens engagés (des centaines de figurants pour les scènes de concerts), la qualité de l’interprétation (Val Kilmer chante même certains morceaux), la participation des Doors en tant que conseillers et la richesse de la B.O. (le réalisateur a eu un accès complet aux enregistrements, bandes démo, etc.), "The Doors" est indéniablement le premier grand biopic sur l’histoire du rock avant la grande vague des années 2000-2010 (même s’il y eut quand même dans les années 80 "La Bamba" et "Great Ball of Fire" sur le rock’n’roll). Sans compter que la réalisation est particulièrement soignée et inventive de sorte que le film fonctionne même sans qu’il soit besoin d’être fan du groupe. Il est vrai que le cinéaste a réussi à communiquer sa fascination pour Mr Mojo Rising au risque parfois d’en rajouter – ce que lui reprochera Ray Manzarek – mais n’est-ce pas la fonction essentielle du cinéma que de créer des mythes ?
Rocketman (2019)
2 h 01 min. Sortie : 29 mai 2019 (France). Biopic, Drame, Musique
Film de Dexter Fletcher
Annotation :
Au début des années 70, le rock se diversifie encore un peu plus avec d’un côté la sobriété des singers-songwriters (style James Taylor) et de l’autre l’exubérance du glam-rock (style Bowie). Un demi-siècle ans plus tard deux biopics reviendront coup sur coup sur la carrière de deux des plus grandes rock stars des cette époque : Elton John ("Rocket Man") et Freddy Mercury ("Bohemian Rhapsody") qui partagent plusieurs points en commun : ils sont anglais, débutent à la fin des années soixante, ils sont gays et affichent sur scène des tenues kitchissimes hautement improbables. En somme de bons sujets de mélos mêlant souffrance existentielle (liée à leur homosexualité mal vécue par leur famille et qu’ils ont du mal à assumer dans un premier temps) et décorum haut en couleur. Dans les deux cas on ne peut que saluer le choix du casting - des acteurs inconnus qui partagent quelques convaincantes ressemblances avec leurs modèles (Rami Malek remportera d’ailleurs l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Freddy Mercury). Idem du côté de la reconstitution, irréprochable, jusque dans les moindres détails des tenues. Il faut dire que les projets ont reçu le soutien des premiers concernés : les membres de Queen supervisèrent la production de "Bohemian Rhapsody" dès les débuts, quant à Elton John il est à l’origine et – à ce titre – fut le producteur exécutif de "Rocket Man". Par ailleurs les deux films ont bénéficié de budgets conséquents visibles à l’image (avec cependant des incrustations sur fonds verts pour reconstituer les foules des concerts). Bref que des atouts. Mais pourquoi alors ce sentiments d’insatisfaction ? De déjà-vu ? Pourquoi cette impression de revoir le même conte de fée lisse et consensuel, la même succes story passée à la moulinette Walt Disney ? La même mystification divertissante à but hautement lucratif ? La même recette édifiante ? A savoir : ascension fulgurante d’un génie musical précoce / solitude de l’artiste ayant pour conséquence des excès en tous genres (sexe & drogue) / et enfin rédemption (et/ou mort) moralisatrice... Mais le plus agaçant dans ces deux hagiographies c’est leur volonté de gommer au maximum tout ce qui pourrait déplaire ou choquer le grand public afin de livrer un produit aseptisé des plus commercial, ou tout ce qui pourrait entacher l’image de l’icône sacralisée – ce qui revient au même : "Bohemian Rapsody" s’arrête par exemple en 1985, avec le concert de Queen au Live Aid qui marque le sommet de leur carri
Bohemian Rhapsody (2018)
2 h 14 min. Sortie : 31 octobre 2018 (France). Biopic, Drame, Musique
Film de Bryan Singer
Annotation :
Au début des années 70, le rock se diversifie encore un peu plus avec d’un côté la sobriété des singers-songwriters (style James Taylor) et de l’autre l’exubérance du glam-rock (style Bowie). Un demi-siècle ans plus tard deux biopics reviendront coup sur coup sur la carrière de deux des plus grandes rock stars des cette époque : Elton John ("Rocket Man") et Freddy Mercury ("Bohemian Rhapsody") qui partagent plusieurs points en commun : ils sont anglais, débutent à la fin des années soixante, ils sont gays et affichent sur scène des tenues kitchissimes hautement improbables. En somme de bons sujets de mélos mêlant souffrance existentielle (liée à leur homosexualité mal vécue par leur famille et qu’ils ont du mal à assumer dans un premier temps) et décorum haut en couleur. Dans les deux cas on ne peut que saluer le choix du casting - des acteurs inconnus qui partagent quelques convaincantes ressemblances avec leurs modèles (Rami Malek remportera d’ailleurs l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Freddy Mercury). Idem du côté de la reconstitution, irréprochable, jusque dans les moindres détails des tenues. Il faut dire que les projets ont reçu le soutien des premiers concernés : les membres de Queen supervisèrent la production de "Bohemian Rhapsody" dès les débuts, quant à Elton John il est à l’origine et – à ce titre – fut le producteur exécutif de Rocket Man. Par ailleurs les deux films ont bénéficié de budgets conséquents visibles à l’image (avec cependant des incrustations sur fonds verts pour reconstituer les foules des concerts). Bref que des atouts. Mais pourquoi alors ce sentiments d’insatisfaction ? De déjà-vu ? Pourquoi cette impression de revoir le même conte de fée lisse et consensuel, la même succes story passée à la moulinette Walt Disney ? La même mystification divertissante à but hautement lucratif ? La même recette édifiante ? A savoir : ascension fulgurante d’un génie musical précoce / solitude de l’artiste ayant pour conséquence des excès en tous genres (sexe & drogue) / et enfin rédemption (et/ou mort) moralisatrice... Mais le plus agaçant dans ces deux hagiographies c’est leur volonté de gommer au maximum tout ce qui pourrait déplaire ou choquer le grand public afin de livrer un produit aseptisé des plus commercial, ou tout ce qui pourrait entacher l’image de l’icône sacralisée – ce qui revient au même : "Bohemian Rapsody" s’arrête par exemple en 1985, avec le concert de Queen au Live Aid qui marque le sommet de leur carrièr
Les Runaways (2010)
The Runaways
1 h 46 min. Sortie : 15 septembre 2010 (France). Biopic, Drame, Historique
Film de Floria Sigismondi
Annotation :
Enfin un biopic rock au féminin ! (même s’il y eut quand même avant "The Rose" lointainement inspiré de la vie de Janis Joplin). Les Runaways (les « fugueuses ») c’est l’histoire de jeunes californiennes, rock’n’roll en diable, et plus particulièrement de l’amitié turbulente entre la blonde juvénile Cherie et la brune rebelle Joan. Situé quelque part entre le glam rock et le hard rock, le groupe enchaina quelques hits (dont le plus fameux "Cherry Bomb") avant de disparaître des radars pop après seulement quatre petites années de carrière (1975-1979). Il n’empêche, le band marqua l’histoire du rock ne serait-ce que parce qu’il était composé uniquement de filles au caractère bien trempé et à l’image provocante, sexy et trash. Pour ce qui concerne le film, et même si la réalisation de la clipeuse italienne Floria Sigismondi est de très bonne facture, "The Runaways" ne sort pas des sentiers battus de tout bon biopic rock qui se respecte. Reste le plaisir de la reconstitution vintage seventies et les piquantes interprétations de Dakota Fanning (Cherie Curie) et de Kristen Stewar en Joan Jett, future chanteuse de l’hymne rock définitif "I Love Rock’n’roll" (1982).
Sid & Nancy (1986)
Sid and Nancy
1 h 49 min. Sortie : 19 novembre 1986 (France). Drame, Biopic
Film de Alex Cox
Annotation :
Le Punk : comment faire plus sensationnaliste et plus photogénique ? Le mouvement lui-même – en tant que phénomène de mode – est d’ailleurs né d’un coup de pub savamment orchestré par un styliste-manager avisé, le controversé Malcolm McLaren. Son groupe : les Sex Pistols, une bande de sales gosses mal-élevés qui va secouer une jeunesse anglaise apathique assommée par des nuages de fumée de marijuana, un rock prog prétentieux et soporifique et les délires mégalo-narcissiques d’une flopée de diva sur le retour (Mick Jagger, Rod Stewart, Elton Jones et consorts). Eins ! Zwei ! Drei ! Et voilà que déboule soudain d’on ne sait quelle planète une bande de prolos mal nourris, au teint blafard, hirsutes et énervés, attifés comme des clochards qui se seraient pris un décharge de 2000 volt, et dont le seul programme semble être de tout foutre en l’air en vomissant leurs litres de bières bon marché sur la Couronne et les rockeurs embourgeoisés en 2 minutes trente seconde top chrono (solo de guitare et de batterie non compris). Anarchy in the UK ! Effet garanti. Et si dans l’imagerie destroy punk il ne fallait retenir que l’un d’entre eux, ce serait assurément Sid Vicious, le bassiste complètement tordu des Pistols. Dee Dee Ramone raconta que lorsqu’il le croisa pour la première fois, ce fut dans les chiottes infectes d’une boîte malfamée ; Sid était en train d’utiliser l’eau des WC maculés de pisse et de vomi pour se faire un fix… ça situe bien le personnage. Pour ne rien gâter à la légende, le post-ado insupportable mourut en 1979 à 21 ans. Sept ans plus tard l’anglais Alex Cox en réalisait le biopic avec dans le rôle-titre le débutant déjà doué Gary Oldman (repéré deux ans plus tôt dans le rôle d’un skinhead inquiétant chez Mike Leigh dans "Meantime"). Le résultat n’est pas inintéressant mais a quand même le défaut condamnable de perpétrer une image fausse et stéréotypé des punks, réduits pour l’essentiel à des abrutis irrécupérables et autodestructeurs. Tant pis. Pour l’anecdote, Courtney Love, futur Madame Kurt Cobain, y interprète un rôle secondaire.
Control (2007)
2 h 02 min. Sortie : 26 septembre 2007 (France). Biopic, Drame, Musique
Film de Anton Corbijn
Annotation :
Après les chaleureuses et utopiques années "flower power", les clinquantes années glam et les tonitruantes années punk, une brise glaciale s’abat sur la pop en provenance des pays du nord de l’Europe. Ce courant froid, minimaliste, sombre et métallique, fut justement baptisé « cold wave » chez nous, et « post-punk » outre-Atlantique. Parmi ses groupes emblématiques (The Cure, Depeche Mode,..) figure en bonne place Joy Division (nom emprunté à celui des bordels nazis…). Formé à Manchester en 1978, le groupe n’aura vécu que deux années avant le suicide par pendaison de son leader, le chanteur Ian Curtis, mort à seulement 23 ans… C’est cette histoire tragique que le clipeur hollandais Anton Corbijn (Depeche Mode, U2…) choisit de porter à l’écran pour son premier long. Résulat, un sans faute : une photographie noir et blanc sublime et sinistre à la fois, un acteur aux faux airs de Pete Doherty habité par son rôle (notamment dans sa façon de danser comme un épileptique à la manière de Curtis), une réalisation impeccable et une B.O. aux sonorités indus aliénantes et aux paroles entêtantes (« she’s lost control… »). Bref un modèle du genre, indiscutablement.
The Dirt (2019)
1 h 48 min. Sortie : 22 mars 2019 (États-Unis). Biopic
Film de Jeff Tremaine
Annotation :
Le hard rock et le métal n’avait jusqu’alors pas eu droit à un seul biopic… C’est chose faite avec ce Dirt (« saleté ») retraçant la carrière du groupe de glam metal américain Mötley Crüe durant la décennie 80, formation qui défraya de nombreuses fois la chronique par l’attitude complètement déjantée de ses membres aux cheveux hirsutes adeptes de leggings panthères, j’ai nommé Tommy Lee, Mick Mars, Vince Neil et Nikki Sixx. Ce qu’on leur reprocha : quelques broutilles comme des actes de vandalismes en tournées, l’utilisation abusive de drogues, des attentats à la pudeur à la chaîne… Bref, tout le décorum rock’n’roll bien destroy. Et ce que l’on peut dire c’est que ce biopic ne joue pas la carte de l’euphémisme tant le récit enchaine les scènes chocs (de shoots et de Q bien crades…). En même temps le réalisateur n’est autre que celui de Jackass sur MTV… Un film sympatoche en somme destiné en priorité aux amateurs de grosses déconnades bien potaches tendance Wayne’s Word .
Last Days (2005)
1 h 37 min. Sortie : 13 mai 2005 (France). Drame
Film de Gus Van Sant
Annotation :
Nirvana demeure incontestablement le groupe de la décennie 90, celui qui se hissa à la hauteur des mythiques rock bands des sixties. Le fait que Kurt Cobain mourut à 27 ans, tout comme Jones, Hendrix, Joplin et Morrison, ne fit bien sûr qu’ajouter à la légende. Mais "Last Days" n’est pas à proprement parler un biopic, déjà parce qu’il n’évoque que les derniers jours de Cobain, mais aussi parce que n’y figure aucune chanson de Nirvana et enfin et surtout parce le personnage se prénomme Blake et non Kurt. Mais le fait est que Gus Van Sant a imaginé les dernières heures de la vie de la star suicidaire et que les faits relatés, l’interprétation, les habits et le décor sont calqués sur la réalité. Pour le reste, le film est avant tout un exercice de style comme nous y a habitué Van Sant ("Elephant", "Gerry"), avec de longs plans muets flottants où l’on suit le personnage dans son errance sans but, tel un fantôme déjà mort, une ombre de lui-même. Filmé avec un minimalisme déprimant, censé bien sûr nous communiquer l’état d’esprit de Cobain avant son suicide, le résulta s’avère tout à la fois intéressant, original, déroutant, fascinant ou ennuyant, au choix.
Greetings from Tim Buckley (2012)
1 h 39 min. Sortie : 3 mai 2013 (États-Unis). Drame, Biopic, Musique
Film de Daniel Algrant
Annotation :
Jeff Buckley est l'autre grande rock star des années 90 à mourir trop jeune (avec aussi Shannon Hoon, le chanteur des Blind Melon, décédé d'une overdose de cocaïne en 1995 à tout juste 28 ans) . Jeff lui s'est noyé lors d'une baignade nocturne dans une rivière à Memphis à l'âge de 30 ans, en 1997, alors qu'il enregistrait son second album après le magnifique et élégiaque Grace. Or Jeff Buckley n'était autre que le fils de Tim Buckley, célèbre chanteur folk des sixties mort lui aussi prématurément d'une overdose d'héroïne en 1975 à l'âge de 28 ans. Tout comme Last Days, "Greeting From Tim Buckley" n'est pas vraiment un biopic, il raconte les quelques jours entourant le concert-hommage à Tim Buckley organisé à New York en 1991 qui révéla le talent du fils. Quelques flashbacks retracent les débuts de Tim en 1966 - année de naissance de Jeff - et le récit se focalise sur cet événement charnière qui permis d'une certaine manière à Jeff de tourner la page de son rapport complexe à son père absent. L'interprétation est solide (mention spécial à Penn Badgley) et la musique très fidèle. Un film à voir pour quiconque s'intéresse à la carrière de Jeff (et/ou de Tim) ou tout simplement qui aime les bons petits films indé sensibles.
Stardust (2020)
1 h 49 min. Sortie : 23 juin 2021 (France). Biopic, Drame, Musique
Film de Gabriel Range
Nowhere Boy (2009)
1 h 38 min. Sortie : 8 décembre 2010 (France). Biopic, Drame, Comédie musicale
Film de Sam Taylor-Johnson
Annotation :
"Nowhere Boy" (2009) de Sam Taylor-Wood évoque les dernières années de l’adolescence de Lennon à Liverpool (alors qu’il a 15-17 ans) et s’achève en 1960 avec le départ des futurs Beatles pour Hambourg – là où commence en fait "Backbeat" (Iain Softley, 1994). L’intérêt du film réside ainsi essentiellement dans le choix de la réalisatrice de laisser de côté la « mythologie Beatles » pour se focaliser sur une personnalité en gestation et brosser le portrait d’un jeune homme finalement assez « ordinaire ». Le fait que le quidam soit baptisé John Lennon finirait presque par paraître anecdotique. D’ailleurs Taylor-Wood n’a pas cherché à filmer des sosies, sans doute pour mieux prendre ses distances avec le mythe mais aussi, assurément, pour se concentrer davantage sur la vérité intérieure des personnages. Car ce que le film nous raconte c’est surtout l’histoire douloureuse d’un jeune garçon de l’Angleterre d’après-guerre, abandonné par ses parents et tiraillé par l’amour qu’il porte à deux femmes, sa tante Mimi et sa mère Julia. C’est sans doute ici, dans l’attention qu’elle porte à ces portraits de femmes iconoclastes et antagonistes que la réalisatrice apporte sa plus grande contribution à la connaissance du personnage Lennon. D’où d’ailleurs ce titre « Nowhere Boy », l’enfant de nulle part. Car là où les autres biopics choisissaient d’insister sur le contexte socioculturel des années d’apprentissage (milieu ouvrier, blouson noir, camaraderie), Sam Taylor-Wood nous plonge elle dans la dimension psychologique – pour ne pas dire psychanalytique – de John, l’enfant mal-aimé, l’ado révolté et le futur jeune homme blessé. Et si Lennon n’est de « nulle part » c’est justement parce qu’il n’a pas eu de foyer stable, mais aussi parce qu’il a navigué entre deux univers opposés : le modèle petit-bourgeois, puritain et rigoriste de Mimi et celui déluré et fantasque de Julia. Vu sous cet angle, on comprend mieux alors la singularité de John Lennon et l’urgence créatrice qui l’anime, surtout quand on réalise que c’est Julia qui lui fait découvrir Elvis et le rock’n’roll peu de temps avant sa mort. Voir "Nowhere Boy" nous permet ainsi de mieux saisir la complexité - et la fragilité - du futur Beatle et éclaire d’un jour nouveau nombre de compositions comme "I’m a Looser", "Help", "Julia", "Maggie May", "Don’t Let Me Down", "Mother"…
Backbeat (1994)
1 h 40 min. Sortie : 15 juin 1994 (France). Biopic, Drame, Comédie musicale
Film de Iain Softley
Annotation :
"Backbeat" (1994) débute quand prend fin "Nowhere Boy" (Sam Taylor-Wood, 2009), au moment ou les Beatles partent pour Hambourg. Le parti pris du réalisateur anglais Iain Softley a été de centrer le récit sur la courte existence du “cinquième Beatles”, le beau Stuart Sutcliffe, artiste peintre maudit – et, accessoirement, bassiste du groupe – mort prématurément à l’âge de 21 ans d’une hémorragie cérébrale. Inconvénient : le film n’évoque que les années 60-62 et, surtout, n’offre à Lennon et à McCartney que des rôles secondaires pas toujours très valorisants. Mais le film vaut quand même le coup d’œil tant il parvient à transcrire parfaitement l’énergie et le brin de folie qui animaient alors les jeunes Beatles convertis à la rock-attitude synonyme de blousons noirs, de décibels sauvages, d’amphétamines et de sexe. Le récit nous permet là aussi de comprendre les cicatrices de Lennon au regard de son attachement pour Stuart, autre être aimé disparu trop tôt.
Le Roman d'Elvis (1979)
Elvis
2 h 30 min. Sortie : 22 août 1979 (France). Biopic, Musique
Téléfilm de John Carpenter
Annotation :
Précisons d'abord que "Le Roman d'Elvis" est un téléfilm de 2h30 plutôt méconnu, bien que culte pour certains, réalisé par John Carpenter (juste après "Halloween"), Avec un titre pareil et vues les circonstances de sa production (l’année suivant la mort du King), on se doute bien que ce biopic n’ira pas sortir les dossiers compromettants concernant la défunte star pas encore complètement refroidie. Pour autant, et malgré une reconstitution plutôt cheap, le résultat se laisse regarder sans faim, et ceci grâce avant tout à la prestation d’un Kurt Russell en très grande forme (un rôle qui lance sa carrière), un Kurt qui a dû pour l’occasion passer pas mal de temps devant son miroir pour reproduire la célèbre moue narquoise et les déhanchements torrides du roi du rock. Et la ressemblance en devient pour le moins troublante.
Au fait, petit rappel : Elvis c’est l’histoire d’un pti’gars de la campagne, amoureux de sa mère et de la musique noire et qui, un jour, entre aux studios Sun de Memphis et à qui on demande « ça ressemble à quoi ce que tu joues », ce à quoi le jeune insolent répond du tac au tac : « ça ne ressemble à rien ». La suite ne sera alors qu’une succes story, la plus fulgurante de l’histoire du rock, jusqu’à la déchéance de la star, sur laquelle le téléfilm de Carpenter fait totalement l’impasse puisqu’il débute et se termine sur le comeback réussi de 1969. Même si le scénario vaut de l’or, Le Roman d’Elvis se situe quand même loin, très loin, de biopics musicaux comme "Great Ball of Fire", "La Bamba", "Walk the Line" ou "Ray" qui lui ravissent incontestablement le trône. Alors bien sûr les fans préféreront sans aucun doute se tourner vers des films avec des vrais morceaux d’Elvis dedans, à commencer par le plus rock’n’roll de tous, le bien nommé "Rock du bagne" (1957). Rappelons ici que Presley a quand même tourné dans 27 longs-métrages, dont peu cependant méritent vraiment le détour.
The Buddy Holly Story (1978)
1 h 53 min. Sortie : 18 mai 1978 (États-Unis). Drame, Biopic
Film de Steve Rash
La Bamba (1987)
1 h 48 min. Sortie : 30 septembre 1987 (France). Biopic, Drame, Musique
Film de Luis Valdez
Annotation :
Tout comme "Le Roman d’Elvis" (J. Carpenter, 1978) ou "The Buddy Holly Story" (Steve Rash, 1978) avec Gary Busey dans le rôle du rocker texan aux lunettes épaisses si caractéristiques, "La Bamba" (1987), évoquant la vie tragique du rocker latino Ritchie Valens mort à dix sept ans à peine, relève encore de la même démarche hagiographique, même si le propos du cinéaste Luis Valdez se double ici d’une revendication identitaire, chose encore bien rare en ce milieu des années 80. Qui plus est, la mise en scène de Valdez et surtout l’interprétation de Lou Diamond Philips figurent assurément parmi les grandes réussites du genre (personnellement, c’est ce film qui, ado, m’a donné le goût du Rock’n’Roll).
Great Balls of Fire! (1989)
1 h 48 min. Sortie : 25 octobre 1989 (France). Biopic, Musique
Film de Jim McBride
Annotation :
S’il est une œuvre qui a su le mieux capter l’essence du rock’n’roll, avec son énergie débordante et ses excès en tous genres, c’est "Great Ball of Fire" (Jim McBride, 1989) sur la vie du déjanté Jerry Lee Lewis interprété avec brio (et un sacré brin de folie) par un Dennis Quaid littéralement habité par l’esprit démoniaque du “Killer”.