Bouquins 2025
J'annote pour me rappeler.
Pour la continuité avec 2024 (https://www.senscritique.com/liste/bouquins_2024/3739204), Saint-Phalle en couverture.
6 livres
créée il y a 2 mois · modifiée il y a 10 joursPars vite et reviens tard (2001)
Sortie : 2005 (France). Roman
livre de Fred Vargas
clairemouais a mis 5/10.
Annotation :
Janvier.
On me l'avait recommandé pour le faire lire à des collégiens, et il faut le dire : ça fonctionne plutôt bien sur eux.
Sur moi, aussi, au début. L'intrigue s'installe bien et est assez étrange pour nous accrocher, il faut l'avouer, la peste c'est à la fois sordide et passionnant. Cependant, la résolution est assez poussive (bon, combien d'assassins dans cette histoire, en fait ?), trop longue pour moi et surtout quasi absurde (ah ok donc intention de donner la mort, provocation d'une panique générale, c'est totalement pas un délit, on te laisse tranquille ?). Surtout, le personnage du policier ne m'intéresse absolument pas, ses histoires de cul = pitié, on s'en fout.
Aucun de nous ne reviendra (1965)
Auschwitz et après, tome 1
Sortie : 1965 (France). Récit
livre de Charlotte Delbo
clairemouais a mis 10/10.
Annotation :
Janvier.
Un livre dur, pudique et, de façon plutôt surprenante, très poétique.
Etudié l'incipit en classe, les élèves demandent à ce qu'on leur prête de livre ensuite.
Les Dangers de fumer au lit (2009)
Los peligros de fumar en la cama
Sortie : 13 janvier 2023 (France). Recueil de nouvelles
livre de Mariana Enríquez
clairemouais a mis 8/10.
Annotation :
Janvier.
Même si je crois que je ne suis toujours pas une grande amatrice du style de l'autrice ou de la traduction, cette fois-ci je me suis laissée pleinement emporter par Mariana Enriquez. Elle manie le glauque et le dérangeant avec subtilité, les fond dans une Argentine contemporaine avec brio. Une oeuvre aussi empreinte de féminisme et de politique.
Propre (2022)
Limpia
Sortie : 22 août 2024 (France). Roman
livre de Alia Trabucco Zerán
clairemouais a mis 9/10.
Annotation :
Janvier.
Excellent roman. Le lecteur est otage de cette confession qui ne s'arrête pas, de la logorrhée et ses digressions qui ne sont, en réalité, que les racines du crime. En hommage à Lolita, le criminel s'explique et s'évertue à réciter et décliner le nom mais, de Lo-li-ta on passe à Es-te-la, de la victime à la criminelle - où celle qui est présentée comme telle, le statut est bien plus flou, plus complexe. Le roman porte en lui l'épaisseur qu'on attend lorsqu'on voit un incipit se référer à Nabokov : importance de la symbolique et poids des détails créent plusieurs passages qui donnent une sensation de "plein".
C'est un roman de deuils multiples, ceux de gens qu'on aime, de vie qu'on ne vit pas et de lieu où l'on n'est pas. Les quelques lignes où Estela pose sur le lit les gants de sa mère sont particulièrement marquantes.
C'est un roman de la violence - symbolique, sociale, qui empêche presque de ressentir la douleur physique, car elle est bien moindre.
Et dans la débâcle finale, ce que l'on retient, c'est le pavé que l'on ramasse au sol et que l'on veut jeter, sans savoir pourquoi, porté par le collectif et usé par la violence totale.
Photo de groupe au bord du fleuve
Sortie : 2010 (France). Roman
livre de Emmanuel Dongala
clairemouais a mis 5/10.
Annotation :
Février.
Cause ou victime d'une immense panne de lecture sur ce début d'année, ce livre qui doit pouvoir se lire en quelques heures m'a paru infini. Si sur le papier, tout est là pour me plaire, en pratique, non. L'histoire d'un groupe de femmes qui revendique le droit à un salaire décent pour un travail harassant, et qui bien-sûr s'est retrouvé là à casser du caillou en bord de fleuve par des histoires atroces (mariages forcés, viols, lynchages, guerre, etc). Seulement voilà, ça sonne bizarrement faux tout du long. Qui suis-je pour juger si l'histoire de femmes congolaises "sonne juste" ? Personne, clairement, aucune compétence pour juger du réalisme d'une oeuvre à mille miles de moi. Cependant, cette forme, un roman écrit à la seconde personne et qui met le lecteur à la place de son héroïne, sonne faux, on dirait qu'on essaye de forcer la profondeur à un personnage qui n'est que surface. De même, toutes les histoires de ces femmes, qui se déplient les unes après les autres, font l'effet d'une liste à cocher : le viol ok, la répudiation ok, la sorcière brûlée ok, ah ben tiens, si la prochaine avait le SIDA ? Je ne dis pas que ces situations n'existent pas, mais le déroulé semble un peu faire livre d'exemples et de dénonciations plat. Tout ça, sans la profondeur d'une émotion. On raconte les faits traumatiques comme si de rien n'était. A vouloir embrasser toutes les situations terribles, on ne fait que les effleurer. De plus, le fait que 10 femmes qui protestent vite fait se retrouvent dans les cabinets de ministres ou chez la femme du président en deux minutes m'a rendu l'enchainement des événements totalement incroyable.
Dialogue sur l'art et la politique (2021)
Sortie : 1 avril 2021. Entretien
livre de Ken Loach et Édouard Louis
clairemouais a mis 6/10.
Annotation :
Février.
Dialogue entre les artistes sur leur grand thème commun : art et violence sociale. C'est pas révolutionnaire, mais c'est toujours un peu intéressant, surtout du côté de Loach que j'avais moins lu/entendu parler en dehors de ses oeuvres que Louis. J'ai un certain malaise à écouter ces voix des classes populaires qui n'en sont plus, cependant, j'aimerais qu'on entende en parallèle d'eux (ils ont bien des trucs à dire, c'est ok) des gens toujours concernés (des artistes des classes populaires, y'en a des tas en fait. Pourquoi ne pas leur donner la parole quand on a soi-même la reconnaissance du milieu, qui permet d'ouvrir les espaces ?). J'ai peut-être surtout un problème à lire Louis parler de sa famille, car j'ai toujours la sensation qu'il porte un regard extérieur un peu condescendant, même s'il répète plusieurs fois que ce n'est pas ce qu'il fait, j'ai une légère impression de zoo des pauvres.